De l'importance du mot
« Le mot ne montre plus, le mot bavarde, le mot est une fuite, le mot empêche le silence de parler, le mot assourdit… » Ionesco, (Journal en miettes).
Le populisme est-il une solution pour surmonter la crise économique actuelle ?
C’était le titre d’une question posée aux lecteurs d’A@P.
Avant de répondre, il m’a paru essentiel de savoir ce qu’ ’on appelait « le populisme ».
Dans le Monde, sous la plume de l’historien P. Roger, on trouve : « Mettons bout à bout les deux définitions favorites de Gustave Flaubert : « Populisme, on ne sait pas ce que c’est ; tonner contre. » et « Le mot est partout, sa définition nulle part ». Quant à « tonner contre », éditorialistes et politiques s’y emploient quotidiennement. »
Le populisme déclenche une avalanche d’analyses et de commentaires. Les politiques ont fait de ce mot un commode anathème ; le définir avant de stigmatiser, ne serait-ce pas la chose essentielle ?
Vincent Coussedière dans « L’éloge du populisme » dit que le peuple ne se reconnaît plus dans ses représentants ni dans la traduction médiatique de ses problèmes ; les élites intellectuelles et politiques ne comprennent rien à la réalité du peuple.
Michel Serres, dans « Petite Poucette » donne indirectement une définition : « Tout le monde veut parler, tout le monde communique avec tout le monde en réseaux innombrables. » Ce chaos remplit tout l’espace, un véritable mouvement brownien ! A la nouvelle démocratie du savoir correspond, pour la politique générale, une démocratie en formation, qui demain s’imposera. « Concentrée dans les médias, l’offre politique meurt, elle n’offre plus aucune réponse, elle est fermée pour cause d’inventaire. » Vous vous moquez, dit petite Poucette, de nos réseaux sociaux mais vous redoutez qu’à partir de ces tentatives apparaissent de nouvelles formes politiques qui balaient les précédentes, obsolètes !! Pouvez-vous rester fiers des résultats de vos politiques passées ?
Pour Alexandre Dorna, dans « Le monde diplomatique », le populisme est traité sous forme stéréotypée, comme un non-sens, un « fait divers » pittoresque. Il analyse pêle-mêle : la victoire de M. Luiz Inácio « Lula » da Silva au Brésil, la politique de M. Hugo Chávez au Venezuela, celui de Beppe Grillo en Italie, et, hier, l’ascension de M. Bernard Tapie en France, le poujadisme ou le boulangisme. D’autres figures pratiqueraient le « télépopulisme » : Silvio Berlusconi, José Bové, Jean-Marie Le Pen… « Le terme devient donc difficile à analyser, les événements qu’il désigne sont inclassables. De ceux qui ont renoncé à le faire à ceux qui se contentent de compiler, rares sont les spécialistes qui donnent une définition correcte du populisme. »
Pour Jean-Claude Guillebaud, le mot populisme devient la rengaine à la mode. Expression fourre-tout, cette prétendue désignation d’un péril cardinal est au mieux une paresse intellectuelle, au pire une manœuvre d’intimidation constamment désignée par ceux qui ne veulent pas que cela change. Non seulement la rengaine est trompeuse mais elle brouille le regard et obscurcit l’intelligence.
« S’alarmer des symptômes est une gesticulation si l’on ne s’intéresse pas à la maladie qui les fait naître. Plus grave encore : s’en prendre au populisme chaque fois que les peuples s’indignent ou se rebiffent, c’est perpétuer un discours qui s’apparente à celui du mépris. »
Evoquer à tout bout de champ le « populisme » dont on fait une essence revient à dénoncer d’une même voix les cinglés néonazis grecs de l’Aube dorée et les « indignados » espagnols qui sont à l’origine de textes et de manifestes magnifiques. Cela revient à mettre dans le même sac l’inquiétante Alliance néo flamande victorieuse à Anvers et les militants pacifistes et créatifs d’Occupy Wall Street à New York…
Jean-Paul Fitoussi (le théorème du lampadaire) préfère évoquer ces « temps déraisonnables où la plus grande misère côtoie la plus grande richesse et où prévaut l’apogée de la déraison politique ; cette déraison et l’aveuglement qui ont progressivement construit le monde peu hospitalier dans lequel nous vivons. ». Il donne deux éléments explicatifs :
Le premier concerne la bêtise. Elle explique que tant de décideurs aient pu collectivement adhérer à cette fameuse théorie de « l’efficience des marchés » émise dans les années 1970 par l’école de Chicago. En dépit des crises, des alertes et des démentis du réel, on a continué de croire que les marchés à eux seuls, réguleraient. « Comment imaginer une telle conjugaison d’irrationalité, de bêtise, chez les décideurs ? »
Le second élément du diagnostic est l’invraisemblable cupidité des opérateurs financiers et des acteurs de l’économie. Elle a pris aujourd’hui une tournure pathologique à l’échelle de la planète ; elle entraîne les décideurs à prendre des risques d’autant plus inconsidérés que les pertes, au bout du compte, seront socialisées.
« En d’autres termes, la facture sera payée in fine par les citoyens ordinaires. Si ces derniers protestent, on les mettra aussitôt en garde contre le populisme ! C’est fou !
L’un des malheurs de la démocratie est la confusion systématique, qui, en rabattant populisme sur démagogie, creuse l’écart entre le peuple et sa représentation politique. Au référendum sur la Constitution européenne, les politiques ont tout fait pour ne pas tenir compte du « non » français, non pas à l’Europe, mais à celle, néolibérale, qui était proposée. Le peuple ne convenant pas, il faudrait changer de peuple.
Pour Dominique Reynié : « c’est une vision politique sommaire et brutale opposant, d’un côté, un peuple abandonné, voire spolié, et, de l’autre côté, des élites incompétentes, voire corrompues. Il est considéré comme le mal en politique car il a pu conduire au pire ; il est le signe que quelque chose ne fonctionne pas dans la démocratie. On en parle car il intéresse les médias : les leaders font du rentre-dedans, proclament des opinions radicales et spectaculaires.
Alors, que penser de ce sondage sur le populisme ?
Demander une opinion sur un concept non défini, ambigu donc, cela n’a aucune valeur scientifique ; ce n’est même pas estimatif car les réponses, au sein du oui ou du non, n’ont pas le même contenu.
Pour Loïc Blondiaux « le miracle des sondages a été de transformer un concept ambigu en construit mesurable ».
Avec Catherine Panassier, on peut vraiment se demander si les sondages sont « des outils de construction ou d’expression de l’opinion publique ? » Prônant une démocratie plus directe, « les populistes », auraient pour objectif de « rendre le pouvoir au peuple » : les nouvelles technologies de l’information, les sondages, les référendums sont donc des outils performants du populisme ! Etre pour ou contre est complètement dépassé ; c’est le constat de l’irresponsabilité qui est dramatique. Non, un homme averti n’en vaut pas deux !
Si le passage d’un ordre au désordre est précurseur d’un nouvel ordre qui émerge, la métamorphose est toujours tragique pour ceux qui la vivent car elle détruit pour reconstruire ; l’incertitude devient la seule prévision possible, d’où l’angoisse.
– par Georges Vallet
Crédit photo : journal-integral.blogspot.com
Cet article n’est pas de moi mais de Georges Vallet, mais je ne suis pas arrivée à modifier mon nom.
Georges Vallet dans ses articles, module le contenu d’un paragraphe par un retour ligne à la fin des certaines phrases et passe d’un paragraphe à un autre en les séparant par un interligne. Ici tout retour ligne s’accompagne d’un espacement entre les lignes que je ne sais pas modifier. Est-ce possible de le faire ?
Pour l’identité de l’éditeur, il vaudrait mieux prendre celle de l’éditeur générique Altpy. Lorsque G Vallet aura un compte, vous pourrez signer de son nom s’il ne souhaite pas publier directement.
Dans le menu d’édition il y a un icone W et un icone T. Il faut y coller le texte avant de l’insérer s’il vient d’une source Word ou Note, afin de le débarrasser de ses codes spécifiques
J’ai compris pour les deux icones T et W (ici mon texte était en RTF) mais si l’article est toujours à mon nom c’est parce que je ne suis pas arrivée à l’attribuer à altpy !
Dès que j’y arrive, je remets l’article en ligne.
Le choix de l’auteur est en bas dans le menu d’édition.