Pau : le diagnostic de Laurent Davezies

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PPPPendant deux heures, Laurent Davezies, économiste spécialiste des territoires a exposé au Palais Beaumont (le 11 avril) son diagnostic sur Pau et son aire urbaine, qui concerne environ 240 000 personnes. Son analyse, en rupture avec celle des économistes qui ne considèrent que la dimension compétitive du territoire, repose sur la notion de revenu. Celui-ci n’est pas nécessairement lié à la création de richesses, mais peut avoir des origines très diverses outre celle des emplois industriels : salaires publics – tourisme – retraites… « Ce qui importe pour un territoire est de faire rentrer de l’argent qui va être dépensé localement ».

Grâce aux richesses, trois types d’emplois sont créés et en relation directe avec l’économie locale : l’emploi public – l’emploi productif et l’emploi résidentiel. Sur cette base, l’aire urbaine paloise apparaît comme une des très rares aires urbaines moyennes françaises, normale et équilibrée, car inscrite dans la moyenne nationale :

  • revenus productifs : moyenne nationale = 17%/moyenne de Pau = 17 % (comparé à 4% pour Cannes, 13% pour Bayonne et 30% pour Montbéliard)
  • revenus résidentiels : moyenne nationale = 47 % /moyenne de Pau = 47%
  • salaires publics : moyenne nationale = 12% /moyenne de Pau = 11%
  • revenus sociaux : moyenne nationale = 24 %/moyenne de Pau = 25%

LD dans HCCette particularité offre à l’aire paloise une forte capacité de résilience qui lui a permis d’amortir la crise de 2008-2009 grâce à l’emploi résidentiel (les emplois ont diminué de 2,4 % en France et de 1,9% à Pau) et de réamorcer la pompe en 2010 grâce à l’emploi productif (entre 2007 et 2011, les emplois privés ont augmenté de 1,2%). Selon L. Davezies, l’aire paloise apparaît finalement comme une aire urbaine moyenne assez protégée grâce à un portefeuille d’opportunités très diverses qui lui a permis de créer des emplois durant la première moitié des années 2000 (500) quand la France en perdait (96000). Durant la même période, l’aire paloise enregistrait un solde migratoire positif de 4,5 % (Bayonne : 8,5 %, majoritairement constitué de retraités) et un solde démographique de +2% (Bayonne : baisse de 0,2%).

La région paloise apparaît également peu addicte aux emplois territoriaux qui représentent 2,7% des emplois locaux (2,9% en France, 4% sur la Côte d’Azur – maximum français- et 2% en Loire-Atlantique et Alsace, meilleurs élèves de la classe). Cette moindre dépendance vis-à-vis des emplois territoriaux (« Mediator » – selon les termes de L. Davezies – de l’économie française ces trente dernières années qui a vu 120 territoires créer plus d’emplois dans la fonction territoriale que d’emplois privés) peut constituer un atout supplémentaire du territoire palois « pour affronter les mesures gouvernementales qui s’annoncent pour faire face à la crise actuelle ».

Durant son intervention, L. Davezies a estimé que l’aire urbaine paloise  :

  • a une réelle communauté de destins avec les territoires voisins de la Bigorre à l’Océan (communauté de 800 000 habitants) ;
  • souffre d’un manque de notoriété dû à son enclavement et à son éloignement de Paris (6 heures en train ou 1heure en avion mais pour un coût prohibitif) ;
  • n’a aucun intérêt à regarder vers le versant Sud-pyrénéen.

Ces trois affirmations paraissent mériter une réflexion plus approfondie si l’on note que :

  • Le Pays Basque se sent visiblement de plus en plus un destin commun avec le versant Sud des Pyrénées, très largement moteur dans la création de richesses. Pour l’aire urbaine paloise, regarder vers l’Ouest paraît beaucoup plus tenir compte d’un découpage administratif hérité de la Révolution française que d’une réalité ancienne qui remonte à la surface.
  • La Région Nord – Pas-de-Calais, fortement reconnue, située au cœur d’un réseau de communications européen montre que le seul désenclavement n’est pas suffisant pour créer une dynamique productrice. L’éloignement de Paris peut se transformer en atout si les acteurs locaux économiques et politiques sont suffisamment forts et solidaires face à la France ministérielle. (cf. la confirmation de l’implantation locale de Turboméca). « Ce qui importe c’est la réponse novatrice » (Directeur de Recherche Turboméca).
  • Ressouder les liens entre la communauté urbaine paloise, le Piémont pyrénéen oriental et le Haut-Aragon pourrait permettre de retrouver, comme au Pays Basque, une réalité de liens anciens et probablement une dynamique régionale permettant d’exister au centre du triangle Toulouse – Bordeaux- Saragosse.

– Par Hervé Cadillac

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