Notre démocratie est en "alerte rouge"

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GV 23«De partout et dans toutes les directions, ça canonne tous azimuts. Plus de retenue, plus de respect. Un seul but : démolir.» (Courrier des lecteurs de Sud Ouest).

Alors que la situation n’a rarement été aussi grave pour beaucoup de Français, et pour la France en général, que l’urgence serait de se rassembler, de se serrer les coudes, de partager, partout, dans la presse, les médias, les réseaux sociaux, le monde politique, on ne fait que critiquer, abaisser, ridiculiser, soupçonner; ce ne sont que paroles arrogantes, méprisantes, querelles intestines et actes destinés à désolidariser, à diviser, à affronter, avec l’espoir, non pas de réussir la grande métamorphose, mais de mettre la pagaille et, pour certains, de prendre le pouvoir.

Il y a vraiment «non assistance à démocratie en danger»!
Pendant ce temps, notre «François» béarnais distribue les bons et les mauvais points! Le chaud et le froid, c’est aux resto du cœur, dans les foyers d’accueil et les pôles emplois, qu’il faut prendre la température!
En mettant bout à bout la rémanence des paradis fiscaux, la pratique du shadow banking (banque occulte), la fraude fiscale, la manipulation des cours via la spéculation haute fréquence, le boursicotage sur les produits alimentaires et mille autres «optimisations fiscales», on mesure l’intensité de la folie ambiante. Pour rajouter du malsain au malsain, on favorise l’éclatement de la société en remplaçant la fraude fiscale par le délire meurtrier contre les riches: ceux qui ont plus que soi, ou en stigmatisant des convictions complètement dépassées.
«De semaine en semaine, l’atmosphère devient de plus en plus irrespirable. Avec la régularité d’un ressac, l’actualité ramène de nouvelles occasions d’injures, de soupçons, de dénonciations moralisatrices et de détestations rivales.»J-C Guillebaud

La complainte de la dette est le leitmotiv répété par les politiques ou les «savants» commentateurs: Depuis trente ans, les peuples d’Europe ont vécu à crédit. Ceux du sud ont été les cigales de la fable. «Ils doivent emprunter toujours plus à ces fonds de pension, ces gentils garçons des salles de marché qui ne font que défendre les intérêts de leurs épargnants de Milwaukee ou de Salt Lake City.»J-C Guillebeau.
Pour les satisfaire, pour les rembourser, pas d’autres solutions: faire «les réformes de structure», la flexibilisation et les privatisations, c’est-à-dire dé-tricoter le droit social!
«Cette récitation moralisatrice est un scandale car elle ment gravement par omission. Elle se garde bien d’évoquer le pillage planétaire de nos sociétés par les corsaires en col blanc ci-dessus évoqués, un pillage plus coûteux que la prétendue prodigalité des peuples.»J-C Guillebeau.
«Le sang du pauvre sert à calmer, au jour le jour, les fringales de l’ogre.» (L. Bloy)
Le réel, celui des peuples, des salariés, des citoyens ordinaires, se voit ainsi rançonné par cette chose proliférante et fantasmatique, sans rapport avec le réel, qu’on appelle les marchés financiers.
Fantasmatique? «Un exemple: chaque jour, les diverses transactions sur le pétrole portent sur 4 milliards de barils. Or la production mondiale quotidienne, elle, ne dépasse pas 90 millions de barils. Les spéculations sur le pétrole représentent donc 44 fois la quantité effectivement produite! En moyenne, chaque baril est acheté et vendu 44 fois! Des fortunes se gagnent ainsi en changeant de place, virtuellement, des milliards de dollars.» J-C Guillebeau
Si ce n’était pas dramatique, il serait risible de penser que pour limiter la hausse des carburants on a demandé, comme le rappelle un texte paru dans «La République des Pyrénées», aux pompistes, de réduire leur marge!!
«Nos démocraties héritées de Montesquieu, sont ainsi arraisonnées par une «machinerie» dont le quotient intellectuel, en terme de civilisation, est proche de celui d’un bigorneau!» Jean-Claude Guillebeau.

Le chômage submerge le paysage. C’est le ressassement des ritournelles et slogans qui bourdonnent comme des mouches dans l’air du temps, prétendant tout ramener à un facteur unique ou à «un coupable».
D’abord la «flexibilité»(du marché du travail) qu’il faudrait renforcer pour améliorer l’emploi. Or, c’est un leurre, dans certains pays plus «flexibles» que nous, et souvent montrés en exemple: Pays-Bas, Royaume-Uni, Danemark, le taux d’emploi des 25-59 ans s’est nettement dégradé.
Quant à la question du coup du travail et des effets miracles attendus du pacte de stabilité, des économistes, parmi les moins «gauchistes», affirment qu’une simple dévaluation de deux points de l’euro aurait des effets aussi bénéfiques, mais sans souffrance sociale supplémentaire. C’est ce que répète, par exemple, Jean-Luc Gréau, ancien économiste du…. Medef.

Au final, ce ne sont que des petites recettes plus ou moins testées que l’on oppose à la tragédie du chômage; il faut aborder enfin, sans tricher et sans pugilats politiciens, les grandes orientations macroéconomiques qui tirent l’Europe vers le fond. Pensons à l’austérité mortifère qui achève les malades en voulant les guérir trop vite; pensons au libre-échange dogmatisé qui démolit les économies nationales; songeons à la pression des lobbies bancaires qui, eux, se soucient du chômage comme de leurs dernières chaussettes, pensons à cette énergie fossile que nous importons de plus en plus et qui creuse notre dette. Si on considère que le néolibéralisme est incontournable et qu’il nous veut du bien, alors, acceptons un nouveau «sacrifice des innocents»!

L’Europe? Grand dessein collectif, espoir pour les anciens, sujet dynamisant pour la jeunesse.

  • Plus jamais de guerre en Europe! La guerre économique fait rage. La compétition affaiblit; il faut faire du plus en additionnant du moins!
  • L’Europe devait permettre de défendre notre propre interprétation de l’économie de marché: redistributrice, sociale, démocrate, protectrice. Hélas, la construction européenne devint le cheval de Troie du néolibéralisme anglo-saxon, étranger à la culture historique de notre continent.

La désynchronisation entre «les horloges» de la vie biologique, de l’économie, de la politique et de la finance, de l’informatique, de la vie sociale, fait que la hiérarchie des valeurs s’affole et nous échappe de plus en plus; la subjectivité immédiate prend le pas sur l’objectivité des nécessités à aborder par priorité, pour le futur, même proche! L’économie veut s’ériger en science exacte, à l’instar des mathématiques dont elle s’est abusivement parée. D’où l’abondance des équations intimidantes sur les taux de croissance, les moyennes, les modélisations, les anticipations rationnelles, le formalisme, etc. Ces chimères aident à envelopper l’idéologie néolibérale d’une fausse respectabilité scientifique. Le prochain taux de croissance serait de + 0,5 ou de – 0,5, alors même que la marge d’erreur statistique est bien supérieure à ces différences! Le gouvernement ne se projeterait pas dans l’avenir, mais qui peut affirmer connaître l’avenir, même proche? Bien sûr que des économies sont largement souhaitables, comme la réduction des niveaux de notre organisation territoriale; une balance est à faire entre coûts et économies, avantages et inconvénients, à service public égal.
Le déferlement du numérique amplifie la pagaille :Twitter, Face Book, etc., bouleversent notre rapport au monde, aux autres, à nous-mêmes; «nous risquons, à tout moment, d’entrer dans une guerre de tous contre tous.» Dans les tweets, les soupçons vénéneux, les désignations vindicatives finissent par primer sur tout le reste.
«Finirons-nous par entrer dans une séquence préfaciste ou préinsurrectionnelle? Hier chuchotée, la question est maintenant posée à voix haute. C’est un signe. Chacun flaire dans l’air du temps quelque chose d’empoisonné. La technologie accélère ainsi la montée aux extrêmes. Qui donc en appellera au calme? Celui-ci, s’il est entendu, sera notre héros.» J-Guillebaud

– par  Georges Vallet

crédit photos: lesmoutonsenrages.fr

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6 commentaires

  • Fantasmatique? «Un exemple: chaque jour, les diverses transactions sur le pétrole portent sur 4 milliards de barils. Or la production mondiale quotidienne, elle, ne dépasse pas 90 millions de barils. Les spéculations sur le pétrole représentent donc 44 fois la quantité effectivement produite! En moyenne, chaque baril est acheté et vendu 44 fois! Des fortunes se gagnent ainsi en changeant de place, virtuellement, des milliards de dollars.» J-C Guillebeau
    Si ce n’était pas dramatique, il serait risible de penser que pour limiter la hausse des carburants on a demandé, comme le rappelle un texte paru dans «La République des Pyrénées», aux pompistes, de réduire leur marge!!
    Exemple d’approximation grossière.
    Tout d’abord il faut connaître l’organisation du marché du pétrole pour en parler objectivement.
    S’il y a du trading pétrolier c’est que le marché est beaucoup plus complexe que vous ne l’imaginez. Je ne me lancerai pas dans une explication détaillée mais quelques faits simples:
    – les producteurs de pétrole (etats hôtes, opérateurs et associés recoivent des allocations de brut au prorata de leurs participation financière dans les associations qui sont physiquement exportées (cela fait beaucoup de producteurs).
    – quasiment toutes les quantités produites, même par les compagnies intégrées sont amenées à être vendues sur le marché international. Par exemple Total produit du brut en Angola, mais ce brut n’ira pas dans une raffinerie française. En l’occurence il ira probablement aux Etats Unis (où les raffineries demandent ce type de brut).
    – chaque raffinerie est conçue pour traiter une gamme particulière de brut, en vue de produire des produits raffinés spécifiques, adaptés au marché local (exemple en France recherche d’une production maxi de GO)
    Et TOUS les bruts sont TRES DIFFERENTS
    Il en résulte un marché très actif OBLIGATOIRE pour adapter les productions à la demande spécifique de chaque marché et de chaque raffinerie.
    D’autre part, le prix du brut livré en raffinerie est peu différent du prix export terminal de production car les marges de trading et de transport sont très faibles, concurence oblige.
    Ceci n’a aucune incidence sur le prix à la pompe comme vous semblez le dire, peut être 1 centime d’euro (alors que les taxes constituent le coût très majoritaire à la pompe)
    Pour finir, si certains gagnent dans le trading, il y en a qui perdent ce que vous ometez de dire.
    Manque d’objectivité évidente.

    • Complément:
      Depuis quelques dizaines d’années il est certain que le marché du brut, comme celui des matières premières s’est « financiarisé ». Mais ceci correspond à une demande assez logique des acteurs. Un marché des « futures » s’est développé au NYMEX. Il permet aux acteurs physiques réels de se « couvrir » sur le prix en dollar et sur les variations de change
      Cela entraine effectivement des transactions supplémentaires (ou il y a sans doute des gagnants, mais aussi des perdants)
      Concernant ce marché il représente sept fois le volume journalier (source MEDLOCK et JAFFE)

    • Merci pour cette réponse et ces explications.
      Guillebeau avait donc tout faux, il n’y a pas de spéculation sur le pétrole!
      Que cela ne retentisse pas beaucoup sur le prix à la pompe, j’en ai bien conscience, ce sont les taxes qui interviennent pour une grande part.
      Le prix à la pompe monte quand même globalement d’une manière significative, le prix du baril subit des fluctuations qui ne sont pas toujours répercutées à la pompe . J’ai du mal à croire que les taxes expliquent cette hausse constante!
      Je suppose que la demande, sans cesse croissante, par tous les pays, surtout les émergents, ainsi que le coût de plus en plus important de la recherche et de l’exploitation, du fait de la raréfaction, interviennent de façon importante sur les transactions à tous les niveaux.
      Une raison de plus pour réaffirmer l’importance de l’importations des produits pétroliers dans notre déficit commercial donc dans l’approfondissement de la dette; le coût croissant de l’énergie explique peut-être plus que les charges salariales les difficultés des entreprises et par suite le désordre social croissant et inquiétant; il y a peut-être un choix à faire dans notre transition énergétique. Je lisais dans le dernier SC et AV. que les Emirats arabes unis ont inauguré la plus grande centrale solaire du monde d’une puissance de 100 mégawatts. Ils font partie des prévoyants de l’avenir!

  • « la subjectivité immédiate prend le pas sur l’objectivité des nécessités  »
    C’est exactement ce qui caractérise cet article.