Retour vers le futur ou la question du cumul au XVIIIème siècle
Puisque tout a déjà été dit sur le cumul, il est intéressant de savoir depuis quand justement tout a été dit.
Un début de réponse pourrait être le texte reproduit ci-dessous qui est un extrait d’une lettre écrite par Edmund Burke à un député français… en 1791.
On me reprochera sûrement de dépoussiérer un texte écrit par un des pères de la pensée contre-révolutionnaire donc conservateur. Cette lecture devrait cependant nuancer une fois de plus la prétendue dichotomie entre réaction et progressisme. Aussi, nous ne serons plus surpris par des prises de position ambivalentes comme celles de M. Baylet (président du PRG) par exemple : oui à la légalisation du cannabis et non à une loi contre le cumul !
Place au texte :
« Nous autres Anglais, nous ne pouvons pas travailler avec autant d’opiniâtreté que les Français.
Nous ne pouvons nous passer de fréquentes relâches ; vous êtes naturellement plus susceptibles d’une application plus soutenue. Je ne connaissais pas cette partie de votre caractère national, avant le voyage que je fis en France en 1773. Dans le temps actuel, cette disposition au travail semble plutôt s’être accrue que diminuée.
Dans votre Assemblée, vous ne prenez pas de repos, pas même les dimanches, et nous, nous prenons deux jours par semaine, outre les jours de fêtes, et des vacances de cinq ou six mois pendant l’été et l’automne. Je crois que cette continuité d’un travail sans relâche de la part de la part des membres de votre Assemblée est une des causes des maux qu’ils ont faits.
Il est difficile à ceux qui travaillent sans cesse de former de justes jugements ; vous ne vous donnez jamais le temps d’être de sang-froid.
Vous ne vous mettez jamais à même de considérer sous leurs véritables points de vue les travaux que vous avez achevés, avant de décider leur exécution finale.
Vous ne pouvez jamais régler vos plans pour l’avenir sur l’expérience de l’effet de ceux que vous avez adoptés les premiers.
Vous n’allez jamais en province pour y observer tranquillement et impartialement l’effet que vos règlements ont produit dans leur exécution.
Vous ne pouvez pas sentir distinctement et par vous-mêmes si vos lois ont rendu le peuple plus heureux et plus sage, ou si au contraire elles ont augmenté sa misère et sa corruption.
Vous ne pouvez pas voir de vos propres yeux les souffrances et les afflictions dont vos dispositions sont les causes.
Vous ne les connaissez que de loin, par les rapports de gens qui flattent toujours la puissance régnante, et qui au milieu même de leurs plaintes et de leurs doléances, enflamment vos esprits, contre ceux même qui sont opprimés.
Un des effets du travail sans relâche est de laisser brûler sa bougie jusqu’au bout, et de demeurer dans l’obscurité…» (Source : Réflexions sur la révolution de France. E. Burke. Hachette 1989)
No comment.
– par Mehdi Jabrane
Très intéressant mais aussi déprimant. Si le problème français est antérieur à la république, peut-il se résoudre en quelques mois par une simple loi ? Je doute.
Certes, ce n’est pas une raison pour ne rien faire non plus (nombre d’élus, réserve parlementaire, clause de compétence territoriale).
C’est plus ou moins ce que le nouveau président du gouvernement italien, Enrico Letta, propose de mettre en place dans son discours d’investiture.
Faute de mettre fin au cumul des mandats, on pourrait facilement instaurer le non cumul des rémunérations. L’élu multiple ne percevrait qu’un salaire, surement le plus avantageux ; cette mesure conduirait très vite à une diminution du cumul des mandats.
Simplet.
Très bonne idée.
Le non cumul des rémunérations existe déjà et cela ne gêne pas les politiques car ce qui les intéresse c’est de rester élu à vie.
Compte tenu des aléas, la meilleure solution consiste a avoir deux ou trois mandats.
C’est pour cela que les élus de gauche et de droite sont majoritairement pour le cumul des mandats.
Cette attitude honteuse est le cancer de la politique francaise avec des conséquences tragiques pour notre pays puisque ces élus n’iont qu’un objectif: être ré élus.
D’où l’impérative nécessité d’une loi sur le non cumul ET la limitation à deux mandats successifs