Pays de l'Adour : L'UPPA en danger de mort ?

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5806045-signal-de-danger-de-mort-par-electrocution-suite-a-un-choc-electriqueLe titre est volontairement accrocheur. Le danger de mort n’est pas immédiat, mais un concours de circonstances pourrait bien faire que l’Université des Pays de l’Adour vienne à disparaître avec tous les effets néfastes que cela pourrait avoir pour le territoire adouréen.

Le danger est clair et identifié. Il vient du Pays Basque où la quasi-majorité des responsables politiques, économiques et associatifs, toutes casquettes confondues, avance avec son projet de mise en place d’une « collectivité territoriale à statut particulier ». L’unité des basques est affichée (lire le compte rendu fait par EITB* des États Généraux de la Collectivité territoriale Pays Basque du 27 avril) et, avec la ténacité de l’on doit reconnaître aux Basques, le risque est bien réel de les voir obtenir, tôt ou tard, un statut à part qui pourrait les amener à demander, parmi autre chose, un pôle universitaire propre.

Un embryon d’université, qui très vite tisserait des liens avec les puissantes universités de San Sébastien, Bilbao et Pampelune**, pourrait tout à fait démarrer à partir des campus de Bayonne et d’Anglet, « gérés » actuellement par l’UPPA. S’il y a pas mal de conditionnel dans cette hypothèse, elle mérite pourtant d’être prise très au sérieux tant la « puissance de feu » des universités d’Euskadi et de Navarre est forte.

Il faut se souvenir que si les Pays de l’Adour existent un tant soit peu, c’est bien, en partie, grâce à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour qui a des sites à Pau (7373 étudiants***), Bayonne/Anglet (2871), Tarbes (710) et Mont-de-Marsan (379).

Dans l’hypothèse où les sites basques de l’UPPA viendraient à servir de base à une université autonome basque ou s’ils devaient se trouver en concurrence avec une université crée « ex-nihilo », avec l’aide des universités de San Sébastien, Bilbao et Pampelune, on ne peut guère prévoir un avenir « radieux » pour l’UPPA.

Il s’agit donc de se pencher à nouveau sur les relations entre tous les territoires qui composent les Pays de l’Adour et de réfléchir où l’on veut aller.

Un statut particulier peut probablement faire grand bien à la zone basque des Pays de l’Adour, il n’est pas certain qu’il en soit de même pour les autres composantes. Pourquoi dès lors ne pas rebondir sur la demande basque et essayer de faire en sorte que le Béarn, la Bigorre et le sud des Landes y participent ?

Deux choses sont certaines, les élus non-basques des Pays de l’Adour jouent au feu à regarder, sans réagir, les Basques avancer avec leur projet de « collectivité territoriale à statut particulier » et les universitaires de l’UPPA qui participent au montage juridique de la « collectivité territoriale basque » jouent, sans le savoir, totalement contre leur camp : Celui de l’UPPA.

On a d’ailleurs du mal à voir qui peut réagir face à ce risque tant la classe politique, notamment béarnaise, est individualiste et écartelée par des calculs politiciens, notamment dans le cadre du Conseil Général des Pyrénées-Atlantiques.

Si le pire devait arriver, avec la création d’un pôle universitaire propre au Pays Basque, l’UPPA ne serait plus que l’ombre d’elle-même, alors qu’elle a actuellement une masse critique tout juste suffisante. Les sites de Pau et Mont-de-Marsan pourraient rejoindre Bordeaux, celui de Tarbes, Toulouse.

La volonté d’un « statut particulier » pour le Pays Basque, est donc de tous les dangers pour le reste de l’Adour.

Reste donc à l’UPPA à rebondir, se défaire du nom Pau, devenir simplement l’Université des Pays de l’Adour et, toutes les collectivités confondues, ensemble veiller à la doter de nouvelles offres capables de la rendre incontournable aux yeux de toutes les composantes des Pays de l’Adour.

Qui pour mener ce combat ?

– par Bernard Boutin

* Pour se rendre compte de la présence des basques du sud dans le Pays basque français, le site EITB, mentionné ci-dessus, en est déjà un exemple fort au niveau de la communication. EITB est le premier groupe de communication du Pays basque sud, avec quatre chaînes de télévision et cinq stations de radio.
** Un bel exemple de force centripète : voir l’entretien avec FX Brunet, Président de la CCI de Tarbes Hautes-Pyrénées
*** Pour les chiffres de l’UPPA et plus, consulter l’excellent dossier mis à disposition : Voir ICI

UPPA en chiffre

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12 commentaires

  • Pau n’a pas beaucoup l’image d’une « ville étudiante ». Cela détourne sans doute une partie des bacheliers (qui ont envie de vivre une expérience humaine en même temps que faire des études) du 65 vers Toulouse et ceux de Bayonne ou Orthez vers Bordeaux. Combien ? Je ne sais pas. « Ville étudiante » signifie une ville où il y a des étudiants et où l’université est intégrée à la ville. Et là-dessus, la municipalité n’a pas fait grand-chose depuis 30 ans… Elle aurait pu faciliter la liaison avec le centre ville et le centre commercial Leclerc pour faciliter la vie aux étudiants mais ne s’en est pas préoccupée, absorbée par la frénésie de distractions sportives et culturelles, oubliant presque tout le reste.

  • Très bonne analyse, En Espagne problème identique du seuil critique pour les aéroports régionaux .Nous avons besoin d’un pôle universitaire …..moteur des pays de l’Adour . Tout autre raisonnement conduit à une impasse pour l’avenir.

    • « Nous avons besoin d’un pôle universitaire …..moteur des pays de l’Adour . Tout autre raisonnement conduit à une impasse pour l’avenir. »
      D’accord avec ce constat. Mais comment fait-on ?

  • très bonne analyse, car effectivement l’enjeu est le siège des universités, là où les décisions se prennent. Les basques pourraient être tentés de rattacher leur université à Sans Sebastian, mais y-a-t-il un précédent quelque part (en Catalogne ?) ? Je ne pense pas que ce soit si simple.. et une université autonome de Bayonne n’est pas concevable.
    Non, à mon avis le seul danger est que Bayonne se rattache à Bordeaux au lieu de PAU. Mais je rappelle qu’un récent classement a très bien évalué PAU, donc ne soyons pas défaitaistes
    Il faut donc que l’UPPA soit plus attractive pour les basques et les autres (bigorre, landes, ..), donc je suis d’accord avec le fait qu’il faut renommer l’UPPA. On pourrait l’appeler :
    UNIVERSITE DE NAVARRE ET DES PAYS DE L’ADOUR (UNPA). Car Pau est la Navarre, et quel basque ne se retrouverait pas dans cette appellation?

  • Il est en effet illusoire que l’UPPA serve son territoire en restant seule. Elle est obligée de se tourner vers Bordeaux ou Toulouse. Et je pense qu’il vaudrait mieux qu’elle le fasse de par sa propre volonté que contrainte et forcée quand sa situation ne sera plus tenable. Quand on voit par ailleurs que l’ESC Pau a perdu le Grade Master délivré par le Ministère de l’Education Nationale (la Commission qui le renouvelle ayant refusé de le renouveler et a laissé un an à l’Ecole pour s’améliorer), on peut dire que l’enseignement supérieur dans le Béarn ne va pas bien….

  • De toutes manières, ce qui est à Pau est à Pau et ce qui est à Bayonne est à Bayonne, que cela s’appelle UPPA ou autre chose. Si l’université de Pau devenait une antenne de Bordeaux, il y aurait probablement toujours les mêmes formations (car il existe un certain bassin de population Tarbes-Pau-Lourdes-Orthez-Oloron), simplement quelques emplois administratifs en moins. Tarbes possède une taille encore plus faible que Pau. Je ne pense pas que les nombre d’étudiants ait diminué, au contraire, le pôle universitaire s’est même développé ces 10 dernières années.
    La ville a son rôle à jouer pour rendre la fac plus attractive: tunnel ou passerelle entre la fac et le pôle commercial Leclerc, liaison plus efficiente avec le centre-ville. Des projets intemporels jamais réalisés…. A Toulouse, le métro (fréquence 1 à 5 minutes) a mis les universités à seulement 15 minutes du CV… Evolution à Pau… ?? A Tarbes, le récent jardin de l’Echez offre un cadre de vie agréable aux étudiants. Evolution à Pau… ??
    Ce ne sont pas les fortunes dépensées dans le stade de kayak, le GP, l’Elan Béarnais ou la médiathèque géante qui vont donner une meilleure image de l’université auprès des étudiants et professeurs. C’est même l’inverse, mais chaque ville ses priorités… Les locaux sont plutôt sinistres (exemple: piliers en béton brut) et mériteraient au moins un coup de peinture fraîche… Crédit illimité pour le sport pro mais pour cela, sans doute pas de budget…

    • « La ville a son rôle à jouer pour rendre la fac plus attractive: tunnel ou passerelle entre la fac et le pôle commercial Leclerc, liaison plus efficiente avec le centre-ville. »
      Votre commentaire me rappelle un entretien à l’UPPA, il y a longtemps, avec le Président Uhaldeborde qui, à un moment, m’a montré le parc qui entoure l’université et de parler de « ces murs invisibles qui séparent l’université de la ville ».
      Des années plus tard, cette situation est toujours la même…

      • Effectivement, l’université semble de plus recroquevillée sur elle-même et tourner le dos à l’axe N-S, dont elle est d’ailleurs un peu éloignée. Un concours de projet d’architecte-urbaniste permettrait peut-être de corriger en partie l’erreur initiale de construction, imputable à Sallenave.
        Mais l’université peut être à 10 minutes du CV à vélo. Des aménagements cyclables (certes conséquents) donneraient peut-être envie aux étudiants d’effectuer le trajet CV-fac à vélo (et en bus les jours de pluie). Voir l’opportunité de réaliser un piste cyclable protégée – au moins entre la fac et le Bd Alsace Lorraine, il y a la place – et un tunnel cyclable pour éviter le grand rond point de la fac / cité administrative dangereux pour les cyclistes.

        • Du bd Alsace Lorraine à Clémenceau, il n’y a sans doute pas la place pour une piste cyclable indépendante, mais un trajet commun avec une voie de bus ou un espace partagé piéton / cycliste selon les endroits serait déjà plus agréable, attractif que le trajet actuel où le cycliste se retrouve au milieu des voitures.

      • Le projet d’extension de Leclerc aurait pu combiner une continuité avec l’Université.
        Le mur invisible est aussi l’omniprésence de l’automobile dans le campus. L’étudiant vient prendre un cours comme il va au « Mac’drive » ou au centre commercial.
        Le rond-point de la commune de Paris est aussi une barrière. Cet espace n’a rien d’urbain.
        Plus généralement, la notion même de campus universitaire (excentré et monofonctionnel) est aujourd’hui remise en cause. La tendance serait à l’ouverture de l’Université et une mixité avec d’autres milieux (économiques, associatifs, culturels).

        • On ne peut pas dire que le campus de Pau est excentré!!!
          C’est même le centre de l’agglo.
          De plus dans quelques mois un « tram bus » reliera le campus au centre historique et à la gare en qqs minutes avec une haute fréquence.

  • Tout ceci ne va pas dans le sens de l’histoire. L’égoïsme indécent de nos élus régionaux le dispute à leur incompétence.
    L’organisation territoriale doit être simplifiée, pour être plus efficace et plus lisible pour le citoyen.
    Pour ce qui est des Universités, justement regardez côté espagnol. Chaque ville a voulu son université avec un résultat calamiteux car la majorité n’atteint pas la masse critique.
    L’époque est à la fermeture pour concentrer et ne pas voir des sections ouvertes avec moins de 20 étudiants comme ce fut le cas dans certaines petites universités espagnoles.
    Bien évidement il n’y a pas de place pour une université à Bayonne. Pau est déjà en équilibre instable…