En perdre son latin…
Nous vivons une époque pleine de changements. Et j’entends, je lis des mots aujourd’hui, dont le sens m’échappe. Et ce dans de nombreux domaines.
Lorsque j’entends « sauvetage de l’emploi », il me faut traduire « augmentation des dividendes versés aux actionnaires… et licenciements ». Et qu’il soit « sec » ou mouillé, un licenciement reste un licenciement.
Nous sommes en crise, tout le monde peut s’en rendre compte, et ces licenciements sont « conjoncturels ». Qui dit licenciement dit perte de salaire. Ce qui signifie que le licencié verra ses revenus directs et indirects amputés. Revenus indirects ? Ce sont les cotisations sociales qui constituent une part du salaire, et que les commentateurs libéraux appellent « charges » ou « taxes ». D’où une baisse des recettes des organismes sociaux et des déséquilibres des comptes sociaux de la Nation.
Mais ces déséquilibres, les mêmes commentateurs considèrent qu’ils sont « structurels » quand il s’agit des dépenses ?! Ils pressent les gouvernements de « réformer » tout ce qui constituait, depuis la fin de la 2e guerre mondiale, le modèle social de notre pays (ce qui est vrai aussi pour d’autres pays européens, bien sûr). Et quand ils disent « réformer », il faut entendre « déconstruire » et supprimer les filets sociaux qui ont démontré qu’ils étaient capables d’amortir les chocs « conjoncturels » de l’économie.
Le champ du politique et du sociétal n’échappe pas à ce glissement de sens des mots. Deux petits exemples pour l’illustrer. La « Manif’ pour tous » refuse l’égalité de toutes et tous devant la loi à une minorité. Et, depuis l’élection présidentielle de 2012, l’« extrême-gauche » s’est élargie aux partis situés à la gauche du Parti Socialiste. Ce qui fait quand même pas mal de monde !
On en perd son latin !
– par Jean-Luc Palacio
Moi qui n’était pas très fort en latin, j’aurais bien aimé vous avoir comme prof. J’aurais tout compris.