Raconter est une manière de résister
« Je suis et je serai toujours du côté de ceux qui ont faim » disait Federico Garcia Lorca, poète espagnol et j’aime ses paroles si belles, si nobles. Je suis et je serai toujours du côté de ceux qui ont faim, oui j’en fais le serment, comment il pourrait en être autrement ? Une grande partie de l’humanité n’a pas de quoi manger chaque jour et même ici à Pau, Bordeaux ou Bayonne, on voit souvent des personnes fouiller les poubelles le soir et même en pleine journée devant tout le monde des fois. Il n’y a plus de pudeur, juste la faim tenaillant l’estomac, tout le corps, l’esprit, un enfer.
Et il faut lire La faim, ce superbe livre, poignant, qui vous prend aux tripes de Knut Hamsun, danois, qui raconte les journées d’un homme qui a faim dans une ville, hostile, sans travail, sans pitié. Hamsun mérite bien le prix Nobel de littérature. Il faut rendre la dignité aux pauvres, témoigner, ATD Quart-Monde le fait, c’est bien, je me sens très proche d’eux. Comment pourrais-je décemment vivre dans une société où certains ont des milliards de dollars et d’autres pas un bout de pain à manger ? Je ne sais pas… L’agent n’était qu’un moyen d’échange à la base, elle est devenue le plus vil corrupteur de l’homme, devenu lui son triste esclave. « Livré au matérialisme, soumis à sa dictature avilissante, le progrès est devenu une immense machine à assassiner. La toute puissance de l’argent a fait pousser des déserts d’âme. (…) On a crée la civilisation du dégoût et du désespoir » proclame Raoul Follerau, l’apôtre des lépreux, dans son célèbre appel de 1976 (1), appel à la jeunesse du monde, à tous les hommes de bonne volonté.
Et il faut écrire pour lutter, tu as raison mon ami Jean Ortiz. « Raconter est une manière de résister, disait l’écrivain Guimaràes Rosa. Paroles pertinentes, nécessaires, paroles grosses d’avenir, paroles outils, paroles armées, paroles de ceux qui n’en n’ont pas, paroles-utopies, paroles subversives, paroles qui restent. Paroles militantes » écris-tu au début de Rouges vies Mémoire (s), ton livre que tu m’as offert si gentiment chez toi et que j’aime beaucoup. Merci Jean, je t’adore. Je t’ai offert Les Amours de Henri IV, mon livre humoristique. Tu l’as trouvé drôle, c’est super…
– par Jean François Le Goff
Manifestement, vu le silence, les néolibéraux n’apprécient pas Frederico Garcia Lorca. Sans doute parce qu’ils ne sont pas du côté de ceux qui ont faim!