Lanceurs d'alerte
C’est le nouveau concept à la mode qui comme souvent nous vient des Etats-Unis. Les whistleblowers (les siffleurs). Ce sont des citoyens ordinaires qui s’arrogent le droit de « siffler » des conduites qu’ils estiment anormales, illégales ou contraires à l’éthique. Ils suppléent ainsi, disent-ils, à l’incapacité des pouvoirs publics ou réagissent à de coupables complots qu’ils dénoncent publiquement grâce aux media sociaux, mais le plus souvent par le biais de sites spécialisés, comme Mediapart, qui créent le buzz jusqu’ à ce que les media classiques, toujours à l’affût de bonnes infos et prompts à battre tambour, n’en assurent le relais.
Très bien, me direz-vous. Nous vivons dans un monde de plus en plus transparent mais aussi de plus en plus complexe et il est bon que les citoyens prennent en charge directement la démocratie et dénoncent publiquement les comportements délictueux ou contraires à la morale, fussent-ils le fait d’Etats ou de gouvernements, de groupes ou d’individus. Et voici que petit à petit la délation s’installe dans nos esprits comme un sentiment utile et vertueux. Le problème, c’est qu’on laisse au délateur le soin de décider lui-même si sa vertu mérite réellement autant de compliments.
Travailler dans une banque, se fâcher avec son employeur pour de sombres raisons personnelles et s’enfuir avec le fichier des clients au nom du respect de la loi, est-ce vertueux ? Enregistrer une conversation téléphonique privée obtenue par erreur et la communiquer aux medias, est-ce vertueux ? Trahir son propre pays, quoiqu’on puisse lui reprocher, et aller se réfugier en Chine puis en Russie puis en France pourquoi-pas, puisque Mélenchon ou Mamère le lui proposent, est-ce vertueux, Richard Snowden ?
Faire de chaque citoyen un procureur ou un espion ordinaire et bénévole est une dérive extrêmement dangereuse pour la démocratie. Elle consiste à mettre les « bons sentiments » et l’auto-appréciation de sa « mission » citoyenne au-dessus des lois et d’une organisation sociale qui peut certes être impuissante parfois, mais qui a été construite avec le recul nécessaire pour fonctionner objectivement.
Aussi quand j’entends aujourd’hui les donneurs de leçons patentés et autres tenants officiels de la bonne conscience publique nous expliquer, la main sur le cœur, qu’il faut protéger les « lanceurs d’alerte » et leur donner, pourquoi pas, un statut puis un jour, une rémunération, je me dis que ces méthodes me rappellent en pire, les heures les plus sombres de notre histoire.
Notre société devenue intolérante à tout, soucieuse de sécurité pour tous au point d’entraver la liberté de chacun, égalitariste et jalouse, deviendra-t-elle celle des voisins guetteurs, des auxiliaires de police, des maîtres chanteurs délateurs et des lanceurs d’alertes dont les sirènes lugubres ponctuent les coups portés à la cohésion et à l’harmonie sociale dans ce pays ?
Ceux qui pensent qu’ils y trouveront ainsi le moyen de survivre à leur propre impuissance se trompent lourdement. Enfin, je l’espère..
Il me semble que l’homme a toujours accepté le progrès à condition que le bénéfice soit supérieur au coût.
La différence n’est pas que nous serions plus « frileux » ou décadents mais que les bénéfices sont moins bien identifiés.
Par exemple : Les téléphones portables sont parfaitement acceptés par une écrasante majorité qui en voit l’intérêt. Les OGM ne le sont pas car le bénéfice n’est pas clairement identifié.
Alors que faut-il faire pour sortir de ce que vous dénoncez, rétablir la censure ? Ne serait-ce pas pire que le mal que vous décrivez ? Car alors on pensera pour vous en vous « évitant » d’avoir à entendre ce qui est jugé à votre place comme néfaste à notre société.
Attention la force de la démocratie c’est précisément de laisser la liberté de parole, d’opinion, de philosophie, de religion à chacun. Il y a eu, il y a et il y aura des dérives, vous le dites très bien, alors là ce sont ces dérives qu’il faudra critiquer et démonter. Les exagérations pouvant venir de toutes parts, il faut aussi des contre-pouvoirs
Que diriez-vous si l’on vous empêchait de vous exprimer, comme vous les faites, au prétexte que ce que vous dites ne correspond pas à ce que pense la majorité de vos concitoyens.
Quant à la tolérance dont vous parlez elle est contenue dans cette citation : »Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous puissiez vous exprimer (Voltaire).
Rappelez-vous surtout qu’aux heures les plus sombres de notre histoire la liberté n’existait pas. Attention aux images exagérées.
J’ai compris que vous n’aimiez pas les gens qui se prennent pour des procureurs. Moi non plus. Ensuite ce n’est pas contre l’absence de liberté que je m’élève, c’est au contraire contre les prises en otage médiatiques et des dérives douteuses dont j’ai cité des exemples. Enfin, quand l’ Etat s’arroge le droit d’utiliser contre ses citoyens des informations éventuellement obtenues par des moyens illégaux, je me dis que la ligne blanche est franchie.
Donc la vraie référence est la loi. Ce qui est illégal doit être poursuivi. A contrario ce qui n’est pas illégal doit être permis.
Nous sommes d’accord.
Comme l’exprime le lien ci-joint : http://fr.wikipedia.org/wiki/Lanceur_d'alerte, (pour faire simple), il faudrait bien séparer « délateur » de « lanceur d’alerte ». Ce que la loi promulguée récemment semble énoncer, au niveau de la santé publique des vers de terre et de l’environnement des piverts. Il y a dans cet article un amalgame assez bizarre. Ceci dit sans dénoncer le propos d’Oscar, de peur de me retrouver devant la cour martienne des lecteurs impartiaux.
Cher karouge, une alerte enlèvement lancée un peu vite à propos de votre chaton ne vous vaudra aucune poursuite, hors celle dudit animal et ne fera de vous qu’un dératé mais pas un délateur. A moins que votre goût pour l’ émotion de synthèse, fasse de vous un dérateur en cas d’absence prolongée.
Merci pour ce rappel du fondement de la Démocratie Vraie.