Un jour il faudra décider jusqu'où on peut parler de progrès !
Résultat d’un sondage portant sur un débat lourd de sens !
Les députés ont à se prononcer sur une proposition tendant à modifier la loi 2011-814 du 7 juillet 2011 relative à la bioéthique. Elle autoriserait, sous certaines conditions, la recherche sur l’embryon et les cellules souches embryonnaires.
Biotechnologie, cybernétique, intelligence artificielle et machine pensante, manipulation du vivant, PMA, etc. Le PMA, «Progrès Médicalement Assisté», est en plein essor. L’économie et la dette, «plus importantes(!!)», nous masquent l’essentiel : Un homme nouveau est probablement entrain de naître.
Le mardi 16 avril, à l’école supérieure de physique chimie industrielle, les élèves ingénieurs avaient réuni un aréopage exceptionnel:
- Henri Atlan: auteur de «L’Uterus artificiel» Seuil 2005.
- René Frydman: père du premier bébé éprouvette.
- Françoise Héritier: antropologue, professeur au collège de France où elle a succédé à Claude Levi-Strauss.
Le débat portait sur une expérience de pensée, proposée par H.Atlan, évoquant des problèmes qui se posent déjà aujourd’hui: la dissociation entre la procréation et la sexualité.
L’utérus artificiel est une machine qui permettrait la gestation complète d’un bébé entièrement hors du corps de la femme; l’extrapolation du «bébé éprouvette»!
Précisons tout de suite que nous sommes dans le domaine du prévisible pour l’avenir, mais qui n’existe pas encore.
Pour René Frydman l’utérus est un équilibre miraculeux entre la mére et le fœtus. Il faudrait quelqu’un pour caresser le fœtus en permanence pendant 9 mois, ce qui serait encore plus contraignant que la grossesse elle-même! On est là dans la disparition des liens essentiels, c’est-à-dire les échanges entre la mère et son enfant.
Henri Atlan note que les relations de l’embryon avec l’uterus maternel ne sont pas toujours bénéfiques, elles sont même parfois pathologiques.
Une technique n’est ni bonne ni mauvaise, cela dépend de l’usage qu’on en fait!
Pour Françoise Héritier, la question essentielle et unique est: «Qu’est-ce qui est préférable pour les femmes? Est-ce que l’utérus artificiel et la PMA vont dans le sens de l’égalité de l’homme et de la femme? Nous sommes entrain de reformuler le monde jusqu’ici dominé par les hommes. La domination de l’homme sur la femme, la moitié de l’humanité, veut s’en affranchir »
L’utérus artificiel pourrait aller dans ce sens mais pourrait aussi servir à renforcer le patriarcat en permettant de réaliser les deux revendications masculines que sont le choix du sexe de l’enfant et la connaissance du père !
Le Professeur Frydman poursuit en imaginant greffer un embryon dans un corps d’homme (sans doute influencé par l’exemple de l’hippocampe!); il faudrait l’implanter dans une zone richement vascularisée, par exemple dans les testicules. «Il faudrait alors une brouette!»
Pour Françoise Héritier l’humiliation de l’homme lui paraît très drôle: « Cette idée du bébé scrotum m’a beaucoup réjouie.»
Après le débat, on a fait voter la salle: Pour ou contre l’uterus artificiel ?
– Une petite moitié répond Non.
– Un tiers des étudiant-e-s répond oui.
– Les autres ne savent pas.
La «chosification» de l’être humain est à portée de main mais aussi à portée de l’esprit!
Faut-il pleurer, faut-il en rire
Fait-elle envie ou bien pitié
Je n’ai pas le cœur à le dire
On ne voit pas le temps passer.
(Jean Ferrat)
– par Georges Vallet
crédit photos: fixience.fr
On manipulera l’embryon humain, on procréera entre humains de même sexe éventuellement mariés mais on ne pourra plus faire de recherche OGM en France ni même tenter d’expérimenter des techniques moins invasives d’extraction de gaz de schiste. Ceci sans doute afin de tuer plus rapidement encore ce qu’il reste de notre notre industrie chimique, tandis que des étudiants en chimie se passionnent eux pour des uterus artificiels.
Je ris mais c’est nerveux.