La France et l'Arbre affaibli
La France est dans une situation économique et financière délicate au point, pour certains, d’être proche de l’affaissement. Pour d’autres, la France a encore des atouts et diminuer le train de vie de l’Etat et les dépenses sociales suffirait à retrouver le chemin de la compétitivité et de la croissance. Mais d’autres facteurs ne sont-ils pas tout aussi importants ? Un élément de réponse est proposé à partir de la situation de la filière bois qui présente des analogies avec la situation de la France.
La balance commerciale bois est déficitaire (6 384 Mds € en 2010). Ce déficit est dû aux différentes industries de transformation du bois. Pourtant la France possède un massif forestier important (10% de la surface boisée européenne) et sa production forestière est bénéficiaire (1).
Il est généralement admis, y compris par les sylviculteurs, que les bois des forêts françaises sont de médiocre qualité, notamment comparés aux bois des forêts nordiques. Les architectes préconisent ces derniers qui répondent généralement aux normes et labels européens ou internationaux. Ces préconisations sont d’ailleurs données directement par les logiciels de conception qui reprennent les exigences règlementaires et normatives.
En fait les industriels des pays du nord de l’Europe ont été les plus présents et les plus efficaces dans l’élaboration des normes et règlements divers. Il ne faut donc pas s’étonner que les documents qui font référence reprennent surtout les caractéristiques des essences qu’ils produisent et qu’ils utilisent. Cet exemple de la filière bois est d’ailleurs transposable à d’autres filières économiques (2).
Généralement les acteurs français sont peu actifs dans ces processus de décisions réglementaires ou normatifs. Cela s’explique par l’habitude de relations directes et centralisées avec les pouvoirs publics ou de grands donneurs d’ordre, par le sentiment de perte de temps dans les phases de recherches de consensus et aussi par l’individualisme français. L’accroissement du nombre d’acteurs au niveau Européen, la perte d’influence de la langue française et la maîtrise relativement moyenne de l’anglais par les acteurs nationaux constituent également des handicaps importants.
Très souvent les acteurs français découvrent les déconvenues après la mise en application de décisions officielles. Ils pestent généralement contre la commission européenne et se tournent vers les autorités nationales. Celles-ci se retrouvent en position difficile car les filières nationales étaient invitées à participer aux processus d’élaboration des documents officiels. Il s’ensuit des interventions désordonnées, souvent stériles, qui, le plus souvent, confortent l’image d’une France arrogante.
A noter que les acteurs locaux sont très actifs dans la mise en place de labels régionaux : Jambon de Bayonne avec le sel de Salies ou encore vins de pays élevés dans des fûts en chênes du pays, sciés à Artiguelouve par exemple. Ces actions sont certainement louables mais ne paraissent pas à la hauteur des enjeux nationaux.
Par conséquent, si la recherche de l’équilibre des comptes publics et sociaux est certainement nécessaire, l’amélioration de l’insertion de l’économie française dans l’environnement économique européen ou mondial l’est également, voire davantage.
Une intégration réussie dans le jeu économique mondial serait le meilleur garant de l’équilibre des comptes publics et sociaux sur le long terme.
– par Larouture
(1) Données empruntées au Centre Régional de la Propriété Forestière Aquitain.
(2) Par exemple, l’article de Denis Fainsilber dans les Echos (20/06) : « Voitures électriques : comment la France a perdu la bataille des prises ». Bruxelles a donné raison au standard défendu par les Allemands et de nombreux constructeurs automobiles, peu sensibles aux positions défendues par Schneider et Renault.
Crédit photo : photopagecetef-1
Bon exemple de problème que les Français se sont (en partie) créés eux mêmes.
Avec un gros malentendu: pour les autorités françaises une norme est faite pour se protéger, pas pour conquérir le monde avec nos produits.
Excellent article. Notre incapacité à définir et appliquer des normes est un handicap majeur pour notre industrie. Nous le paierons très cher dans le round de négociation à venir avec les USA. Les Allemands ne manqueront pas d’y imposer leurs standards et donc leurs produits. C’est plus important encore que la suppression des déjà faibles droits de douane
« diminuer le train de vie de l’Etat »
Certains services de l’Etat sont efficaces et le nombre de fonctionnaires d’Etat diminue.
Le pb est au niveau des collectivités locales qui ont embauché à tour de bras ces 15 dernières années, par pur clientélisme. Sans parler des dépenses somptuaires de certaines d’entre elles. L’Etat est fautif dans la mesure où il les a laissé faire.