Marciac, le nez en trompette et le vent en piano à queue

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A l’image des chats qui déterminent, au frissonnement de leurs moustaches, si leur corps passera ou non dans un étroit goulet, un tuyau ou un trou de souris, je dois faire mon mea culpa quant à ce que j’ai pu dire abruptement sur Jazz in Marciac : non, JIM n’est pas snob (1*), du moins pas encore. Si plusieurs générations s’y croisent, s’y promènent et profitent de leur séjour pour raccommoder leurs oreilles avec de la bonne musique, c’est que le lieu a du charme, tout recouvert de chapiteaux pointus et de parasols carrés abritant tout un monde que les drones des télés et radios privées ne filment et ne diffusent pas (seule Radio France -FIP, France Musique et Inter- a branché ses antennes)(2*) : boutiques artisanales (de jolis articles, parfois), chaises et tables où boire, se restaurer, ou simplement poser ses fesses, (il doit y avoir durant ces trois semaines plus de sièges disponibles que de marciacais vivant là toute l’année). Les voitures sont reléguées en périphérie, se suivant en file indienne dans le sens contraire des aiguilles d’une montre. Raison pour laquelle, à Marciac, on ne voit pas le temps passer, seulement les nuages partir en fumée le soir, à l’approche du stade, du chapiteau de 6000 places où va se donner la grand messe du jazz.

Ainsi en va-t-il chaque soir, jusqu’à épuisement complet des bénévoles, serveurs, régisseurs, cuisiniers, commerçants, poulets du Gers, magrets, vins de pays (ce sont eux qui sont les premiers vidés, avant les volailles), pompiers, agents de sécurité, autochtones devenus sourds (mais cette surdité n’est en rien comparable au Grand Prix automobile palois, qui se joue sur deux notes : vroum vroum). Ce qui est plaisant, il faut l’admettre, c’est que la musique n’envahit pas tous les lieux avec son vacarme omniprésent de sonos crachotantes, mais s’installe à discrétion dans des cours, des placettes, à l’ombre, sous des parasols, avec des sièges sur lesquels les auditeurs peuvent se poser, tranquilles et réceptifs.

Si l’on ne recherche pas spécialement la gastronomie, que l’on peut, par ailleurs, trouver sur place, le menu moyen (plat+dessert ou entrée+plat) se cale à 15 euros par personne mini. Pas vu de braseros style merguez-frites, peut-être y en a-t-il, aux alentours. Donc, pour ceux qui n’aiment pas la fumée, c’est parfait. A noter, pour les fumeurs, très peu de pots où jeter les mégots, qui atterrissent donc sur les pavés. Cela dit, la convivialité règne en maître et celui qui dira le contraire aura affaire à ma compagne. Qu’on se le dise !

Le festival se termine le 15 août avec Goran Bregovic, autant dire full délire des Karpathes (cf théâtre de verdure, Pau, concert gratuit, il y a quelques années). Et tout cela à une heure de route de Pau. Vroum vroum ! let the music run.

AK Pô

04082013

les photos sont ici :

http://altpyphot.wordpress.com/2013/08/04/marciac-le-nez-en-trompette/

 http://altpyphot.wordpress.com/2013/08/04/marciac-ou-lelegance-dun-piano-a-queue/

(1*) mais le prix des places reste élevé, notamment pour les spectateurs situés tout au fond du chapiteau (les dix derniers rangs environ). Un tarif à 15 euros, qui permet de jouir de l’excellente acoustique sans vraiment pouvoir profiter de l’image (écran géant), serait, à mon avis, plus égalitaire.

(2*) souvenir d’écoute, tard dans la nuit, de Jazz à Montreux, sur Europe 1 (je crois), avec des pubs pour Martini toutes les cinq minutes…

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5 commentaires

  • Habitué des grands festival de Jazz tels Nice , Juan , Montreux , Chateauvallon … Je peux vous affirmer que Marciac est une trés belle réussite et qu’il est fort dommage que les liaisons Béarn – Marciac soit aussi pitoyables ! Il y a plus d’affinités entre Pau et Marciac que vers l’ouest . Pour la musique , c’est un déluge de talents ! Des jeunes du collège à partir de 11 ans jusqu’au grands ainées de 80 ans et plus , un brassage avec un seul amour le Jazz ! ! Bel exemple à suivre mais la politique culturel Béarnaise est proche de l’Ohio …

    • Que dire alors de Marciac-Toulouse. Aussi je propose, même si l’on peut constater que la plupart des soirees, le chapiteau est complet, de faire une voie express Pau-Marciac (actuellement 63 km parcourus en moins d’une heure) et une liaison autoroutiere Toulouse-Marciac. Trève de plaisanterie, beaucoup de festivaliers restent sur place plus ou moins longtemps et participent ainsi activement a la vie économique de ce coin de Gascogne. C’est peut-être d’ailleurs parce que ce village est resté « isolé » qu’ils y trouvent autant de plaisir.

  • Un peu cher, certes, mais les écrans relataient bien de détails que nous, spectateurs privilégiés, ne pouvions voir !! Et à mon humble avis, les instruments dont les artistes sortaient de si merveilleux timbres, ceux dont les doigts magiques faisaient vibrer les sons, valaient bien la peine d’être admirés sur l’écran, ce dont je ne me suis pas privée même en étant devant, mais sur le côté, ce qui a facilité la tâche !
    Première apparition à ce festival, mais certainement pas la dernière ! J’ai véritablement vibrer au son de Monsieur Marsalis et ses musiciens Pakistanais…j’en redemande encore et encore….un envoûtement ! Merci à Monsieur O !!

    • Je pourrai écrire la même chose à propos de Paco de Lucia, ses musiciens, chanteurs de « Cante jondo » et son danseur. « Magia flamenca » lundi soir à Marciac.

  • Nous voilà rassuré. On y court ! Vroum, vroum…