Opinion – PNB Manufacturier : La France dans la même tranche que la Grèce !

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Picto-Fabrication_FRLa dernière livraison du magazine TIME titrait « Pourquoi l’Allemagne doit sauver l’Euro pour se sauver elle-même » ? Un choc m’attendait à l’intérieur de la publication.

Bien que le sujet fut à propos de l’Allemagne et de l’Euro, la France était présente, notamment dans un graphique présentant la part de la production dans le PNB en 2012, parmi les pays de la zone Euro. L’Allemagne apparaissait en noir. La France, dans un profond contraste, en bleu ciel. Le détail et le choc :

– Les pays les plus « manufacturiers » (20 à 25 % du PNB) : Allemagne (22,6%), Irlande, Slovaquie, Slovénie
– Les pays fortement manufacturiers (de 15 à 19,9%) : Finlande, Autriche, Estonie, Italie;
– Les pays où la part de l’industrie représente 10 à 14,9% du PNB : Pays-Bas, Belgique, Espagne, Portugal;
– Les pays où l’industrie ne représente que 5 à 9,9% du PNB : France et Grèce.

Après un rapide contrôle, Time ne citant pas ses sources, j’ai pu trouver des graphiques positionnant la France autour de 10%. Nous ne serions donc pas tout à fait le dernier de la classe…

Dans notre nation, deuxième de la zone euro en population et en PNB, la fabrication de produits industriels ne représente donc plus que 10% de celui-ci contre 22,6% pour le premier pays de la zone euro.

Les graphiques de TIME rappelaient aussi, que le taux de chômage de l’Allemagne n’était que de 5,4% actuellement contre une moyenne de 12,2% pour la zone euro. La France se situe au-dessus des 10%.

Bien sûr, on sait que l’Allemagne produit mais, nous rendons-nous compte de la lente glissade de notre pays ?

En 2001, le PNB par habitant de la France et de l’Allemagne étaient respectivement à l’indice 115 et 116 par rapport à la moyenne européenne de 100. Très proche. En 2010, 10 ans plus tard, l’Allemagne est grimpée à 121 pendant que la France dégringole à 107* : Plus 5 pour l’un, moins 8 pour l’autre.

Bien sûr, notre pays pourrait se passer de produire des biens manufacturiers mais, alors il lui faudrait « inonder » le monde de ses produits agricoles, de ses services (financiers, touristiques) etc. et cela serait probablement insuffisant.

Les gouvernements français, les uns après les autres, tentent de relancer l’usine France. Ils ont raison car s’il est une priorité nationale, c’est bien celle-là et non les vains débats de société que l’on nous sert au moment de la soupe, tous les soirs.

Reste à savoir quel type de politique industrielle et quelle stratégie mettre en place pour inverser les tendances ? Ne faudrait-il pas à la France un « premier ministre bis » en charge d’une réplique de l’interventionniste MITI, ce célèbre ministère au Japon fondé en 1949 qui, doté de « tous » les pouvoirs, hissa en quelques années le pays au plus haut ?

– par Bernard Boutin

* : http://epp.eurostat.ec.europa.eu/statistics_explained/index.php?title=File:GDP_at_current_market_prices,_2001,_2010_and_2011.png&filetimestamp=20121204113534

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8 commentaires

  • Plusieurs remarques.
    La première est que la France n’a jamais été un grand pays industriel. Nous avons été de bons mineurs, de bons tisseurs mais n’avons jamais véritablement brillé ni dans la mécanique ni dans l’électronique. Nous sommes aujourd’hui spécialisés sur quelques niches plus gourmandes en matière grise qu’en main d’oeuvre.
    Deuxième remarque: notre industrie s’est concentrée très tôt et nos mythes sociaux (les 40 familles, les cartels, puis les « patrons » et enfin les « riches ») de même qu’un syndicalisme strictement revendicatif ont découragé l’investissement industriel privé et tué la plupart des entreprises familiales au profit de la fonctionnarisation et de la culture de l’état providence
    Troisième remarque: l’accélération de la part de la dépense publique dans le PIB en France est un cercle particulièrement vicieux. Plus elle progresse et moins la part relative laissée à la production diminue. Et comme son financement suppose d’avantage d’endettement donc in fine de pression fiscale, c’est autant de compétitivité en moins et de délocalisation en plus. Un phénomène mortel.
    Quatrième remarque: il est probablement trop tard pour revenir en arrière et la réindustrialisation du pays est un mythe d’autant plus inaccessible qu’il serait socialement inacceptable et souvent techniquement impossible.
    Cinquième remarque: la réindustrialisation du pays pourrait passer par un changement de modèle productif rendu nécessaire par le renchérissement des coûts de transport et possible grâce à la mise en oeuvre de nouvelles technologies autorisant des productions de moyenne ou petites séries plus proches des besoins locaux. L’essor des robots et des imprimantes 3D nous ouvre les champs du possible en la matière. Mais hélas, mille fois hélas, nous ne sommes guère en pointe sur ces sujets majeurs.

  • Qu’en est-il de l’UK, pays qui aurait choisi la voie de la désindustrialisation ?
    La présentation des chiffres en % biaise la réalité et la conclusion. La France étant un grand pays à l’échelle européenne, son industrie compte quand même encore.
    De plus il me semble que l’industrie manufacturière est davantage localisée géographiquement que répartie uniformément sur le territoire.
    D’autre part, la culture rurale est encore très vivace en France. L’industrialisation de la province provient davantage d’un desserrement de la couronne Parisienne dans les années 60 que d’une conversion massive de la province à l’industrie: Cas de l’industrie aéronautique par exemple.
    Aussi, l’industrialisation compétitive (et plus largement la « contre-attaque » productive », cf. L. Davezies) ne passe-t-elle pas prioritairement par des actions très localisées sur le territoire ?
    L’opinion et les élus (notamment en Béarn) ne sont-ils pas plutôt partisans d’un saupoudrage des actions ?
    Et donc de l’immobilisme à l’échelle du pays?
    Enfin, opposer débat sur l’industrie et débat de société me parait convenu. L’un n’empêche pas l’autre, surtout dans un pays qui vise la modernité et donc le fourmillement des idées et des initiatives.

    • Vous avez raison. Mon « argumentaire » est trop simpliste. Il est là pour créer l’échange. Des 3 chiffres cités, je n’en retiendrai qu’un. Plus simpliste encore :
      « En 10 ans, l’Allemagne est grimpée à 121 pendant que la France dégringole à 107 : Plus 5 pour l’un, moins 8 pour l’autre « .
      Qu’est-ce qui ne va pas dans notre méthode ?

      • « En 2001, le PNB par habitant de la France et de l’Allemagne étaient respectivement à l’indice 115 et 116 par rapport à la moyenne européenne de 100. Très proche. En 2010, 10 ans plus tard, l’Allemagne est grimpée à 121 pendant que la France dégringole à 107 »
        Sachant qu’en 1990, avec la réunification, l’Allemagne a dû perdre au moins 5 points de cet indice d’un coup, qu’elle a rattrapés dans la décennie.
        Larouture nous disait il y qqes mois, en gros, que les pertes d’emplois dans l’industrie étaient au moins en partie compensées par des « gains » emplois dans la culture et le social et qu’il n’y avait pas de mal à cela… Alors, tu comprends qu’il ait des pbs avec ta « méthode ».

        • M. Lassalle pourrait reprendre votre argumentation pour justifier le maintien de l’usine Toyal en vallée d’Aspe.

  • « Les gouvernements français, les uns après les autres, tentent de relancer l’usine France. »
    Vraiment ???

    • J’ai écris « tentent ». Grand emprunt, Banque Publique d’Investissement, Montebourg etc. mais nulle part la mise en place de mesures « consensuelles » qui font du redémarrage de l’Usine France la priorité nationale.

  • Ne faudrait-il pas à la France un « premier ministre bis » en charge d’une réplique de l’interventionniste MITI,

    Mais nous l’ avons. Tout le monde aura reconnu Monsieur Montebourg