Les Pyrénées : Définition à l'usage des politiques et des poètes

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PYRmetaChapitre 1 : Un monde périphérique/Une réserve de biodiversité… Un futur européen…

Sortons un peu d’Oloron et élevons un peu notre regard. Regardons vers ce qui est tout de même, le cœur vibrant de ce joli site, à savoir les Pyrénées elles-mêmes, dans leur majesté, leur complexité et leur position singulière.

Dans un autre chapitre, nous élèverons encore un peu plus notre regard. Nous verrons comment  Pyréne peut s’analyser comme une métaphore des montagnes du monde, à savoir des espaces complexes où le temps dure plus longtemps. Et comment son futur s’enracine dans l’Europe sur son flanc latin et montagneux.

Mais les Pyrénées, mon cher Watson, c’est quoi ? C’est où ? Cela sert à quoi ?

My Dear ? Il s’agit d’un monde périphérique :

1) Fondamentalement dans l’espace européen, les Pyrénées font partie des périphéries. Avec la fonction secondaire d’isoler et de se joindre (si peu ?) aux pays ibériques, espagnols et lusitaniens.
Par ailleurs, elles sont des montagnes très peu françaises «une frontière sauvage» selon, un très heureux slogan publicitaire apparu dans les années 80.
«Des montagnes du sud» selon un autre slogan. Mais il est vrai qu’en Europe, et dans le monde latin, toutes le montagnes sont des montagnes du sud. Particulièrement dans l’espace méditerranéen (Relisons pour cela les admirables synthèses de l’immense Fernand Braudel qui présente la méditerranée en commençant par ces montagnes qui la bordent sur tout son flanc nord)

Pour un Français lambda (au hasard un Parisien ou un Lyonnais), à la différence des Alpes ou de l’Auvergne, le monde pyrénéen cela ne dit rien de précis ou d’identifiable. Au plus Lourdes, très important dans le catholicisme français, et quelques cols où passe le Tour de France sur France 2, éventuellement sa trilogie béarno-bigourdane (Aubisque Aspin Tourmalet). Il ne sait pas trop si Bayonne ou Perpignan dorment ou non au pied de ces montagnes ou se trouvent, quelque part, dans le sud, au pays du Top14, du côté de Marseille ou de Montpellier…

Quant à Oloron, Saint-Girons, Prades, Saint-Gaudens, Lavelanet ou Mauléon, sauf à avoir suivi les mystérieuse poules du rugby présentées par Robert Chapatte, il y a bien des années, ce sont des vocables inconnus. Dans tous les cas des terra incognita…

Pour le Français cultivé ou féru d’histoire (si, si, il y en a) peut-être les images diffuses de Gaston Fébus, du village de Montaillou et de son curé lubrique et catharisant, des protestants ou autres vaudois, des wisigoths, des Armagnacs ou de Simon de Monfort. Des maisons d’Albret ou de Foix-Béarn. L’image, plus précise, certainement, du vert galant : ce dernier n’étant, il est vrai, pas loin d’être le top one dans les classements des rois les plus célèbres. Certainement le plus rigolo et le plus sympathique : parpaillot par vraie conviction, catholique par nécessité, radical par tempérament. Guerrier farouche s’il en fut, subtil débraillé et paillard, fleur bleue et grand modernisateur d’un pays français qui n’était que partiellement le sien.

Pour le monde occitan, c’est moins diffus. Les Pyrénées sont, à la fois, une frontière bien tranchée sur le flanc sud, mais aussi une matrice. Depuis ses hauteurs, on a la meilleure des vues sur son espace imprécis qui court jusqu’aux frontières nord du massif central dans l’axe profond et jusqu’aux Alpes par ailleurs.

Elles seraient peuplées de Gascons (définition très aléatoire), mais certainement de Basques et de Catalans (dans leur déclinaison française ou espagnole) de Béarnais, de Bigourdans, mais aussi d’Espagnols, d’Italiens, de Portugais de toutes origines plus ou moins incontrôlées. Ce qui en fait, incontestablement, une nation latine à laquelle s’agrègent, attirés depuis toujours, depuis Richard cœur de Lion au moins, les Anglais ou autres citoyens du monde et des gens du Maghreb autres que les sarrasins qui occirent Roland à Roncevaux.

C’est ainsi qu’au marché d’Oloron, on entend du béarnais (un peu), du basque (plus qu’on pourrait s’y attendre), de l’espagnol (beaucoup), du portugais (pas mal) et de l’anglais (de plus en plus), du marocain, du turc et même du français (beaucoup…) .

2) Une réserve exceptionnelle de biodiversité.
Les Pyrénées, ce sont un ensemble de massifs avec leurs montagnes sacrées, de micro-régions diraient nos amis corses (autres habitants rigolos des montagnes du sud). Des massifs avec leur montagne sacrée : Orhy pour les Basques, Ossau pour les Béarnais, pic du midi pour les Bigourdans, Vallier (o Ariejo o moun pais..) pour les Ariègeois, Canigou pour les Catalans. Des pics souvent plus élevés que l’Olympe et qui, comme le Mont Blanc, sont souvent binationaux dans ces contrées où les frontières restent assez diffuses. Et où, depuis la nuit des temps, on bascule, avec le bétail, du versant nord au versant sud et vice-versa, pour trouver du travail, fuir Franco ou Hitler, ou pour se ravitailler aux ventas ou danser aux fêtes de Mauléon ou de Pampelune.

Avec cette particularité extraordinaire de courir selon un axe est ouest de l’atlantique à la méditerranée. Du golf du lion au golf de Gascogne… De Chantaco à Montescot.

De la mer des civilisations à l’océan des mondes nouveaux.

Avec, résultat d’une orogenèse singulière, par la collision de la plaque espagnole sur la plaque européenne, une asymétrie très accentuée : des versants très raides côté français, beaucoup plus doux côté espagnol. Ce que l’on perçoit très bien quand on va, par exemple, d’Oloron à Jaca. De plus les côtés sud la chaîne se diluent au travers de nombreuses sierras et vers l’ouest dans les massifs cantabriques. Au nord, surtout au nord ouest, en venant par exemple de Bordeaux, le mur formidable de Pyrénées, ourlé de neige en hiver, qui se mêle aux nuages. Un mur qui s’élève brusquement vers le ciel auquel il tend à s’agréger sans avertissement ni indice. Une des sept merveilles du monde à l’évidence.

Toute cet environnement naturel, très généreusement arrosé, de manière continue dans la partie occidentale, de manière plus violente vers l’orient, engendre des biotopes d’une richesse exceptionnelle, sans équivalent de par le vaste monde, en suivant le gradient des altitudes et des températures.

Grossièrement trois espaces : le piémont où vivent essentiellement les hommes, la forêt et les pâturages, grande richesse historique de la chaîne, et l’espace minéral à partir de 2000 mètres ; le royaume des mines aujourd’hui largement oubliées, celui des pyrénéites ou simples randonneurs, des isards, des marmottes ou autres bouquetins, des desmans et autres gypaètes et, partout, l’eau sous forme de lacs qui parsèment la chaîne à l’exception du pays basque sans doute trop calcaire. De l’eau sous forme de torrents, de nives, de gaves, de nestes, presque d’oued au pays catalan. Les glaciers qui ont façonné les vallées tendant rapidement à disparaître. Et comme un emblème, dont il serait fou de se défaire, notre ami l’ours (gardarem lou moussou) solitaire et malin, capable d’enjamber les vallées et les montagnes pour trouver une compagne ou un compagnon que les chasseurs n’auraient pas encore occis.

Pour ne pas fatiguer le lecteur en ces temps de forte chaleur nous verrons, dans une autre chronique, comment Pyréne peut se définir aussi comme :

Un espace qui n’a pas forcément conscience de lui-même;
Un espace très précieux dans un monde bouleversé.

Enfin nous verrons comment trouver à Pyrène, sinon un fiancé, du moins :

Un futur dans la nouvelle frontière européenne.

– par Pierre Yves Couderc
Oloron

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5 commentaires

  • Bien sur que les Pyrénées… sont géniales ! Mais fallait-il appeler le futur stade nautique (l’ancienne piscine municipale) de Pau du nom de Pyénéo ! Franchement, c’est pas une ineptie TOTALE ???…. On parle d’eau, pas de montagnes ! Et on ne peut pas mettre nos belles Pyrénées, que j’adore moi aussi, à toutes les sauces, il ne faut pas en avoir une fierté démesuré sinon gare à la grosse tête les amis… Le palois est fier, orgueilleux en général, c’est bien connu mais le sera-t-il du stade nautique Pyrénéo ? A suivre….

  • Très bel article qui donne une âme à nos Pyrénées et à tous ses habitants et ce d’où qu’ils viennent. Au nom de nos pics, merci PYC !

  • «Des montagnes du sud» selon un autre slogan. Mais il est vrai qu’en Europe, et dans le monde latin, toutes le montagnes sont des montagnes du sud. Particulièrement dans l’espace méditerranéen (Relisons pour cela les admirables synthèses de l’immense Fernand Braudel qui présente la méditerranée en commençant par ces montagnes qui la bordent sur tout son flanc nord) »
    Que dire également du Mulhacèn (3480m), qui culmine au-delà de l’Aneto (3304m), que l’on admire, subjugué, depuis les jardins de l’Alhambra, à Grenade, avec sa calotte enneigée qui plonge dans la Méditerranée alors que les jardins exhalent mille et un parfums…
    Que dire encore des picos de Europa, en Cantabrie, et des sierras ibériques et portugaises, plus basses mais également plus sauvages que l’herbe qui ne pousse plus sous nos pieds.
    Pour ne parler que d’une partie du « flanc nord » de la Méditerranée ( celle qui joue avec les galets et condamne les voleurs d’oranges). Et des « montagnes du sud ».. Bref, celles qui portent la poésie au-dessus des mers de nuages.

  • Beaucoup de plaisir à lire cet article. Merci !