IDELIS: les jolis comptes des faits (1)

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SMTU ou SMTUPPP, STAP, IDELIS, IDELIB, IDECYCLE, KEOPS, autant de marques et de sigles qui s’accumulent et qui n ‘aident pas réellement à comprendre les enchevêtrements de la gestion publique de nos transports. Impossible de faire plus obscur et plus compliqué ou comment échapper à la critique éclairée de ses concitoyens. Tout en les inondant  de communication colorée, de flyers, de sites internet interactifs, de questions-réponses et de tout le fatras de la communication moderne, afin de leur faire avaler avec le sourire, un quasi doublement du coût du transport urbain et la mise en œuvre d’un gros machin qui se dissimule lui aussi sous d’autres initiales, BHNS (Bus à haut niveau de service) ou TCSP (Transport en commun en site propre).

Une affaire qui mérite donc quelques éclaircissements et qui me parait assez significative des dérives politico-technocratiques de la gestion de nos collectivités locales, productrices d’artichauts, spécialistes en pâtes feuilletées , reines de l’empilement administratif, des conseils d’administration, des effectifs pléthoriques et de l’enfumage . Il me faudra probablement plusieurs articles pour y voir plus clair sans vous assommer tout en laissant à d’éventuels contradicteurs, le soin de prendre la parole. Car dans le désert d’idées qui semble devoir prévaloir à la prochaine campagne électorale locale, il me semble à tout prendre, que la question de l’avenir de nos transports en commun, mérite à tout le moins d’ être posée et éventuellement défendue par ceux qui ont à en décider, mais autrement qu’ avec des somnifères.

Bref rappel historique. Sans revenir à l’époque du tramway palois géré dès 1897 par la Société Béarnaise des Transports Urbains (SBTU), rappelons que la Société des Transports de l’ Agglomération Paloise (STAP) Société anonyme d’ économie mixte, se vit confier en 1980 par le Syndicat Intercommunal des Transports en Commun qui réunissait les villes de Pau, Lescars, Billère, Lons et Mazères-Lezons, la gestion du réseau de transport de ces communes. Avec l’apparition de l’ agglo, les ambitions plus étendues du réseau de bus local obligèrent à la constitution d’un nouveau Syndicat mixte de transports urbains, réunissant à la fois la Communauté d’ agglo PPP, mais aussi la Communauté de communes du Luy-de-Béarn (quatre communes), les communes d’Aressy, Morlaàs, Serres-Morlaàs et Uzein, soit un ensemble de 22 communes représentant environ 170 000 habitants.
A peine né, le SMTUPPP, simplifié en SMTU, confiait la gestion du réseau urbain à la bonne vielle STAP qui se voyait dotée de nouvelles ambitions, de nouvelles peintures de guerre et d’un nouveau nom pour son réseau, IDELIS et de l’assistance bienveillante de pros du transport urbain, la société KEOLIS, elle-même filiale de la SNCF, qui lui déléguèrent un Directeur Général.

Pour faire fonctionner cette splendide organisation, il faut, bien entendu, planifier et coordonner. On trouve donc à l’inventaire des moyens et des contraintes de ce grand projet:

  1. Le PDU: Plan de déplacements urbains établi en 2010 et revu pour la période 2013-2018
  2. Le SCOT: je cite mais je n’ai pas tout compris… « Le Schéma de cohérence territoriale (SCoT) du Grand Pau (127 communes, 237 900 habitants) est en cours d’élaboration. Un pré-diagnostic vient d’être adopté. Il prend en compte le Plan de déplacements de Pays du Grand Pau de 2005 qui préfigurait le Syndicat mixte du SCoT. La programmation de 25 km de lignes de TCSP au cours des quinze prochaines années, figurait parmi les objectifs de ce document »
  3. Le SRIT: je récite… « Le Schéma régional d’infrastructure de transport (SRIT 2020) de la Région Aquitaine établit les bases d’un développement cohérent et concerté des politiques de transports à l’échelle régionale, d’ici à 2020/2025. Il se fixe notamment pour objectif de développer un contrat d’axe pour le Béarn. »
  4. Le PLH: « Le programme local de l’habitat de la CAPP est en cours d’approbation. L’un de ses axes de travail est d’engager un développement cohérent des constructions avec le renforcement des offres de transport public. »

Et pour manœuvrer le bazar, il ne faut pas moins qu’un Comité Syndical composé de 39 délégués titulaires et 27 suppléants désignés par chaque Commune et Communauté membres . Aux côtés du Comité Syndical intervient le Bureau du Syndicat Mixte composé de son Président, André DUCHATEAU, et de ses trois vice-présidents : Jean-Claude Bouriat en charge de la vie du réseau et des relations avec le délégataire de service public, Pascal Boniface, chargé des problématiques liées à l’intermodalité, aux contrats d’axe et à la billettique et enfin Jean-Pierre Mimiague en charge des questions relatives à l’administration générale et aux finances. LE SMTUPPP dispose de ses effectifs propres dont on ne connait pas les détails ni les coûts.

Mais bien entendu la STAP dispose également pour gérer IDELIS avec l’aide de KEOLIS de sa propre organisation d’un Conseil d’administration au sein duquel nous trouvons les représentants de la Chambre de Commerce, de la Caisse d’ Epargne, de Pau à Vélo, de la Communauté d’ Agglo PPP et de Madame Nadège Vidal, administrateur indépendante (?). Ouf..

Voilà, le décor est à peu près en place. Les acteurs sont en scène. Les plans et les grands projets sont affichés. L’objectif est clair : sus à la voiture particulière de gré ou de force.

(A suivre)

IDELIS: les jolis comptes des faits (1)

IDELIS: La vie de Château (2)

IDELIS: Le tonneau des Danaïdes (3)

IDELIS: les idées lisses de l’air du temps (4)

IDELIS: l’ échec annoncé du Bus-Tram (5)

 

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32 commentaires

  • On touche là le coeur de la « boutique » et de la raison d’ être de beaucoup de nos responsables politiques. Cela est vrai localement, mais également avec bien plus d’ opacité au niveau national, qui ne compte plus depuis longtemps le nombre de sombres officines. Cela n’ est que l’ envers opaque de Pôle Emploi, pour caser sûrement ses  » amis  » Le même problème se pose avec les  » sociétés d’ intérêts mixtes » dont seule la France a le secret au monde et pour cause. Ceci explique peut être le déficit récurrent de notre économie et de nos finances. Tout le monde s’ accommode par force de cette situation, pour la raison que l’ Etat a depuis de nombreuses années impliqué directement ou indirectement les citoyens dans ce système de type mafieux. Qui n’ a pas aujourd’ hui un membre de sa famille, une connaissance ou un ami employé par ces organismes? De ce fait, personne n’ est prêt à soulever le couvercle de cette marmite bouillonnante pour en connaître le secret de la mixture……. Ainsi va la France.
    Michel LACANETTE.

  • On touche là le coeur de la « boutique » et de la raison d’ être de beaucoup de nos responsables politiques. Cela est vrai localement, mais également avec bien plus d’ opacité au niveau national, qui ne compte plus depuis longtemps le nombre de sombres officines. Cela n’ est que l’ envers opaque de Pôle Emploi, pour caser sûrement ses  » amis  » Le même problème se pose avec les  » sociétés d’ intérêts mixtes » dont seule la France a le secret au monde et pour cause. Ceci explique peut être le déficit récurrent de notre économie et de nos finances. Tout le monde s’ accommode par force de cette situation, pour la raison que l’ Etat a depuis de nombreuses années impliqué directement ou indirectement les citoyens dans ce système de type mafieux. Qui n’ a pas aujourd’ hui un membre de sa famille, une connaissance ou un ami employé par ces organismes? De ce fait, personne n’ est prêt à soulever le couvercle de cette marmite bouillonnante pour en connaître le secret de la mixture……. Ainsi va la France.
    Michel LACANETTE.

  • une question peut être naïve : qui est censé contrôler les comptes de ce fatras d’ organismes publics ou semi-publics ? La cour des comptes ??
    Et les comptes sont-ils rendus publics ?

  • une question peut être naïve : qui est censé contrôler les comptes de ce fatras d’ organismes publics ou semi-publics ? La cour des comptes ??
    Et les comptes sont-ils rendus publics ?

  • Quelle usine à gaz !!! Et tout ça avec nos impôts (particuliers et entreprises).
    Je comprends mieux que la communauté d’agglo soit le premier employeur..
    Est-ce que Hervé Cadillac pourrait nous en dire plus sur la présence de « Pau à vélo » au conseil d’administration d’Idelis (si j’ai bien compris..) ?

  • Quelle usine à gaz !!! Et tout ça avec nos impôts (particuliers et entreprises).
    Je comprends mieux que la communauté d’agglo soit le premier employeur..
    Est-ce que Hervé Cadillac pourrait nous en dire plus sur la présence de « Pau à vélo » au conseil d’administration d’Idelis (si j’ai bien compris..) ?

  • Ils parlent de « Bus Rapid Transit », comme nous on parle de « BHNS » car depuis 2005, le terme de « Busway » (terme que les Sud amércains continuent à utiliser couramment) a été repris par Transdev lorsque cette Société a mis en place le premier « Bus-Way » en France (et probablement en Europe) et a déposé le nom.

    • « Busway » est une appellation commerciale largement postérieure aux expression consacrée « BHNS » (ici) ou « BRT » (là-bas)

      • Au temps pour moi, « busway » était (et est toujours) utilisé dans les pays anglo-saxons.
        Mais bref, mon propos était surtout que nulle part on ne trouve cette expression trompeuse de « bus-tram ».

  • Ils parlent de « Bus Rapid Transit », comme nous on parle de « BHNS » car depuis 2005, le terme de « Busway » (terme que les Sud amércains continuent à utiliser couramment) a été repris par Transdev lorsque cette Société a mis en place le premier « Bus-Way » en France (et probablement en Europe) et a déposé le nom.

    • « Busway » est une appellation commerciale largement postérieure aux expression consacrée « BHNS » (ici) ou « BRT » (là-bas)

      • Au temps pour moi, « busway » était (et est toujours) utilisé dans les pays anglo-saxons.
        Mais bref, mon propos était surtout que nulle part on ne trouve cette expression trompeuse de « bus-tram ».

  • PierU : « La contribution de l’agglo au fonctionnement d’Idelis était de 17M€ en 2010 :
    http://www.larepubliquedespyrenees.fr/2010/04/15/les-tarifs-de-bus-revus-a-la-baisse,131599.php »
    Oscar : « En effet. C ‘est donc le SMTU qui perçoit le versement transport qui a été porté en 2010 de 1 à 1,8% de la masse salariale des entreprises de plus de 9 personnes dépendant de sa zone de compétence. Soit 27 M€. Dont 20M€ sont reversés à la Stap »
    Donc : qui paie ces 20 M€ ?? l’agglo ou les entreprises privées ?

  • Tout ça pour arriver à la conclusion « sus à la voiture ».
    Partir des lois SRU « relative à la solidarité et au renouvellement urbain » de 2000 (éventuellement les évolutions qui ont suivi) serait plus simple. En plus vous auriez les motivations noir sur blanc, déjà débattues il y a quand même 13 ans. Et donc répondant à des préoccupations déjà identifiées dans les années 90.
    Quant au contrat d’axe pour le Béarn, personne n’en parle. Certes, il est très ambitieux mais il y aurait des choses très intéressantes à retenir.

  • Une rectification : ce n’est pas au moment de l’apparition de l’agglo que le SMTU a été créé/étendu aux communes d’Uzein, Aressy, etc, mais au moment de la réorganisation et de l’extension du réseau (vers 2010 ?).

  • Et tout ça génère 20 millions d’euros de déficit. Mais vous en parlerez certainement dans votre prochain épisode.

    • Sans aller fouiller la chambre de Duchateau, on peut déjà trouver quelques indications. La contribution de l’agglo au fonctionnement d’Idelis était de 17M€ en 2010 :
      http://www.larepubliquedespyrenees.fr/2010/04/15/les-tarifs-de-bus-revus-a-la-baisse,131599.php
      On peut assimiler cela à une subvention d’équilibre. L’objectif affiché à l’époque étant 13 millions de voyages en bus par an, ça correspond à une subvention de 1,3€ par voyage : ça ne parait pas démesuré et je pense que c’est du même ordre de grandeur que ce que l’on peut trouver dans d’autres villes.

      • « Mais avouez qu’on préfèrerait les lire dans un rapport annuel plutôt que dans le compte-rendu d’une conférence de presse donnée qui plus est par la Présidente de l’ agglo qui ne représente pas le SMTU, que je sache… »
        Ah ça c’est certain. A@P il y a 6 ans avait « milité » pour la transparence -ce qui incluait la publication de tous les documents de ce genre- thème ensuite repris par d’autres. Mais 6 ans plus tard on peut dire que rien n’a vraiment changé et qu’il faut toujours aller à la chasse au chiffres et autres données quand on les cherche.

    • http://www.smtu-ppp.fr/bus-tram/nos-reponses-a-vos-questions-279.html
      J’ai trouvé ce lien en consultant le site de la ville de Pau. Réponse à la question n° 20
      C’est donc crédible.

      • Contribuable Palois

        Sauf que les projections de financement du Tram-bus (=bus articulé) avec son emprunt sur 30 ans sont dépassés! Aucune prévisions d’emprunt sur 25 ou 30 ans ne tient depuis « la crise » et la faillite de Dexia/Crédit local ; on l’a vu il y a 2 ans quanda ville de Pau a alors du ravaler ses projets (ESAC, Tour République, Couvent rue Lamote, etc) puisqu’il n’y avait plus de prêteurs.

        • Tram-bus (=bus articulé): non. La meilleure information que j’ai trouvé sur le bus tram est malheureusement en anglais. Les photos sont cependant explicites:
          http://en.wikipedia.org/wiki/Bus_rapid_transit

          • Les photos sont en effet explicites : ce sont bien des bus articulés en sites propres. Sachant aussi qu’à Pau toute la ligne ne sera pas en site propre.

          • PierU, je pense que (je suis sur) que vous lisez l’anglais. Le bus-tram ne se resume pas à un bus articulé en site propre

          • Le véhicule utilisé est effectivement un bus articulé spécifique. L’environnement de service est celui d’un tram.

          • Le matériel reste du bus articulé classique (ou presque), carrossé au goût du jour. Après quand on regarde les photos des stations du Busway de Nantes par exemple, ça reste aussi des stations assez classiques, certes avec des quais et des bus qui s’en approchent au mieux (parfois avec guidage automatique pour assister le conducteur, mais je ne sais pas à Nantes), des plate-formes qui se déploient à la demande pour faciliter la montée des fauteuils et des poussettes, etc… Mais avec les nouvelles réglementations sur l’accessibilité des TC, même les lignes de bus normales commencent à être équipées de la sorte.
            Je ne vois pas l’intérêt d’utiliser le terme « bus-tram » (*) qui prête à confusion (ce n’est pas involontaire…), alors que l’expression « Bus à Haut Niveau de Service » est désormais consacrée et décrit bien ce dont il s’agit. Par rapport au bus à papa que l’on connait, les BHNS tirent leur efficacité principalement du site propre d’une part, et d’autre part de montées/descentes accélérées par toutes les portes.
            (*) terme qui soit-dit en passant semble purement palo-palois. En tous cas je n’en trouve nulle mention pour les lignes d’Amérique du Sud, qui ont été les précurseurs. Là-bas ils parlent de « Bus Rapid Transit », l’équivalent de notre « BHNS ».

          • « Environnement de service de tram », je ne sais pas ce que c’est : il n’existe pas un environnement unique de tram. J’ai vécu à côté de Genève, qui a toujours conservé des lignes de tram (et qui les redéveloppe depuis quelques années) : il n’y avait là-bas aucune différence d’environnement entre les tram et les bus (articulés ou pas) et les uns ou les autres se prenaient et circulaient de la même manière. La ligne de tram principale était certes en site propre sur une grande partie de son parcours, mais partageait aussi le site propre avec les bus dans le centre-ville, et s’insérait même dans la circulation parmi les voitures par endroits. Pas plus de planchers surbaissés ou de quais surélevés sur les trams que sur les bus. Tout ça est apparu au fil du temps sur les deux et n’a rien de spécifique au tram.
            Bref, je reste sur ma position : « bus-tram » est une expression commerciale de communicant, qui ne recouvre aucune réalité technique. Il faut quand même rappeler que la seul réelle spécificité d’un tramway est d’être un « véhicule urbain circulant sur une voie ferrée » (il faut noter aussi qu’un bus devant s’insérer dans la circulation doit avoir une longueur limitée à 24m en France, limitation qui ne s’impose pas à un tramway)

          • Aujourd’hui, les bus actuels suffisent. Une fois ces qqes changements minimes effectués (je veux dire ce « grand projet » selon ceux qui ne servent d’élus) toute une armada d’immenses bus sera prête sans que l’on sache si on en a besoin et avec le grand logo tout pourri pour une ville, acceptable à la limite pour une marque de yaourt: PPP… et devant lesquels les apparatchiks locaux poseront glorieux, la gueule enfarinée.
            Quant à la nouveauté de ce principe: il y a 30 ans, à Toulouse, circulaient déjà des bus articulés et en site propre…

  • Merci pour cette analyse. Je ne prétends pas avoir tout compris mais merci pour la traduction des sigles d’autant que je les déteste parce qu’ils enlèvent toute signification à la dénomination de l’entité. Les administrations publiques en raffolent. Elle noie ainsi le poisson, pardon le citoyen dans un fatras de lettres majuscules !
    En tout cas votre exposé est beaucoup plus informatif et instructif que les colloques, conférences et autres démonstrations savantes et répétitives dont les conseils de quartier ont été abreuvés à en être saoulés.