Le peuple souverain.
En réalisant une interview de Jean Lassalle, député élu dans le département des Pyrénées Atlantiques, Bernard Boutin, outre le gros travail effectué, a placé Alternatives Pyrénées exactement dans son rôle. Notre association en effet qui vient d’être reconnue organisme d’intérêt général*, affiche comme objet de valoriser la parole citoyenne. En étant à l’écoute de ses (et nos) concitoyens, le député ne fait pas autre chose.
Jean Lassalle a été critiqué, y compris sur le forum d’Alternatives Pyrénées, mais s’il est un reproche qu’on ne peut lui faire, c’est d’aller à l’écoute du peuple de France. Ce qu’il nous rapporte est un témoignage dont il faut prendre la mesure. Sa démarche démontre au moins deux choses
– La première est que les gens qu’il a rencontrés et écoutés ont été très disposés à confier à un élu leurs points de vue (ils sont différents), voire leur désarroi, selon son terme. Comme si cette occasion d’être entendu, ne se présentait pas aussi fréquemment que les élus du peuple sont censés en offrir l’occasion.
– La seconde c’est qu’en faisant cela, Jean Lassalle est allé de surprises en surprises. Découvrir à quel point les politiques (y compris lui-même puisqu’il appartient à cette catégorie) sont détestés, constater un sentiment de résignation, être étonné, estomaqué du violent rejet de l’Europe, sont les principaux enseignements de cette démarche.
Aller vers les gens, les écouter susciter leurs confidences ne ressemble en rien à une réception dans une permanence de député ou de sénateur. La démarche est autre parce que les rencontres dans les locaux, de façon programmée, organisée, ne servent qu’à exposer un problème, à solliciter un avantage, voire un passe droit et ne se prêtent jamais à des échanges d’un caractère plus général. Lors de sa permanence, l’élu se livre à un exercice d’électoralisme ce qui n’est pas le cas, comme il le dit d’ailleurs, pour la démarche entreprise par Jean Lassalle.
Trop souvent, par ailleurs, les élus de quelque niveaux qu’ils soient considèrent être la représentation incontestable de leur électorat et pouvoir, à ce titre, d’une manière définitive, prendre toutes les décisions de leur choix sans jamais avoir à en référer ni même à en justifier au peuple souverain. Il y a maintenant plus d’un an, Alternatives Paloises avait recueilli plus de deux mille signatures afin de demander qu’une consultation de la base soit organisée pour la réfection des halles de Pau. Bien qu’elle fût sollicitée, la maire de Pau ne daigna jamais recevoir les représentants de notre association qui n’avaient d’autre objectif que de déposer en ses mains, une pétition. Dans ce même registre, plusieurs élus s’étaient déclarés farouchement opposés à la démarche en évoquant le principe qu’en leur qualité d’élus, leur pouvoir décisionnel ne pouvait être ni contesté ni même discuté. L’illusion de la démocratie participative…
Le pouvoir du peuple souverain serait ainsi confisqué au simple prétexte qu’un mandat électif donnerait pleins pouvoirs. Si l’Europe est l’objet d’un « violent rejet » c’est, entre autres, parce qu’un référendum organisé en France a abouti au refus par le peuple souverain, d’un traité européen. Par la suite, dans un souci de démocratie, il a été décidé d’en ignorer le résultat pour confier à des élus, réunis en parlement, le soin de désavouer l’opinion majoritaire. L’illusion référendaire …
Jean Lassalle se perd ensuite un peu dans des explications visant à dénoncer certains excès de la décentralisation, car ses propos sont insuffisamment précis. Il reste que son grand mérite est d’être allé vers le peuple, des gens modestes pour écouter et entendre. Cette épopée pédestre sera-t-elle suivie d’effets ? Ne s’égarera-t-elle pas dans les nimbes des entreprises aussi valeureuses qu’inutiles ?
Pau, le 30 aout 2013
Par Joël BRAUD
- Depuis juin 2013 l’association Alternatives Paloises est classée organisme d’intérêt général ce qui ouvre droit pour ceux qui la soutiennent par des dons ou versements, à réduction d’impôt.
Bravo à A@P pour son nouveau « statut » !
En tant que conseiller de quartier de Pau, du 14 Juillet qui plus est, je ne peux regretter qu’amèrement ce que Martine Lignères-Cassou, notre maire qui est aux cieux de son impopularité, et son équipe, ont fait de la démocratie participative à Pau : une pure illusion. Demandez à n’importe quel conseiller de quartier s’il veut rempiler en 2014 : sa réponse est « non » pour la plupart, édifiant…. Allons, enfants de la patrie, souvenons du 14 Juillet 1789, de la Révolution Française, et croyons en des jours meilleurs pour notre démocratie ! Ce qui a de très malheureux, c’est que l’extrême droite, oui effectivement, risque de faire un carton aux élections européennes, un très, très gros score avec toutes les conséquences désastreuses que cela aura en France et et en Europe. Le français moyen ne croit non plus en la politique, prend hélas les hommes politiques pour des imbéciles, des incapables, la situation est infiniment triste.
D’un autre côté, j’ai pu constaté que les conseillers de quartier tombaient facilement aussi dans certains travers, à savoir parler au nom de la population des quartiers sans en être forcément représentative ni aller la consulter.
Les conseils de quartier sont un exercice difficile pour tout le monde, aussi bien pour la mairie que pour les conseillers eux-mêmes.
…constater…
Le pouvoir du peuple souverain voudrait que l’on consulte par exemple les palois, d’une façon formelle, si Oui ou Non, ils veulent du Bus-Tram tel qu’il nous est présenté.
Merci de nous rappeler le « triste » épisode de la consultation sur le projet des Halles et la fin de non-reçevoir de MLC. Profitons des élections à venir, pour demander aux politiques de s’engager dans le voie des « consultations populaires » sur les grand projets.
« Il reste que son grand mérite est d’être allé vers le peuple, des gens modestes pour écouter et entendre »
Je partage les interprétations exprimées dans ce texte en général, et tout spécialement, dans la conclusion, la phrase ci-dessus. Il y a un fossé de plus en plus large et profond ouvert entre les citoyens, les élus du premier échelon, le pouvoir législatif et exécutif.
Cela me fait penser à beaucoup de patrons d’entreprise qui, jadis, passaient par les différents postes de l’entreprise pour en comprendre le fonctionnement et les difficultés.
C’est peut-être cette compréhension mutuelle, ce respect des uns et des autres, ces échanges entre le personnel et la direction, etc., qui a permis de nombreuses réussites.
Je ferai juste une petite remarque; c’est vrai que les choses étant tellement complexes, on a tendance à simplifier et par la même on est amené à déformer. C’est le cas dans le constat que vous prêtez à Jean Lassale, celui du « violent rejet de l’Europe ». C’est d’ailleurs souvent comme cela que l’on interprète la chose en général; je crois, tout au moins c’est mon cas et celui de beaucoup d’autres, qu’il n’y a pas, loin de là, un rejet d’Europe mais au contraire une profonde conviction de sa nécessité.
Le rejet est celui du projet trop libéral sur le plan économique , de l’absence d’Europe sociale, du manque d’homogénéité de la gestion de la fiscalité, du travail…
Je verrais bien modifier le texte de la manière suivante: « être étonné, estomaqué du violent rejet de l’Europe telle qu’elle est ».