IDELIS: les idées lisses de l'air du temps (4)
Comme cela a été illustré dans les articles précédents, l’équipe municipale s’est engagée tête baissée sur un sujet qu’elle estimait consensuel, l’amélioration du réseau de transports en commun de l’agglo, en commençant par s’en donner les moyens (le quasi doublement du versement transports) puis en essayant de nous vendre un projet de Bus-Tram qu’elle présente comme très structurant, mais qui n’est en fait, que la contrepartie obligatoire de l’augmentation de ladite taxe.
Même s’il est permis de trouver de l’intérêt à un tel projet, au plan strictement conceptuel, comment s’abstraire complètement de son coût économique ou même de son rendement effectif pour le justifier ? Comment ne pas le mettre en concurrence avec d’autres solutions moins coûteuses et plus efficaces ? Et bien tout simplement en apportant une réponse politique et dogmatique à une question purement technique, tout en voguant agréablement sur l’air du temps et de la bonne conscience universelle.
Car cette affaire me parait être un concentré de tout ce qu’on peut trouver de pire en matière de gestion publique, tant au niveau de l’Etat que des collectivités.
- L’Etat tout d’abord, qui désireux de promouvoir les transports en commun contre la mobilité individuelle au nom du développement durable dans les grandes villes, veut leur donner les moyens de construire des réseaux « en site propre », par définition initiale, des tramways puis, par extension, des Bus improprement appelés Bus-Tram. Il octroie en contrepartie, le droit de lever une taxe dont le taux permet de presque doubler les revenus des collectivités et ce sans aucun contrôle de leur projet. C’est l’URSSAF qui se charge de la collecte afin de laisser les mains propres aux élus locaux.
- Les grandes villes développent leurs réseaux, les moyennes puis les petites suivent dans une sorte de mobilisation moutonnière stimulée par toute la bien-pensance verte ainsi que les effets d’un syndrome « moi-aussi » puis anti-bagnoles dont on mesure aujourd’hui les effets sur notre industrie. Le tout saupoudré par le besoin impératif et populiste de « réduction des inégalités », cette fois à la sauce du transport urbain. Ce mouvement trouve sa concrétisation dans la piétonisation des centre-ville et la désertification qui les accompagne et qu’il faut donc compenser en mettant en place des « hauts niveaux de service », comme si en agrandissant les tuyaux qui y accèdent on rendait un « cor historic » poussif sale et rabougri aussi performant que celui d’ Usain Bolt.
- Dès lors aucune réflexion alternative n’est plus possible. Ni sur les origines réelles de la pollution en ville (Diesel vs essence), ni sur l’évolution de la technologie en matière de transport individuel, ni sur les causes profondes de la désaffection des centres urbains face à l’explosion des centres périphériques, ni surtout pas quelle horreur, sur les besoins réels des utilisateurs, je devrais-dire usagers, « qui-sont-de-toute-façon-attachés-à-leurs-satanées-bagnoles-puantes. Ni même sur les caractéristiques propres à chaque zone urbaine plus ou moins étendue et plus ou moins dense. D’autant que la manne financière est là, à portée de main pour venir en aide à des réseaux de transports urbains vieillissants, peu productifs et mal gérés. Et que cette manne est indolore pour le citoyen et prélevée sur les trésoreries des entreprises et des entrepreneurs qui, comme on le sait, sont riches et de toute façon ne votent pas « à gauche »..Et puis qui comprend quelque chose aux prélèvements de la « Secu », ce trou sans fond ?
- Des sociétés privées ou publiques, spécialistes en économie mixte, ce lupanar de toutes les liaisons dangereuses, se proposent comme les garantes d’une expertise technique objective, déversent leurs sociétés d’études et offrent leurs prestations de conseil, de restructuration et de développement, à grands frais puisque l’argent est là et qu’il s’agit de faire durable et propre. Puis alignent des sigles, des noms et tout l’arsenal marketing nécessaire à la « redynamisation » des réseaux en poussant, dans le cas de Keolis, filiale de la SNCF, tout le monde vers la gare, au cas où un TGV y parviendrait un jour…
- La paix sociale est achetée également à coups d’augmentations de salaires, afin que ces trublions de machinistes « conducteurs-receveurs » qui finauds en avaient profité pour mettre le pied dans la porte, puissent continuer à étaler une des productivités les plus médiocres de France.
- Les élus, surchargés par leurs multi-fonctions, n’ont ni le temps de réfléchir vraiment aux options prises, ni moins encore celui de les contester. Ils se coulent dans le moule universel, délèguent leurs responsabilités aux « délégataires » professionnels, mettent en place d’incroyables usines à gaz et passent à autre chose. Rappelons que le Président du SMTU André Duchateau est également Premier adjoint, conseiller général et vice-président du CCAS. Pas étonnant qu’il ne témoigne d’aucun enthousiasme à l’idée de conserver cette fonction à la tête du SMTU. Lire http://www.alternatives-paloises.com/article.php3?id_article=4319
- Toutes les conditions d’un gaspillage considérable sont donc réunies, d’autant que le choix a été fait d’un prélèvement maximal et d’un prix minimal pour l’usager, alors qu’à l’évidence, une modulation eut été possible. Comment expliquer autrement que les comptes sociaux de la STAP dégagent des bénéfices substantiels depuis 2010, surtout si on les met en face de fonds propres ridiculement bas.
- Mais il reste à construire pour 65 millions d’ €, cette fameuse ligne de Bus-Tram au nom de tout ce qui précède, mais surtout des engagements déjà pris, puisqu’il y a une date butoir de 5 ans pour la réaliser. Une occasion en or pour redessiner un nouveau centre-ville, y faire pénétrer de gros engins articulés à fréquence rapprochée, en retirant au transport individuel des voies qui ne posent aujourd’hui aucun problème particulier au profit d’une ligne dont on a pu vérifier dans l’article précédent http://alternatives-pyrenees.com/2013/08/31/idelis-les-chiffres-qui-font-peur-3/ qu’elle ne présentait ni les débits, ni le début d’un commencement de rentabilité, sans même parler d’efficacité en matière de pollution.
- Problème : qui prendra le Bus-Tram et que se passerait-il si les grandes chenilles restaient aussi vides que les bus d’Idelis en dehors des heures dites de pointe ?
A suivre…
La question gauche-droite n’est qu’un polluant très toxique des débats. Elle ne mène à rien, chaque « famille » ayant sa doctrine contenant des arguments erronés pour justifier un certain clientélisme.
Et le déclin de la France, dû à sa perte d’emplois industriels et « gain » dans les collectivités locales s’est fait autant sous la droite que sous la gauche.
La bonne question est « tel projet est-il pertinent ou non ? »
« Oscar la tête dure »… Peut-être que vous ne comprendrez jamais qu’un centre-ville rempli de voitures, c’est terminé. Pour être attractif, un CV doit être facilement accessible, beau et rénové en profondeur, ce qui est loin d’être le cas pour Pau, même si la rénovation de la voirie des pôles Joffre et Gambetta est de qualité. Vous ne comprendrez peut-être jamais également que dans ce projet, seule une voie pour voiture est supprimée rue Carnot. Je ne sais pas si c’est pertinent, mais ce qui me paraît bizarre, c’est qu’en sens inverse, rue René Cassin, il n’y a pas de voie de bus. Il y aurait donc un côté plus rapide que l’autre (???).
Enfin, on attend maintenant votre solution. La mienne vous la connaissez : parkings relais + « gratuité ».
« un centre-ville rempli de voitures, c’est terminé. »
Tout à fait d’accord.
« La mienne vous la connaissez : parkings relais + « gratuité ». »
C’est la mienne aussi.
Une analyse très politique et un brin partisane mais qui interpelle et oblige à réfléchir ! Qui à gauche pour répondre avec la même pertinence et… impertinence ?