Des mots, une approche et un raisonnement différents, mais une analyse de fond très proche des mêmes maux.

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Capture d’écran 2013-10-15 à 12.00.13L’appel de Medhi Jabrane et l’entretien, publiés par Bernard Boutin, constituent, sans aucun doute, une ouverture à l’observation, à l’analyse, à la réflexion, à l’échange, à l’espoir pour la jeunesse, donc à un plan d’action individuel et collectif pour un monde meilleur.

«Tout est allé trop loin dans l’organisation. On a atteint la limite supérieure, celle de la contre-productivité d’Ivan Illich.» nous dit Medhi Jabrane.

Avec d’autres mots et d’autres raisonnements, on ne peut que confirmer cette approche, noyau dur du déséquilibre général qui s’empare non seulement de notre pays mais de l’Europe et du monde.

Une image pour expliquer:

> Considérons un bol ; lâchons, à la verticale, au-dessus des bords du bol, une bille d’une certaine masse ; d’abord d’une petite hauteur ; la bille tombe dans le bol, et, systématiquement, va aller et venir, et se stabiliser au fond du bol.

Nous sommes dans le domaine de la certitude.

>Prenons cette même bille et lâchons la de plus en plus haut ; nous lui donnons de plus en plus d’énergie potentielle. Dans cette démarche, à une certaine hauteur, la bille ne fait plus de va-et-vient, elle sort du bol et son trajet devient alors impossible à prévoir.

Nous sommes passés dans le domaine de l’incertitude.

> On peut obtenir des résultats semblables en agissant sur la masse de la bille, en cumulant même masse et hauteur, donc Energie et Matière.

Conclusion: Cette image montre qu’il existe une limite supérieure au delà de laquelle on passe de la certitude à l’incertitude; c’est un seuil. Or, la certitude est le cheminement possible de la productivité alors que l’incertitude est au contraire celui de la contre-productivité.

Or, l’évolution dans notre société, se caractérise par une augmentation continuelle et accélérée de l’utilisation de l’Energie et de la Matière (la bille !) dans le «bol» planétaire, deux des trois flux que nous recevons de l’Univers (le troisième étant l’Information).

Actuellement, nous avons déjà dépassé la limite supérieure de la certitude, donc le seuil supérieur assurant la productivité maximale. Le fait de vivre dans le domaine de l’incertitude explique les déséquilibres : socioprofessionnel, économique ; la disparition des «projets» possibles à long, moyen et même court terme, impacte les politiques et le moral de tous : citoyens et économistes.

Solution ??

> Pour Bertrand Meheust, dans «La politique de l’oxymore» :«un système quelconque (physique, biologique, psychique, social, technique) va jusqu’au bout de ses possibilités, et ne se transforme que lorsqu’il est devenu incompatible avec lui-même.»

Il y a là une vision que l’analyse de l’évolution confirme ; quand un phylum est entré dans une spécialisation, il ne fait jamais machine arrière, car trop spécialisé; il s’hyperspécialise au contraire, jusqu’à l’inadaptation irréversible avec le milieu ; il disparaît alors et est remplacé par un autre, plus adapté, issu de minorités existantes «étouffées» par les majorités précédentes. Dans le domaine culturel, la plupart des grandes civilisations se sont décomposées par inadaptation au milieu, qu’il soit environnemental ou structurel.

> Pour Medhi Jabrane : «Nous arrivons à la fin d’un cycle et nous devons reconstruire à partir de zéro. Partir du début n’est pas très motivant, cela peut être décourageant, aussi, mobiliser la jeunesse est une affaire difficile et je n’ai pas la recette miracle. Faire passer un message d’espoir, c’est tout le sens du texte de Louis Blanc. On va se tromper, on va faire des erreurs mais il ne faut pas cesser d’être ambitieux et déterminé. En résumé, je dirai qu’on ne sait pas où il faut aller… mais on doit y aller»

Beaucoup plus optimisme, il ne me semble pas nécessaire de repartir de zéro. Je pense aussi qu’on peut savoir vers où il faut aller.

L’étude de la métamorphose chez les insectes peut être « une recette »! Elle montre que l’on peut construire du neuf avec du vieux!

La chenille, lors de sa métamorphose en papillon, passe par un état intermédiaire de nymphe : ses tissus se liquéfient, elle se «déspécialise» ; puis, avec les mêmes molécules, un autre programme, donc une autre «information», une combinaison nouvelle se fait ; elle va donner un papillon aux habitudes comportementales et nutritionnelles différentes.

Recycler les matériaux d’une maison après sa démolition et en faire une nouvelle, édifiée à partir d’un nouveau plan, c’est possible ! La jeunesse connaît bien le jeu de Lego ! Actuellement, on jette tout (pollution) et on fabrique du nouveau (matière et énergie !)

C’est une «métamorphose» de notre mode de vie, une recomposition des rapports entre les hommes ainsi qu’entre les hommes et la nature, qu’il nous faut réaliser.

Pour cela, la première priorité est de diffuser auprès de la jeunesse une autre «information» que l’information dominante, incomplète et déformée.

Cette information c’est l’Instruction et l’Education de tous, la plus large, la plus complète, la plus objective possible, dans tous les domaines de la connaissance, afin de présenter à la jeunesse une image réelle, claire, lisible, réconfortante, des fondements de la vie au sein de l’environnement naturel qui est le nôtre, et que nous devons, pour notre sécurité, accompagner et non diriger dans son évolution permanente.

L’acquisition de la Connaissance, ce qui manque le plus dans le monde, c’est la compréhension des choses. Un autre Siècle des Lumières doit commencer!

L’Instruction, c’est la liberté et le respect des autres dans le cadre de l’égalité; si la liberté est une voie ouverte à l’individualisme, l’égalité et la fraternité sont celles du collectif. C’est un équilibre nécessaire entre la créativité, du fait de la diversité des individus, et la sécurité qu’apporte le groupe.

Il faut ralentir la consommation de l’Energie et de la Matière, et accroître la diffusion de l’Information, c’est-à-dire la Culture, très peu consommatrice.

Cela ne peut passer que par le remplacement (métamorphose) de la politique capitalistique et néolibérale, source d’individualisme et d’hyperconsommation.

Ainsi, pourra s’établir, en connaissance de cause, non seulement un rééquilibrage comportemental et nutritionnel, mais une résurgence, une nouvelle motivation de la jeunesse pour s’investir dans la construction d’un avenir revenu dans le domaine de la certitude.

– par Georges Vallet

credit photos : desillusions.fr

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8 commentaires

  • « la disparition des «projets» possibles à long, moyen et même court terme »
    Tout à fait d’accord
    « il ne me semble pas nécessaire de repartir de zéro. Je pense aussi qu’on peut savoir vers où il faut aller »
    Vous avez raison. La Nature comme vous le démontrez peut (et doit) être une source d’inspiration.
    « Pour cela, la première priorité est de diffuser auprès de la jeunesse une autre «information» que l’information dominante, incomplète et déformée. Cette information c’est l’Instruction et l’Education de tous »
    Oui
    « l’Information, c’est-à-dire la Culture, très peu consommatrice »
    Avez-vous quelques textes ou ouvrages pouvant détailler cette idée ?
    « Cela ne peut passer que par le remplacement (métamorphose) »
    C’est ce « cela… » qui pose des difficultés. L’objectif est clair, les moyens pour y par parvenir beaucoup moins

    • « l’Information, c’est-à-dire la Culture, très peu consommatrice »
      Avez-vous quelques textes ou ouvrages pouvant détailler cette idée ?
      La culture est une somme d’informations acquises de toutes sortes de façons, « digérées », c’est-à-dire, « disséquées », mises en réserve ou/et recomposées par « une mise en forme » différente, réfléchie, individuelle.
      L’information est donc une » mise en forme » qui a un sens.
      Appelons cela la qualité.
      Quand on construit une maison, il faut dépenser beaucoup de matière et de d’énergie pour fabriquer les briques, les fenêtres, etc.
      Si on en reste au stockage de ces matériaux, on aura dépenser beaucoup d’énergie mais cela n’aura aucun sens! Ce n’est pas de l’information.
      Appelons cela de la quantité.
      Le plan va permettre de concevoir une maison particulière qui aura donc du sens; le plan c’est une mise en forme, donc une information. L’architecte ou le particulier qui a conçu ce plan n’a pas eu besoin de beaucoup de matière ni d’énergie si ce n’est celle qui a permis la conception c’est-à-dire l’assemblage dans son cerveau, ce qui est très faible.
      La réalisation de la construction n’apporte pas plus de sens donc d’information mais elle est à nouveau très consommatrice d’énergie et matière car il faudra multiplier les briques et les fenêtres.
      Une symphonie est une mise en forme unique de notes, un livre la mise en forme unique de lettres; cette mise en forme nécessite que peu d’énergie biologique mais de l’intelligence (art d’assembler) parfois «du génie». La somme d’informations transmises à notre «sens»ibilité est considérable.
      Par contre, publier en x exemplaires une symphonie ou un livre nécessite beaucoup de matière et d’énergie; le seul sens qu’on peut y trouver c’est que l’énergie et la matière se transformeront en argent, qui, tant qu’il sera stocké, n’aura aucun sens.
      Voilà pourquoi la croissance de la qualité, potentiel exceptionnel de la nature et de l’homme, doit l’emporter sur celle de la quantité, prioritaire dans notre société capitaliste et dans notre environnement matériel.
      Très cordiales salutations

  • Ce changement de vie s’appelle, aujourd’hui, le développement durable qui induit le recyclage, l’utilisation des énergies renouvelables, l’arrêt du gaspillage, le qualitatif plutôt que le quantitatif, l’organisation contractuelle du pouvoir plutôt que l’organisation hiérarchique du pouvoir, la prévention de la santé plutôt que la réparation, la cohabitation avec la nature plutôt que sa destruction, l’économie sociétale et humaine plutôt que l’économie productiviste et financière, la coopération plutôt que la concurence…. Mais en intégrant un paramètre: l’évolution constante et rapide de la population mondiale

    • « Ce changement de vie s’appelle, aujourd’hui, le développement durable  »
      On revient au problème de la valeur évolutive des mots.
      Théoriquement, vous avez tout à fait raison.
      Pratiquement, et malheureusement, tout ce qu’on intègre dans le « développement durable », comme dans « écologie »: en politique, en économie, dans les médias(pub)…….n’a rien à voir avec le contenu que vous développez!

      • La diatribe écologique, c’est toujours du dur, donc c’est durable et cela va être difficile.
        Avant on surfait sur les mots ! Cela pouvait être drôle. Maintenant ces C…là surfent tout seuls et ils en perdent leurs sens et le surfeur les a perdus. La compote écologique s’étend ! Par moment je me dis que cette tendance à oublier le sens des mots et ce qu’ils représentent peut développer des attitudes fascistes. N’ayant plus de défenses à travers des idées fortes, il ne reste plus que la force, et la force sans idée c’est le fascisme. Je me demande si Hitler n’était pas écologiste ? Il habitait plutôt à la campagne, il aimait découvrir le monde, il rationnait,…… Il purifiait l’air. Vous ne trouvez qu’il tenait de l’écologiste. Je vais finir sur le bucher écologiste !

        • La « diatribe écologique » que vous évoquez vient de ceux qui, par ignorance, par obscurantisme, par intérêt économique ou politique, s’emploient à déformer le véritable sens initial des mots.
          Les exemples sont innombrables comme les constructeurs de voitures qui vendent des voitures vertes car cela fait plus « écologique »! Jadis, et cela a été entretenu avec beaucoup de succès; le darwinisme social a complètement déformé la théorie de Darwin pour justifier le libéralisme puis le néolibéralisme. Que cette évolution puisse dévier, comme vous le suggérez, par le biais de théories racistes, au fascisme, l’histoire ancienne et récente en offre des exemples. Nous sommes tous différents, la notion de race a complètement disparu du vocabulaire de la biologie, elle se maintient encore dans l’élevage qui cherche à créer, sélectionner, et amplifier un caractère pour le profit économique de l’homme.
          L’écologie est une science d’investigation du fonctionnement du monde vivant, des liens, des échanges réciproques entre les êtres et les choses. Ce n’est ni une politique, ni une philosophie, sauf pour ceux qui la déforment.
          D’ailleurs, les chercheurs dans ce domaine ne sont pas des « écologistes » mais des « écologues », comme on cite les cardiologues les géologues….qui font de la cardiologie, de la géologie.
          Les résultats de ces recherches, publiées, sont à la disposition des médias, des politiques, de la technologie,….qui les accaparent, souvent avec l’idée de les monopoliser.
          On passe de la science, c’est-à-dire de la recherche de la connaissance à la technologie, c’est-à-dire au pouvoir et au profit.

  • Pierre Yves Couderc

    Je reste impressionné par les hauteurs de vue de nos amis contributeurs.
    1 00 % d’accord pour changer les modes de vie et la pression sur les ressources terrestres.Et pour mettre entre autre en cause un productivisme ultralibéral ..mais pas que.
    Mais ce n’est pas la seule condition pour améliorer les choses.Il va falloir revenir à un malthusianisme concerté par pays par régions par continent .En dehors de cela point de salut et certainement pas les 2 000 000 000 d’habitants à court terme que l’on nous promet et qui ne serait qu’une variable exogène avec laquelle il conviendrait de se débrouiller ( Même si, heureusement, les prévisions démographiques sont toujours fausses) .Sinon l’ajustement se fera comme il se fait toujours mais par la guerre, la famine et la désolation.
    Une fois sorti de mes histoires corses et catalanes je me permettrai d ‘amener ma modeste pierre à ce débat décisif et politiquement délicat…