La fin de Lacq et le gaz de schiste
Le 18 octobre 2013 – TOTAL vient d’annoncer la fin de la production du champ de gaz de Lacq.
Ce champ fut découvert en 1951, époque heureuse où le principe de précaution n’était pas gravé dans la Constitution, où EELV n’existait pas et où l’on faisait encore confiance aux ingénieurs.
Hommage soit en effet rendu aux brillants dirigeants-ingénieurs de la SNPA qui, contre vents et marées, ont pris la décision de mettre en production un gisement qui posait de nombreux problèmes techniques pour lesquels les solutions étaient à inventer.
Le gisement fut mis en production en 1957. Une centaine de puits ont été forés, profonds de 3500 m environ, dans un milieu peuplé de petits exploitants agricoles. Certains puits, sur les petits champs annexes rattachés à Lacq, ont été forés dans la proche banlieue habitée de Pau. Quelques nuisances classiques en ont résulté, mais elles ont été passagères et elles n’ont en rien dévalorisé le territoire.
Pendant 62 ans en effet, les vaches ont continué à paître paisiblement et le maïs à pousser généreusement sur ces terres fertiles. L’eau du gave de Pau qui passe à proximité n’a jamais été polluée, pas plus que les nappes phréatiques. De nombreuses petites secousses sismiques ont été enregistrées, mais très rarement ressenties dans cette région qui subit parfois des secousses beaucoup plus sérieuses dues à la confrontation des plaques tectoniques.
Grâce à Lacq, une ville nouvelle, Mourenx, est sortie de terre : elle compte aujourd’hui 10 000 habitants.
Grâce à Lacq des milliers d’ouvriers, de techniciens et d’ingénieurs ont convergé vers le Béarn, assurant un essor démographique et économique à une région plutôt défavorisée.
Grâce à Lacq l’Université de Pau et des Pays de l’Adour (UPPA) a vu le jour : elle compte aujourd’hui 12 000 étudiants.
Grâce à Lacq la ville de Pau est devenue une capitale pétrolière connue du monde entier. De Pau sont pilotées techniquement toutes les opérations du groupe TOTAL : le Centre Scientifique et Technique Jean-Féger (l’un des découvreurs de Lacq) emploie plus de 2 500 personnes. Pau est devenue une capitale européenne des géosciences.
En concertation avec les édiles locaux, TOTAL a déconnecté du réseau le potentiel restant de la production pour assurer la reconversion du bassin d’activités sur plusieurs années. La fin du gisement n’est pas marquée par l’effondrement économique de toute une région comme cela a pu se passer en Lorraine.
Osons la comparaison avec le gaz de schiste !
Le contexte aujourd’hui est certes différent, le principe de précaution est appliqué à tort et à travers, les Khmers verts répandent la peur, on se méfie des industriels (assoiffés de profit) et des ingénieurs (apprentis sorciers).
Les gaz de schiste (essentiellement du méthane) ne présentent absolument pas la dangerosité du gaz de Lacq de par sa pression double de la normale et sa concentration mortelle en hydrogène sulfuré. Ils sont directement le gaz que tout un chacun utilise pour se chauffer ou faire la cuisine.
Les foreurs ont perfectionné les techniques déjà efficaces de cimentation des tubages, avec des ciments de haute performance réglementés et obligatoires en France. Les risques de migrations et fuites de fluides sont totalement maîtrisés, et aucune nappe phréatique n’a été contaminée par les plus de 6 000 forages pétroliers réalisés en France en un demi siècle, qu’ils soient de production ou de stockage stratégique et régulateur des consommations.
A Lacq on a expérimenté la technique du forage horizontal qui permet aujourd’hui à partir d’une seule plateforme, à terre comme en mer, de forer une grande quantité de puits et donc d’éviter le « mitage du territoire » qui préoccupent tant les écologistes (on sait aujourd’hui forer des sections horizontales de 10 km).
Techniquement avec le gaz de schiste, contrairement à Lacq où tout était à inventer, on est dans le domaine du parfaitement connu. La technique si décriée de la fracturation hydraulique (déjà un peu utilisée à Lacq avec de l’acide), est maîtrisée par des opérateurs compétents qui ne cessent de l’améliorer.
A l’époque on avait compris que l’indépendance énergétique, même partielle, était importante et méritait de supporter quelques désagréments. Aujourd’hui on manifeste, de manière agressive et parfois violente (voir l’attaque récente, selon un mode paramilitaire, d’un chantier de forage en région parisienne) au nom du « pas de ça chez nous », par crainte de risques supposés qui ont été savamment instillés dans les esprits par quelques personnalités médiatiques.
La fin de Lacq correspond malheureusement à la fin d’une société volontariste et solidaire qui n’avait pas peur de prendre des risques mûrement réfléchis. Le délabrement économique de notre pays en est un des témoins.
– par Jacques Sallibartant, Président et Jean-Claude Rémondet, Vice-président de l’Amicale des Foreurs
L’exploitation du pétrole de schiste apporterait clairement des ressources supplémentaires et boosterait notre croissance qui en a sacrément besoin. Avec les technologies actuelles, cela peut se faire dans le respect de l’environnement.
Qu’est-ce qui bloque donc ? Toujours la même chose : la résistance au changement, et surtout le maintien de rentes économiques, sociales ou intellectuelles.
Parce que quand les Foreurs font du lobbying pour l’exploitation du gaz de schistes, ça n’est pas pour le maintien d’une rente sociale/économique (la leur) ?
Comme disent, eux-mêmes, messieurs les foreurs l’exploitation de Lacq a duré 62 ans.Même pas une vie humaine même pas une génération.Une seconde à l’échelle des temps géologiques.
En 62 ans ce que la nature a produit en des millions d’années se trouve anéanti et volatilisé.
Pour les gaz de schiste, dont les volumes sont, sans doute, inférieurs l’exploitation durerait encore moins. Avec en prime quelques unes des plus belles et des plus productives des régions françaises saccagées et anéanties pour l’éternité.
Messieurs les foreurs merci de votre contribution à cet important débat.
Je suis favorable a une taxe carbone élevée. Et vous?
Je pense que le prix des transports en communs doit représenter le coût réel (ainsi on pairait 120 euro pour faire Pau Bordeaux) et vous?
…etc
Pourtant EELV s’échappe en courant face à la problématique de l’énergie chère (et ce n’est que le début…) et vous?
Pour finir, l’exploitation de Lacq n’a pas défiguré ni anéantie le Béarn.
Heureusement même qu’il y avait du gaz et qu’on a pu l’exploiter…
Il est patent de constater dans ce chapitre, l’optimisme mesuré de ceux qui savent, face à la crainte irraisonnée de ceux qui doutent. L’évolution scientifique a de tout temps été contrariée, et l’évolution humaine retardée dans ses avancées. Les exemples donnés avec la création de Lacq en est l’illustration.
« … époque heureuse où le principe de précaution n’était pas gravé dans la Constitution, où EELV n’existait pas et où l’on faisait encore confiance aux ingénieurs. »
La question n’est pas de savoir si il faut faire confiance aux ingénieurs ou pas, mais plutôt à ceux qui sont au-dessus d’eux.
Car c’est aussi pendant cette époque heureuse qu’a pu se développer ce que l’on connait aujourd’hui comme le scandale de l’amiante, que s’est développée l’agriculture intensive qui a fait de la France un des premiers consommateurs mondiaux de pesticides (qui finissent dans nos assiettes), etc…
Je suppose qu’à cette époque les organisations professionnelles, tout comme celle des foreurs aujourd’hui, clamaient également qu’il fallait leur faire confiance.
Il est difficile d’expliquer au grand public comment se réalise une fracturation hydraulique, comment se développent les fractures et quelles distances elles peuvent atteindre.
Compte tenu de cela la logique voudrait que l’on lève une fois pour toute l’incertitude majeure sur la question: « Y a t il en France des réserves significatives de gaz ou huile de ce type? »
Car si la réponse est négative, le débat est clos.
Pour cela une dizaine de puits d’exploration suffiraient.
Qu’on les fasse, les données du problème seront alors posées.
« Pour cela une dizaine de puits d’exploration suffiraient. »
Sur quelles bases statistiques vous basez-vous pour affirmer que l’exploration par une dizaine de puits donnerait des résultats significatifs?
Comment envisagez-vous la répartition des essais: un par région géographique, 10 dans une même région? Les résultats dans une région sont-ils alors généralisables ailleurs?
Les études prospectives théoriques sont en grande partie faites, des puits ont été creusés un peu partout pour les recherches d’hydrocarbures, de gaz, d’eau…Des info, nous n’en manquons pas.
Pour pousser plus loin il faut donc certainement être plus agressif; sans faire des tests de fracturation hydraulique en forage horizontal, il me semble difficile de pouvoir faire une évaluation satisfaisante.
D’autre part, êtes vous certain que les entreprises qui feront ces tests sont prêtes à travailler pour rien?
On connait les bassins sédimentaires susceptibles de renfermer ce type de réserve, a commencer par le Bassin Parisien. Par contre on ne connait pas bien les roches mères puisque les recherches et l’exploitation qui a eu lieu n’allaient pas jusque là.
La dernière question a du sens. Soit c’est l’Etat qui finance (c’est ce qui se fait souvent pour la géophysique avant attribution de permis) soit ce sont des privés avec conditions techniques dans le contrat d’exploration concernant une exploitation future.