En soi et sur soi
Il est question d’un très nébuleux pôle métropolitain en Béarn qui engloberait, à tout le moins, la communauté d’agglomération de Pau et, semble t-il, le ventre mou du Béarn, la communauté de communes de Lacq. Pierre Yves Couderc va se permettre ici de donner son sentiment ; forcément très partial et subjectif sur le pays qu’il s’est choisi. Plus précisément de sa singularité dans le beaucoup plus vaste et imposant objet pyrénéen qui est le propos spécifique du présent site. Assez peu alternatif au demeurant.
Pays qui, en son entier ou dans ses démembrements, peut se qualifier de micro-région, de principauté, de département plus ou moins croupion, voire de pôle métropolitain (en faisant fi de toute sa richesse et de son essence rurale et montagnarde)..
L’en soi du Béarn :
A cette fin PYC reprend une classification toute personnelle, et non déposée, déjà développée antérieurement .
Pour cela il est utile de rappeler quels sont les 4 infra-pays béarnais qui génèrent le territoire.
- Le Béarn de la haute montagne soit les deux vallées d’ Ossau et d’Aspe auxquelles on peut ajouter, partiellement au moins, Barétous et Ouzoum.
- Le piémont oloronnais vers lequel convergent, en éventail, les vallées et, subséquemment, les gaves qui les ont partiellement enfantées. Un piémont pourvu d’une riche plaine agricole. Plaine agricole qui se prolonge dans le Béarn des gaves vers Navarrenx et Sauveterre qui pourrait accéder au titre de cinquième démembrement ou, pourquoi pas, de micro-région des gaves.
- Le Béarn rural des coteaux entre Pau et Orthez, d’une part, et entre Pau et Tarbes, d’ autre part.
- La très importante agglomération paloise qu’on peut compter, suivant les définitions, pour 150 000 habitants ou des brouettes..la deuxième d’Aquitaine tant en population qu’en poids économique.
Soit, au final, une quasi égalité, un match nul, entre villes et campagnes :150 à 200 000 habitants pour chacun des sous-ensembles. Même si une analyse plus fine pourrait faire émerger les péri-urbains au sein des urbains et les ruraux profonds et néo-urbains au sein des ruraux.
Cela dit trois seules véritables villes, Pau Oloron et Orthez qu’il serait malséant de ne pas nettement différencier. Dont il serait malséant et maladroit de ne pas se servir pour générer 3 sous pays qui auraient, naturellement, à coopérer dans une entité Béarn à développer vis à vis de l’extérieur et pourquoi pas dans une marque plus ou moins commerciale.
A partir de cela, et seulement à partir de cela, devraient se structurer les entités politiques et administratives à partir de fondations historiquement géographiquement et économiquement solidement établies. Avec un principe d’exclusion de toutes les entités (autres que ces 3 pays fédérés en communauté de communes ou d’agglomération voire, si c’est nécessaire, en fédération de communautés). Avec, naturellement, exclusion en ce qui concerne les antiques syndicats à vocation plus ou moins unique à vocation plus ou moins inique. Notons qu’à l’intérieur de ces pays devrait être encouragée, voire imposée, la fusion des communes vraiment trop petites ou parfaitement englobées dans une commune plus grande. Exemple Bidos ou Goès sur le pays d’Oloron. Lée, Idron ou Gelos sur l’agglomération paloise (Même si, là, je m’aventure sur un terrain glissant que je maîtrise moins). Sans parler de l’inénarrable commune associée à Orthez de Sainte-Suzanne qui perdure dans un folklore aussi coûteux que pitoyable.
Reste la haute montagne qui a des spécificités, des fortes richesses et des forts handicaps, qui me paraissent relever d’un traitement bien différencié. A placer logiquement dans un quatrième chapeau. Même si, au bout du bout, le but et de d’accoucher d’un territoire équilibré, solide sur ses appuis, complémentaire et ouvert il nous paraît difficile et contre-productif, d’un trait de plume, d’évacuer les césures villes/ campagnes d’une part et coteaux /haute-montagne d’autre part. A partir de là mais pour des questions de clarté et de non redondance il n’est pas interdit d’imaginer des collaborations spécifiques avec la Bigorre (l’aéroport et les stations de ski) et le pays basque mais dans le cadre des départements et des régions existantes… ou futurs.
Puisqu’on a tenté, d’un rapide survol, de brosser l’en soi du Béarn dans ses structures politiques et administratives passons au second sujet le positionnement de la province dans le monde Pyrénéen .
Le sur soi du Béarn :
Le sur soi du Béarn c’est ,évidemment, le grand monde pyrénéen en tout premier lieu dont le Béarn constitue un gemme particulier dans l’épaisseur minérale culturelle et historique de la chaîne. Même si, au plan économique, voire administratif, c’est sans doute moins évident. Mais notre conception des choses assez peu mondialisatrice nous amène à privilégier les réalités géographiques historiques et culturelles pour construire , dans un second temps, sur des bases bien assurées l’économique et le politique. Et naturellement de s’ouvrir, autant qu’il est souhaitable, autant que c’est possible, aux vents du vaste monde mais avec des règles établies autre que la violence libérale ou, a contrario, le repliement excessif sur soi. Versus bonnets rouges et idées courtes.
Secondairement le second sur soi c’est évidemment les grand Sud-Ouest aquitain et languedocien. Atlantique et méditerranéen. De Perpignan à Bayonne de Brive à Poitiers. Avec les deux capitales garonnaises : Toulouse et Bordeaux.
Le troisième et non le moindre ( the last but not the least) étant la grand isthme européen insurpassable et protecteur.
Les atouts et les handicaps du Béarn :
Le premier de ces handicaps paradoxal c’est d’être un véritable pays de cocagne.
Pays de cocagne dont on a tout de suite conscience en descendant en train depuis Bordeaux. Avec le moutonnement des coteaux enchâssés de jolies fermes parsemées de troupeaux. Moutonnement succédant à la monotonie landaise en longeant le gave entre Puyoo et Pau. Avec, en arrière, par plans successifs, les différentes lignes de colline puis, formidable, la haute chaîne longtemps enneigée et l’image, tutélaire et découpée, de l’olympe béarnaise sa majesté l’Ossau.
Au niveau agricole avec la toute puissance du maïs pour lequel en France au moins peut-être dans le monde grâce au climat chaud et humide parfois presque subtropical il n’est pas de meilleur terroir. Sans parler de la qualité des terres alluvionnaires profondes et fertiles. On peut même imaginer qu’en gérant mieux cet excès d’humidité qui tourne parfois au déluge on devrait pouvoir cultiver en se diminuant l’irrigation voire les traitements chimiques.
Une richesse céréalière qui jusqu’ici au moins s’est opposée au développement d’un maraîchage et de cultures légumières mieux développées pour répondre à la demande des grandes (ou moins grandes) agglomérations via des circuits plus courts et mieux maîtrises. Ce qui est d’autant plus dommage qu’existe et perdure une profonde culture paysanne à défaut de gastronomie pour développer ce secteur qui n’a jamais été abandonné. D’autant que l’élevage et la forêt constituent un idéal complément. Un idéal complément agro-sylvo-pastoral.
Au niveau politique pour protéger et développer cet important secteur il convient de manière impérative, de s’opposer à l’étalement urbain et à une certaine culture fondée sur la voiture et la grande distribution. Et, au final, le grand n’importe quoi urbanistique.
Au niveau économique, plus par hasard que par excessive vertu, ou véritable tradition le Béarn dispose, d’une part, tout à la fois du gisement de Lacq (aujourd’hui épuisé) et du siège technique de Total. D’autre part des installations aéronautiques de Bordes (Turboméca) et d’Oloron (Messier). Des secteurs prospères, même en temps de crise, et qui génèrent des emplois bien rémunérés et très protégés (ce qui n’est un mal en soi.) .Mais pas forcément un excès de dynamisme et de remise en cause.
Au niveau culturel et de l’affirmation de soi on peut considérer que le Béarn souffre d’un excès de modération, de trop de quant à soi, de trop de pudeur peut-être, voire de républicanisme un peu mou, version radicale et troisième république, un rien défraîchi. De manque de spiritualité, sans doute, aussi.
Un manque de flamboyance et de gasconitude aurait pu dire la duchesse du Poitou retirée sur ses terres du grand nord aquitain depuis que les parpaillots rochelais ont souhaité éluder ses avances. A l’image de la ville de Pau, propre sur elle, modérée à l’excès, verte et grise, secrète et sans aspérités ; provinciale à l’excès. Alors que, comme la petite province, elle dispose d’atouts naturels évidents beaucoup plus que la plupart des villes de France. De trop d’atouts sûrement pour lesquels les gestions personnelles et désordonnées de l’ineffable Dédé (au demeurant personnalité brillante et rigolote) n’ont certainement pas constitué un atout. Même si dame Martine a fait des efforts notables, parfois désordonnés mais parfois réussis, pour s’en départir .
Alors pour notre Béarn quel avenir ? Se bouger les fesses certainement sur des bases politiques et administratives équilibrées ci-dessus évoquées. Dépasser la poule et la garbure au pot mais pas Henri iv grand roi pacificateur et modernisateur. Développer et affirmer fortement son identité pyrénéenne, Atlantique et méditerranéenne, dans un grand Sud-Ouest qui court de Perpignan à Bayonne de Brive à Loudun avec ses deux poids lourds garonnais : Bordeaux et Toulouse. Pourquoi pas dans ce grand jeu de poupées russes intégrer un plus grand flanc sud-ouest européen qui intégrerait Barcelone Montpellier et Lisbonne et qui pourrait remonter jusqu’à Nantes.
– par Pierre yves Couderc / Oloron.
PS : L’image jointe c’est juste pour faire joli. Pas de messages cachés. Pas de mésanges fâchées.
Anghorqueue…
« Pourquoi pas dans ce grand jeu de poupées russes intégrer un plus grand flanc sud-ouest européen qui intégrerait Barcelone Montpellier et Lisbonne et qui pourrait remonter jusqu’à Nantes »
ET ?
Bonjour,
Je ne connais pas Monsieur Pierre Yves Couder, mais je me réjouis de constater que AltPy a son Alain Delon, signe infaillible de son importance grandissante. Après nous avoir annoncé son article – façon Alain Delon – il nous livre son analyse du Béarn dans un article en deux parties : le « en soi » et le « sur soi ». Parfois abscons, parfois gascon, souvent nébuleux, ce pathos n’est pas inintéressant mais le lecteur s’y perd un peu. C’est dommage. Restons positif : il y a des choses très vraies qui sont à retenir. Et puis, il doit (?) y avoir un humour subliminal entre les lignes ; et en cela, PYC, qui semble t-il vient d’ailleurs, est bien devenu béarnais.
Pierre LAFON,
Béarnais d’origine qui a dû quitter le « en soi » pour aller travailler dans le « sur soi ».