Splendeur et misères de nos Armées
Curieux paradoxe que de voir nos militaires être soumis à la fois et en même temps aux rigueurs de leur métier de risque et d’abnégation et à celles plus prosaïques des restrictions budgétaires de tous poils qui, conjuguées à des choix trop longtemps repoussés, finissent par rendre leur quotidien insupportable, tant qu’il n’est pas exposé aux lumières crues des sunlights ou du soleil d’Afrique.
Casernes et infrastructures à l’abandon, régiments supprimés, matériel inexploitable faute d’entretien ou de redondance opérationnelle, comme en témoigne le prochain grand carénage du Charles de Gaulle qui ne sera plus utilisable pendant 18 mois de septembre 2016 mars 2018. Les pilotes de Rafale formés à grand frais pourront s’entraîner entre deux traits de craie sur le tarmac de leur base, tandis que nos ennemis seront priés pendant cette période de ne pas nous déclarer la guerre. Nous payons ici des choix techniques qui rendent impossible budgétairement la construction d’un second porte-avion pourtant indispensable au fonctionnement du premier. Nous payons aussi le maintien en conditions opérationnelles d’une force de dissuasion nucléaire que personne ni à gauche ni à droite, ne se hasarde à remettre en question pour des raisons évidentes, mais dont le poids obère de manière de plus en plus forte des budgets militaires en régression permanente qui sapent aujourd’hui nos défenses vitales. Le Livre Blanc 2013 affiche avec une réduction de 30000 à 15000 hommes « projetables » des coupes sombres dans les effectifs de l’ Armée de Terre, effectifs réels qui ne pourraient de fait que très difficilement dépasser les 7500 hommes. Diminution du nombre d’avions de chasse de 300 à 225 (5800 au total pour l’ US Air Force), de blindés, d’hélicoptères de combat et de manœuvre. Notre rayon d’intervention fixé à 7000 km dans le précédent Livre Blanc ne dépassera plus 3000 km et notre Marine que la surveillance de nos côtes continentales et Outre-mer rend de plus en plus indispensable se verra renforcée en Frégates multi-rôles et en navires côtiers plutôt qu’en navires lourds. Petit à petit à force de sacrifices, nous devrons nous contenter de forces dimensionnées au minimum, certes extrêmement entraînées, techniquement efficaces et bien organisées, mais dont la dimension ne nous permettra plus de garantir véritablement notre indépendance nationale.
Contre quelle menace me direz-vous ? Certes, c’est une bonne question. A laquelle nos voisins en Europe répondent fort justement qu’ils ne voient rien venir et se hâtent d’en tirer les conséquences, chacun à son niveau. Les casernes ferment partout, les ferrailleurs font des affaires, comme les marchands de surplus militaires. L’ Autriche qui pourtant vient de refuser par référendum la suppression du service militaire, résultat qui a contraint le Ministre socialiste à la démission, s’est ainsi dotée d’un Ministère de la Défense et des Sports…L’idée même d’une défense européenne, dont les embryons avaient été conçus autour de la mise en œuvre de la Brigade franco-allemande, semble perdre chaque jour en intensité, tandis que le projet de porte-avion franco-britannique est bel et bien abandonné pour incompatibilité de cahier des charges. Toutes les actions concertées se font sous contrôle américain des forces au sein de l’OTAN, qu’heureusement nous avons rejoint et au sein duquel nous avons su maintenir grâce à la qualité de nos élites militaires, une influence incontestable et dont il serait parfaitement suicidaire de se priver. Dans le même temps nos industriels de la Défense s’apprêtent à entrer dans une phase difficile qui sera d’autant plus compliquée si les hypothèses sur lesquelles reposent le Livre Blanc 2013 et qui sont supposées assurer des revenus substantiels à notre budget, ne sont pas remplies. Nous risquons alors de perdre aussi nos capacités techniques.
Et tandis que le gros Antonov « Volga Niepr », est de retour sur le tarmac d’ Uzein, afin d’acheminer les hélicoptères de combat sur le nouveau théâtre Centrafricain, nos militaires « font le job » en silence avec une efficacité et une économie de moyens qui fait l’admiration des autres Nations européennes qui approuvent et applaudissent sans réserves nos interventions, mais sans bourse délier cependant. Notre Président, qui a compris comme le Chinois qui pointe la Lune pour ne pas qu’on regarde son doigt, à quel point les brillants résultats de nos soldats pouvaient détourner le bon peuple de ses misères, ne se prive pas de faire appel à eux sans vergogne et à tout bout de champ. En gros, une fois par an en Afrique, pour reprendre 2 points dans les sondages. Mais sans poser véritablement aux autres Nations européennes sinon la question de notre défense commune puisque personne n’en veut hors de l’OTAN, au moins celle plus prosaïque de la juste rémunération de nos efforts nationaux. En particulier dans le domaine de la dissuasion nucléaire, qui même si elle ne peut être partagée du point de vue de son engagement qui doit rester le nôtre, constitue cependant un parapluie virtuel dont la taille dépasse nettement celle de notre pays et dont tous bénéficient. Quant à la menace, l’histoire nous a répété maintes fois qu’elle ne venait généralement pas de là où elle était attendue.
Le moment est donc venu de leur présenter clairement l’addition, afin de sauver ce qui doit l’être et d’assurer à nos Armées les moyens qui lui sont nécessaires pour remplir sa mission, autrement que sur les Champs Elysées, lors du défilé du 14 juillet. Une avenue où elle finira , de Livre Blanc en Livre Noir par contenir toute entière.
Très jolie photo de char… vieux modèle je suppose ?… Çà me rappelle ma jeunesse ! Du lointain temps où je jouais avec mes petits chars et mes petits soldats…
Bien sûr, qu’il faut, comme pour les autres ministères, dégresser le Mammouth, en supprimant les restes d’une armée du 20ième siècle, qui par certains côtés peuvent rappeler « l’armés mexicaine »…. avec autant de généraux.
Un exemple frappant qui a été évoqué par certains spécialistes avertis, celui des drones. Les etats majors, voyaient le risque de devoir diminuer le nombre d’avions et donc de pilotes…. Quid du Rafale que personne ne veut,comme à l’époque le Concorde ou aujourd’hui le TGV.
Enfin,la question soulevée de la dissuasion nucléaire, qui est systématiquement occultée ou tabou et qui coûte la peau des fesses.
Il n’y a que la Marine nationale qui prospère.