Félix Faure

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_01_bigLe 16 février 1899 dans un salon de l’Elysée, décédait le président Félix Faure. L’affaire fit grand bruit à l’époque et  permit ironie et moqueries de la part des journaux et des humoristes. Félix Faure est mort dans les bras de sa maîtresse Meg Steinhel. Vie privée ou mort privée ?

 Lorsqu’elle s’est aperçue que l’illustre homme ne réagissait plus à ses attentions, Meg s’est un peu affolée et est parvenue à prévenir les secours. Le médecin est arrivé mais n’a rien pu faire, la mort avait fait son œuvre. Meg était tenue par les cheveux d’une main resserrée dans une ultime contraction. Il fallut bien la libérer, ce qui fut fait, elle fut alors invitée à rapidement se retirer des lieux  avec la discrétion indispensable  à ces circonstances biens spéciales. Il lui fut même intimé l’ordre de garder le secret le plus absolu.

 Puis, car la religion avait encore son poids, on appela l’abbé Lepetit qui vint toute soutane hurlante pour remplir son saint office. Arrivé à la porte du palais, il demanda à l’huissier si le président avait encore sa connaissance et ce dernier, peut-être avec innocence peut-être avec ironie, répondit qu’on l’avait fait sortir par l’escalier de service. L’anecdote est bien connue.

 Alors on avisa la veuve qui vint se recueillir devant la dépouille mortelle. Elle eut, dans sa douloureuse situation, ces mots si délicats : «  C’était un si bon époux ! ». Cela ne s’invente pas.

 Félix Faure avait 58 ans, il en était à la quatrième année de son mandat. On retiendra de lui le rapprochement de la France avec la Russie. Mais on retiendra surtout du « Président Soleil » son goût pour le faste. Il avait voulu redonner de la pompe et de l’apparat à la fonction présidentielle ; ainsi il avait fait graver la vaisselle de l’Elysée à ses initiales et avait envisagé la création d’un habit somptueux pour sa personne. Soucieux de laisser une image de lui-même, il entreprit de faire réaliser son portrait en pied et choisit pour cela un certain Steinhel, peintre dont le renom s’arrêtait aux limites de son quartier. Et voilà comment la belle Meg fit dans un premier temps sa rencontre et dans un second temps devint sa maîtresse.

 A l’époque la presse et les langues étaient cruelles. Très vite on baptisa Meg du joli nom de « pompe funèbre ». Mais la palme  des coups de griffe revint à Clemenceau. Ce dernier n’aimait pas Félix Faure, il écrivit dans l’Aurore : « Félix Faure vient de mourir, cela ne fait pas un homme de moins en France ». Ou encore cette noble épitaphe : « Il se voulait César et il finit Pompée ».

 D’autres encore eurent des paroles de poids comme ce monsieur de la Palisse bien connu des milieux politiques qui n’hésita pas à affirmer : « La vie privée c’est la vie privée ». Paroles puissantes et chargées de sens qui ne suffirent pourtant pas à faire cesser la rumeur et les quolibets.  Un autre, Gascon de son état, qui, après avoir copieusement fustigé la presse pour son inconvenante intrusion dans la vie privée d’un homme, n’hésitât pourtant pas à provoquer sa propre et unique hilarité en glosant sur le statut de la première dame de France et même sur le statut de la seconde et éventuellement des autres.

  Si tout le monde s’accordait à dire haut et fort que la vie privée de chacun doit être respectée, personne ne s’interdisait un commentaire qu’il voulait savoureux.

 Enfin et c’est sans doute le plus douloureux de l’affaire, lorsque Mme Faure dû quitter l’Elysée elle fut tellement accablée et couverte d’opprobre que personne ne daigna l’aider à porter ses valises. La femme trompée est toujours une victime.

 Je ne sais pourquoi je vous rapporte ce fait historique car, comme vous l’avez constaté, il n’a aucun rapport avec l’actualité.

                                                                                               Pau, le 15 janvier 2014

            Par Joël Braud

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