Tarbes Municipales 2014 – Questions à Pierre Lagonelle, tête de liste "Tarbes pour Tous"
Tant qu’une liste n’est pas déposée à la préfecture, l’électeur n’est pas certain du choix qui lui sera proposé. A Tarbes, les listes qui devraient partir à la conquête de la mairie sont bien entendu celle du Maire sortant, Gérard Trémège qui trouvera sur sa route la liste du Front de Gauche menée par Marie-Pierre Vieu, celle du PS et du PRG conduite par Michèle Pham et une liste proche du MoDem conduite par Pierre Lagonelle. Ce dernier répond à nos questions.
AltPy – Quel regard portez-vous sur la mandature qui s’achève ?
Pierre Lagonelle – La mandature s’achève avec de très mauvais chiffres. L’emploi est sinistré à Tarbes avec 5.000 demandeurs d’emploi, soit un taux de chômage de 20%, presque le double que la moyenne nationale. Autre sujet d’inquiétude, la diminution de la population de Tarbes et son vieillissement. Tarbes ne compte plus que 42.888 habitants ! Des milliers de Tarbais ont quitté la ville. A ce jour les Tarbais de plus de 65 ans (9.964 personnes) sont bien plus nombreux que les Tarbais de moins de 20 ans (8.905 jeunes). Sur un autre plan, l’information judiciaire ouverte contre le maire de Tarbes et la spectaculaire perquisition menée à la Mairie de Tarbes le mois dernier, ont jeté un trouble dans la population. De mémoire de Tarbais, jamais la Mairie n’avait été perquisitionnée.
AltPy – Quels sont les principaux grands enjeux auxquels est confrontée la ville de Tarbes ?
Pierre Lagonelle – La ville de Tarbes doit retrouver son attractivité. Un effort important a été fait sur le patrimoine immobilier de la ville. Les principaux monuments symboliques ont été modernisés (Musée Massey, Halle Marcadieu, Mairie, Halle Brauhauban), le site de Giat a été ouvert en évitant la création d’une friche industrielle, l’opération façades a redonné des couleurs au centre ville. Cet effort d’embellissement ne débouche malheureusement pas sur une dynamique économique et démographique. Les deux principaux enjeux sont d’inverser la courbe démographique à Tarbes et de concentrer les moyens sur la création d’emplois.
AltPy – Quelles réponses comptez vous y apporter ?
Pierre Lagonelle – Tarbes a la chance de posséder le deuxième pôle universitaire de Midi-Pyrénées avec 5000 étudiants. Chaque année 180 ingénieurs sont formés à Tarbes. Il est indispensable de fixer sur notre ville une partie de ces étudiants qui ont fini leur cursus. Il faut créer une antenne sur le pôle universitaire et aider les étudiants-entrepreneurs dans toutes les démarches administratives à effectuer. Depuis plusieurs années, le Grand Tarbes a baissé la garde sur le marketing territorial. C’est regrettable car un accompagnement très poussé peut permettre lors du prochain mandat l’implantation sur nos zones d’activité d’une vingtaine d’entreprise de 10 à 25 salariés. Il convient aussi de relancer le commerce de centre ville qui souffre énormément. Une action urgente est à conduire sur le stationnement, la circulation et les zones piétonnes. L’ensemble de nos propositions est consultable sur notre site www.tarbespourtous.fr
A@P – Tarbes a perdu 2545 habitants soit 5,5% de la population, entre les deux derniers recensements. Pour mémoire Lourdes a perdu 7% de sa population et Pau 5%. Que proposez-vous pour remédier à cette tendance qui frappe votre ville ?
Pierre Lagonelle – La perte de population de Tarbes est forte, pratiquement 1% par an ! La première mesure est d’agir sur la fiscalité. Notre engagement numéro 1 est de figer la taxe d’habitation et la taxe foncière de Tarbes. Notre ville est plus ‘’chère’’ fiscalement que la moyenne des villes de notre strate et surtout il y a un écart important entre Tarbes et les communes périphériques. De nombreux jeunes couples fuient Tarbes pour s’installer en périphérie. Il est incontournable pour l’avenir de notre cité de réduire cet écart fiscal. Il faut aussi améliorer le stationnement et avoir une politique immobilière plus adaptée aux besoins de la population.
AltPy – En quoi votre méthode de gouvernance serait-elle différente de l’équipe municipale actuelle ?
Pierre Lagonelle – Tarbes doit mieux réfléchir à ses investissements. La période où l’on faisait de l’embellissement pour le plaisir des yeux doit cesser. Ma méthode de gouvernance sera basée sur la modération fiscale et sur la priorité donnée à l’investissement capable de générer des emplois. Si je prends l’exemple du Musée Massey, la rénovation du bâtiment est réussie, mais cela n’a pas amené un flux de touristes ni créé un seul emploi. C’est un échec populaire au niveau de la fréquentation et des activités induites. Désormais chaque fois que l’on investit de l’argent public il faut se poser la question de l’activité que cela va créer.
AltPy – Elu, quelle place donnerez-vous au conseil de quartier, référendum d’initiative populaire ou toute autre méthode pouvant amener les citoyens à participer à la vie de la cité ?
Pierre Lagonelle – Il ne faut pas tomber dans l’angélisme. Gérer une ville de la taille de Tarbes nécessite de la cohérence et des lignes directrices. Les élus doivent prendre leurs responsabilités. Je ne crois pas trop aux référendums d’initiative populaire. Par contre je crois à l’écoute et à la concertation avec les citoyens avant les prises de décisions importantes. Une ville se construit avec ses citoyens, pas contre eux. Il faut donc faire des réunions de quartier, expliquer ce que l’on veut faire, recueillir les remarques de tous et retenir les bonnes idées qui remontent. Les conseils de quartier tels qu’ils existent à Tarbes actuellement ne sont malheureusement qu’un relais de la communication municipale et n’amènent pas grand chose en termes de démocratie locale.
AltPy – Elu, quel rôle êtes-vous prêt à donner à l’opposition municipale ?
Pierre Lagonelle – L’opposition municipale doit être respectée sur le fond et la forme. Il est difficile d’être opposant au sein d’un conseil municipal. Si l’opposition est constructive, un rôle peut être accordé lors du travail des commissions municipales. Une coproduction de certains choix peut être obtenue. L’opposition doit aussi avoir un espace d’expression dans les différentes publications municipales. Trop souvent la communication municipale se transforme en propagande du maire sortant et cela crée un déséquilibre démocratique contre lequel il est difficile de lutter.
AltPy – Comment envisagez-vous la place de votre ville dans le cadre de l’agglomération ? Quelle est votre position par rapport à la Présidence de celle-ci ?
Pierre Lagonelle – Tarbes est la ville centre du Grand Tarbes, son poids est considérable. Il faut résister à la tentation du rapport de force et jouer collectif. Le Grand Tarbes doit mettre en place des projets d’intérêts réellement communautaires et éviter le saupoudrage sur les différentes communes. Si un projet amène une plus-value au Grand Tarbes, il faut le faire à l’endroit le plus utile et performant, en évacuant d’autres paramètres politiques ou personnels. La loi électorale vient de modifier les modes de désignations des conseillers communautaires, cela peut faciliter une conscience plus aiguë d’appartenir à une vraie communauté plutôt que d’être un représentant de sa commune et de ses intérêts. Réponse dans quelques semaines !
AltPy – Que proposez-vous pour développer concrètement la relation Béarn-Bigorre ?
Pierre Lagonelle – La relation Béarn-Bigorre existe déjà au niveau éducatif et universitaire. Il reste du travail au plan économique et administratif. Tarbes peut imaginer créer des synergies avec le bassin d’emploi palois afin de créer de l’émulation et conquérir des marchés régionaux et nationaux en mutualisant des compétences et des moyens. On peut mener des combats communs au niveau des transports. L’autoroute existe déjà, on peut espérer une desserte LGV avec un barreau Béarn-Bigorre. Concernant les aéroports, Pau compte 610.000 passagers par an, et Tarbes-Lourdes-Pyrénées 410.000 passagers. L’union aurait fait la force mais il est trop tard pour prévoir un projet d’aéroport unique, essayons là aussi, des complémentarités intelligentes. Il faut souhaiter l’élection de François Bayrou à Pau, c’est un homme d’envergure nationale qui peut impulser une dynamique au-delà de sa ville.
AltPy – Question ouverte au sujet de votre choix
Pierre Lagonelle – Est-ce la Section Paloise ou le TPR qui va remonter le premier en Top 14 ?
La Section Paloise a acquis une expérience certaine avec ses deux finales perdues en 2012 et 2013. Elle dispose d’un groupe homogène et de qualité. Le TPR bataille lui pour être dans les cinq premières places qualificatives, ce n’est pas encore acquis mais l’équipe est plus étoffée que l’an dernier et dispose de nombreux talents. La fin de saison s’annonce passionnante avec un derby retour au Stade du Hameau qui drainera la foule des grands jours !
– propos recueillis par Bernard Boutin
Le cas de Tarbes est intéressant. Les impôts n’y sont pas explosés comme à Pau, il n’y a pas eu d’énormes dépenses somptuaires et le centre-ville a été largement rénové mais il n’y a pas d’atout exceptionnel comme le Bd des Pyrénées.
On peut parier que si ces efforts n’avaient pas été entrepris, la situation aurait été encore pire. Mais l’attractivité du pavillon de banlieue avec des impôts locaux modérés, ses installations sportives à proximité, ses supermarchés à proximité… semble plus forte que tout… Pourquoi aller « se coincer » en CV ? Le triomphe de l’American Way of Life…
L’étalement urbain… s’étale au galop malgré les plans d’urbanisme, les POS de ceci ou de cela. Alors, que faire ? Malin celui qui connaît la solution… Une loi nationale sur une évolution de la fiscalité entre la ville centre et les villes de banlieue pour contenir ou stopper cette évolution ? Ou les difficultés économiques à venir ramèneront la population en ville ?
Finalement, Tarbes c’est Pau sans Total, Turbomeca et Euralys.
Heureusement que certains industriels ont eu la bonne idée de venir à Pau.
Et les palois ont eu de la chance, les politiques locaux n’y sont pour rien!