Je ne suis qu'un vieux reac..
Je sais d’avance que j’ai tort et qu’on va me jeter des cailloux. Je ne devrais pas me précipiter sur mon clavier ce matin pour y vider ma rancune. Quelle rancune d’ailleurs ? Mon abattement ? Ça ne se vide pas, le vide est déjà dedans. Mon découragement ? Pas la peine d’en rajouter, il se respire à pleins poumons dans l’air ambiant. Ma colère alors ? Oui, c’est probablement ça, ma colère.
Ce type que nous avons élu depuis 18 mois a entrepris, avec ses bras ballants et ses petites blagues dans le coin de démolir pierre par pierre, avec la complicité de ses partisans, tout ce qui a fait le fondement de mon éducation, de ma culture, de l’exemple que j’ai essayé de donner à mes enfants et même des règles habituelles du savoir-vivre en vigueur dans notre société. Il a mis 18 mois pour y parvenir et je n’en peux plus.
L’a-t-il fait exprès ? Ce n’est même pas sûr. Il vogue, il flotte, il navigue et pendule au fil de ses propres incertitudes, en navigateur en eaux troubles et en gestionnaire de compromis douteux. On me dit qu’il n’est que normal, ordinaire. Comme vous, comme moi. Oui, mais c’est le Président de la République ? Ah, mais la République, Monsieur, a bien changé. Elle doit être égalitaire avant d’être exemplaire. Pourquoi devrait-elle être exemplaire si elle n’est que normale ? Attention, nous ne sommes plus en monarchie et le Président n’est plus le Roi. Mais faut-il qu’il devienne son fou ? Faut-il qu’il nous fasse rire de ses mascarades pitoyables, puis faut-il qu’il tente de masquer derrière le doigt qui nous montre la lune, ou 35 minutes d’entretien avec un Pape qui ne représente pourtant rien pour lui, le pauvre exemple qu’il nous donne et qui le ramène au niveau du plus faible de ses sujets.
Vie privée, mes fesses. De quelle vie privée parle-t-on quand il s’agit de celle d’un homme à qui nous avions confié parce qu’il a consacré sa vie entière de politicien ambitieux à l’obtenir, une mallette qui contient des codes au bout desquels des sous-mariniers aux ordres, tapis au fond des océans attendent en ne les espérant pas, un commandement impitoyable, dont ils doivent espérer secrètement désormais qu’il ne leur parvienne pas depuis la table de nuit d’une garçonnière. Vie privée de quoi, lorsqu’il s’agit du congédiement d’une pathétique « première Dame » que nous n’avions pas élue, mais qui faisait partie, apprend-t-on, de la somme des mensonges qui nous avait été présentés lors des dernières élections. Vie privée d’honneur ? Mensonge politique, mensonge privé. Promesses de papier.
Et pendant qu’il baguenaude, oscille et dodeline, ses ami(e)s, cramponnés* à leur irrépressible besoin de nous imposer tout ce qui nous sépare juste pour le principe, même si ça ne change rien au fond, agitent leurs chiffons rouges. Inscrire l’avortement dans la loi comme un droit, plutôt que comme la douloureuse réparation d’un échec ou d’une violence, neutraliser toute forme d’évocation soi-disant sexiste dans la vie courante et notre droit, galvauder des institutions ou dissocier le mariage de la famille, se donner le droit de maîtriser la vie comme la mort, autant de réformes dites sociétales dont nous n’avions pas besoin dans l’urgence. Quand le soi devient le moi. Que l’Homme nouveau se regarde le nombril comme s’il était le centre du monde au nom de sa propre égalité avec lui-même puisqu’il n’y a personne au-dessus de lui. Même s’il y a l’autre quand-même, ce voisin du bout de la rue. Pourquoi lui et pas moi ? Parce qu’il est plus mâle ou plus femelle, parce qu’il est plus blanc ou plus noir, parce qu’il est plus éduqué que moi, plus entreprenant, plus travailleur, plus décidé, plus courageux, plus généreux, plus, plus…que moi ? Non c’est impossible. C’est injuste. Moi, moi, moi.
Le Président Moi, incapable d’assumer sa vie privée et ses engagements personnels, frivole et désinvolte amateur de scooter, n’aura plus de Première Dame. Soit, c’était de toute façon une invention médiatique. Il pourrait ainsi en avoir un certain nombre d’autres, au gré de sa fantaisie. Car il s’agira de sa vie privée bien sûr qui n’intéresse personne mais qui a fait la une des médias internationaux depuis 3 semaines. Pour nous ridiculiser un peu plus.
Ce matin, en me rasant, j’ai vu un vieux ringard en colère dans la glace. C’était moi. Mais que voulez-vous, je ne suis pas socialiste. Je ne dois pas être normal non plus.
– par oscar
*Je me rends compte tout d’un coup qu’une anomalie grammaticale a échappé à nos censeurs du Genre. L’ adjectif commun à un nom féminin et masculin est masculin. C’est tout simplement scandaleux.
Tout fout le camp, où la maladie universelle des descendants de Jean de Meung depuis le 13° siècle (« jadis il en allait autrement, aujourd’hui tout va en s’empirant »).
A partir d’une histoire de fesses, on mélange tout (« je ne suis pas socialiste » : ah ? c’est lié ?) et on en profite pour défendre des positions au nom de la morale.
Sauf que l’on devrait penser éthique et non morale : je ne fais pas cet acte par devoir (=la morale), mais par amour (=l’éthique)
Lorsque les réacs défendent les bonnes causes par morale (= donner 2€ à un SDF par morale ou « charité chrétienne »), j’y suis sensible mais ne peux m’empêcher d’espérer que ce serait quand même mieux s’ils agissaient par amour.
Un peu comme notre président avec Julie G. en fait (non là je rigole)
Au passage ce n’est ni le premier ni le dernier chef d’état pris la main au panier… Sans compter ceux qui ne se font pas prendre.
Dites moi Paulette, quel rapport voyez-vous entre éthique et amour ? Vous pouvez développer ? « Jadis » il n’y en avait assez peu , mais comme tout a changé, je vous lirai avec intérêt.
Si vous êtes malheureusement normal, puisque vous semblez représenter la vox populi actuelle, cette voix devenue « décomplexée » tout droit sortie des années 50.
Cette voix qui affirme qu’il n’y a nul besoin d’urgence pour faire évoluer la société…le même type de voix que l’on entendait à l’époque des suffragettes qui ont attendu plus de 20 ans (mais bon, rien de pressé de faire voter les femmes, hein ?), et certainement les mêmes qui ont été offusqués lorsqu’il a été question d’autoriser les femmes à avoir un compte bancaire.
Cela fait à peine 50 ans qu’on sort enfin du moyen-âge, il est tout à fait normal de trouver encore quelques vestiges du néanderthalisme…en espérant qu’il s’agisse bien des derniers vestiges, et non d’un retour en arrière.
Nul doute ma chère Paolo que toutes les suffragettes qui se cachent derrière des noms de garçons soient d’accord avec vous et vous confirment ma désespérante ringardise. Même si on pouvait leur suggérer d’ actualiser un peu leurs références sociales
Le réac d’aujourd’hui à les mêmes caractéristiques que celui d’hier, cependant je suis d’accord pour actualiser mes références.
Que pensez-vous de la date du 28/10/2012 ?
Cette date, c’est celle qui fait passer votre incompréhension (« inscrire l’avortement comme un droit ») pour un déni de barbarie.
http://www.lemonde.fr/europe/article/2012/11/15/irlande-la-controverse-sur-l-ivg-reprend-apres-la-mort-d-une-femme-empechee-d-avorter_1791435_3214.html
C’est ça les valeurs pour nos enfants ?
En plus de les actualiser, il conviendrait probablement de les géolocaliser aussi..
Ah pardon, j’oubliais que les réacs sont franco-français, ils ne se sentent pas européens et ne regardent pas ce qui se passe en Espagne ou en Irlande (pour n’en citer que 2).
Décidément, je me ferais toujours avoir :o))
Et puis c’est vrai que la France est le seul pays du monde à « destructurer » la famille, on est les seuls à vouloir le mariage pour tous.
Si ce n’était pas pathétique, ce serait effectivement risible…
De toutes façons l’argument du « il y a(vait) des choses plus urgentes que ça à traiter » est assez faible. Il est assez systématiquement utilisé par tous les opposants à telle ou telle mesure, mais pratiquement quel que soit le sujet on peut toujours trouver un autre sujet « plus urgent ». Donc en poussant cette logique à l’extrême il ne faudrait jamais s’occuper de rien, à part les sujet les plus urgents. Or un gouvernement doit s’occuper de tout : ce qui n’est pas urgent aujourd’hui peut le devenir demain si on ne s’en occupe pas, et c’est rarement dans l’urgence qu’on prend les meilleures décisions.
La vie est ainsi faite , de petit tout, de petit rien….
urgence relative au temps qui passe
http://www.ladepeche.fr/article/2014/01/26/1803647-paris-defile-de-gens-en-colere-contre-hollande.html
Evidemment…Il fallait bien qu’on me mette ça sous le nez. De reac me voici donc promu facho . Et en plus il repleut.
et pourquoi cette référence qui n’a rien à voir Karouge ?
ce n’est pas une référence, le malicieux, simplement une coïncidence. Un portait de Hollande en vignette de l’article d’Oscar (en colère), et une manif parisienne rameutée par internet lue dans le journal le même jour, un Hollande bashing day chacun à sa manière… Ca n’a rien à voir ?
La colère est aveugle et, dit-on fait voir rouge. l’auto- promotion d’Oscar n’est donc pas pour demain, et j’en suis malicieusement ravi.
« Lorsque donc quelqu’un te met en colère, sache que c’est ton jugement qui te met en colère. » (Epictète de Turc).
Vous n’allez pas me croire karouge, mais j’ignorais tout de cette manif quand j’ai écrit cet article…J ‘ai lu également l’edito de Guillebaud ( pas vraiment un vieux reac ) dans SO ensuite, qui y ressemble étrangement. Je me suis dit que j’allais me faire lyncher par les gardien(ne)s de l’évolution de l’espèce et de la respectabilité façon rive gauche. Ou pire que j’allais être accusé par Georges de plagiat opportuniste. Il faut croire que la colère est dans l’air du temps. Elle est certes mauvaise conseillère, il faut donc aussi savoir l’évacuer. C’est la fonction des soupapes…sans allusion aucune aux voyages rédempteurs au pays d’où reviennent les cloches.
+1 Oscar
« Remettez-vous », cher Oscar, « il y a des jeunes qui vous lisent (peut-être..) et qui n’ont pas envie de se suicider tout de suite. »
Texte inspiré par qui vous savez.
🙂
Comme quoi on est toujours le neurasthénique d’un autre !
bonjour Oscar, quoi de plus normal que d’exprimer sa colère … c’est « le jour de la colère » … la vieillesse n’ayant rien à voir la dedans … action, réaction … 🙂 mon bonjour endimanché.
Non Oscar, pas de geste irrémédiable!
Dans le vacarme de nos boni menteurs professionnels nous sommes hélas condamnés a nous satisfaires de bribes. Rendons à François le volage d’avoir fait entrer dans le vocabulaire de gauche: « réduction de la dépenses publique » « suppression de Régions et Départements »
Je vais déjà mieux, rien qu’en me relisant ;-).
C’est ce que j’ai ressenti en relisant mon précédent texte!
Finalement, on se rejoint: « les symptômes d’une pathologie civilisationnelle s’accumulent »!
Nous n’avons ni le même diagnostic, ni les mêmes remèdes, mais il faut bien reconnaître que nous partageons parfois les mêmes aigreurs d’estomac.
n’agissez pas en « bon père de famille »
c’est mort!!!!!