Mont-de-Marsan Municipales 2014 – Questions à Céline PIOT, tête de liste « Mont2Gauche  »

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Céline Piot, tête de liste de Mont2Gauche a été tirée au sort parmi les membres du Front de Gauche montois intéressés à prendre cette position. Professeur d’histoire-géographie au lycée Despiau, Montoise depuis 13 ans, la candidate trouvera sur sa route Renaud Lahitète, avocat et conseiller général du canton de Mont-de-Marsan sud qui conduira la liste socialiste et bien entendu Geneviève Darrieussecq, maire MoDem sortante qui compte bien conserver son poste.

AltPy – Quel regard portez-vous sur la mandature qui s’achève ?
Céline PIOT – Après des années d’immobilisme, la mairesse actuelle (MoDem/UMP) aurait pu mieux faire, victime d’une politique d’austérité que pourtant elle accompagne. Elle s’inscrit dans une politique globale qui a accepté un budget correspondant à la restriction des services publics parce que, quoiqu’on en dise, le local et le global ne peuvent être déconnectés. Sa mandature est celle des paradoxes : comment peut-on, dans un même temps, dire vouloir rénover le centre-ville et étrangler son activité ?
En outre, certains emprunts dits « toxiques » ont été souscrits. Les finances des collectivités locales se trouvent alors inféodées aux banques et aux organismes de crédits privés.

Quels sont les principaux grands enjeux auxquels est confrontée la ville de Mont-de-Marsan (en dehors du thème de l’emploi) ?

Comme pour beaucoup d’autres agglomérations, on assiste à la dévitalisation du centre-ville parallèlement au développement de deux grandes zones commerciales à la périphérie de la ville (Malage au nord et Grand Moun au sud). Concrètement, cela tue les commerces, donc les emplois qui vont avec, et aussi la vie sociale locale. À quoi bon prôner le samedi piétonnier si a été provoqué le dépôt de bilan des commerces ?
Un autre enjeu est celui d’engager la commune dans le déploiement des services publics, plutôt que dans leur privatisation. La question des nouveaux rythmes scolaires dans les écoles primaires est liée. On peut se demander à quoi sert finalement l’argent public ? En outre, à force de prestations commerciales standardisées achetées par la municipalité, on dépersonnalise complètement ce que pouvait être la vie montoise.
Nous constatons aussi que la population de Mont-de-Marsan vieillit. Il faut donc créer des solidarités nouvelles et intergénérationnelles.
Mont-de-Marsan est également très déshéritée dans le domaine culturel. Des états généraux de la culture doivent être organisés. Il faut savoir chercher les compétences et les forces vives existant sur place (nous avons une école de cinéma, une école de design, des artistes et des artisans d’art locaux qui sont ignorés alors qu’ils devraient être intégrés dans la dynamique de la cité).

Quelles réponses comptez-vous y apporter ?
Concernant les finances locales, prendre la responsabilité des affaires publiques suppose la pleine clarté sur la nature de la dette publique de la ville et la légitimité de l’encours de la dette. Nous nous engageons donc à mettre en place les conditions d’un audit de la dette publique afin de reprendre en main les sommes colossales qui sont gaspillées pour rembourser des intérêts spéculatifs et à orienter les financements municipaux vers ce qui développe le véritable intérêt général (par exemple : les besoins sociaux, la transition écologique).
Nous voulons aussi, à l’échelle locale, reposer les bonnes questions : produire, oui, mais avec quelle utilité sociale et pour qui, produire quoi, produire et consommer comment ? Concrètement, cela signifie que nous développerons intelligemment la géothermie, aux coûts moins élevés que les moyens de chauffage « classiques » ; que nous développerons également, d’une part, des jardins et potagers municipaux capables d’alimenter la restauration collective (cantines municipales, restauration des écoles et des maisons de retraite), d’autre, part, les partenariats égalitaires avec les producteurs locaux déjà existants et tout à fait capables de répondre à ce besoin (afin de faire appel à des circuits courts et donner ainsi de la force aux entrepreneurs locaux).
Cela revient à agir sur le terrain en promouvant des principes plus généraux qui peuvent paraître lointains, tels que l’écosocialisme ou la culture d’éducation populaire. Un traité ultra-libéral se signe en haut lieu ; localement, nous pouvons le temporiser, voire y résister. Mont-de-Marsan peut devenir une ville où la résistance aboutit aux initiatives concrètes qui savent enrichir au vrai sens du terme et être à la fois égalitaires et solidaires.
Cette politique passe donc par la défense et le développement des services publics qui assurent la cohésion sociale, de la crèche au service funéraire, via l’école, l’hôpital et les transports. Leur accès doit être gratuit ; alors qu’il est, aujourd’hui, deux fois payant, la première fois par le biais des impôts, la seconde par l’obligation de devoir s’acquitter d’un chèque au moment de l’utilisation du service. Nous créerons une maison de la santé pour pallier les carences criantes en médecins dans le nord de la ville ; nous développerons la capacité d’accueil des personnes âgées ; pour l’hôpital, nous nous opposerons aux restructurations consécutives à la loi Bachelot ou loi HPST qui, au nom d’une rationalisation de l’offre de soins, impose une mutualisation des moyens ayant pour conséquence des suppressions de postes, un épuisement du personnel ainsi qu’une dégradation et une inégalité dans l’offre de soins …

L’emploi est la préoccupation première des Français et donc des Montois. Élue, quelles actions souhaitez-vous engager pour favoriser la création d’emplois ?
On pourrait imaginer qu’une ville ne peut pas créer plus d’emplois que l’échelon national. C’est faux, nous pouvons agir. En ligne de conduite, il faut réapprendre à penser d’une façon systématiquement solidaire avec tous les entrepreneurs de notre territoire, existants ou potentiels (commerçants, chefs d’entreprise, porteurs de projets). Ce qui veut dire : savoir les connaître et tisser des liens avec eux, entendre ce qu’ils ont à dire et porter les projets forts à l’échelle de la Communauté d’agglomération où se jouent les décisions.
Il nous faudra tout faire, à notre niveau de compétence, pour libérer du foncier, de l’immobilier, quand cela doit servir l’intérêt général, et pour intervenir légalement quand nous constaterons que des baux commerciaux deviennent inaccessibles ou que des bâtisses pourrissent dans nos rues.
Tout faire aussi pour que les appels d’offres n’excluent plus les petites entreprises et favorisent les « puissants », ce qui devrait normalement déjà être en application (Code des marchés publics). Nous souhaitons favoriser une réponse de proximité et les circuits courts.
Il faut repenser l’organisation du centre-ville (circulation ; harmonisation voitures/vélos/piétons ; stationnement), mais, cette fois-ci, en écoutant ce que les intéressés ont à dire et non en imposant par la force des projets déjà ficelés. Il faut instaurer un dialogue réel avec les commerçants, les soutenir et cesser de plaquer des obligations ou interdictions absurdes qui brident leurs initiatives et/ou leur dynamisme. Rappelons que quand on donne la faveur à de gigantesques centres commerciaux hors de la ville, on ne rejette pas ces commerces du centre à l’extérieur, mais on les condamne au dépôt de bilan car le prix à payer pour s’installer dans une galerie marchande est prohibitif.
Toujours dans le même esprit, il faut savoir valoriser les compétences et aptitudes que nous avons déjà sur place. L’exemple type est celui du personnel municipal. En son sein, nous avons de vraies compétences. La mandature actuelle les déshérite souvent de leur pouvoir d’action pour donner la préférence systématique à des prestataires commerciaux extérieurs au département. Plus on externalise et loin, sous prétexte d’économie, plus on appauvrit la capacité d’emploi local.
L’action culturelle, un des premiers gisements d’emplois du PNB (car la culture ne doit pas uniquement être que de la consommation mais aussi de la création) et la vitalité des services publics permettront aussi l’impulsion d’une dynamique nouvelle en matière d’emplois. La réforme des rythmes scolaires est emblématique de ce qu’est la fabrication de la précarité : on embauche sans réflexion des intermittents qui se retrouveront « sur la touche » sans avoir pour autant pu bâtir de vrais projets dans le long terme autour des enfants. Il est de notre responsabilité de tout faire pour que l’application de cette loi ne soit pas l’occasion d’une territorialisation des compétences périscolaires mais qu’un véritable service public national soit rétabli pour la prise en charge des enfants ; à défaut nous nous engageons à garantir l’égalité des enfants par un service public local qui les protège de toutes les prédations.
Nous travaillerons avec les associations de chômeurs et les services de l’État pour que la municipalité participe à la reconstruction des chômeurs et à leur recherche d’emploi. Nous développerons les sociétés coopératives ouvrières et les sociétés coopératives d’intérêt collectif.
Les compétences municipales doivent donc être orientées vers la cohésion sociale.

En quoi votre méthode de gouvernance serait-elle différente de celle de l’équipe municipale actuelle ?
Le terme de « gouvernance » pose problème. Nous considérons véritablement que ce n’est pas un/e maire qui est choisi/e, mais une équipe. La liste Mont2Gauche est constituée d’un collectif qui ne se résume pas à un mot le simple temps d’une campagne électorale. Notre mode de fonctionnement ne sera donc pas celui d’un chef qui décide seul ou donne l’illusion de l’équipe et de la démocratie. Nous avons appliqué d’emblée ce principe élémentaire en choisissant notre tête de liste par tirage au sort ! Non parce que personne ne voulait s’engager, mais par esprit démocratique et par respect pour l’égale dignité des éligibles.
Nous refusons l’idée que, une fois élus, nous capturerons le pouvoir en décidant de tout. Au contraire, nous voulons consulter le citoyen en appliquant les règles de la démocratie participative (votation, groupes de travail…). Mais la consultation n’est qu’un stade. La recherche de solutions concerne tout le monde. Il convient donc d’organiser des structures de réflexion sur les orientations souhaitables de l’avenir de la cité afin de cesser de mettre en scène une démocratie qui ne l’est pas et dans laquelle nous, citoyens, nous ne pouvons que subir ce qui est déjà décidé en haut lieu.
Avez-vous trouvé sur le site Internet de l’équipe municipale actuelle autre chose qu’une vitrine presque publicitaire ? Si vous voulez exprimer une voix, aucune page ne vous en donne la possibilité.

Quel rôle êtes-vous prête à donner à l’opposition municipale ?
Qu’entendez-vous par « opposition » ? Puisque les citoyens ont voté, puisque la constitution du conseil municipal a obéi aux règles des proportions, on aboutit à une véritable équipe représentative des idées de la population, et non à un règne souverain. Ce que vous appelez « opposition » serait opposé à qui ? Se poser ce genre de question revient à mépriser le résultat du vote et s’imaginer par avance qu’être maire signifie être dans une position de pouvoir absolu. « L’opposition » aura donc sa place dans les commissions. Personne ne détenant la vérité, nous écouterons et prendrons en compte les propositions qui nous paraîtraient intéressantes.

Quelle place donnerez-vous au conseil de quartier, référendum d’initiative populaire ou toute autre méthode pouvant amener les citoyens à participer à la vie de la cité ?
La démocratie participative est un pléonasme et, dans tous les cas, ne peut pas se résumer à un simple questionnaire dont les réponses sont présupposées et les conclusions préalablement élaborées. Notre élection ne sera donc pas pour nous un permis de gouverner à notre guise pendant six ans. Nous nous engageons à associer étroitement les habitant.e.s aux décisions importantes et à organiser régulièrement des référendums locaux sur des questions nouvelles ou imprévues qui surgiraient durant le mandat. Plus largement, nous développerons les votations citoyennes sur les sujets d’intérêt municipal. Celle de l’utilité et du financement de la LGV est emblématique du déficit démocratique actuel. Nous considérons que la population n’est pas suffisamment informée et nous proposerons un vrai débat démocratique sur cette question.
Nous développerons les commissions consultatives des services publics locaux extra municipales avec des usagers directement élus pour que les gens se réapproprient la politique. Une relation de confiance, et non un échelon hiérarchique d’interpellation supplémentaire, est la nouvelle dimension à apporter à la vie de quartier. En effet, la pédagogie et l’information lisible sont le début de la démocratie participative. À l’heure actuelle, en tant que citoyens, nous entendons constamment une succession de « c’est impossible », « c’est obligatoire », « c’est utopique », et nous prenons l’habitude de considérer ces poncifs pour argent comptant. La démocratie participative ne se contente pas de lancer des objections avec un implicite « vous n’y connaissez rien, laissez-nous penser à votre place » ; elle donne accès au savoir et à la compréhension des systèmes. En pratique, c’est, par exemple, impliquer un groupe de travail composé d’habitants volontaires dans les finances locales et la réalisation du budget : pédagogie et apprentissage pour eux, ouverture et oxygène pour l’équipe municipale ; cela se déclinant pour tous les sujets cruciaux.

Comment envisagez-vous la place de votre ville dans le cadre de la Communauté d’Agglomération du Marsan ? Quelle est votre position par rapport à la Présidence de celle-ci ?
La Communauté d’agglomération, par définition, possède le pouvoir d’action sur la majorité des grands sujets touchant à la ville. Mais cette dernière conserve des compétences.
En outre, il ne faut pas opposer Mont-de-Marsan, qui serait une « ville centre », et les petites communes voisines car celles-ci sont en plein essor démographique.
Mais il faudra tout de même veiller à éviter une métropolisation trop importante et dénoncer le fait que ces petites communes aient perdu un nombre de délégués en raison du choix de l’actuelle présidente de la Communauté d’agglomération, également mairesse de Mont-de-Marsan, qui a imposé 28 délégués communautaires pour sa ville. Nous voulons donc des rapports équilibrés et non autoritaristes qui « vandaliseraient » les autres communes dont nous avons du reste besoin pour les circuits courts. S’ils se doivent de porter les projets forts concernant Mont-de-Marsan auprès de la Communauté d’agglomération, les délégués communautaires montois se doivent de respecter l’égalité entre la grande aire urbaine que nous représenterons et les villages environnants. Réfléchir « agglo », c’est penser à une organisation collective qui aidera positivement afin de créer des dispositifs et des emplois communs.

Question ouverte au sujet de votre choix.
Que peut vouloir dire une liste Mont2Gauche pour les électeurs montois ? Une alternative et la conscience qu’il n’y a pas de fatalité à subir.
Notre société est devenue difficile à décoder, peu accessible et infiniment peu partageuse. Nos dirigeants se sont habitués au mépris de ce que nous sommes et vivons au quotidien et, nous, nous nous sommes habitués à être confrontés aux perpétuelles objections telles que « On ne peut pas faire parce que… ». La moindre vision différente des réalités est balayée d’un revers de la main et mise au rang des utopies. Une liste Mont2Gauche, c’est relever la tête et décider de conjuguer « Et si ? », disposition d’esprit nettement plus ouverte et inventive, incontestablement productive dès lors qu’on reste les pieds sur terre et qu’on accepte toutes les intelligences. Voter dans ce sens ce n’est pas aller contre des gens, mais contre un système qui coupe nos ailes, nous épuise et fait souvent dire aux uns et autres que « Cela va finir par craquer ».
Par un de ces retournements sémantiques auxquels la droite nous a habitués, il n’y aurait de « politique courageuse » que celle qui surveille les « dépenses publiques » et contient le « déficit ». C’est au contraire la négation de tout courage politique, qui pille la richesse du peuple pour la transférer dans « les poches » des grands patrons et des banquiers. Cela suffit ! Réapprenons le goût et le sens du courage !
L’origine, le fondement et le fonctionnement de la liste Mont2Gauche correspondent par conséquent à une élection éminemment politique, et nous ne voulons pas faire croire que les élections municipales sont seulement des élections locales. Mont2Gauche, c’est dire non à l’austérité et à la régression sociale, et c’est porter à l’échelon communal et intercommunal un projet de véritable politique alternative de gauche.

– propos recueillis par Bernard Boutin

contact : contact@mont2gauche.fr
https://www.facebook.com/Mont2Gauche
le site : http://mont2gauche.fr

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