Pau, Municipales 2014 : La chronique 7 – Cohésion et leadership
David Habib sur la défensive ? – Les enseignements de la liste Bayrou – Listes : la cohésion fera la victoire – Yves Urieta et les Halles – David Habib et l’emploi. La campagne municipale paloise vue et analysée par Emmanuel Pène dans une chronique sans langue de bois.
La campagne s’est nettement accélérée avec l’annonce de la composition de la liste Bayrou. Avec celle d’Yves Urieta, on connaîtra donc semaine prochaine la composition des 3 listes favorites ; Pourquoi est-ce important ? Car au-delà des noms et compétences individuels, cela renseigne sur la volonté de renouvellement, l’ouverture et la capacité de rassembler, et sur la méthode de management, préludes à ce que sera la gestion de la Mairie et de l’agglomération pendant les 5 prochaines années.
Un David Habib sur la défensive ?
Peu avant le dévoilement de la liste Bayrou, David Habib insistait sur le fait qu’il amenait avec lui du « sang neuf », contrairement à François Bayrou, qui lui était «entouré depuis trente ans des mêmes têtes ». un argument qui, depuis vendredi, ne peut plus être utilisé, et qui risque même de se retourner contre lui, dans une liste socialiste qui s’est créée dans la douleur et où les fractures sont encore vives. De fait, depuis le dernier sondage, l’équipe socialiste semble être sur la défensive ; on l’a vu lors de la passe d’armes sur les halles semaine dernière, où une version précoce du projet Habib a été précipitamment rendue publique et a servi d’angle d’attaque à un François Bayrou qui n’en demandait pas tant. Sur la défensive, comme en témoigne sa demande d’un débat avec François Bayrou sur « le développement économique et l’emploi » dont il fait une « question d’honneur pour la ville » – on sait que les débats sont demandés généralement par le challenger – un débat refusé par le candidat centriste qui n’entend pas se laisser imposer le thème, et qui renvoie les hostilités au deuxième tour. Les débats cependant auront bien lieu, mais via médias interposés.
La liste Bayrou : les enseignements
Ce fut le grand moment de la semaine, assez peu d’informations ayant filtré auparavant sur la composition de la liste, en dehors d’une vingtaine de noms incontournables, mais dont on ne savait quelle serait leur place. S’il n’est pas utile ici d’en dresser la liste détaillée – ceci étant disponible sur le site de LA REP – on peut néanmoins en tirer quelques enseignements.
D’abord c’est que le renouvellement politique est au rendez-vous, la grande majorité des candidats n’ayant pas d’expérience politique, le candidat ayant largement puisé dans un vivier de citoyens. Ce renouvellement est aussi générationnel, avec une moyenne d’âge de 47 ans légèrement supérieure à celle de la liste Habib, mais bien inférieure à celle d’Eurydice Bled ou d’Olivier Dartigolles.
Deuxième enseignement, c’est qu’il y a une forte volonté de représentativité et de diversité, ce qui se retrouve dans les nombreuses catégories socio-professionnelles, de l’étudiant au chef d’entreprise, en passant par le fonctionnaire ou le retraité, mais aussi dans la géographie des colistiers, chaque quartier étant représenté. Le candidat au aussi pu trouver des personnes aux histoires et aux origines diverses, ce qui est incontestablement un élément original de sa liste. On notera au passage que Josy Poueyto, à laquelle M. Bayrou a rendu hommage vendredi, a été très active dans la recherche de colistier, s’appuyant pour cela sur ses nombreux réseaux.
Le troisième fait notable est l’œcuménisme politique de cette liste, où l’on retrouve, autour d’un noyau dur de colistiers Modem, des UMP, des UDI, et des (ex ?) PS. C’est indéniablement une réussite, là où beaucoup prédisaient de nombreuses difficultés ; on notera au passage deux faits marquants. D’abord que l’accord Bayrou – Saubatte s’est traduit par un apport net de 10 colistiers de la liste UMP, dont 9 éligibles, Eric Saubatte décrochant une 5è place. Ensuite, l’absence remarquée et remarquable de Patrick de Stampa. A ce dernier sujet, tout le monde comprend que l’excuse officielle pour justifier son absence, à savoir un possible risque d’inéligibilité, n’est qu’un artifice peu élaboré pour lui permettre de sauver un minimum la face. La réalité se trouve ailleurs, et probablement dans cette volonté affichée de renouvellement qui aurait été atténuée par la présence de M. de Stampa – un homme aux multiples mandats socio-économiques, et présent depuis de nombreuses années dans le paysage des élites béarnaises. Sans doute pourra-t-il ainsi se consacrer pleinement à la CCI, un pilier essentiel de notre territoire et qui a besoin d’un président à temps plein.
Le renouvellement se traduira-t-il dans les responsabilités ?
A ce stade, aucune responsabilité n’est définie, et le code électoral ne prévoyant pas de définir celles-ci avant l’élection, on en est réduit aux hypothèses et à l’étude des CV des colistiers. La vraie question de fond est en fait de savoir si le renouvellement visible sur la liste se retrouvera aussi dans les faits au jour de distribuer les responsabilités, si l’équipe gagne bien entendu..
Bayrou – Habib – La cohésion fera la victoire
David Habib et François Bayrou ont donc suivi des chemins différents jusqu’à aujourd’hui. Du côté du socialiste, la liste s’est faite dans la douleur et on peut supposer que derrière l’unité de façade, les rancunes et les arrières-pensées sont encore nombreuses. Du côté de François Bayrou, la liste s’est faite par compromis et adhésion à un projet mais surtout à un personnage. Toutefois, cet assemblage hétéroclite a aussi ses faiblesses que seul un esprit de groupe fort peut juguler.
Il est donc probable que la cohésion dans les équipes et entre ses membres sera un facteur essentiel conditionnant la victoire. Car pour entrer en résonance avec les palois, il faut d’abord être soi-même en harmonie.
Yves Urieta tacle Eric Saubatte
Yves Urieta, qui présentera sa liste cette semaine, semble s’être fait une cible de la droite, et en particulier d’Eric Saubatte, qu’il traite de « rallié peu fiable ». Faut-il voir derrière ces attaques une volonté du candidat sans étiquette d’améliorer son image auprès d’EELV et du front de gauche qui excluent pour le moment catégoriquement tout rapprochement incluant l’ancien Maire ? Cela semble en tout cas indiquer qu’il semble faire le deuil d’un rapprochement avec la liste Bayrou.
Eurydice Bled : une jeune dans une équipe de vieux ?
La liste d’Eurydice Bled a été rendue publique. Elle indique une moyenne d’âge assez élevée à 52 ans, ce qui est un paradoxe alors qu’elle est elle-même la plus jeune candidate. La liste est clairement positionnée à gauche, avec de nombreux socialistes ou anciens socialistes ; elle comporte aussi des catégories socio-professionnelles variées.
Olivier Dartigolles et la lutte des classes
Olivier Dartigolles a lui aussi présenté la liste « une ville pour nos vies », qui, comme celle d’EELV, a 52 ans d’âge moyen. On y retrouve Hélène Lérou-Pourqué, actuelle adjointe à la culture, et une forte proportions d’encartés, ce qui n’est pas une surprise pour une extrême gauche qui a une tradition de militantisme. Aucune surprise non plus sur la composition des catégories socio-économiques, puisque outre la sur-représentation d’enseignants ou retraités de l’enseignement, on remarque l’absence de tout commerçant ou chef d’entreprise. Il est vrai qu’on ne fait pas disparaître d’un coup de baguette magique une mentalité de lutte des classes bien ancrée.
Le questionnement occitan
On terminera ce chapitre des listes par des questions lancées depuis par certains occitanistes sur l’absence visible de « délégué à l’occitan » dans la liste Bayrou. Cette question est intéressante, car elle marque l’obsession de certains pour une politique linguistique en tant que telle, qui consiste à ce que des militants mettent en œuvre une politique à destination d’autres militants. Or, ce dont Pau a besoin est surtout d’affermir son identité, la langue béarnaise en faisant partie mais n’en étant pas le seul élément. Une politique culturelle plus globale est donc nécessaire, et elle doit se faire non pas à destination d’une petite partie de la population, mais de tous les citoyens.
Yves Urieta et les Halles
Sur le fond, Yves Urieta a précisé ses propositions sur le dossier des Halles, qui sont au final assez proches de celles de François Bayrou (il accuse d’ailleurs ce dernier d’avoir copié ses idées). Les lignes directrices sont le maintien de l’activité pendant les travaux, un étage supplémentaire pour accueillir les bureaux des services municipaux, et un toit végétalisé accessible aux promeneurs. Enfin, le projet se veut écologique, l’habillage extérieur des halles serait en bardage de bois ajouré, et les halles fonctionneraient de manière autonome du point de vue énergétique. Pour le candidat, le projet serait « le seul des trois à avoir une forte constante écologique ». Un projet chiffré entre 10 et 12 millions.
David Habib et l’emploi
Pour David Habib, « l’emploi, c’est capital ». Il veut ainsi s’engager dans une politique active pour l’emploi. Pour cela, il annonce « un effort massif » sous la forme de contrats d’avenir, contrats d’apprentissage et contrats d’accompagnement à l’emploi, qui seraient signés… par la mairie, bref financés par le contribuable. David Habib nous avait habitué à mieux en matière d’économie, mais il est vrai qu’il faut séduire les potentiels alliés du deuxième tour, et quelques emplois publics en plus ne font pas de mal !
En outre, il annonce un « label Pau » pour mobiliser les entreprises ; en fait un système de bons points pour les entreprises qui s’engageront dans le parrainage de demandeurs d’emploi de longue durée. Il n’est pas certain que cette mesure, qui ressemble à une contrainte administrative supplémentaire, plaira à des employeurs déjà touchés par la crise et par une pression fiscale et administrative très fortes.
En attendant bon carnaval et surtout bonne campagne à tous ceux qui s’engagent !
Adixat ! A la semaine prochaine
– Par Emmanuel Pène
(16 février 2014)
Retrouvez les précédentes chroniques :
http://alternatives-pyrenees.com/2014/02/08/pau-municipales-2014-la-chronique-6-la-ville-la-plus-pauvre-daquitaine/
http://alternatives-pyrenees.com/2014/02/01/pau-municipales-2014-la-chronique-vers-la-fin-du-bus-tram/
http://alternatives-pyrenees.com/2014/01/26/pau-municipales-2014-la-chronique-4-sous-les-projecteurs-nationaux/
Reçu par email sur la boîte d’A@P :
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Bonjour a toute l’équipe
questions aux candidats
Impots : la ville de Pau perd beaucoup d’habitants,pas étonnant selon les services fiscaux c’est la sixième ville la plus chère de France !!!!!!!!!! ex: pour un F2 en location 45 m2 Taxe d’habitation = 2 mois de loyer !!!!!!!!!!!!
A quand va-t-on arrêter d’empècher l’accés au centre ville ??? comment y arriver depuis les quartiers Est ?
La cocsité ne sert qu’aux habitants du centre pourquoi ne pas aller jusqu’au roud point de la commune ?et revenir par les allées
idem pour celles de Morlaas………
C’est evident que le plan de circulation doit etre revu pour mieux acceder au CV et pour pouvoir se garer avant de pouvoir jouir des plaisirs du centre pietonnier. Seuls les socialistes et le premier d’entre eux David Habib ne l’ont pas compris. Il est vrai que Pau est un peu plus grand que Mourenx…
Une fois qu’on a dit ça (« il faut faciliter l’accès au centre-ville »), on n’est pas très avancé sur les moyens d’y parvenir.
La liste Habib dit « en bus-tram », la liste Bayrou dit « en faisant un ring », la liste Uriéta dit « avec plein de navettes électriques ».
Il est à craindre qu’aucun des trois n’ait la solution miracle. D’autant moins que les propositions de Bayrou et Uriéta sortent du chapeau à partir de rien, juste à l’occasion de la campagne électorale. Alors que ce sont des sujets techniques, où chaque décision a de multiples implications. Je ne sais pas si le « bus-tram » va changer quelque chose à l’attractivité du centre, mais au moins c’est un projet qui s’inscrit dans un ensemble cohérent et étudié de longue date, que l’on soit d’accord ou pas. Le reste c’est de la plaisanterie.
Bayrou avait déjà fait le coup en 2008 avec son « tram-bus » : son équipe de campagne qui parcourt le web à la recherche d’idée et qui tombe sur le « tram-bus » en cours d’installation à Douai. « Bingo, on va faire pareil ici ! Imprimez-moi quelques images, je convoque la presse ! » (pour info le projet de Douai a tourné au cauchemar, le matériel étant une vraie catastrophe). Là il fait pareil avec son « ring ».
Sans compter que tout cela part du principe ultra-simpliste que la circulation et l’accessibilité sont les responsables n°1 des problèmes du centre-ville, comme si il n’y avait pas d’autres causes sans doute plus importantes. Mais pas grand-monde ne cherche à les analyser, car le simplisme sied parfaitement aux campagnes électorales.
Pau n’a pas besoin d’un bus tram. Les palois ont besoin de pouvoir acceder au CV depuis leur voiture. Il faut arrêter de faire passer l’utopie avant la réalité : on n’est pas a Paris, et la majorité des palois, en particulier les actifs se déplacent avec leur véhicule. Ceux qui ont compris ça sont les centres commerciaux de la périphérie qui ont pris depuis 15 ans des parts de marché au CV. Ceci dit les transports en commun peuvent être améliorés mais sans augmentation de la fiscalité individuelle ou des entreprises
« Pau n’a pas besoin d’un bus-tram »
« Mais les les transports en commun peuvent être améliorés »
« Mais sans augmentation de la fiscalité »
….
L’art de tout dire et son contraire. Bayrou dit actuellement qu’il va faire quand même un BHNS, mais moins cher que le bus-tram prévu. Vu que l’essentiel des coûts du projet c’est en fait de la rénovation urbaine, qu’il dise où il va faire baisser le coût : en ne rénovant pas la place de la République ni la place Marguerite Laborde ? En ne rénovant pas la rue Carnot ? En ne rénovant pas la place d’Espagne ? Ou bien en faisant quand même tout ça mais en le faisant passer sur un autre budget ? Par ailleurs si il peut faire le projet moins cher, pourquoi ne s’engage-t’il pas concrètement à (re)baisser le Versement Transport, qui a été porté à 1,8% par l’équipe actuelle pour financer le bus-tram ?
Dès qu’on gratte un peu on est dans l’enfumage complet.
La photo est intéressante. Elle montre les deux ceintures qui ont accompagné l’extension de Pau.
La première avec ses immeubles (trop) clairsemés. La deuxième (premier plan) avec un étalement anarchique.
L’arrière plan naturel constitue un beau cadre mais c’est tout.
Le problème (et la solution) de Pau n’est pas le centre-ville mais sa périphérie (y compris l’agglo).
« Pau a besoin est surtout d’affermir son identité, la langue béarnaise en faisant partie mais n’en étant pas le seul élément. Une politique culturelle plus globale est donc nécessaire, et elle doit se faire non pas à destination d’une petite partie de la population, mais de tous les citoyens. »
Tout à fait d’accord !
La liste de David Habib c’est faîte tranquillement et l’harmonie règne. Comment peut on dire que la liste de Bayrou s’est faîte par adhésion à un projet, alors qu’il ni a pas de projet?
Ils ne partagent pas le pouvoir en effet.
Mais que dire de la numéro 2 de la liste Bayrou?
Cette femme nous promet un retour aux pires pratiques clientèlistes de l’époque Labarrere de triste mémoire.
« Pourquoi est-ce important ? Car au-delà des noms et compétences individuels, cela renseigne sur la volonté de renouvellement, l’ouverture et la capacité de rassembler, et sur la méthode de management, préludes à ce que sera la gestion de la Mairie et de l’agglomération pendant les 5 prochaines années. »
C’est de la naïveté?
Les listes sont faites pour attirer l’électeur. Un peu de sportif connu, un peu de monde associatif susceptible d’apporter des voix, un peu de couleur occitane pour aguicher les modus des langues mortes, quelques momies qui traînent dans les listes depuis des décennies, un ou deux juriste (cela peut servir) et le tour est joué.
Bayrou autant qu’Habib ne partagent pas le pouvoir.
C’est leur drogue.
Le management d’équipe…c’est quoi ça!
Je vous trouve bien sévère cher Daniel. Rien ne trouve donc grâce à vos yeux ? Que les listes soient faites pour séduire les électeurs, c’est évident, et même normal. En revanche, je suis d’accord avec vous qu’Habib et Bayrou ne partagent pas le pouvoir; mais que voulez-vous ? On a bien vu avec François Hollande ce que donnait un Président sans leadership. Je ne suis pas sûr que les palois veulent de ce pain là…
Primo : Le renouvellement intégral serait une révolution. Et encore, trouverait-on quelque dinosaure survivant au cataclysme!
Secundo : l’Occitan fait partie des langues mortes? Mais n’est-l pas parlé, sous ses différents dialectes dans la moitié Sud de la France par quelques millions de personnes? n’est-il pas étudié comme une langue vivante?
Tertio : la démocratie est une utopie. Elle fait rêver les peuples depuis l’Antiquité, leur a parfois fait croire qu’elle était en leur possession pour mieux leur échapper, les a opprimer avant de les libérer pour leur faire croire qu’elle leur voulait du bien. Les démocrates n’existent pas. ils sont trop lâches pour s’affirmer dictateurs. Mais lorsqu’ils ont été acclamés ou élus par le peuple, ils ne se tournent plus vers lui. Seul le système doit être privilégié.