Après la pluie, le beau temps.
Après la pluie, le beau temps.
Non, ce n’est pas l’évocation du changement d’équipe municipale, ou presque pas !
Actuellement, toutes les prévisions sont à «la pluie»; les informations alarmantes sur l’évolution de notre société se succèdent à un rythme soutenu, savamment distillées pour entretenir le buzz, la vente, et hélas, l’angoisse d’une population désorientée.
- La succession des «affaires». Après Cahuzac qui déshonorait la gauche, il y a celles qui désespèrent la droite: manœuvres financières de Jean-François Copé, écoutes téléphoniques de Patrick Buisson, celles révélées par «le Monde»….
- «Le politique se réduit à un gouvernement hebdomadaire par un collège de sondeurs chapitrés par un oligopole de marchands mondialisés.» A.Gorz.
- Il ou elle : a dit, n’a pas dit, a menti ; aurait dû dire, savait, ne savait pas…..! Bientôt, comme à l’école : «c’est celui qui dit qui est !!!!». La coupe est pleine !!!
- Certaines communes ne trouvent pas de candidats aux municipales. C’est le découragement : contraintes administratives, nécessaires mises à jour des connaissances dans la gestion, difficultés financières car les allocations gouvernementales fondent, alors que les besoins augmentent, sociaux surtout, manque de respect des contestataires et de ceux qui estiment avoir tous les droits. La démocratie est en danger ; pourtant une écrasante majorité d’élus ont un dévouement et un engagement civique qui forcent le respect.
- La Cour des Comptes, en février 2014, tirait la sonnette d’alarme sur l’insuffisance des contrôles menés par le Ministère de l’Agriculture en matière de sécurité alimentaire.«La qualité des méthodes d’analyse, l’indépendance des services vétérinaires et de la répression des fraudes ne sont pas garanties»
- Le Dr Joëlle Le Moal de l’Institut de veille sanitaire (InVS) a fait paraître dans la revue internationale «Reproduction» une analyse : «Le déclin de la qualité du sperme, avec une baisse de près d’un tiers de la concentration en spermatozoïdes déjà constatée en France métropolitaine, est une tendance qui n’épargne pratiquement aucune région mais touche plus particulièrement l’Aquitaine et Midi-Pyrénées (régions viticoles et arbres fruitiers).
- Avec le réchauffement climatique et la montée de la mer, liés aux activités humaines, les vents et les tempêtes ont des intensités rarement atteintes, les dégâts aussi. Entre la pression des particuliers, l’empressement des investisseurs pour y répondre, le laxisme intéressé des maires et de l’administration centrale, le privé a urbanisé nos côtes, les dunes, entre autres.L’érosion marine s’est chargée de corriger l’irresponsabilité humaine !
Le problème est qu’aujourd’hui on dépense de l’argent public pour défendre des biens privés !
- On découvre qu’il peut pleuvoir et que l’écoulement des eaux pouvait poser des problèmes, du fait de l’urbanisation, de la construction de rocades, du bétonnage des espaces naturels !
Le Préfet Claude Morel avait estimé qu’il fallait protéger les Landais contre les anti-tout, il serait peut-être temps de les protéger aussi contre les pro-tout !
(j’allais écrire tout-tout !)
- Les pics de pollution aux particules fines de toute nature, nanoparticules entre autres, se multiplient par la conjonction : voitures, usines, chauffage, facteurs météorologiques (niveau 1 à Pau). Bientôt les masques pour les franciliens ! Les «urgences» sont prises d’assaut alors que le personnel est «économisé». Une piste à suivre : taxe carbone, péage urbain, transports en commun électriques gratuits : c’est loin d’être dans le programme des ténors à Pau !
- En période d’élections municipales ne passons pas sous silence le problème d’une bonne part des 36700 maires de France : l’aggravation de la pauvreté dans leur commune. L’Observatoire national de la pauvreté, de 2008 à 2011, signale que le nombre de pauvres a augmenté en France de 584000 ou de 893000, selon le critère appliqué (50 ou 60% du revenu médian). Il estime que la France compte deux millions de personnes qui vivent avec moins de 656 euros par mois, 3,6 millions de mal logés et 3,5 millions bénéficient de l’aide alimentaire.
S’engager à lutter pour créer des emplois, c’est bien, mais insuffisant. Quels emplois d’ailleurs ? Avec les CDD, les temps partiels, l’intérim, les alternances…le nombre de travailleurs pauvres est, en 2005, de 1,7 million selon la définition française (SRCV-SIL), soit entre 6 % et 7 % de l’ensemble des travailleurs (ministère du travail) ; 70% des travailleurs économiquement pauvres sont des femmes.
Sur les projets «ambitieux» de plusieurs millions d’euros pour Pau, quel est le candidat qui a envisagé d’en réserver un peu pour lutter contre la pauvreté ?
La République des Pyrénées écrivait, le 7 février 2014, qu’à Pau 19% des ménages vivaient sous le seuil de pauvreté(60% du revenu médian).
Les plus démunis se demandent si la baisse des amendes de 0,5 à 1 million d’euros et celle des impôts de 1% par an (Bayrou), va vraiment les aider !!!
En fait, la crise économique est une goutte d’eau dans l’océan des changements gigantesques que nous vivons. On est passé, en moins de cinquante ans, dans un nouveau monde. Notre société ne suit pas.
Par exemple, nous étions 50% d’agriculteurs à la fin de la guerre, ils ne sont plus que 1%. «Sud Ouest» s’étonne de la baisse de représentation des agriculteurs parmi les élus ; c’est normal! Pendant une vie humaine la population mondiale a doublé deux fois ! «Quand je suis né, on était 2 milliards, on est 7 milliards aujourd’hui. Dans la même période, l’espérance de vie a triplé. C’est tout cela que l’on ne voit pas.» M.Serres.
Alors que les manifestations sensibles d’un tremblement de terre sont en surface, la tectonique des plaques nous montre que l’origine est une rupture d’équilibre en profondeur.
La croissance de la connaissance et de de l’instruction, les progrès de la technologie, la fin de l’agriculture, l’allongement de l’espérance de vie……. Tout cela a des conséquences énormes :« Quand mon arrière-grand-père se mariait, statistiquement, il jurait à sa compagne fidélité pour cinq à dix ans, maintenant c’est pour soixante ans.» M.Serres.
Les crises: financière, du travail, social, écologique, climatique…., traduisent l’épuisement d’un système économique qui n’est plus adapté.
« Nous continuons à chercher des dépanneurs de la planète alpha, alors que nous sommes sur la planète bêta, » Ph. Caillé.
« Dès le moment où il y a autant d’émetteurs que de récepteurs, c’est-dire autant de décideurs» disait M.Serres, «il est grand temps de repartir sur de nouvelles bases.»
Faut-il sombrer dans la neurasthénie ? Absolument pas ! Ces nouvelles bases existent!
Après la pluie, le beau temps !
Toutes ces manifestations sensibles rappelées sont liées et dépendent d’un déséquilibre au niveau d’une même «source profonde» que l’on se refuse à admettre. Elles sont donc encourageantes car ces désordres la font remonter au grand jour; c’est le dysfonctionnement d’une société isolée de ses racines biologiques, hyper-spécialisée, aux possibilités de régulation de plus en plus restreintes du fait de la perte de sa diversité à tous les niveaux: culturel, linguistique, alimentaire, économique, financier, anthropologique même…Les écologues le disent constamment. En prendre conscience est une opportunité à saisir pour construire du neuf.
«Les crises de la mondialisation, du néolibéralisme, de l’humanité à l’ère planétaire sont riches de périls mais aussi de possibilités transformatrices.» E.Morin.
Des signes avant-coureurs apparaissent auprès d’économistes, financiers, agriculteurs, entreprises, politiques…: bio, microcrédit, start-ups solidaires, mutuelles, coopératives…
«Ne doutons jamais qu’un petit groupe d’individus conscients et engagés puisse changer le monde. C’est même de cette façon que cela s’est toujours produit.» Margaret Mead, anthropologue américaine 1901-1978.
«Je ne cesse d’avoir de nouvelles preuves qu’un grand potentiel de bonne volonté sommeille en nous. Celle-ci n’est qu’atomisée, intimidée, piégée, paralysée et désemparée.…. il est du devoir des hommes politiques de ramener à la vie ce potentiel timide et sommeillant, de lui proposer une voie, de lui frayer un passage, de lui redonner assurance, possibilité de se réaliser, en bref, l’espoir.» Vaclav Havel.
L’évolution sera lente, incertaine, car les résistances conservatrices sont puissantes. On assiste, hélas, à un cloisonnement entre «chercheurs, penseurs» et acteurs, alors qu’ il est reconnu qu’il faut penser avant d’agir !
La République n’aurait-elle vraiment pas besoin de savants ?
Penser, c’est reconnaître que la nature, comme sur nos côtes, a toujours raison car elle est la plus forte. Grâce à notre intelligence et avant qu’il ne soit trop tard, il faut saisir l’opportunité que nous offrent les résultats et l’enseignement de l’Ecologie ; ils nous expliquent le fonctionnement des liens indissociables entre tous les composants : vivants et non vivants.
La nouvelle voie à emprunter estcelle de la transformations des rapports entre nous et avec notre environnement, visant l’abolition d’une organisation sociale qui poursuit la croissance pour la croissance, cause de cette rupture en profondeur génératrice des tremblements de terre que nous vivons.
Un engagement qu’il est désolant de ne pas voir pris par la plupart des candidats aux élections ! Qu’attend Eurydice Bled pour se manifester sur notre site?
— par Georges Vallet
crédit photos: apreslapluielebeautemps.over-blog.com
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