l'homme qui parle et la voix des airs

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A l’heure de la mondialisation, de la globalisation tous azimuts, de la surveillance généralisée des individus, il est à la fois comique et triste de constater que depuis environ deux semaines un avion (de la Malaysian Airline) a disparu corps et biens avec 239 passagers à son bord, et que malgré l’armada de technologies déployée lancée à sa recherche, celle-ci reste pour le moment vaine. Le journal « le Monde » de ce jour (vendredi) indique que des avions et navires prospectent sur une étendue de 600 000 km2 du côté de l’Australie, après qu’un satellite ait repéré des débris dont on ne sait s’ils appartiennent à l’avion en question. C’est aussi planant qu’un roman de Jules Verne (Robur le Conquérant, à bord de son aéronef l' »Albatros »). L’aspect réconfortant est que l’on peut encore disparaître sans laisser de trace sur cette planète, quand, a contrario, des peuplades sont découvertes qui n’ont jamais eu jusqu’alors de contact avec la société actuelle. (cf « l’Homme qui parle » de Mario Vargas Llosa : « Je fus extraordinairement ému à l’idée de cet être, de ces êtres qui parcouraient inlassablement les forêts insalubres à l’est du Cusco et de Madre de Dios,des jours et des semaines durant, apportant et colportant des histoires de Machiguengas, des uns aux autres, rappelant à chaque membre de la tribu que les autres vivaient, qu’en dépit des grandes distances qui les séparaient, ils formaient une communauté et partageaient une tradition, des croyances, des ancêtres, des malheurs et quelques joies, à l’image furtive et peut-être légendaire de ces hommes qui parlent et qui, sous le prétexte simple et très ancien -affaire, nécessité, manie humaines- de raconter des histoires étaient la sève et le ciment qui faisaient des Machiguengas une société, un peuple d’êtres solidaires et communicants. Je suis encore ému quand je pense à eux et à cette heure même, ici, tandis que j’écris ces lignes, au Caffé Strozzi du vieux Florence, sous la chaleur torride de juillet,j’en ai encore la chair de poule. »).

 Entre ces deux mondes, celui de la technologie et celui du genre humain, en évolue un troisième : le monde animal. Tout va dans son sens : l’instinct de survie, la brutalité, la sauvagerie, l’assouvissement sexuel, la conquête de territoire, le combat permanent entre chefs de clan, de meute, de horde, pour conserver le pouvoir, la puissance, le règne… Tous les moyens sont bons pour parvenir à ses faims : surveillance des uns, menace des autres, mensonges, écoutes, propagande, espionnage, invasion, viol, tueries, assassinats politiques, promesses et caresses dans le sens du poil, tout un arsenal qui monte le loup contre le loup, distingue le chat du chien, le renard du corbeau, le poulet rôti du rôti de veau, l’homme de la bête, chacun prenant sa part, de Carême à Gévaudan, de Paris à Moscou, de Londres à Washington, de Pékin à Pretoria, traçant son chemin de poudres explosives, de cadavres béants, de justifications grandiloquentes, de manoeuvres corruptrices, de condamnations sans objet, de faux témoignages, de procès jugés d’avance, sous couvert de faire avancer l’humanité vers le bonheur universel (« le viol des foules par la propagande politique », de Serge Tchakhotine, paru et censuré en 1939). Un monde de domestication de l’être humain par la bestialité de quelques empereurs, Robur fous réapparus dans « Maitre du Monde » de JV, qui par leurs manigances ont su piéger les peuples crédules et les asservir. Combien sont-ils, ces dictateurs ? Une centaine tout au plus, perchés en haut de la pyramide, l’oeil froid versé sur la planète, la tête déjà plongée dans les étoiles, maîtres de l’Univers potentiels.

 Alors naît cette impression, diffuse, de voyager à bord d’un avion sans ailes, au-dessus d’une vie qui n’est plus la nôtre, surplombant un océan noir marbré de sang, borné par un horizon aveugle. Quel pessimisme ! Mais non, ami, quelques espoirs demeurent tant qu’il n’y a pas péril quand on se meurt ; en voici deux exemples : tout d’abord, nous pouvons nous réjouir que les Américains du Nord ne nous aient pas (encore) dérobé la recette du camembert, car cela déclencherait les foudres de toute une nation, tout comme nous pouvons cocoricoter sur la perfide Albion, qui a échoué dans sa tentative de catapulter depuis Douvres des millions de grenouilles sur les rivages du Nord-Pas de Calais par simple moquerie ou boutade, ou par simple déconvenue de se savoir séparée de nous par une simple Manche, ce qui évite au locataire du 10 Downing street de nous tendre les deux mains quand notre économie se noie. Sans parler des Suisses dont on sait que l’Europe n’existerait pas sans eux, ni de la prochaine annexion de l’Andorre et de Monaco par la France et sa Marine nationale. En deux mots tout va bien, sauf peut-être en Ukraine, voire au sud de la Moldavie où les oiseaux gagaouzent, pour combien de temps encore ?

                                                                                                                                                                     -par AK Pô

                                                                                                                                                                      21 03 2014

Tchanchès et Nanesse (Liège)

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7 commentaires

  • «L’Homme qui parle» a soulevé chez le biologiste que je suis, à un moment donné, une certaine réprobation que je ne peux garder intérieurement!
    «Entre ces deux mondes, celui de la technologie et celui du genre humain, en évolue un troisième : le monde animal. Tout va dans son sens»
    Des connaissances biologiques sont à revoir!

    On peut considérer que l’instinct de survie est un comportements dont les racines se situent dans l’ensemble du monde vivant, pas seulement animal.
    On peut aussi associer la conquête de territoire à un comportement animal et végétal, indispensable pour permettre la reproduction, l’élevage des jeunes et le prélèvement de la nourriture…

    Cette démarche commune au monde animal et à l’homme n’a vraiment rien d’anormal; nous sommes des êtres vivants, des animaux, ne l’oublions pas!
    Malheureusement, nous nous sommes octroyés deux qualificatifs: sapiens et civilisés!!!!
    En effet:
    La brutalité, la sauvagerie, l’assouvissement sexuel, la puissance, le règne…n’ont rien à voir avec le comportement animal; ce sont tous des comportements purement culturels développés spécifiquement par les humains! D’ailleurs, le «contenu culturel» de la terminologie employée n’existe pas chez l’animal; par contre, l’empathie, en tant que sentiment, est très nettement perçue chez beaucoup d’espèces sociales: éléphants, mammifères marins,…., grands singes bien sûr.
    Le combat permanent entre chefs de clan, de meute, de horde, pour conserver le pouvoir, sont motivés, uniquement chez des espèces sociales, par un instinct d’origine hormono-sexuelle ayant pour but biologique la conservation de la dominance sur les femelles; le mieux armé dans ce domaine assurant la procréation la plus compétitive pour l’avenir de l’espèce. Chez l’homme, une fois de plus, la motivation est bien différente!
    «Tous les moyens sont bons pour parvenir à ses faims : surveillance des uns, menace des autres, mensonges, écoutes, propagande, espionnage, invasion, viol, tueries, assassinats politiques, promesses et caresses dans le sens du poil»
    Ces «faims» sont purement culturelles et n’ont rien à voir avec la faim «biologique»!
    Apprenons à observer les animaux; ils nous permettront d’établir une comparaison qui n’est vraiment pas en faveur de notre humanité!`
    Rendons à l’animal ce qui lui revient et à l’homme ce qui lui revient aussi!
    J’ai eu l’occasion d’écrire, sur ce sujet et sur notre site, un texte où je disais:
    «Quand on parle d’animalité à propos de très nombreux comportements dans notre humanité, on fait complètement fausse route.
    Jamais, dans la nature, on trouve un tel raffinement de perversité, de vice, de sauvagerie, de méchanceté, de comportements criminels, de sadisme; l’histoire ancienne, récente, et l’actualité, nous en montre à foison!
    Quand on pense que l’espèce humaine est la seule qui tue ses femelles, que la Pologne a célébré, le 3 novembre dernier, le 65ème anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz, que nous venons de commémorer la fin d’une guerre exterminatrice, ……….alors, oui vraiment:
    Ce qui manque à l’homme «civilisé», c’est une bien plus grande part d’animalité!»

    • Donc, quand ma compagne me dit : » ce que tu es bête, mon chou » cela signifie que je suis bel et bien son homme ?
      Merci pour vos remarques, GV, cela me procure un os à ronger pour ma fin !

      • « tu es bête, mon chou »!
        Un lapsus sans doute car le chou n’est pas une bête!!!
        Votre compagne vous identifie-t-elle au chou blanc, chou vert, chou rouge, choux de Bruxelles, chou cavalier, chou du Portugal, chou à grosses côtes, chou pommé, chou de Milan ou chou de Savoie….? C’est important car ce n’est pas pareil!
        Sait-elle que votre famille est celle des brassicacées ou crucifères, la famille où les pétales sont en croix?
        Si elle vous a choisi comme compagnon c’est qu’elle ne doit pas ignorer que vous avez des vertus nombreuses: vous êtes riche en nombreux minéraux, oligo-éléments; douze vitamines sont répertoriées. Vous êtes donc reminéralisant, tonifiant, désinfectant, donc très utile à l’époque actuelle!
        Elle peut donc vous consommer sans modération mais attention, pour pouvoir profiter de toutes vos vertus vous devez consommer que des aliments bio!!
        Encore un mot, quand vous parlez d’os à ronger pour votre fin, voulez-vous parler de faim ou fin? Personnellement, je souhaite au plus haut point que ce soit la faim!

  • Je prends dans 10 jours un vol Malysia Airlines.
    Pas de souci, vous prierez pour moi!