Mais qui donc a gagné ces élections ?

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abstention-frizou-1Adresse aux élus des quatre plus grandes communes de la Communauté d’Agglomération de Pau Pyrénées (C.D.A.P.P.) qui viennent, croient-ils, de remporter une élection. Vous qui allez vous installer dans le fauteuil de maire, êtes-vous bien certains de représenter la majorité des électeurs de votre commune ?

Il existe en effet plusieurs façons de calculer les résultats d’une élection, quel que soit son niveau d’ailleurs. Est retenue la façon officielle mais une autre, certainement plus significative, plus porteuse de sens, comme on dit maintenant, doit permettre de comprendre la faiblesse actuelle de notre démocratie.

Retenons donc les quatre plus grandes villes de la C.D.A.P.P. et plaçons dans le challenge la catégorie des « non exprimés », regroupant ceux qui se sont abstenus, ceux qui ont voté blanc et ceux qui ont voté nul.

Billère :
– Inscrits : 8472
– Non exprimés : 3422 soit 40,39% des inscrits.
– Jean-Jacques Lalanne : 2971 voix soit 35,06% des inscrits
– Patrick Cléris 2079 voix soit 24,53 % des inscrits.

Lons :
– Inscrits : 9181
– Non exprimés : 3420 soit 37,25 % des inscrits
– Nicolas Patriarche : 3076 soit 33,50 % des inscrits
– Patricia Garcia : 1768 soit 19,25 % des inscrits
– Philippe Arraou : 917 soit 9,98 % des inscrits

Lescar :
– Inscrits : 7531
– Non exprimés : 2191 soit 29,09 % des inscrits
– Philippe Coy : 2670 soit 35,45 % des inscrits
– Christian Laine : 2670 soit 35,45 % des inscrits

Pau :
– Inscrits : 52955
– Non exprimés : 23746 soit 44,84 % des inscrits
– François Bayrou : 18388 soit 34,72 % des inscrits
– David Habib : 10821 soit 20,43 % des inscrits

A partir de ces chiffres il apparait clairement que le principal vainqueur de ces élections municipales est le groupe des non exprimés. A l’exception toutefois de Lescar où, fait rarissime, les deux candidats obtiennent exactement le même nombre de voix. Il est possible, comme le feront les récents élus, de balayer d’un revers de main ces résultats en prenant bien soin de ne pas en tirer de conséquences. Ce n’est pas vraiment brillant de gagner ainsi des élections avec les voix d’un peu plus du tiers du nombre des inscrits.

Alors il devient urgent de s’interroger sur la mauvaise santé de notre démocratie et d’essayer de comprendre ce qui peut conduire une proportion si importante de nos concitoyens à se taire. Jamais pour les municipales cette catégorie n’avait été aussi grande. Ceux qui ont décidé de ne pas s’exprimer ou qui se sont vus contraints de ne pouvoir voter ou encore qui ont « oublié » de se rendre aux urnes ont un comportement significatif. Mais significatif de quoi ? D’une défiance envers les politiques, de l’inanité de leur rôle, d’un rejet d’une classe très, trop, éloignée des préoccupations quotidiennes. Il est évidemment bien difficile de savoir ce que pensent ceux qui se taisent.

A partir de ces données chiffrées, nos élus doivent se la jouer, nous la jouer, modeste, voire humble. Ils ne représentent en définitive qu’environ un tiers des électeurs, enfin de ceux qui ont capacité à voter. Ils seront cependant au service de tous.

Pau, le 31 mars 2014
par Joël Braud

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6 commentaires

  • Cet article présente deux faces.
    La première, avec la phrase:  » Ce n’est pas vraiment brillant de gagner ainsi des élections avec les voix d’un peu plus du tiers du nombre des inscrits » ressemble à un déni de réalité. Car si factuellement elle est exacte, elle ne fait pas ressortir le fait que gagner avec près de deux votants sur trois est un bel exploit, et que bien des élus voudrait pouvoir se targuer d’un tel score.
    La seconde face est la déploration du faible nombre de votants (ou de suffrages exprimés). Connaissant la probité intellectuelle (et la probité tout court!) de Joël Braud, je ne peux que lui créditer ce deuxième aspect. D’autant que cette fois on ne peut incriminer la pêche à la ligne. C’est bien plutôt la résignation, voire la désespérance d’une bonne partie de la population, qui est la cause de la désaffection pour le scrutin. On peut aussi y voir la faiblesse des candidats en matière de communication. Mais ce dernier argument ne me plait guère, car meilleure communication serait probablement source de simplifications abusives, voire d’un populisme affiché ou d’un rôle accru de l’argent, comme dans les élections présidentielles.
    Un autre point, plus secondaire, sauf pour les personnes concernées. C’est le cas d’égalité des suffrages (à Lescar). Ce cas est statistiquement bien improbable. Mais il n’est pas rare qu’un candidat l’emporte avec une faible marge sur son concurrent. Serait-il judicieux ou concevable que la loi fixe un plancher d’écart de voix ( un pour cent ou un pour mille ou moins) pour qu’un vote soit validé? En cas de vote trop serré, un délai de quelques mois ou quelques semaines serait accordé au corps électoral pour se prononcer plus clairement. A défaut d’un partage plus clair des voix on reviendrait à un décompte à l’unité. Une telle réflexion s’applique particulièrement aux élections municipales en raison de la prime accordée à la liste gagnante. Concilier la démocratie et l’efficacité n’est pas simple : pour une bonne gouvernance il faut à la fois la confiance du peuple et la capacité de décider.

  • Vous faites un amalgame regrettable et erroné entre les abstentionnistes et les votes blancs ou nuls en les classant tous les trois dans les non-exprimés! Il y a ceux qui ont fait la démarche citoyenne d’aller voter et… les autres. Il me semble que les votes blancs et surtout nuls représentent un rejet des candidats (à tort ou à raison). Cela traduit certainement un ras-le-bol des « politiques », de leurs promesses, de leurs arrangements, de leur « carriérisme » pour beaucoup, avec double, triple, quadruple mandat… Encore heureux que les électeurs mécontents ne votent pas davantage vers les « extrêmes »!! Si la loi électorale obligeait les citoyens à aller voter, vous auriez peut-être une majorité de votes « nuls » et là, ce serait plus parlant à mon avis.

  • Je constate que vous omettez, volontairement de mettre des noms derrière les responsables de la situation. Pourtant, ils s’appellent MITTERRAND, CHIRAC, SARKO, et HOLLANDE. Si vous même, et vous étiez bien placé pour le faire, aviez voté autrement quand ces candidats se sont présentés, on en serait peut-être pas là où nous en somme ?????
    C’est toujours facile de critiquer quand on n’a jamais voulu rien changer dans *** ce pays.
    *** [modération : pas de grossièreté, merci]

  • «Alors il devient urgent de s’interroger sur la mauvaise santé de notre démocratie et d’essayer de comprendre ce qui peut conduire une proportion si importante de nos concitoyens à se taire.»
    J’ai bien une petite et très modeste idée; c’est, comme diraient les météorologistes, un ressenti personnel.
    Si j’ai voté régulièrement depuis ma majorité c’est souvent plus par respect pour ceux qui ont lutté et qui parfois, à l’étranger, sont morts pour réclamer un droit de s’exprimer, que par la conviction que je pouvais changer quelque chose.
    Je peux donc facilement me faire «l’avocat du diable».
    25% des palois et 19% des ménages vivent sous le seuil de pauvreté «La République des Pyrénées)
    «Pau, est la ville de la région qui compte le plus de pauvres; ils vivent avec moins de 977 euros par mois» Sud Ouest.
    Il est donc assez logique, que ceux qui en sont là, ne voient pas l’intérêt de défendre plus une liste qu’une autre car elle propose de diminuer le impôts de faire circuler plus de voitures, de diminuer les amendes, de construire de nouvelles halles ou de grandes salles de conférence…!
    Cela fait qu’il reste 44%-25%=19% qui peuvent se sentir concernés.
    Pour ceux-là, l’imprégnation que la politique, qu’elle soit municipale, régionale, nationale, européenne, mondiale, est prisonnière d’un système mondial qui rabaisse l’individu à une machine corvéable à merci, au service de l’économie, est immense; les petites variations proposées par les partis sont insignifiantes par rapport à l’aspiration des électeurs. Ils se sentent donc manipulés et sans aucun pouvoir réel, d’où le désintérêt ou la révolte dans les votes extrémistes.
    Gerald Bronner a écrit un ouvrage intitulé « la démocratie des crédules».
    Au niveau municipal, la marge de manoeuvre est de plus en plus faible du fait de la baisse des revenus de la classe moyenne,et des subventions de l’Etat, des ambitions des élus et des habitants. Alors, la différence est souvent le fruit d’une rivalité de personnes et de clans, sans grand rapport avec le véritable intérêt de la ville.
    D’ailleurs, quel est cet intérêt? Celui des uns n’est pas forcément celui des autres!

  • Il faut rajouter a ces abstentionnistes les non inscrits (7 à 10% selon l’INSEE)