A Pau, Bayrou An 1 Jour 1
Ambiance et discours dans le premier conseil municipal palois de l’ère Bayrou – L’intervention incongrue d’Olivier Dartigolles. Le nouveau Maire de Pau, François Bayrou, s’est installé dans la bonne humeur, porté par des centaines de Palois venus célébrer ce moment important de la vie communautaire. L’air du changement, déjà ressenti pendant la campagne, était clairement présent dans la salle du conseil municipal, sous l’œil bienveillant de Nouste Henric. Puis vint le temps des discours, ceux attendus du nouveau Maire et du chef de l’opposition, et celui, plus incongru, d’Olivier Dartigolles.
Peu avant l’entrée des conseillers municipaux, la salle bruissait de murmures. Des têtes connues, délégués, responsables de services, apparaissaient peut-être pour la dernière fois dans leur fonction. Dans cette ambiance de fin de règne, dans l’assistance, un sympathisant de l’ancienne majorité discutait avec un adjoint sortant bien connu et demandait en désignant un directeur de services : « celui-là, il est chez-nous ? » ; et l’autre de répondre : « Oui, c’est (son nom) », puis après quelques secondes de silence méditatif, le premier d’ajouter avec l’air de celui qui sait : « il va y avoir du nettoyage… ».
Les conseilleurs de l’opposition entrèrent les premiers, et vinrent s’installer sans hésitation dans l’ordre exact du classement de la liste, David Habib en tête. Dans un contraste saisissant, ceux de la nouvelle majorité arrivèrent en ordre dispersé, pour ne pas dire dans le plus grand désordre, s’asseyant sans hiérarchie bien précise, tout en laissant quand même au nouveau futur Maire la place la plus proche de l’escalier menant à l’estrade municipale. Le public suivit, finissant de remplir debout les moindres interstices d’une salle qui s’apprêtait à vivre un moment historique. Les nombreux journalistes complétaient ce tableau dans une forêt mouvante de caméras, trépieds et appareils photos.
On retiendra peu de choses du discours introductif de Michèle Etcheverry, que l’on sentait empreinte d’émotion, et probablement un peu dépassée par la solennité du moment. On passa vite à l’élection du Maire, et à l’arrivée sur le siège souverain du 44ème Maire de Pau. Empreint d’une émotion et d’une fierté non feintes, François Bayrou témoigna de son bonheur et de l’honneur qui lui était fait après un parcours personnel marqué par des défaites qui ne furent cependant jamais des déshonneurs. Après avoir rappelé le provincial qu’était ce jeune garçon arrivé de Bordères, cité Kipling dans If, Il rendit un hommage vibrant à ces deux grands Maires disparus que furent Louis Sallenave et André Labarrère. D’Yves Urieta et Martine Lignières-Cassou, il cita les réalisations qu’étaient la médiathèque et le stade nautique, notant laconiquement que cette dernière réalisation faisait dorénavant partie de la ville de Pau. Le nouveau Maire, reconnaissant, rendit hommage à son équipe, et magnanime, souhaita à l’opposition de jouer un rôle constructif pour le meilleur de cette ville. Une longue ovation d’applaudissements suivit, qui fut même un bref instant suivie par le conseiller de l’opposition Jean-François Maison, avant que les regards inquisiteurs et insistants de ses colistiers ne l’incitassent à reprendre la station immobile.
Ce fut le moment de l’opposition et de David Habib, dans un discours un peu convenu dans lequel il était de bon ton de souhaiter le meilleur pour Pau et le nouveau Maire. Ce discours poli et qu’on sentait un peu obligé, décelait quand même quelques piques à l’attention du nouveau maire. Ainsi, après avoir rappelé que si l’un était monté de Bordères, lui l’était aussi de Mourenx, et il souligna le caractère « grandiloquent » du discours de François Bayrou. Il conclua finalement en expliquant qu’ils seraient vigilants à la gestion de la ville. On sentait que si les circonstances poussaient à l’acclamation réelle ou feinte du nouveau maire, les blessures et déceptions de la campagne étaient, elles, toujours là.
La surprise fut alors d’entendre Olivier Dartigolles prendre la parole ; non qu’il n’en eut pas le droit, mais on ne comprit pas à quel titre il le fit. Si c’est en tant que membre de l’opposition, la préséance eût voulu que la numéro deux de la liste, Nathalie Larradet se chargeât de cette tâche. Il faut donc supposer que c’était en tant que chef de la liste « une ville pour nos vies », auquel cas on peut se poser la question de la légitimité d’une équipe éliminée au premier tour et qui arriva en cinquième position, après celle de Georges de Pachtère (FN) et d’Eurydice Bled (EELV). Faut-il en effet rappeler que la présence de M. Dartigolles au conseil municipal est due à un accord de cuisine électoraliste conclu entre les deux tours de l’élection, et auquel Mme Bled, qui jugeait que ses valeurs valaient plus qu’un poste de conseiller municipal, refusa de participer ? Ceci n’aurait pas été très grave finalement si le communiste s’en était tenu à l’exercice classique des félicitations feintes agrémenté éventuellement d’une ou deux piques subtiles, mais de subtilité il n’avait point, et il décida que ses 5% du premier tour valaient mieux que cela. Il se lança alors dans un discours politique dont on retint que l’élection était ternie par le fort taux d’abstention, et, qu’entre autres maux dont il fallait se méfier, celui du racisme était bien le pire. Après avoir, durant la campagne, décrété un monopole sur le cœur (le cœur de la gauche et la gauche du cœur), M. Dartigolles essayait donc de nous faire croire qu’il avait la solution pour mobiliser les abstentionnistes, pour juguler le racisme et promouvoir les droits de l’homme. Rien de moins. M. Dartigolles, moins que quiconque, a des réponses à ses questions, et les conditions de sa présence au conseil municipal, qui doivent moins à son (piètre) résultat qu’à son habileté à négocier, auraient dû l’inciter à plus d’humilité.
Cet épisode toutefois, ne fut pas de nature à ternir les sentiments joyeux qui se dégageaient de ce premier conseil municipal. Après l’élection des adjoints et la désignation des responsabilités, c’est dans une ambiance bon enfant que les conseillers, journalistes, sympathisants et spectateurs se mêlèrent, ne quittant que lentement la salle, comme si personne ne voulait refermer ce moment historique pour la ville. C’est le début d’une nouvelle ère que l’on espère féconde. L’ère Bayrou An 1.
Par Emmanuel Pène
Twitter @epene64
Je n’ai pas d’ a priori.
Et je souhaite que cette équipe travaille pour le bien être de palois.
Les critiques qui ne manqueront pas devront être constructives.
Le suffrage universel s’est exprimé, et nous nous devons de le respecter.
Le pouvoir est aux mains des médias, et Alternatives Pyrénées en est un, même s’il ne porte pas, plus de 10 ans après sa création, l’impact « populaire » et « citoyen » qu’il visait. Pourquoi ? Non par partisianisme, bien que(!!), mais par ce manque de facilité, d’aisance, ce qui laisse au lecteur potentiel une impression d’apprenti qui n’arrive pas, après tant d’expériences acquises, à franchir le cap du premier emploi : l’information, l’amusement, la démonstration, le bien-fondé, la réflexion, l’indépendance d’esprit (et le souvenir des poilus et des glabres de 14). Car AP en est toujours au stade du marteau et de l’enclume : faire du bruit et marteler sans trop choquer, ce qui n’est pas, justement, l’utilité intrinsèque d’un marteau et d’une enclume, leur but étant de forger des outils qui se retrouveront plus tard dans l’existence (la machine à écrire et la NSA de Williams Burroughs,, la tondeuse à gazon et le chien de Clifford D. Simak, le boson de Higgs et le rot d’un alcoolo du Bronx nommé Neutrino, etc). Bref, pour survivre médiatiquement, AP a besoin de tout le monde, ce qui est une paille dans la mondialisation, mais une poutre dans nos petits regards régionaux.
PS: pourquoi les commentaires du « défouloir » sont-ils exclus de la colonne « commentaires » ? C’est comme le vote blanc, ça ne compte pas ?
NB : raison pour laquelle ce commentaire est ici.
bonus : http://www.liberation.fr/politiques/2014/04/11/redecoupage-des-regions-les-cartes-de-liberation_994748?xtor=EPR-450206
« pour survivre médiatiquement, AP a besoin de tout le monde »
Que voulez-vous dire ?
Si c’est pour faire du « La Rep » (voire en-dessous…) sans les moyens financiers de « La Rep », je ne vois pas où cela peut conduire.
« »pour survivre médiatiquement, AP a besoin de tout le monde »
Que voulez-vous dire ? »
J’entends par là qu’il faut plus d’attractivité, d’échanges, d’interactivité entre les lecteurs, les rédacteurs, etc, bref tous ceux qui font en sorte que ce site soit vivant, vivace, corpulant et digne d’un intérêt général non partisan. Pour cela, il suffit à chacun de faire un petit effort en s’incluant dans l’espace qui s’offre. Or une grande majorité de personnes se contente d’être spectateur, alors qu’il serait si simple de devenir acteur, même de façon intermittente, et contribuer ainsi à enrichir une citoyenneté (c’est le mot à la mode) qui ait plus de poids et donc de capacité à se faire entendre, voire comprendre et apprécier.
Ce n’est pas une question de moyens et il ne faut pas tout mélanger : la presse locale fait son boulot, elle a des charges et des obligations financières qu’AP n’a pas. L’atout de ce site réside dans la diversité des intervenants, pas assez nombreux à mon goût et très resserrés sur Pau et ses petits chaussons (en grande partie). Pourtant, il se passe plein de choses un peu partout qui n’ont que très peu d’échos dans AP : le monde agricole, par exemple, ou encore l’architecture, le développement urbain, les problèmes de l’eau et du gaz à tous les étages, la vie quotidienne…
Entre autres choses.
Voilà, oh, combien bien dit ce que tous ceux qui font vivre le site sans nécessairement écrire et/ou commenter régulièrement se disent au moins une fois par jour.
Un nouvel appel à tous ceux qui nous lisent, lancez-vous, écrivez… Même si ce n’est que très rarement, votre contribution apportera la diversité d’opinion, la diversité de sensibilité, la diversité de ressenti à notre site. Si vous osez, d’autres oseront.
c’est bien beau tout ça,
mais tous n’ont pas le verbiage de monsieur Vallet,
la caustique et l’humour décalé d’Antoine, ou l’esprit contradictoire de super.
un regret, c’est que les coup de gueules du défouloir ne passent plus sur l’historique des commentaires
karouge: « la presse locale fait son boulot »
Bof. Elle fait du business, surtout avec les faits divers (voir les articles « les plus lus »), ce qui fait vendre, ce qui pose même la question de son financement public…
« elle a des charges et des obligations financières qu’AP n’a pas ».
Oui, mais c’est plutôt AP qui n’a pas ses moyens financiers et qui ne peut pas les avoir.
« Pourtant, il se passe plein de choses un peu partout qui n’ont que très peu d’échos dans AP : le monde agricole, par exemple, ou encore l’architecture, le développement urbain, les problèmes de l’eau et du gaz à tous les étages, la vie quotidienne… »
Oui, yaka solliciter ces personnes, pour ceux qui ont le temps…
Un moyen économe en temps pour écrire un article, est, il me semble, de reprendre une info annoncée par la presse locale, mais en la mettant en perspective par rapport à d’autres connaissances, en l’analysant, plutôt qu’en y versant 10 litres d’eau tiède dessus comme le fait souvent la presse.
Donc je résume :
– le discours de FB est sincère et plein d’émotion et de fierté
– le discours de DH est convenu
– le discours de OD est illégitime
C’est simple, la politique, en fait : on a tout de suite reconnu le Bon et les Méchants !
« Il rendit un hommage vibrant à ces deux grands Maires disparus que furent Louis Sallenave et André Labarrère. »
« C’est le début d’une nouvelle ère que l’on espère féconde. L’ère Bayrou An 1. »
En rendant hommage à Labarrère et en installant comme première adjointe un des piliers du Labarrèrisme, c’est mal parti. Soit c’est de la démagogie et on se demande bien quel besoin il a de passer par là (il n’a jamais fait partie de l’équipe Labarrère, contrairement à MLC par exemple), soit il pense vraiment que Labarrère a été un grand maire, et là ça fait vraiment peur pour la suite.
A quand un article sur la couleur de la chemise ou les animaux de compagnie de FB ?
2 réflexions :
1. pour qui se prend Dartigolles ?
2. Essayez d’imaginer l’état de l’opposition une fois David Habib parti (ce qui est probable)…
L’ère Bayrou commence. Ce compte rendu le montre, on parle, on parle, on parle.
De quoi au fait?
Hagiographie. Le retrait de Borloo laisse F. Bayrou seul pour gérer l’UDI + le MoDem = l’Alternative.
Oh que non!
Les trois lieutenants de Borloo ne peuvent pas encadrer Bayrou.
Il ne fait d’ailleurs pas partie de l’UDI et le poids du MoDem est très faible
C’était un mariage de raison pour les européennes (en fait une manoeuvre politicienne)de manière à mettre au chaud un maximum d’élus à Bruxelles.
Maintiendront-ils cet accord ?
Rien n’est moins sûr vu le passif entre eux…
Pour être honnête, je dois dire que je m’en f…. On verra à l’ouvrage, c’est tout ce qui importe. S’il fait du bon boulot, bravo. An 1, jour 1… tic tac tic tac tic tac…
Même des personnes beaucoup plus policées que moi le disent… Ce n’est pas du AP, c’est du Voici-Gala. Je sais bien qu’il faut du monde pour faire tourner un site et sortir des articles mais quand même…
RDV : « Ce n’est pas du AP ».
C’est quoi du AP ?
Avec quoi comparez vous ? Vos articles à vous ?