De la médiocrité (l'incivilité) à la célérité : faits divers noctambules

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Il s’agit sans nul doute de faits divers qui n’importunent que ceux qui les vivent, mais participent à l’existence de toute une société qui part en déliquescence.

Lieu : derrière Conforama, huit heures moins dix du soir, samedi. Plusieurs comités d’entreprises offrent un spectacle et un dîner repas à leurs salariés, environ 180 personnes au total, attendant l’ouverture des portes. Arrive une BMW gros calibre qui se place direct sur une des deux places « handicapés ». En sort un couple, dans la cinquantaine soixantaine, sans nulle apparence de handicap, parfaitement valides. Des gens normaux (si ce n’est qu’ils n’adressent pas le moindre regard à la petite foule en attente). Une personne, environ du même âge, interpelle le couple à deux reprises (l’homme marche à plus de dix mètres devant sa compagne, encore un galant, se dirige vers une toute autre destination que celle où il s’est stationné) et c’est la femme qui reçoit le message : « vous avez vu où vous êtes garés ? » l’interpelle cette personne. Alors le « boss » s’arrête, se retourne, revient sur ses pas et avec beaucoup d’arrogance, se jette sur l’homme en déclarant :  » qu’est ce qu’il y a, il y a un problème ? » et d’exhiber son portefeuille muni d’une carte d’ « invalide de guerre ». Le même rajoutant, avant la moindre conversation, le fatidique : « vous voulez mon handicap ? je vous le laisse. » Un discours certainement bien rôdé . Un échange rapide clora la discussion. Sans discussion, car cela est irrévocable : j’ai un papelard (et un macaron posé sur le tableau de bord). Alors un minable comme vous, je m’en tape. Cinq minutes plus tard, une berline BMW du même acabit, mêmes caractéristiques, se garait sur la seconde place « PMR » (« personnes à mobilité réduite »). Pas de fauteuil roulant, pas de cannes, pas de différence entre vous et moi, mais un macaron bien visible sur le tableau de bord.

La révolte cède alors à son impuissance : que faire ? relever les plaques d’immatriculation se rendre au commissariat pour signaler ce genre d’incivilité, d’incompatibilité flagrante, s’engager dans des procédures à n’en plus finir, à quoi bon, les passe-droit, les papiers sont très certainement légaux, du moins obtenus de cette façon (nombre d’autres cartes d’invalidité, selon des témoignages recueillis sur le moment, peuvent s’obtenir assez aisément, paraît–il). Et puis, la moindre des choses, la primordiale, qui n’est ni de gôche ni de droite, n’est’elle pas, invalide ayant pleine possession de ses moyens de déplacement physique, quand, en plus, à quinze mètres s’offre une pléthore de places, de laisser ces emplacements à disponibilité de celles et ceux qui en ont un réel besoin ? Devant l’impuissance de moyens dont disposent certains individus face à l’iniquité, au mépris de certains autres, il peut se concevoir que la colère mène à des actes farouches : carrosseries rayées, pneus crevés, violence contre violence, une loi du Talion qui mènerait à un retour de la barbarie. Mais n’est-ce pas une forme de barbarie que celle qui consiste à prendre des humains pour des chiens ?

Au sortir du show entre quatre murs, il était minuit passé, un autre prenait forme, chauffait. Un RUN. Une foule répartie sur les endroits les plus chauds du circuit improvisé se massait. Le circuit ? un quadrilatère englobant les rues qui cernent (un quadrilatère est-il inscriptible dans un cercle ?) Castorama, l’arrière de Conforama (déjà cité), soit environ un petit kilomètre. Des bagnoles qui tournent, se chauffent pour la grande course sans garde-fous, avec des spectateurs pas du genre tarpé Lexomil mais plutôt midnight running et off Grand Prix. Très chaud. Surtout quand il faut suivre le circuit pour rentrer à la maison…warning ! Suzette a pris le volant, roule dans le sens du circuit sinon tu vas t’en prendre un (conseil d’un spectateur). Nous avons fait trois fois le tour, nous étions un peu beurrés, on a même doublé deux BMW des gros calibres pourtant, et klaxonné sous la nuit étoilée, puis on s’est éteints dans la nuit paloise, comme une comète traverse de sa lumière son handicap noctambule.

-par AK Pô

18 05 2014

 

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6 commentaires

  • Prenez garde à ne pas juger trop vite : il y a des handicaps qui ne se voient pas et qui pourtant justifient pleinement l’obtention de la carte d’invalidité et de la carte de stationnement. C’est peut-être le cas pour la personne que vous avez vue l’autre soir. Et cette personne a déjà passé une visite médicale. Vous et moi n’avons aucune autorité pour lui demander de se justifier à nouveau ni pour juger du « réel besoin ». La seule chose à faire est d’aller vérifier que la carte soit bien apposée sur le pare-brise.
    Mais :
    1) la carte d’Invalidité ne dispense pas de civilité.
    2) il y a en effet de plus en plus de fraude à son obtention voire de cartes falsifiées.

  • Le « c’est mon droit » (réel ou pas) tient de plus en plus lieu de règle de vie absolue, en effet.

  • Notre ami a visiblement un problème avec les « Béhèmes » dont la densité en ces soirs de fête parait légèrement supérieure à leur part de marché. Quant à savoir s’il est plus dangereux ou plus probable de traverser le parking du Casto nocturnement ou de rencontrer fortuitement à un carrefour un citoyen en Dacia parfaitement honorable mais légèrement « beurré », retour de fête de CE un samedi soir, chacun en jugera.
    Bref, il peut vous arriver cher Karouge de vous conduire en souverain poncif, ce qui justifie que je vous baise la pantoufle avec déférence.

    • et aussi :
      3) MÊME un handicapé a le droit de rouler en BM. Dommage que BMW ne fasse pas de fauteuils électriques, qu’est-ce qu’on se marerait

  • célérité ou scélératesse ?

  • RIEN DE NEUF DANS Landerneau!!!!!
    Les « vrai » ou fausses cartes de P.M.R. fleurissent sous les pares brises….. tout au long du boulevard des Pyrénées avec les mêmes personnages au volant, pas besoins de sortir le soir.