Quand le SAMU ne se déplace pas.
L’histoire est véridique, elle se déroule en ville à Pau durant le week-end de Pentecôte. Une dame âgée en a fait l’expérience. Les services médicaux sont-il suffisants ou bien les règles d’intervention sont-elles mal interprétées ?
Il s’agit d’une dame âgée de 85 ans qui souffre de problèmes digestifs au point d’avoir perdu 12 kilos en dix jours. Ce n’est pas rien. Elle avait bien consulté son médecin et celui-ci lui avait obtenu un rendez-vous avec un gastroentérologue. Mais en attendant il fallait faire avec.
Elle vit seule et ceux qui la connaissent savent bien qu’elle n’est pas du genre à se plaindre et à trop s’écouter. Plutôt le contraire, elle serait considérée par ses amis comme une personne du genre imprudente lorsqu’il s’agit de sa santé. Pourtant ce week-end de Pentecôte, elle ne se sentait vraiment pas bien du tout et, dans sa solitude, elle fait le choix d’appeler le Samu.
Etait-ce la bonne solution ? Sans doute que non, la suite le démontre. Elle attend vingt minutes avant qu’on la prenne au téléphone. Puis de l’autre côté du fil un interlocuteur la questionne, sur son âge, sur ses douleurs, sur son suivi médical. A la fin elle s’entend répondre de manière définitive et sans appel qu’il n’y a pas de médecin pour se déplacer chez elle. On lui précise quand même que si son état ne s’améliore pas elle peut appeler à nouveau l’après-midi.
Alors sommes-nous tous égaux devant la médecine ? Etait-ce son âge qui a été pris en considération pour qu’une telle réponse lui soit faite ? Que faire quand de nos jours, malgré des obligations toujours en vigueur, plus aucun médecin n’assure de garde en ville ? Pourquoi le Samu n’a-t-il pas pris la peine de l’orienter vers un autre service ? Pau se trouve-t-il dans ce qu’on nomme maintenant un désert médical ?
Autant de questions auxquelles il est bien difficile de répondre mais qui en disent long sur l’inquiétude de certains. Surtout qu’actuellement refont surface les difficultés que rencontrent le Samu et les pompiers pour coordonner leurs interventions. Surtout également que des structures comme SOS médecins ont du mal à recruter. La conception du métier de médecin a changé et de nos jours, il n’est plus question d’accepter d’être dérangé à tout instant.
Depuis, cette dame a pu consulter le spécialiste à qui elle a raconté sa mésaventure ; celui-ci a répondu par un silence éloquent. Son état de santé ne s’est pas amélioré, d’autres examens sont envisagés.
Pau, le 16 juin 201
Par Joël BRAUD
L’attitude du samu devient inquiétant pour les personnes âgées. J’en ai fait l’expérience pour moi même et pour mes parents. Les jeunes passent avant les vieux. Ou alors il être une personnalité connue ou quelqu’ un de très riche. C’est la médecine à 2 vitesses . C’est triste.
Merci pour ce témoignage poignant.
La question importante est en effet celle que vous posez : « Faut-il tomber sur sur la bonne personne ? »
J’ai moi-même vécu cette situation un dimanche de février 2013. Mon père ägé de 91 ans ne pouvait plus ni bouger, ni parler,ni boire contrairement aux jours précédents. Après que l’on m’ait questionnée sur son âge -et j’ai eu l’imprudence de mentionner lorsqu’on m’a interrogée sur ses antécédents qu’il souffrait de la maladie d’Alzheimer, il m’a été dit qu’il n’y aurait pas de médecin pour venir le voir, bien que j’aie insisté sur le fait que cette incapacité n’existait pas la veille, qu’il semblait souffrir et que je ne pouvais même pas le bouger dans son lit , Idem avec SOS médecins….
Le lendemain, après avoir fait venir le généraliste dès l’ouverture de son cabinet, je l’ai difficilement fait admettre aux urgences où l’on commençait par attribuer son état à Alzheimer. Des heures désespérantes de plus à insister et le voir souffrir avant que l’on s’occupe enfin de lui en fin d’après-midi. Il a finalement passé une semaine dans l’
unité de soins post urgences gériatriques car il souffait d’une pneumopathie sérieuse et était complètement déshydraté.
La société a malgré tout été « soulagée » d’un cas d’alzheimer puisque une assistante sociale sûre d’elle et « efficace » ,dans le pire sens du terme, a tout de suite oeuvré à l’expédier en maison de retraite au terme de cette semaine à l’UPUG en dépit d’une nécessité évidente d’un suivi de quelques jours au moins en milieu hospitalier vu qu’l souffrait aussi d’une insuffisance cardiaque aggravée par la pneumopathie, Pas de place à Pau, ce fut OLORON même si la seule chambre libre dans cet établissement vétuste et alambiqué, loin de tous les lieux de vie, ne convenait pas à un malade Alzheimer . Moins d’un mois après il décédait après maints incidents inquiétants. .
Ma mère ayant été hospitalisée à Pau juste après lui pour la même affection, seule pour m’occuper des deux et devant me rendre à de nombreux rendez-vous pour essayer de trouver une solution pour qu’ils se retrouvent, je n’ai même pas pu être auprès de lui autant que je l’aurais voulu et n’ai pas été prévenue lorsque son état s’est aggravé un soir.
Je connais d’autres cas que celui de mon père de non assistance ou assistance trop tardive à des personnes âgées. Ceux-ci semblent se multiplier.
Je veux tout de même dire que par contre ma mère a été traitée avec une grande humanité dans les services où elle a été admise et que l’assistante sociale de cette partie de l’hôpital s’est démenée pour lui trouver une solution de placement idéale. Elle est plus jeune de 9 ans que mon père, elle n’a pas la maladie d’alzheimer…… Est-ce la raison pour laquelle elle a eu plus de chance ou faut-il tomber sur la bonne personne, l’ assistante sociale capable de compassion en l’occurence, après avoir réussi à entrer pour se faire soigner?
Beaucoup de familles sont affectées par cette impuissance à réussir à faire obtenir à leurs seniors les soins qui existent. Manque de places, de personnel…
La santé est un élément essentiel de l’attractivité d’un territoire.
La désertification médicale de Pau est en très bonne voie. Essayez de prendre un Rv chez un ophtalmo, un dermato ou chez n’importe quel spécialiste ou à peu près. Il m’a été proposé sans rire chez l’un d’entre eux un rendez-vous en février. Si, vous avez bien lu., février. Et nous ne sommes pas à Vezoul ou à Béthune ! Je suis étonné que personne ne soulève un problème qui me parait devoir s’aggraver et dont les conséquences se retrouvent dans l’activité et la qualité des soins des services d’urgence eux-mêmes en sous effectif. Alors si vous êtes vieille et que c’est le week-en de la Pentecôte, c’est vraiment pas de chance ma petite Dame…
Un mot encore sur les garde-chiourmes qui assurent le secrétariat de ces Messieurs Dames avec un détachement cynique qui fait peur le plus souvent. Incapables d’organiser un véritable agenda qui ne générerait pas des heures d’attente, incapables de rappeler un patient inquiet lorsqu’une place se libère au dernier moment. Tout juste bons à réclamer une carte vitale et à vous envoyer croupir en salle d’attente, sans un sourire ni une parole aimable. Sauf à la copine avec laquelle elle téléphone pendant des heures en vous faisant profiter des détails de ses déboires conjugaux.
Alors c’est certain, on se repasse sous le manteau le nom des bons médecins de famille ou des bons spécialistes, disponibles, compétents et humains, car heureusement il en reste. Je ne vous donnerai pas le nom du mien, le pauvre est complètement débordé. Bien qu’il gère lui-même ses rendez-vous et vous prenne toujours directement au téléphone. Oui, il en reste au moins un à Pau. J ‘ai peu de respect pour les autres et ceux ou celles qui préfèrent « leur qualité de vie » aux exigences certes très élevées du métier qu’ils ont pourtant choisi.
JB: « Elle attend vingt minutes avant qu’on la prenne au téléphone ».
J’ai des doutes quand même sur ce que peut raconter cette personne âgée. N’a t-elle pas quelque peu « perdu la tête », ne serait-ce qu’à un moment donné ?
RdV, cette dame n’a pas perdu la tête et n’est pas en passe de la perdre. Elle vit seule, était jusque là parfaitement autonome. Vos doutes confirment que cet épisode est inadmissible parce qu’à peine croyable. On ne lui a pas conseillé d’appeler SOS médecin. On ne l’a pas dirigée sur une autre structure telle que pompiers ou ambulance. Je crois moi, que cette dame n’a pas été suffisamment alarmiste.
C’est possible. J’ai vécu ça une fois avec une personne âgée que je connais bien et qui n’appelle généralement le médecin que lorsque le pb de santé devient insupportable. Je lui ai demandé d’appeler immédiatement son médecin pour lui signaler une douleur dans la poitrine et elle lui a simplement dit qu’elle se sentait pas bien ! Cela dit, les médecins sont débordés et ont sans doute « expédié » le cas de cette personne âgée. N’est-ce pas un pb de numerus clausus… ?
. On ne lui a pas conseillé d’appeler SOS médecin. On ne l’a pas dirigée sur une autre structure telle que pompiers ou ambulance.
Il y a là une mauvaise compréhension du fonctionnement de ce service : quand on appelle le 15, la personne au bout du fil fait appel directement aux pompiers, ou à une ambulance, ou à SOS médecins, si elle le juge utile. SI elle « conseillait » simplement de le faire elle serait en faute.
Je ne connais pas le cas de cette dame, mais quand on appelle le 15 on tombe sur un « médecin régulateur », qui est chargé d’évaluer le degré d’urgence de la situation, et en fonction de déclencher les moyens appropriés : soit l’envoi du SAMU ou des pompiers, soit une ambulance privée, soit un médecin de garde, soit… rien du tout. En l’absence de médecin de garde disponible Il a dû juger, à tort ou à raison, qu’il n’y avait ici pas de caractère d’urgence suffisant pour justifier une ambulance. Mais le problème est plus celui du manque de médecins de garde que celui du SAMU : la SAMU ne se déplace que pour les urgences vitales, ce qui n’était apparemment pas le cas.
tout est dit.
Tout, autour,
Rien au centre, le triangle des Bermudes,
certains ont bien du courage, pour remettre en ordre tout cela.