Et si on redescendait sur terre, celle de nos ancêtres !
Depuis longtemps, l’homme a géré sa société et son économie sans se soucier de ses racines ; il a fallu changer souvent, du fait d’incompatibilités devenant létales ; au cours des dernières décennies, le communisme a vécu, le libéralisme, essayé depuis longtemps, est à l’agonie, fortement ébranlé par des crises de plus en plus insolubles.
Revenons aux sources : associer économie et écologie, c’est une autre façon de réfléchir avant d’agir.
«Economie» et «Ecologie» ont la même origine, la même racine: «oïkos» signifie «maison», maison devant être pris au sens large, la planète entière. En grec, le mot «logos» est la connaissance. Ecologie signifie donc «la connaissance de notre planète terre (notre maison), la manière dont toutes les espèces sont reliées entre elles et avec leur environnement. Le soleil, l’eau, la terre, donnent la vie aux plantes, aux animaux donc aux humains. Tous les éléments permettent cette vie et l’entretiennent: c’est une interrelation permanente. Il y a une extraordinaire coordination dans la nature: tout le monde participe à la vie de tous. La connaissance de ces relations, c’est «logos». L’écologie est une science d’investigation du fonctionnement du monde vivant, des liens, des échanges réciproques entre les êtres et les choses. Ce n’est ni une politique, ni une philosophie, ni une religion(1), sauf pour ceux qui la déforment. Les chercheurs dans ce domaine ne sont pas des « écologistes » mais des « écologues », comme on cite les cardiologues les géologues….qui font de la cardiologie, de la géologie.
Quant à l’économie, «Oïkos» est la maison au sens large, et «nomos» signifie la gestion. L’économie est donc la gestion de la planète terre.
Ce n’est pas une discipline objective mais une politique, on ne parle pas d’«économiologie» ni «d’économiologues» mais d’«économistes» auréolés du suffixe «iste» porté par tous les extrémismes: comme dans communiste, écologiste, anarchiste, islamiste, etc.
De l’écologie à l’économie, on passe donc de la connaissance à la gestion, de la science à la technologie ; l’une apporte l’information, l’autre assurant sa gestion «technologique». Il y a complémentarité, la seconde dépendant de la première.
Vouloir que l’environnement s’adapte à l’économie est un contresens.
Gérer la planète, c’est gérer le tout: air, eau, sol, sous-sol, animaux, végétaux, humains, etc. De nos jours, le sens d’écologie est réduit à l’étude d’une seule espèce, l’espèce humaine bien sûr, et le sens d’économie à la seule étude de l’économie humaine à travers la finance.
Le sens original de ces deux mots, leur vrai sens, a donc été perdu.
Dans les universités, ce ne sont pas les mêmes étudiants qui reçoivent un enseignement en écologie et en économie. Nos économistes, sauf à titre personnel, n’ont absolument aucune connaissance de l’écologie véritable.
Or, si on en revient au sens premier: on ne peut pas être un bon économiste si l’on n’est pas un bon écologue.
Pour gérer quelque chose il faut connaître ce qu’on gère, structurellement et fonctionnellement. Les deux matières devraient être enseignées ensemble sinon on marche sur une seule jambe et on finit par tomber. C’est ce que fait notre société.
L’économie est une chose trop sérieuse pour être confiée seulement à des économistes.
«L’économie» de la nature est basée sur la diversité et le recyclage, c’est pour cela qu’elle s’adapte et perdure: les graines donnent des plantes qui se nourrissent dans le sol ; les fleurs se forment puis les graines ; ces dernières tombent ainsi que les feuilles. Des micro organismes innombrables en qualité et quantité décomposent feuilles et bois mort en terreau et nutriments, et le cycle recommence !
Pour perdurer, l’économie humaine doit aussi être cyclique et diversifiée ; l’idée même de croissance quantitative infinie est une aberration : plus d’aéroports, plus de routes, de camions, plus de bâtiments, de centres commerciaux…Cela ne s’arrête jamais ! On voit, on veut, on achète, on jette ; les décharges se remplissent, la pollution et les microbes s’en donnent à cœur joie……
C’est «le cumul des mandats» pour polluer !
Un des critères d’une bonne gestion sociétale est l’absence de décharges.
Extrapolons, dans «décharges» il faut inclure le physique mais aussi le culturel : le chômage, ce gaspillage de savoir faire, d’énergie, etc., est une vraie «décharge» culturelle ! Les chômeurs non recyclés sont une perte pour le progrès de la société.
Un véritable fossé s’est creusé entre écologie et économie: la première est restée le résultat d’un fonctionnement collectif sans hiérarchie de valeur, alors que la seconde à évolué vers un fonctionnement individualiste avec dominance.
Ce n’est pas le P.I.B (en incluant, suggère-t-on maintenant, le commerce de la drogue et de la prostitution !) ni la production d’armes et de voitures qui font la grandeur, la richesse et le rayonnement d’un pays, c’est sa langue, sa culture, sa créativité artistique, technique et scientifique.
«L’altruisme envers les générations futures est un moteur plus puissant que l’individualisme animant aujourd’hui l’économie de marché» Jacques Attali.
L’organisation collective est un principe d’adaptation et de survie. Pour l’animal comme pour l’homme, la vie en groupe n’est pas un choix mais résulte des conditions d’émergence de l’espèce dont les bénéfices sont évidents : forces d’attaque et de défense supérieures, intérêt de la «division du travail», quête et partage de la nourriture. Les avantages de la vie collective ne sont pas le propre de l’humanité, c’est la survie pour de nombreuses sociétés animales.
Certains évoquent le manque de propositions de l’écologie pour résoudre les problèmes sociaux et sociétaux. Des recherches et des résultats sont publiés, c’est l’objet de l’écologie, des conseils sont donnés constamment ; c’est aux politiques d’agir mais ils sont comme des ados ignorants, en rébellion contre ces évidences jugées «irrecevables», tournées souvent en ridicule, car inadaptées aux exigences, prétendues prioritaires, de l’économie programmée actuellement (inversion des rôles).
Pourtant, les bilans catastrophiques fournis par l’actualité sont là ; les propositions de « l’économie » ont eu leurs heures de gloire ; c’est maintenant fini; «un schisme» s’impose. Schisme, c’est bien le mot qui convient; la philosophe et sociologue Dominique Meda, nous invite à réfléchir à ce qu’elle appelle «La mystique de la croissance».
«C’est à ces impératifs chiffrés, et souvent baroques, qu’on nous demande sans cesse de nous adapter. Et, quel qu’en soit le coût pour la planète. Cette croissance obligée correspond à ce que les Grecs appelaient l’hubris, la démesure. Ils la jugeaient sévèrement. Pour eux, une société n’était vraiment civilisée que si elle était capable de «s’auto–limiter».
L’obéissance aveugle à cette mystique productiviste, au nom d’un prétendu réalisme, c’est bien le refus de s’auto-limiter.
L’auto-limitation n’est-elle pas une qualité primordiale de la vie en société ?
Antoine Nouis, de l’hebdomadaire protestant «Réforme», citait Moché Luzzato, un théologien juif du XVIIè siècle : «C’est un stratagème du mal, une de ses ruses, que d’accabler le cœur des hommes par un travail ininterrompu, de sorte qu’ils n’ont plus de loisir pour analyser et méditer la voie à suivre.»
Actuellement, il n’est plus question de choisir une voie mais de suivre celle qui est imposée, incontournable par définition !
La croissance vraiment durable n’est pas une addition de quantités mais de qualités, elle résulte d’un élan collectif, un dessein partagé.
La mesure prioritaire à prendre est que tous : étudiants, enseignants, économistes, politiques, gestionnaires…., «Monsieur et Madame tout-le-monde», reçoivent une formation approfondie en sciences et en écologie ; tous pourront alors «parler la même langue», comprendre et se comprendre ; les solutions tomberont alors sous le sens !
(1) Tout étant relié à tout: vie, terre, soleil, cosmos, l’écologie est une science de la reliance comme dit E.Morin. Si on s’en réfère à l’étymologie, on peut donc l’assimiler à une religion (qui relie), mais sans idoles !
– par Georges Vallet
crédit photos: passerelleco.info
On ne peut qu’être d’accord sur la majorité des constats.
On pourrait y rajouter tous les constats sur la dégradation extrêmement rapide de notre environnement (océans qui se vident, continents de plastique, disparition des insectes, pollution gigantesque des sols et de l’eau, etc…)
Et après?
Comment infléchir (rapidement car ça brûle!) la trajectoire vers une économie durable sur une planète ou aucun des pays (a commencer par la France) n’accepte simplement une croissance nulle?
La décroissance SELECTIVE, disons, pour simplifier, sur les produits polluants. Comme on en a parlé une fois, il faudrait augmenter le prix du carburant de « 1 € » pour sauvegarder la planète, mais celui qui prendrait cette mesure se ferait littéralement couper la tête. Par contre, rendre le solaire thermique ou la géothermie obligatoires, tout comme la rénovation thermique de l’habitat, cela est possible. Mais ce n’est pas fait. Comment parler d’un changement de système alors que des mesures très simples allant doucement dans ce sens ne sont même pas prises ? J’en reviens souvent à la honte que représente l’absence de parking de covoiturage aux échangeurs d’autoroute alors qu’il y a des champs immenses à côté, une nouvelle piscine avec certains avantages thermiques mais sans panneaux solaires thermiques. Ce sont des points de départ faciles et rentables immédiatement pour la société et sans même besoin de subventions. Le changement ne vient généralement que par la pression de certaines minorités déterminées, situées dans « la base ». Ce n’est pas la sphère politique qui fera avancer les choses de manière suffisante.
Le système capitaliste mondial est très puissant et l’opinion fabriquée précisément par les médias. Ca fait un moment que certains attendent la chute de ce système mais il est toujours là, pour le meilleur et pour le pire. Quant au réchauffement climatique, pudiquement appelé « changement climatique », il fera crever les plus pauvres, les plus riches seront à l’abri.
Cela dit, on parle peu dans ce site (c’est un reproche que je peux me faire à moi-même aussi) de toutes les initiatives de développement durable et d’économie durable. Car il y en a, elles existent et sont à promouvoir. Le changement ne peut venir que de la multiplication de ces expériences réussies.