Nouvel organigramme des services. Une organisation réactionnaire ?

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original.47653« Infiniment trop incompréhensible, trop complexe, illisible, abstraite, coûteuse, labyrinthique, contre-productive,… », voilà quelques uns des adjectifs employés par François Bayrou pour qualifier l’ancien organigramme des services lors du conseil municipal du 10 juin.

Et encore, notre maire a rappelé durant cette même séance qu’il fallait ne pas être trop critique à l’endroit de ceux qui l’avaient mis en place.

Cette séance municipale nous a donc permis de découvrir le nouvel organigramme des services. Monsieur Bayrou avait préparé son affaire en prenant soin de montrer à l’écran les schémas des deux organigrammes. Effet garanti  :

  • Avant : complexité, lourdeur.
  • Maintenant : simplicité, efficacité.

Ce sont d’ailleurs les mots utilisés par M. Bayrou pour qualifier sa nouvelle organisation « simplicité, sobriété, efficacité ». On ne peut que le croire.

Même si nous ne renions pas les critiques de l’ancien schéma, car certaines sont évidentes, nous pensons en réalité qu’il n’existe pas de bon ou de mauvais organigramme.

Les schémas organisationnels sont des outils qu’il convient de choisir en fonction des objectifs visés, de l’état d’avancement par rapport à ces mêmes objectifs au moment du démarrage, et enfin et surtout du niveau d’expérience des équipes.

L’ancien organigramme présentait une organisation dite matricielle, c’est à dire une organisation à la fois horizontale et verticale qui, de manière générale, fait la part belle à la recherche d’innovation et qui vise l’atteinte d’objectifs en mode projet en alliant autonomie et travail d’équipe.

Comme toute création humaine, ce type d’organisation souffre de certaines imperfections : coûts humains élevés, perte de repères dans le qui fait quoi, conflits entre le management hiérarchique et fonctionnel,…

Ces imperfections peuvent être grandement atténuées par une présence forte de l’équipe décisionnelle. Or le cumul des mandats et fonctions d’une bonne partie de la précédente majorité ne pouvait rendre que difficile sinon impossible la gestion d’une telle organisation.

Cependant, les griefs de M. Bayrou contre ce schéma, ne sauraient minorer les avantages de ce dernier car il est aujourd’hui le modèle dominant. En effet, la Croissance prônée par tous nos dirigeants politiques repose en grande partie sur la capacité d’innovation qui elle-même s’exprime le plus efficacement justement dans des organisations matricielles.

Il suffit pour s’en convaincre de rappeler que les entreprises de la Silicone Valley fonctionnent quasiment toutes sur ce schéma. Et on sait qu’en quelques décennies, certaines d’entre elles sont devenues économiquement plus puissantes que des nations !

Dans un monde multipolaire et décentralisé, M. Bayou a fait le choix pour Pau d’une organisation verticale, centralisée et hiérarchisée, donc conservatrice, donc de droite, donc réactionnaire.

Le phénomène réactionnaire comme aiment à le détester les progressistes de gauche (sans quoi ils n’existeraient pas idéologiquement), n’est pas un mal en soi. Au contraire et Dieu merci, il est même naturel. Le corps humain par exemple est réactionnaire. Un sportif vous le dira, trop de compétitions et c’est une fracture de fatigue qui arrive. Un cadre du privé également, trop de projets menés de front et c’est le risque du « burn-out » qui se profile.

On l’a dit précédemment, le principal risque pour une organisation matricielle est la non présence des décideurs ou chefs de projet. Le fait que M. Bayrou soit à temps plein pour Pau aurait permis justement de tirer le meilleur parti d’une organisation matricielle.

Une organisation verticale offre les avantages déjà cités dans ce texte comme la simplicité et l’efficacité, pourtant, de la même façon que les agents, cadres et syndicats se plaignaient du manque de visibilité de l’ancienne organisation, ils se plaindront demain de la rigidité et du manque d’ouverture de la nouvelle.

Ne pouvant méconnaître les avantages de l’ancienne organisation, on peut donc s’interroger sur le choix de notre maire de repartir sur une toute nouvelle organisation. Ce choix a t-il été dicté par  :

  • un confort intellectuel (je pense ce que je sais) ? (Cf. même directeur de cabinet lors de son passage au gouvernement et à la présidence du CG)
  • une peur de l’échec après tant d’années dans l’opposition avec aujourd’hui l’obligation de réussir ?
  • une volonté de reconstruire des fondations saines pour les générations futures après 40 ans d’anarchie socialiste ?

Nous ne doutons pas que la nouvelle direction des services puisse être plus compétente que la précédente, (M. Dartigolles en est quant à lui déjà absolument certain), nous savons cependant que tout changement génère des coûts non prévus au départ. Aussi une innovation « incrémentale », c’est à dire une amélioration de l’ancienne organisation, aurait été, peut-être, un choix plus pragmatique et moins coûteux même si le passage de 5 à 2 directeurs adjoints pèse lourd dans la balance du nouveau changement.

Quant aux jeunes politiciens ayant intégré directement ou indirectement cette organisation et ayant déclarés en off vouloir réformer le système de l’intérieur, nous leur souhaitons doublement du courage : une révolution intérieure n’est jamais chose aisée qui plus est dans ce type d’organisation.

– par Mehdi Jabrane

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11 commentaires

  • Vanmeulebroucke Guy

    Bonjour(?),
    Un article qui devrait en intéresser plus d’un:
    Didier Seban et Lorène Carrère,Avocats à la cour, Cabinet …
    Gazette des communes ‎- il y a 9 heures
    Les nouveaux élus prennent des risques en ne s’appuyant pas sur leurs services, … Nouveaux élus, de grâce, faites confiance aux territoriaux !

  • Très bon article même si je réfute l’idée droite = réactionnaire. C’est une caricature et en ce moment c’est plutôt la gauche qui est réac.
    Quant à Bayrou c’est d’abord une organisation qui lui convient à lui.

    • Merci Emmanuel. On est d’accord j’ai effectivement un peu forcé le trait..Mais en visionnant le conseil d’agglo du même jour, il y a quand une même une volonté forte de FB de reprendre la main en tant que « chef »…Ce qu’a encore une fois apprécié O. Dartigolles (décidément…). Pour ma part l’intervention de M. Lalanne sonnait juste.

  • Cela rappelle quelque chose à notre ami PYC.
    A Oloron le directeur général des services recruté par monsieur Uthurry ( mauvaise pioche à l’évidence..) dans une petite structure comme la ville (même pas mutualisée avec la communauté des communes) a souhaité mettre en place une telle organisation. Il a supprimé les grandes directions : finances, personnel, services techniques, culture, sport, etc…et les a remplacées par des intitulés incompréhensibles pour le commun des mortels et la population ..Résultat une pagaille noire au sein des services qui explique largement la défaite (de 8 voies)….avec l’ erreur fatale de l’avoir couplée avec le régime indemnitaire…les élus ont pensé que cela faisait moderne et ont tout avalé .
    Cela dit une bonne organisation matricielle ce n’est pas cela .C’est séparer les services support (finances, personnel, informatique, achats..) des services opérationnels ( services techniques écoles état-civil..) D’ où l’image d’une matrice dans la présentation.
    Les services opérationnels qui ont, entre autres, la population pour clients devenant les clients des services support .L’archange de Bordères a semble t-il souhaité revenir à une organisation très années 50…un tant soit peu courtelinesque qui peut sans doute fonctionner.

  • «Dans un monde multipolaire et décentralisé, M. Bayou a fait le choix pour Pau d’une organisation verticale, centralisée et hiérarchisée, donc conservatrice, donc de droite, donc réactionnaire.»
    «Le corps humain par exemple est réactionnaire.»
    Je pense ne pas me tromper en définissant un réactionnaire comme celui défendant une politique prônant et mettant en œuvre un retour à une situation passée réelle ou fictive, donc opposé au progrès, révoquant une série de changements sociaux, moraux, économiques et politiques.
    Je n’ai pas la compétence, ni le goût, pour apporter un jugement sur la première partie définissant la politique de M.Bayrou, mais je me permets d’intervenir sur la deuxième phrase concernant le côté réactionnaire du corps humain.
    Notre organisme est un ensemble complexe multipolaire et décentralisé; il comprend, comme notre monde, à une autre échelle, des milliards de cellules ayant un même patrimoine génétique, celui issu de l’oeuf originel; elles vivent en association obligatoire avec un nombre considérable d’autres cellules appartenant à de très nombreuses espèces: bactéries, champignons, virus….Il y a dans notre corps plus de cellules «étrangères» que de cellules originelles; c’est en grande partie grâce à elles que l’on peut vivre!. A méditer!!
    C’est le fonctionnement «collégial»de tout cet ensemble, sans hiérarchie ni dirigisme qui assure la survie et l’adaptation au changement environnemental. C’est ce modèle qui a permis de générer et d’entretenir depuis des milliards d’années la vie et de faire apparaître l’homme.
    Ce n’est pas un retour à une situation passée, comme dans la «réaction», mais un retour, après modifications (progrès) à un nouvel équilibre compatible avec les nouvelles exigences environnementales.
    Il ne faut pas confondre «l’organisation» et le «fonctionnement».
    «L’organisation» c’est-à-dire la constitution, n’est pas centralisée, le cerveau est un organe qui n’est pas au «centre» mais à la «périphérie».
    «Le fonctionnement» non plus, car chaque organe à sa propre indépendance et spécialisation. On peut donc parler d’une gestion matricielle.
    Le cerveau n’est pas un supérieur hiérarchique qui commande, ce n’est pas un «Directeur» mais un «Président»; c’est un «coordonnateur» qui s’emploie à gérer au mieux de l’intérêt collectif, les besoins des uns et des autres: nutrition, élimination des déchets, protection….. Grâce à ses relations privilégiées avec le milieu extérieur il s’efforce d’orienter l’écosystème c’est-à-dire l’ensemble de l’organisme dans un comportement favorable, celui de pourvoir à la faim, la soif, la reproduction, la protection…S’il «s’enrichit» au contact du milieu, grâce à l’expérience, ce n’est pas pour son profit personnel mais pour l’intérêt de tous donc l’intérêt de la société que forme notre individu. Tout enrichissement personnel conduit fatalement à la pathologie! A méditer!!
    En conclusion, le corps humain n’est pas«naturellement» réactionnaire, par contre, il n’en est pas de même de la culture développée par la société des hommes: hiérarchie, individualisme, inégalités trophique et culturelle…, En persistant ainsi, elle a peu de chance de survivre aussi longtemps que la plupart des autres espèces.
    Bien à vous.

  • Vanmeulebroucke Guy

    Bonjour(?),
    Restructurer,réorganiser est une chose,en tenant compte peut-être?des grands principes connues des gestionnaires que sont le POCCC et le CQQCOQP.Il convient toutefois de ne pas faire preuve d’hypocrisie et se masquer la face en matière de gouvernance éthique et d’une gestion publique efficiente.
    Nous savons bien,toute couleur politique confondue,qu’à tous les échelons il peut y avoir des abus et certains états majors y compris dans le mille-feuilles ont souvent des effectifs pléthoriques relevant plus du copinage,cousine et autres cuisines politiques. Or,à priori il ne suffit pas de réorganiser en haut si l’on n’améliore pas l’organisation de certains services opérationnels en bas selon le cas,en moyens matériels voire humains.
    Dans services publics,il y a « services »et entre public et privé il y a qu’en même une petite nuance d’autant que ces services sont variés.
    Les élus en général sont très doués pour vouloir nous faire avaler des couleuvres et le fait de nous bassiner avec la fameuse réforme territoriale qui n’a qu’un but,détruire les pouvoirs de décisions et les services de proximité aux profits d’un centralisme régional oligarchique et despotique,loin des yeux et du cœur comme l’on dit, en est un exemple.
    Réforme qu’ils disent,c’est sans doute pour cela que le parlement (droite et gauche,en partie)vient de faire grossir le mille-feuilles avec un nouveau gadget dénommée SEMOU.
    Ils auraient pu aussi l’appeler semoule,au point ou nous en sommes.
    L’Assemblée adopte la Sem à opération unique – Lagazette.fr
    http://www.lagazettedescommunes.com/…/lassemblee-adopte-la-sem-a-operatio...
    14 mai 2014 – L’assemblée nationale a adopté, vendredi 7 mai 2014, en première lecture, la proposition de loi permettant la création de sociétés d’économie …

  • Je suis ahuri d’apprendre que les services de la ville de Pau avaient été organisés de manière matricielle. Pour les comparer à des entreprises innovantes de la Silicone Valley, il faut avoir l’enthousiasme positif mais quelque peu détaché des réalités de notre auteur….
    Plus généralement, les organigrammes à double entrée sont réservés à des entreprises multinationales à structures complexes. Exemple typique, une hiérarchie par pays, doublée par une hiérarchie par domaine. Dire que c’est un facteur d’innovation est sans doute très exagéré. C’est surtout un moyen classique pour éviter la création de baronnies indépendantes et pour imposer en local des méthodes venant du siège. Il n’a pas été prouvé jusqu’à présent en France que cette organisation améliorait nettement la culture du consensus, au contraire. On peut le regretter mais c’est un fait. Les français aiment savoir ce qu’ils ont au dessus et en dessous. Inutile de leur compliquer la vie avec ce qu’ils ont à côté.
    Donc je coche une nouvelle case « Plus » dans la checklist Bayrou.

  • On verra surtout les résultats de cela au bout de 5 ans, sur le niveau des impôts locaux, l’entretien de la ville et les investissements utiles qui auront été réalisés.
    Une organisation verticale, pourquoi pas, si le maire prend les bonnes décisions. Ne pas oublier qu’aujourd’hui, ce n’est qu’un roitelet, on verra ce qu’il aura accompli dans quelques années.
    L’organisation matricielle et la référence à la Silicon Valley: sans vouloir en aucune manière diminuer le travail des employés de la ville, les problématiques traitées sont probablement nettement moins complexes que celles traitées par les chercheurs de la Silicon Valley.

  • Le problème des organisations est toujours complexe. Ici il aurait été interessant de mettre en annexe les deux organigrammes pour pouvoir en parler et comparer.
    Autre préalable, je ne suis pas sûr du tout que FB ait des idées claires concernant les organisations. Dans les partis qu’il a dirigé il n’a appliqué qu’une organisation: je décide de tout tout seul.
    Une fois ceci posé, la première question est : une nouvelle organisation pour quoi faire?
    Quels sont les domaines prioritaires et ceux qui sont amenés à disparaitre, a être sous traités?
    Quels sont les objectifs? Chiffrés bien sûr.
    Là je ne vois rien de clair, comme d’habitude chez FB.
    En particulier cette organisation devrait viser une optimisation du personnell pléthorique de la ville de Pau. Où est l’objectif: diminution de 20% ? Combien?
    De plus, ou avant tout, un point majeur a t il été pris en compte: l’imbrication de l’organisation paloise avec celle de l’agglo, de plus en plus d’agents étant impliqués dans les deux organisations. Il est clair que la cible organisationnelle à 5 ans doit prendre en compte cette dimension majeure avec également une certaine « standardisation » des organisations dans les autres communes de l’agglo.
    Dans ces domaines: pas un mot.
    Cela montre bien la limite totalement démagogique de la démarche.
    Quant à savoir si une organisation verticale ou matricielle est plus performante, il faut ajouter d’autres éléments pour en juger.
    La tendance vers des organisations orientées « objet » avec des groupes autonomes a de gros avantages a conditions que les projets et leurs objectifs soient importants et bien identifiés avec des ressources humaines importantes . Pas fréquent dans la gestion d’une ville. Et dans ce domaine la présence ou non de F Bayrou n’a strictement aucune influence pour le choix d’une organisation.

    • La complexité de notre monde actuel passe obligatoirement par des organisations élaborées. Les organisations de nos institutions idem…On peut même dire que les strates de nos collectivités complexifient les organisations au-delà de ce que peuvent avoir à gérer les entreprises privées.
      Un point sur lequel FB a été fragilisé est celui sur la compétence du développement économique. FB s’en est sorti par une pirouette « on n’a pas eu le temps de bien la travailler dans l’organigramme. On va la mettre dans la case bleue à gauche » (voir la vidéo à partir de la 57ème minute et l’intervention de C. Laine : http://www.dailymotion.com/video/x1z89ja_conseil-communautaire-du-10-juin-2014_tv).
      Par rapport à l’agglo donc, il est évident que l’organigramme présenté par FB était loin d’être satisfaisant et qu’il sera amené à se complexifier et donc à « s’horizontaliser ».
      D’accord aussi sur les objectifs. Je ne suis pas sûr qu’au bout des 6 ans, les syndicats n’aient pas non plus autant de griefs qu’ils en avaient contre la précédente organisation. Là encore M. Lalanne, tout en sagesse, a visait juste : pas d’euphorie…