Réforme territoriale : différence culturelle et linguistique.
Le débat fait rage à tous les niveaux pour s’opposer au projet de redécoupage des régions. Les arguments les plus variés et souvent les plus contradictoires sont soutenus par les uns et par les autres. On finit par en oublier l’objectif principal, une simplification administrative par une réduction des étages du millefeuille. Alors quand on nous parle de cohésion culturelle ou d’identité linguistique il faut se poser la question de savoir si ces principes sont incontournables et si, jusqu’à maintenant, ils ont été respectés.
La région aquitaine est sans doute à ce propos un bon exemple. On y trouve d’une part le pays basque à la culture différente des autres. Géographiquement ou administrativement placé dans le pays Gascon, il n’a pas non plus la même langue, mais l’Euskara. Et pourtant personne n’ose le rejeter au prétexte de ces différences qui, après tout, ne font qu’enrichir l’identité aquitaine.
Existe aussi un petit territoire que personne, ou très peu connaissent ; il se situe au nord de l’actuelle région, aux confins du pays gascon, du Languedoc, du Limousin et surtout de la Saintonge. Ce petit territoire n’est pas dans la zone de la langue occitane mais dans celle de la langue d’oïl. Il existe tout simplement et n’a jamais soulevé auprès de quiconque une nécessité identitaire particulière. Il s’agit de la Gabay ou Gabaye. Son parler s’apparente au saintongeais. Un exemple de la nécessaire diversité.
Pour les plus cultivés, il a ses bardes qui se nomment Goulebenèze et Odette Comandon. On l’appelle aussi pays gavache parce qu’il se situe au nord et que l’on considère comme « canailles » ces gens prétendument étrangers, venus de si loin. Pourtant il constitue une sorte de charnière entre deux régions comme pour rappeler qu’après tout elles ne sont pas si éloignées que cela.
Par le découpage administratif, il appartient au département de la Gironde et jamais il n’a songé à prétendre que sa différence devait lui octroyer un traitement particulier ou une considération spécifique. Mais pour quelle raison a-t-il été inclus dans le département de la Gironde ? On ne sait pas vraiment si ce n’est dire que là, comme dans le bordelais, on y cultive la vigne. Une considération économique en quelque sorte.
Alors quand on nous serine les oreilles avec des besoins ou des obligations identitaires reposant sur l’unité culturelle et linguistique on nous bassine. Le vrai risque pour le Béarn c’est de se faire oublier au sein d’une très grande région parce qu’il se perd dans un cul-de-sac.
Pau, le 22 juillet 2014
Par Joël BRAUD
L’objectif principal de la réforme me parait être, aussi et surtout, de conforter les effets métropolitains. C’est-à-dire, accroitre la compétitivité nationale face à la mondialisation en s’appuyant sur des métropoles régionales. Pour l’instant, les régions actuelles sont plutôt en compétition entre-elles.
L’identité culturelle est aussi un levier du développement mais n’a pas besoin d’une organisation hiérarchique pour se construire. A mon avis, elle vient de la base.
La réforme, en l’état actuel c-à- d Aquitaine + Charentes + Limousin, ne présenterait donc que des risques pour le Béarn. N’y aurait-il pas aussi des opportunités ? Quel est le modèle d’organisation proposé par les élus pour le Béarn ?
Quelques constats :
– Depuis des années tous nos élus ont considéré qu’il fallait se développer pour faire face à Bordeaux. Je constate que le Béarn est toujours dans le même état d’esprit.
– Les élus de Charente-Poitou et du Limousin n’ont pas cette méfiance. Ils ont réclamé une alliance avec Bordeaux.
– Comme les Pays de l’Adour, le Centre ne possède pas de villes métropoles capables d’agglomérer les compétences. Tout est aspiré par Paris et les autres métropoles régionales. Que les Charentes, le Limousin cherchent à s’arrimer à Bordeaux est donc compréhensible. Ce qui est compréhensible pour eux ne le serait pas pour nous.
– Toulouse a fait le choix de se tourner vers Barcelone et Lyon. C’est-à-dire le réseau des grandes villes qui s’étend de l’Espagne vers le Nord de l’Europe et le Nord de l’Italie. Le « TOP 14 » en quelque sorte.
– Bilbao, Saragosse et Bordeaux sont des métropoles de rang inférieur. L’arc atlantique équivaudrait plutôt à la « proD2 ». Le Béarn et le Pays Basque (les Pays de l’Adour) sont dans ce réseau (en Fédérale I ou II).
– Le reproche principal fait à cette réforme est qu’elle promeut le modèle des métropoles qui est le plus efficaces en terme de création de richesse. Mais ce modèle délaisse les périphéries où se situent les emplois les moins qualifiés et les faibles revenus.
– Les périphéries ne sont pas toutes atteintes par le fléau du chômage mais le sentiment d’abandon ou de risque de déclassement est omniprésent (cf. vote FN, bonnets rouges, principauté de Laàs, par exemple). Voir par exemple la thèse du géographe « Christophe Guilluy ». C’est aussi en partie, ce que reprenait M. Grosclaude sur ce site.
– Il y aura au cours des années des évolutions à ce découpage. La notion d’archipel devra trouver sa place. C’est peut-être ce que Bourgogne/Franche-Comté veut faire dès maintenant. Pour les zones dans l’orbite proche de Paris comme le Centre se sera plus tard. Idem pour la Normandie avec l’axe Grand Paris- Le Havre (et non pas Normandie- Nord-Pas-de-C, comme demandé par Mme Aubry) ou pour les régions rurales (Pays de l’Adour ?).
– Un rappel en attendant le retour des États montagnards (cf. un commentaire de M. Lacanette) dans quelques siècles ou moins si le réchauffement climatique s’accélère. Il y a mille ans, le Béarn s’est créé à l’extrémité d’une province étirée avec un pouvoir divisé et éloigné à… Poitiers. L’éloignement peut être une opportunité.
– Une réforme n’est jamais parfaite. Les zones frontières peuvent se sentir hors-jeu. Cela dit, lors de la dernière messe CCI à l’hippodrome, j’ai compris que l’effet frontière pouvait être plus faible entre nations qu’entre régions…
Alors quid de la coopération entre voisins territoriaux, comme Béarnais et Bigourdans (et, peut-être aussi Basques et Landais) ? Pôle métropolitain ?
– Le risque de ne rien faire est de voir les mécanismes de péréquation se bloquer, faute d’argent à redistribuer. Ce ne sont pas les régions qui menacent l’éclatement de la nation mais les métropoles les plus riches qui en auront marre de payer (cf. Catalogne ou vallée du Pô). A noter qu’il n’y a pas que les métropoles qui en ont marre de payer…
– M. Habib aura d’autres occasions de détester M. Rousset. M. Habib est aussi allergique au SCoT.
– M. Bayrou est certainement marri de devoir partager l’exclusivité de sa relation avec M. Juppé, avec MM. Bussereau ou Raffarin. Au moins jusqu’en 2017. De plus, l’influence du Modem en Aquitaine (en France et dans le monde) diminuera mécaniquement.
– M. Lasserre qui préfère Bordeaux cherche à tirer des bénéfices politiques des inconvénients de cette réforme face à la gauche (départementale, régionale et nationale).
– M. Emmanuelli choisira Bordeaux. Le département de Landes est attaché à Bordeaux comme le Gers l’est à Toulouse.
– Que feront MM. Pélieu ou Trémège. Rien. Ils attendent la TCP.
Bravo !
Le Pays Gabay ou Grande Gavacherie a toujours fait partie du Bordelais ou « petite » Guyenne correspondant au diocèse de Bordeaux (jusqu’en 1801). La guerre de Cent Ans avait dépeuplé cette région et des « colons » de langue d’oïl sont venus habiter les zones désertées. Il se trouve que très peu de Gascons restaient dans ces régions du nord Bordelais et donc les « gabaches » (= étrangers en gascon) ont absorbé les Gascons locaux, tandis que dans le reste du Bordelais, les Gabaches furent assimilés aux Gascons. Une zone en Bazadais (diocèse de Bazas) fut majoritairement peuplée de Gabaches : la Petite Gabacherie autour de Monségur (restée gasconophone).
« minorité d’activiste » !! Autant tuer les langues régionales alors !! Où alors, pour vous ça reste du folklore tout juste bon à servir aux estrangers ??!! Le saintonge je connais, mais s’ils ne veulent pas faire survivre leur patrimoine ça les regarde. C’est l’idée de regrouper des régions qui est mauvaise, d’en redéfinir les frontières comme l’a proposé E. Pène aurait été plus respectable. Y a qu’à voir la Région Centre, des régions voisines personnes n’en veut !!
D’accord avec la phrase de conclusion. En revanche, la culture (dont la langue fait partie) est un élément qui créé un sentiment d’appartenance plus fort; il ne faut donc pas le négliger. En ce qui concerne le pays basque, il y a certes la langue qui lui est propre, mais n’oublions pas ce qui le rattache au reste de la Gascogne et de l’Aquitaine :
– l »histoire (Duché de Vasconie, de Gascogne, royaume de Navarre, Aquitaine anglaise, ..)
– la culture (droit d’ainesse, fond culinaire, castelnaus et bastides, rugby, fêtes populaires, danses, polyphonie, etc…)
– l’économie, pleinement connectée vers le nord (bordeaux), et vers l’est (Pau)
Donc, il y a du sens à ce que le pays basque fasse partie de cet ensemble sud-ouest, avec Pau et Tarbes avec qui il partage les Pyrénées. Quoi qu’on en pense, loin de chez nous, il y a une identité « sud-ouest » forte. Tous ceux qui ont vécu à l’étranger vous le diront…
Pour augmenter l’attractivité de Pau, il vaut mieux un collège/Lycée bi lingue français anglais que des calandretes…
Les querelles d’une infime minorité d’activiste ne doit pas masquer les fondements d’une organisation territoriale efficiente.
« Pour augmenter l’attractivité de Pau, il vaut mieux un collège/Lycée bi lingue français anglais que des calandretes… »
L’ un ne doit pas empêcher l’ autre, bien au contraire, car sinon d’ un coté comme de
l’ autre, on tombe dans la négation de l’ histoire, qui nous amène tout droit vers des théories fumeuses, telles que le nazisme, le communisme, le maoïsme, localement le poujadisme et pour finir le lépinisme, avec leurs cohortes de malheurs mortiféres, qui eux marquent l’ histoire à tout jamais. Ce dont rêves intimement certains au plus profond d’ eux mêmes, peut être même sans en avoir conscience dans leur prise de position.
On ne peut s’ affranchir de notre histoire, qui je pense n’ est pas une tare comme certains par leurs propos veulent le laisser croire. Elle fait notre richesse culturelle et notre lien démocratique à vivre ensemble. Ce qui marque notre différence, doit être le ciment de notre avenir et non le contraire. Il impératif d’ en tenir compte plus que toute autre chose.
Le nivellement et l’ abstraction culturelle, devant le marché, pour de simples soi-disants gains financiers ou administratifs de simplification du « mille-feuilles » ne peut être le seul lien de cohésion d’ une société équilibrée. Les Suisses en Europe nous en donnent l’ exemple, malgré les dérives financières de certains d’ entre eux, qui cherchent à nier ces liens. Les Suisses ont supprimé le » mille feuilles » mais ont renforcé la cohésion de l’ ensemble de la société. Puisse qu’ en France nous puissions en faire de même, nous n’ en prenons pas le chemin …..