Flore et ses yeux vairs, la beauté secrète du Béarn

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nèflesEn cette assomption de l’année 2000, ça y est, monsieur Pyc a reçu l’accord de son presque voisin Pierre Bourdieu pour creuser un peu plus avant l’inconscient du Béarn. Un peu sur le modèle de l’interview du printemps de 1924 et de la visite à l ‘aimable Francis Jammes : l’adorateur des ânes et des abeilles. Le bourgeois campagnard et poète épris de nature et de sensualité.

De reconnaissance, comme Marie, Pyc en serait presque monté aux cieux…mais, contrairement à Marie, il est sujet aux vertiges. Et les cieux en cette année 2000 sont particulièrement orageux.

Mais Bourdieu est réputé rugueux, complexe, tranchant, parfois abscons.

Singulièrement, sur des sujets qui touchent à son moi et son surmoi les plus intimes. Ceux, justement, sur lesquels Pyc souhaite recueillir ses sentiments : Lasseube voire Denguin et le Béarn rural en général. Ce pays natal avec lequel il n’a jamais rompu les liens En plus, lui, le grand sportif, on le dit un peu souffrant. Le dos, semble-t-il, qui le fait beaucoup souffrir.

Alors courage fuyons. Bourdieu parbleu ce sera pour la fois prochaine fois…à la rentrée de septembre en même temps que la rentrée chez Gallimard et sur radio Oloron.

Pour sa chronique en forme de feuilleton sur l’inconscient du Béarn Pyc a décidé de prendre le lecteur à contre-pied un peu comme ce chacal de Suarez qui, tous crocs dehors, s’en va crucifier le gardien adverse.

En attendant filons la métaphore et le contre-pied et attaquons donc une toute autre problématique qui, aussi, entre dans la personnalité de la petite province et qui pourrait la valoriser de manière évidente et booster son attractivité.

Puisque ce coup-ci ce ne sera pas Pierre ce sera Flore et ses yeux vairs (feldgrau ?) :

La question qui se pose et à laquelle Pyc souhaite répondre est donc de savoir ce qui différencie Béarn de son sur monde pyrénéen. Pour le caractère des hommes ont fait confiance à Bourdieu pour celui des demoiselles évanescentes, des pasteurs et des curés, des ânes et des abeilles, on a déjà recueilli celui de Francis Jammes.

Dit autrement c’est rechercher en quoi le produit Béarn peut ressortir par exemple au niveau touristique de cette chaîne si riche à laquelle il appartient et former un de ses produits d’appel, un avantage concurrentiel, pour employer le vocabulaire volontariste de Bernard Boutin. Ou en quoi il constitue un gemme particulier dans l’épaisseur minérale, culturelle et historique, de cette même chaîne pour reprendre les expressions souvent confuses voire prétentieuses de monsieur Pyc.

La réponse ce n’est pas la culture touristique des voisins basques ou celles des catalans – très ouverts sur le monde – grâce évidement à leurs larges contreforts maritimes qu’ils soient respectivement océaniques ou méditerranéens. Ce n’est pas la gastronomie qui, bizarrement, est plutôt favorable sur des terres pauvres comme les landes ou le Périgord. Ce n’est certainement pas la monoculture touristique du pays basque intérieur des hautes Pyrénées et surtout de l’Ariège : le Béarn est trop prospère et, culturellement, trop peu ouvert aux vents du large pour avoir sérieusement creusé ce sillon économique, malgré des atouts évidents dont celui qui fait le développement du présent article.

Ce ne sont pas les châteaux et les monuments religieux presque absents sur son territoire même s’il dispose de très beaux ensembles de bâtiments ruraux dans ses vallées à Oloron et, même, dans le Béarn des gaves et de quelque bourgs et villages enchanteurs comme Arette, Lescun, voire Lasseube. Par ailleurs la puissance publique, et l’initiative privée, à la différence de la région Midi-Pyrénées, n’a pas su mettre en valeur ses villes moyennes comme Oloron Orthez voire Mauléon.
Contrairement ce qui a été très bien fait là-bas à Foix, à Mirepoix, à Limoux, à Figeac, et même à Ax-les-Thermes à partir, il est vrai, d’un substrat urbain sans doute plus riche.

Notre point de vue c’est ce qui fait la richesse naturelle du Béarn c’est sa flore au sens large (arbres, fleurs et arbustes) flore plantée ou flore naturelle flore des villes et flore des champs. Ceci en lien avec son climat singulier parfois presque tropical humide et chaud tempétueux (plus exactement sujet aux tornades) le tout sur un gradient d’altitude qui frise les 3 000 mètres qui s’élève très brusquement de la plaine. Il y a de Madères ou des montagnes andines en Béarn voire de la Nouvelle-Zélande au pays d’Henri IV.

Pour cela nous qualifierons la flore en fonction de son altitude et sa spécificité :

La flore de montagne :

A l’évidence une pure merveille là il n’y a pas photo avec nos voisins basques à la flore un peu désolée faite d’ajoncs de thuyas et de chênes plus ou moins malingres : la faute à un substrat trop calcaire, voire karstique, qu’on retrouve sur le massif de l’Anie et, sans doute, à un surpâturage essentiellement ovin. Certainement aussi à un déficit d’altitude de sources et de lacs.

Toutes les familles florales poussent entre Aspe et Ossau notamment les essences les plus merveilleuses comme la grande gentiane pour laquelle, par ses filiations auvergnates, monsieur Pyc a une affection particulière et la petite gentiane presque ultraviolette (gentiane des alpes) en forme de calice ou la petite gentiane étoilée (gentiane printanière) au bleu presque céruléen. Les saxifrages foreuses de rocher dont les « artichauts » (marque non déposée) de la grande famille rigolote des joubarbes qu’on retrouve, aussi, sur les murs des jardins ou qui débordent des potées urbaines.
Dans les endroits humides tous les renonculacées : expressions sublimées de nos humbles boutons d’or.

Naturellement toutes les fleurs de plaines qu’on retrouve avec étonnement à contre saisons suivant les altitudes et les expositions. Comme les iris qui couvrent des pans entiers de montagnes ou les papavéracées qui jaunissent dès que l’altitude s’élève un peu. Il y a également les fleurs plus bêtement alpines comme la digitale pourpre ou les aconits particulièrement vénéneuses. A cet égard les planches aquarellées de la paloise Hélène Sorbé mais aussi ses planches dessinées y rendent un vibrant hommage que la photographie ne saurait approcher.

Pour cela je ne saurais trop conseiller entre milles autres spots la montée au lac d’Aule au mois de juin par un matin couvert de soleil et emperlé de brume. Plus singulièrement la descente par la route du Somport entre Urdos et Etsaut pour approcher une flore murale qui se déploie de manière tout à fait merveilleuse sur le mur de soutènement de la route orienté sud-ouest au travers d’un biotope particulièrement favorable. Plus que la splendeur des couleurs qui sont plus le fait des fleurs de prairie c’est la complexité et la richesse des formes des plantes qui se révèle, ici, tout à fait remarquable

La flore néotropicale des campagnes et des gaves ;

Pour cela transportons nous (en drone ou en kayak) sur le gave d’Oloron (sûrement une des plus belles rivières françaises) précisément à Laas (1) sur la propriété du château éponyme (incidemment une pure merveille) gérée par le département. Son parc qui hésite entre la rigueur des jardins à la française et ceux des mondes anglo-normands est doté d’arbres magnifiques notamment des cèdres atlantiques ou libanais de grands chênes et de d’érables qui s’étalent avec langueur et espace sur de vastes terrasses face au gave. Des terrasses qui, brusquement, plongent vers le gave doté de plages pour la baignades heureusement fréquentées, en été, par d’aimables naïades aussi blondes et nordiques que peu frileuses et de spots pour les pêcheurs de saumons.

A cet endroit des constructions en bambou audacieuses et un peu baroques ont été érigées. Des constructions qu’on pourrait retrouver par exemple dans les jardins et les rivières paloises même si à ce propos depuis quelque temps, MLC étant encore régnante, une gestion un peu plus écologique et plus rock’n roll des espaces verts, comme dans de nombreuses villes dont Oloron, a pu être (trop) timidement observée. A l’évidence en l’absence de moyens financiers un moyen pour le Béarn ses villages et ses villes de se distinguer en s’appuyant sur sa flore subtropicale ses très nombreux parcs sa grande fertilité et ses essences exotiques dont les palmiers, les camélias, les magnolias, les plaqueminiers, les Fejos ne sont que quelques exemples.

Mais dans une présentation à inventer en s’appuyant sur une architecture renouvelée à base de galets de brique de bois pour les structures et les parements et de bambous dont les qualités de solidité de croissance rapide et d’élasticité n’ont pas besoin d’être vantées. Toutes ressources naturelles qui abondent et ne demandent qu’à être exploitées. En rupture et en continuité avec le passé, comme il se doit.

L’archange de Bordères qui en attirant les voitures en ville (notre article du 26 juillet) a beaucoup à se faire pardonner, peut sans doute saisir là-dedans une gaule (en bambou) de rattrapage et non plus un bâton (en frêne) pour se faire battre. A regarder le bâtiment du conseil général et les jardins attenants comme des bâtiments privés en périphérie on peut penser qu’il s’agit d’une vraie voie d’avenir.

La flore des jardins :

En son jardin oloronais face aux Pyrénées forcément sublimes et l’Escou en contrebas, monsieur PYC a planté plein sud et dans un terrain bien drainé un néflier du japon (voir photo) un arbre qui pousse partout au Portugal (2) pour ses fruits et partout dans les jardins publics ou privé du Béarn pour sa très belle ramure. Ayant choisi un cultivar bien adapté il a pu dès la première année récolter plusieurs dizaines de kilos des très beaux fruits jaunes sucrés et juteux. Sans doute un exemple à suivre y compris dans les espaces publiques ou pourquoi pas les écoles dans la continuité du kiwi des kakis (plaqueminier) aux merveilleux fruits rouges en plein hiver voire au feijoas au goût plus discutable. Une manière aussi d’anticiper les changements climatiques et pour une fois d’être au-devant de la scène.

Naturellement sans oublier de cultiver des espèces de fruits communs anciens et adaptés qui ont prouvé leur rusticité et leur adaptation au climat pour le moins capricieux des Pyrénées atlantiques. Surtout pour les fruits qui aiment bien en général les climats francs et tranchés. Le contraire du caractère de notre petite province….

A ce sujet de tels conservatoires d’espèces anciennes adaptées, existent notamment à Laas (décidément) mais aussi à Lasseube mais aussi sur tout le territoire aquitain avec une supervision scientifique publique..

– par Pierre Yves couderc
Oloron le 24/08/2014

(1)Incidemment un village doté d’un maire rigolo, médiatique, et créatif qui se bouge pour sa microrégion (si, si cela existe..).
(2) le lecteur avisé et attentif aura remarqué que monsieur Pyc possédé des affects certains vis à vie du Portugal.

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