Les champignons, incontournables maillons de la vie, n'ont pas fini de nous surprendre.
Les études et les expérimentations menées depuis un certain nombre d’années par les amateurs et les professionnels permettent de mieux les connaître et de mieux comprendre leur importance pour le fonctionnement de la vie en général et pour l’économie humaine en particulier. Le voile de l’ignorance se déchire, du travail reste encore à faire, mais bien des espoirs sont permis, si nous sommes assez intelligents pour ne pas les détruire par des comportements irraisonnés.
En ce qui concerne l’aspect descriptif et systématique des champignons, il est conseillé de visiter le prochain salon annuel du champignon organisé, pour le public palois, par la Société Mycologique du Béarn. A cette occasion, des informations nombreuses et variées pourront vous être apportées sur les endroits où il est autorisé de les ramasser, comment les prélever, les transporter, les identifier et surtout, par la diversité des espèces présentées, de prendre conscience qu’il faut se méfier des ressemblances ; l’habit ne fait pas toujours le moine et les imitateurs, qui ne vous veulent pas forcément du bien, sont nombreux ; des tableaux et photos compléteront vos connaissances sur la nature, l’organisation et la place dans la classification du contenu de certains de vos plats favoris.
D’un point de vue biologique et économique, quelques exemples peuvent illustrer l’étendue de leur importance.
Du fait de nombreuses particularités, ils forment un règne à eux tout seuls, à côté des animaux et des végétaux. Par exemple, ils ne prélèvent pas leur nourriture comme les animaux, ou ne synthétisent pas leurs molécules grâce à l’énergie solaire, comme les végétaux verts ; ils secrètent à l’extérieur une panoplie d’enzymes qui digèrent, sur place les molécules organiques du milieu; une fois transformées en nutriments ces petites molécules pénètrent dans le mycélium.
Certains animaux ont un comportement voisin :
Les araignées, une fois la proie capturée et immobilisée, injectent, en plus du venin, des sucs digestifs puissants qui liquéfient peu à peu la chair. La digestion est donc externe.
L’étoile de mer pourra dévorer un bivalve (une huître par exemple) en y glissant son estomac entre les 2 coquilles maintenues ouvertes par la force de leurs bras et digérera le tout sur place.
– Cette matière organique peut être morte (nécromasse ou sapromasse), on parle de nutrition saprophyte. Ce sont les indispensables fossoyeurs de la nature, les charognards qui se «délectent» de cadavres d’animaux, de bois mort ou même d’excréments ! Cela impose de maintenir les forêts avec des restes végétaux abondants : arbres ou bois morts, souches, feuilles pourrissantes. dont la décomposition apporte ces matières organiques.
Une forêt «propre», une sylviculture «engraissée» par des engrais de synthèse, ne permettent pas le développement de la biodiversité fongique.
– Les parasites, pathogènes, vont digérer la matière organique vivante de leurs hôtes (biomasse) et entraîner leur affaiblissement et leur mort.
Lors de vos prochaines cueillettes de champignons dans les Landes, observez attentivement, au sol, les zones proches des pins; vous verrez probablement au bout d’un certain temps, au milieu des feuilles, une petite troupe orangée de «fusils» de quelques centimètres, dressés à la queue leu leu. En déterrant, vous trouverez une chenille ou une chrysalide du papillon issu de la chenille processionnaire. Ce petit champignon, le cordyceps militaris, s’en nourrit. C’est un acteur efficace de la régulation naturelle de ces chenilles.D’autres cordyceps, dans le monde, s’attaquent aux fourmis ou à la tarentule.
Le Cordyceps subsessilis, pathogène des scarabées a une forme asexuée qui synthétise la ciclosporine, agent immunodépresseur qui a permis l’essor de la transplantation d’organes. D’ailleurs, en Chine, ils sont utilisés depuis des millénaires dans la pharmacopée traditionnelle. Leurs vertus seraient aujourd’hui confirmées.
– Les symbiotes forment avec les plantes des associations à bénéfice réciproque: mycorhizes ou lichens.
Plus de 90% des plantes sont ainsi accrochées, au niveau de leurs racines, à des réseaux de filaments (les hyphes) qui couvrent des espaces immenses en sous-sol et constituent «le corps» du champignon, celui que vous mangez n’étant que l’organe reproducteur, la partie émergée d’un «iceberg» infiniment plus grand. Cette intimité souterraine permet des échanges vitaux : la plante fournit au champignon les sucres et acides aminés qu’elle fabrique grâce à la chlorophylle et l’énergie solaire ; le champignon procure à la plante de l’eau, l’azote, les sels minéraux, les oligoéléments qu’il peut puiser dans le sol du fait de sa très grande surface de contact avec le sous-sol. C’est donc un lien «gagnant-gagnant» !
Aujourd’hui, grâce aux nombreuses recherches, on peut décrire les interactions complexes entre les plantes, les bactéries, la faune et les mycéliums. Un g de sol contient un milliard de cellules bactériennes et des milliers de cellules de champignons; les deux auraient, entre autres, un rôle de défense contre les pathogènes des racines(effet antibiotique).
Dans le N° spécial de «Sciences et Avenir» de nov. 2014, on parle, pour les champignons, de :« Virtuose des réseaux sociaux».
Si l’intérêt gastronomique reste primordial dans la préoccupation de beaucoup, il est intéressant de connaître les causes de ces odeurs et goûts si recherchés par nos papilles et par les mycologues en quête d’identification. Sc.et Av., toujours, signale que des recherches ont été menées au niveau de la truffe ; l’Inra a recensé les profils aromatiques de centaines de truffes, chaque souche présente des variations de génome expliquant en partie les différences d’arômes. A ce côté «inné» il ne faut pas négliger «l’acquis» : l’impact du sol où pousse le champignon, ses propriétés: acidité, taux d’humidité…, pourraient modifier l’expression des gènes, sans compter l’influence des bactéries qu’il contient: un g de truffe peut en renfermer un million.
Au niveau économique, l’histoire de la cohabitation avec l’homme a parfois été négative : l’ergot du seigle a été responsable d’une maladie, appelée au Moyen Age mal des Ardents ou feu de St.Antoine, liée à la présence de seigle contaminé dans le pain ; les mycoses des plantes, des animaux et de l’homme sont nombreuses… Mais n’oublions pas le côté positif : maîtrise du feu (amadou), fabrication du pain, du vin, du fromage, (roquefort, camembert..), rôle en pharmacologie et médecine : antibiotiques, substances anti-rejets et actuellement précieux auxiliaires contre les tumeurs malignes. D’après SC. et Avenir, en Amérique, Asie et Russie, certains champignons produiraient des molécules agissant soit indirectement en stimulant le système immunitaire, soit directement en bloquant la multiplication des cellules cancéreuses.
Ils participent à la formation de l’humus, et sont des bio-indicateurs de milieux.
Enfin, les expériences pilotes se multiplient, les résultats positifs aussi, certains champignons, associés à des plantes seraient capables de dépolluer les sols.
Un exemple original :
Les couches culottes représentent un volume d’un million de tonnes de déchets jetés dans nos poubelles chaque année, soit 9% de nos déchets ménagers. Des scientifiques mexicains se seraient nourris avec des pleurotes en forme d’huitre cultivés sur un substrat à base de couches culottes cellulosiques usagées ; un recyclage prometteur !!
La complexité de la vie tient à des milliards d’interrelations et interactions entre les êtres vivants et l’environnement abiotique. Les champignons sont au cœur de ces relations mutualistes. Sans eux, il n’y aurait pas de végétaux, ou presque, et la palette des espèces animales serait très réduite, peut-être même que les humains n’existeraient pas !
S.M.B. Salon du champignon 2014: samedi 18 octobre, à partir de 14h, et dimanche 19 octobre, de 9h à 18h, à la salle festive Gaston Bonheur (près de la nouvelle école de l’Ousse des Bois).
– par Georges Vallet
crédits photos:Cordyceps militaris:mushroaming.com
C’est vrai, c’est un oubli fâcheux; mea culpa. Comme il n’est jamais trop tard pour bien faire, c’est à la médiathèque André Labarrère à Pau
Des débats très passionnants sur un sujet qui, comme les forêts anciennes, devraient passionner lectrices et lecteurs.
En plus les pleurotes en huitres forment également un substrat gastronomique particulièrement délectable …
On attend la suite avec impatience.
Monsieur Vallet, « Des scientifiques mexicains se seraient nourris avec des pleurotes en forme d’huitre cultivés sur un substrat à base de couches culottes cellulosiques usagées ; un recyclage prometteur !! » . Un peu hâtif.
Vous ne maitrisez pas bien les langues étrangères et vous n’avez pas compris que les déchets, en plus des « excrétats » humains des bambinos déjà présents, avaient préalablement été stérilisés et avaient du être additionnés de substances ligneuses pour faire prospérer la pleurote. Alors l’idée est valable mais il n’y a pas d’exploit à avoir ensuite consommé le sous-produit fongique! Encourageant certes, mais vous conviendrez que ça pose quand même un léger problème industriel si c’est ça votre recyclage prometteur pour traiter les rejets et éventuellement nourrir la population!
http://www.invdes.com.mx/ciencia-mobil/5173-cultivan-setas-en-panales-desechables-y-resuelven-problema-de-basura
Les champignons Pleurotus ostreatus a eu pour rôle de désagréger le réseau cellulosique des couches. Le gain obtenu porte sur le volume et l’humidité(!) résiduelle, mais il n’y a pas de recyclage réel puisque ni le polyacrylate de Na, ni le polyéthylène ne sont métabolisés ou attaqués par le champignon « miracle ». Au passage, confirmation par les Mexicains de ce que les pépiniéristes et horticulteurs connaissent bien: le polyacrylate de sodium issu de la synthèse chimique constitue un très bon adjuvant des substrats de plantation!
Monsieur Vallet , les champignons semblent une re-découverte. Pour votre information il y a plus de 30 ans qu’en France SANOFI utilise des champignons pour épurer des eaux industrielles et isoler des métaux lourds.
« Vous ne maitrisez pas bien les langues étrangères…….Encourageant certes, mais vous conviendrez que ça pose quand même un léger problème industriel si c’est ça votre recyclage prometteur pour traiter les rejets et éventuellement nourrir la population! »
L’humour est une »langue étrangère » que vous ne semblez pas non plus maîtriser;
suite:
«avaient préalablement été stérilisés et avaient du être additionnés de substances ligneuses pour faire prospérer la pleurote.»
«Monsieur Vallet , les champignons semblent une re-découverte. Pour votre information il y a plus de 30 ans qu’en France SANOFI utilise des champignons pour épurer des eaux industrielles et isoler des métaux lourds.»
Ne vous faites pas de souci, vous ne m’apprenez pas grand chose; mon objectif était, à l’occasion du salon du champignon à Pau, de faire un texte, destiné à un public non informé (il est très important!), sur la diversité de ce règne. Le salon apporte des renseignements sur la systématique, la morphologie, les pièges à éviter…; je souhaitais compléter par quelques informations non exhaustives sur l’importance fonctionnelle de leur présence dans notre écosystème. L’histoire du pleurote mexicain est bien réelle mais se voulait être une plaisanterie; j’avais, pour éviter toute confusion, terminé le passage par deux points d’exclamation.
L’idée que vous me prêtez:
«Encourageant certes, mais vous conviendrez que ça pose quand même un léger problème industriel si c’est ça votre recyclage prometteur pour traiter les rejets et éventuellement nourrir la population!»
est évidemment sans objet. Il est bon quand même de rappeler que l’utilisation de ce «support organique en fermentation», stérilisé ou pas, est et a été l’objet de la culture semi industrielle de bien des produits nutritifs: culture des champignons de Paris sur le fumier par exemple. Pendant ma jeunesse, dans la région parisienne, j’ai été nourri en légumes variés cultivés sur les champs d’épandage des environs d’Achères (Yvelines maintenant). Les lisiers, s’ils étaient mélangés à de la paille, comme jadis, seraient aussi, non pas des polluants majeurs, mais de bons engrais.
Je profite de cette présentation pour rappeler l’intérêt qu’avait pris « la forêt », sur notre site, il n’y a pas très longtemps. Pour ceux qui seraient intéressés je signale une suite possible:
18 octobre 2014 à 16h30
Projection puis Rencontre avec Francis Hallé animées par Jean Christophe Joachim
Francis Hallé, figure mondiale de la botanique, spécialiste de l’écologie des forêts tropicales humides,de l’architecture des arbres, et de la défenseur des forêts primaires. Il a travaillé avec Luc Jacquet et l’association Wild-Touch sur » Il était une forêt », film magique au sujet des plus grandes forêts du monde sorti l’année dernière. Il vient à la rencontre du public de Pau afin de partager sa passion et son savoir inépuisable.
Francis Hallé, le botaniste de la canopée que nous avions découvert dans le Radeau des Cimes (expéditions montées avec le soutien de Elf Aquitaine pour explorer l’étage supérieur des forêts tropicales à la fin des années 80).
» Pour ceux qui seraient intéressés je signale une suite possible:
18 octobre 2014 à 16h30″.
OK mais où, where,wo, donde,dove, أين, 其中, όπου, etc etc, mais Où ?