Pau : « Falta de sangre »
Quand un arbre commence à se dessécher, quand la sève vient à ne plus monter, les Espagnols disent que l’arbre « falta de sangre ». Une image très parlante : l’arbre manque de sang. Pau manque de sang. Elle a même 4.000 habitants de moins qu’en 1975 ! et, tant que la population de Pau et, principalement celle de son hyper-centre n’augmentera pas, Pau restera ce qu’elle est : à savoir une ville de deuxième niveau.
A Montpellier, où la dynamique de la ville frappe le visiteur, l’évolution de sa population explique beaucoup : plus 58.000 habitants entre 1990 et 2011. C’est beaucoup ! + 27,4 % durant la période (208.000 ha en 1990 à 265.000 en 2011). Voilà une ville qui a toujours plus de sang neuf dans ses artères (desservies aujourd’hui par 4 lignes de tram).
Le sang neuf est-il un critère ? Bordeaux, dont on parle volontiers du renouveau, passe de 210.000 à 240.000 habitants durant la même période (+ 14,3%). Toulouse de son côté, passe de 357.000 à 447.000 sur la même période (+25,2%). Plus que Montpellier en volume. De fortes croissances de population partout dans les métropoles qui nous entourent.
Et, Pau pendant ce temps là : 82.000 habitants en 1990, 79.800 en 2011 soit une baisse de 3%, là où les métropoles citées ont fait : plus 14,3%, plus 25,2% et plus 27,4%.
En 1975, il avait déjà 83.500 habitants dans Pau Capitale. Les motifs de la baisse paloise sont multiples et divers. Selon les uns ou les autres, ils auront un poids différent, « à chacun sa vérité » : niveau des impôts locaux, centre-ville obsolète (la récente piétonisation l’aura actualisé), habitat inadapté, vie culturelle pauvre, accessibilité etc…
La municipalité semble s’être donnée comme priorité de remettre en place des commerces, dans les fonds fermés du centre-ville, comme si les années « soixante » pouvaient être recréées. Une priorité qui va jusqu’à revenir en arrière sur une partie de la piétonisation. Depuis les années 60, les zones du Leclerc, d’Auchan, du Mail (route de Bordeaux) et de Lescar ont développé leur propre offre qui convient fort bien à leurs chalands. Internet est passé par là, aussi. Pour le Maire, le commerce doit même devenir « chic ». Mais qui va pouvoir se le payer ?
A cette priorité, une bien plus importante semble s’imposer : augmenter régulièrement, d’année en année, la population de la ville avec l’effet de « levier » que cela peut avoir.
Parmi les pistes à poursuivre, l’une (re)vient immédiatement à l’esprit : Et si ces milliers de logements vides et inadaptés du centre-ville venaient à être occupés à nouveau ? Pour cela, une politique ambitieuse de réhabilitation de ce parc immobilier doit être menée. Martine Lignières-Cassou avait, insuffissament, lancé le mouvement. François Bayrou devrait largement l’amplifier, mais peu filtre sur ses projets en la matière… En a-t-il ?
Le nouveau Maire, qui est si attentif au monde du commerce, devrait pourtant trouver un motif d’avancer rapidement dans ce sens. Les premiers bénéficiaires d’une augmentation de population au centre-ville seraient… les commerçants du centre-ville eux-même et les caisses de la ville. Augmenter la population de Pau, pour baisser les impôts. Elargir la base.
Cette urgence absolue dans la réhabilitation de l’habitat du centre-ville*, quitte à détruire pour reconstruire, devrait cependant aller de pair avec une autre priorité : Développer, à Pau, une population estudiantine qui est aujourd’hui trop réduite pour irriguer de « sang jeune » une ville vieillissante. A ce niveau, le Maire de Pau a aussi la main, sa prédécesseure n’avait-elle pas facilitée la mise en place de l’ESTI (école d’informatique) près du campus ?
– par Bernard Boutin
* densifier les quartiers périphériques du centre-ville et en sortir enfin de terre le projet des Berges du Gave sont aussi d’autre alternatives.
Ma réaction à deux concepts que j’entends ou que je lis régulièrement sur ce site ou ailleurs :
«Un centre-ville vivant doit être accessible et traversable»
Ce concept me semble correspondre à une ville où les fonctions sont séparées : la vie, le travail, les loisirs et les infrastructures de transport (cf. « Le Corbusier » et la charte d’Athènes).
Ce concept a vieilli et d’autres concepts sont développés et comme toutes nouveautés, ils sont d’abord décriés.
Entre la ville pleine de voitures et le fantasme de la ville aux circulations douces, il y a certainement un juste milieu (cf. par exemple David Mangin et la ville… passante).
« Il faut rééquilibrer l’offre commerciale en périphérie de Pau »
Je pense que ce concept doit être considéré avec précaution car il conforte la mono fonctionnalité, aboutit à la dispersion des activités et promène le chaland ainsi que les camions, sans apporter d’activité supplémentaire.
Accessoirement, il permet de maintenir une bulle spéculative sur le foncier d’entreprise.
Personne n’en parle mais la fermeture des bars du triangle ou dans d’autres quartiers pour satisfaire quelques vieux qui veulent une tranquillité absolue n’a pas aidé les etudiants à avoir envie de rester.
Je ne pense pas quand même que le choix d’une ville pour y poursuivre ses études se limite à ses bars ou alors les étudiants sont descendu bien bas ….
Au contraire, l’attractivite de la vie estudiantine est fortement liée au » périphériques » mer, montagne, ferias, fiestas. Avez vous oublié ? Je bénis mes années d’étude dans la ville rose notamment pour son centre ville les jeudi soir.
Combien d’élèves de classe terminale à Tarbes choisissent d’aller à Pau plutôt qu’à Toulouse… ? Quand j’étais en terminale, l’idée préconçue que j’avais de cela était « Toulouse, ville étudiante » et « Pau: ah… Il y a une université ? ».
Rqe: les universités toulousaines (lettres et sciences) ne sont qu’à quelques minutes du CV en métro et la fac de droit est en plein CV.
Il ne manque à Pau qu’une volonté politique: celle de réduire les dépenses somptuaires et de personnel pour pouvoir réaménager véritablement la ville.
Pau se dépeuple car la périphérie est plus attractive! Il faut renverser la situation!
Si les habitants potentiels quittent ou ne reviennent pas, c’est qu’il y a sans doute des raisons.
D’une part les impôts: foncier et d’habitation, les locations, sont trop chères, surtout en cette période de vaches maigres.
Le raisonnement qui justifie en général, des charges plus lourdes en ville est basé sur le fait que la vie y est normalement plus facile car on est plus près de son travail (moins de transport), des commerces, des spectacles….Or, ce n’est pas le cas, c’est l’inverse qui se passe.
La vie intellectuelle par la médiathèque ou la foire expo, le théâtre StLouis n’est pas riche; sortons les banques, les opticiens, les audioprothésistes et l’habillement ( pour ceux qui ont de l’argent) et il ne reste pas grand chose au centre ville!
Pour trouver les conditions favorables, il faut aller à la périphérie et, pour s’y rendre, du centre, la circulation est difficile; le plus souvent, on travaille en dehors.
En bref, «le centre des préoccupations» est en périphérie de Pau: prix du logement inférieur, circulation plus facile, ravitaillement surdéveloppé, spectacles culturels et sportifs, travail souvent éloigné, santé même car beaucoup de spécialistes s’externalisent.
Alors????
Voici une bien modeste contribution pour repeupler le centre; certains la trouveront farfelue; cela peut être une source de discussion; elle a bien peu de chance de se réaliser car les résistances individuelles, corporatistes et politiques sont infiniment plus grandes que l’intérêt général de Pau. Le cap à suivre serait:
1°) Mettre la pression en continu, pour obtenir la fusion de beaucoup de communes limitrophes de l’Agglomération en une seule grande commune (économie de gestion).
2°)Renverser alors la vapeur: baisser sensiblement les impôts au centre, les monter un peu, pour compenser, à la périphérie.
3°) Inciter les propriétaires à transformer des logements en logements pour étudiants dans le périmètre de la place Clemenceau, Bosquet, les Halles, Verdun, en y associant une ligne de bus, entre autres, pour l’Université et la gare.
4°)Faire des halles actuelles et de la tour annexe, un centre commercial concurrent des hypermarchés périphériques, à plusieurs étages où tout pourrait s’acheter: alimentation, vêtements, électroménager, culture: video, informatique,… géré par les commerçants eux-mêmes et non par un monopole comme à la périphérie. Pourquoi ne pas y ajouter, en complément de la médiathèque, une salle de concerts, conférences, animations, expositions….pour dynamiser la vie étudiante et culturelle.
Des démolitions seraient sans doute indispensables à proximité pour aérer l’ensemble et faciliter la circulation de tous.
5°)Adapter la liaison par transport en commun, piste cyclable, entre place Verdun, ce nouveau centre, l’université, la gare, l’hôpital…..
A débattre, le problème des voitures; réserver le parking souterrain aux commerçants et aux riverains et faire un grand parking souterrain gratuit place Verdun, la navette et le bus devant la médiathèque, le reste piétonnier? La place Verdun vidée de ses voitures est un espace exceptionnel à repenser.
Tout cela coûterait de l’argent c’est vrai mais pourrait être associé, sur le fond, à la recherche d’une entente entre les différentes tendances pour constituer un projet puis un cap à réaliser en plusieurs étapes et en plusieurs mandatures.
Voilà, le délire est terminé!
D’ailleurs, un épée de Damoclès est suspendue sur notre tête; comment va évoluer Total????Une disparition remettrait bien des choses en question!
Il est évidemment possible de rendre le centre plus attractif, notamment par la stimulation d’une offre privée de logements neufs avec parkings en sous-sol et par la rénovation totale de la partie publique. C’est une question de volonté.
Alors que sous la mandature MLC 8 M€ ont été consacrés à la réfection du centre historique (pôle Joffre, Gambetta, pavillon des arts), le seul stade de kayak, a coûté, en coûts complets 9 M€, sans parler bien sûr du pot aux roses des effectifs municipaux, de l’agglo et autres SEM ou du coût complet de la médiathèque géante à l’ère d’Internet…
Combien de temps va t-on encore laisser un roitelet siphonner l’argent public de cette manière au lieu de l’investir dans l’essentiel ???
Je suis globalement d’accord avec le diagnostique de Bernard Boutin.
Il faut redensifier « Pau ville » ce qui passe par la rénovation de points stratégiques particulièrement sinistrés comme les halles et le foirail voire le boulevard des Pyrénées (à rendre un peu plus rock n roll via un projet paysager écologique audacieux sur tout l’hypercentre). Ensuite, par effet d’entrainement, les activités et la population reviendront.
Rendre le centre attractif c’est baisser les impôts insupportables ( 3 fois ceux d’Oloron) et casser le cercle vicieux qui fait augmenter les impôts à mesure que la base s’enfuit compte tenu de leur niveau.
Les diagnostiques semblent avoir été bien posés par l’archange de Bordères qui a aussi une base militante et commerciale à contenter ..d »où des décisions contestables comme le retour en arrière sur la piétonisation…
Mais l’atonie voire la disparition du commerce en centre ville est tout sauf un faux problème.mais c’est aussi aux commerçants à se bouger les fesses..
L’attractivité c’est aussi le culturel particulièrement atone (pauvre musée des beaux arts.pauvre théâtre Saint-Louis …)….
Après les enjeux sont évidemment au niveau de l’agglo .mais garder sa population das ses dimensions actuelles ne me parait pas du tout un signe de faiblesse….au contraire..
par contre négocier avec Orthez, Oloron les vallées Mauléon et le Béarn des gaves un bon modèle de développement et donc de répartition de la population ne parait pas superfétatoire…A cette aune l’affaire douloureuse de la maternité d’ Orthez reste une affaire emblématique..
Le critère à retenir est celui de la densité. C’est ce qui donne du sens à la ville.
On mesure quand même le retard pris par le centre historique en terme de rénovation, à l’image des halles, du foirail, de la promenade du Bd, du palais des Pyrénées, état des chaussées et des trottoirs. Par contre, quid de l’évolution des effectifs municipaux et agglo et des subventions aux distractions…
Je n’attends pas grand-chose de Bayrou car il croit que sa seule personne peut faire rayonner la ville ! Soyons clairs: la population ne sait rien de la comparaison entre les différents postes de charges et d’investissement de la ville et de l’agglo, Labarrère a été une calamité et ses héritiers très médiocres.
L’accroissement de la démographie de Pau est effectivement nécessaire, non seulement pour le rayonnement de la ville mais aussi pour le développement du Béarn (voire du bassin de l’Adour).
Tendre vers un cœur d’agglo de 100.000 habitants avec une densité supérieure à 3.000 hab./km2 serait un objectif essentiel.
Cet objectif devrait être porté par l’ensemble des élus locaux béarnais. Mais c’est certainement plus simple de parler de rapprochement avec la Bigorre ou l’Aragon…
Depuis des dizaines d’années les élus n’ont jamais eu de reelle politique long terme pour Pau. Toujours pour la même raison, on veut du visible rapidement pour le seul objectif qui vaille : être ré élu.
Mais avant tout il faut absolument arrêter de parler commune !!!
Pau n’existe plus, c’est l’agglomération qui est l’échelle pertinente.
D’ailleurs les chiffres de comparaison entre villes n’ont strictement aucun sens. Par exemple une ville comme Pau où à 1 km à vol d’oiseau du centre ville on est a Billère ou Bizanos ne peut pas voir son développement comparé à une ville par exemple comme Narbonne dont le territoire communal est vaste et qui n’a pas de commune limitrophe habitée.
La pertinence est bien l’agglo, dans des limites cohérentes. C’est à ce niveau que l’on doit raisonner, et seulement là. Quelle agglo pour dans 20 ans ?
Vous avez sûrement noté que tous les boni menteurs ont les idées parfaitement claires sur le sujet…
Et le centre historique n’est qu’un lieu de cet ensemble.
Quel maire proposera enfin de fusionner sa commune avec Pau, montrant qu’il existe un élu intelligent qui travaille pour le bien des citoyens?