Pau – François Bayrou à "C politique"

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imgres Le dimanche 2 novembre 2014 à 18 h 00, François Bayrou, maire de Pau, président du MoDem était reçu par Caroline Roux à l’émission « C politique » sur France 5. Intéressant de constater que ses fonctions de maire de Pau ne l’ont pas éloigné de ses préoccupations nationales.

 Avant tout soyons honnête, il a su, à plusieurs reprises, se positionner en sa qualité de maire de Pau et  dire quel était son attachement et à la fonction et à la ville. Cependant il est évident que ce mandat lui donne une audience qu’il n’avait pas auparavant. Il est d’ailleurs maintenant qualifié, au vu des sondages, comme l’homme politique qui incarne le mieux le centre.

 Parmi les sujets  abordés, en premier lieu la réforme territoriale. Il n’y croit pas et a dit clairement que cette réforme ne se fera pas, « c’est tellement à côté de la plaque ». Il considère en effet qu’on ne peut agglomérer des régions aux caractères aussi différents que le Poitou Charente, le Limousin et l’Aquitaine. Il accepterait à la rigueur que les deux départements Charente et Charente Maritime viennent se rattacher à l’actuel découpage de l’Aquitaine mais pas plus. Il faut, dit-il, un équilibre des bassins de vie, la Région est une affaire d’identité. Et il exprime également une crainte.  Des régions trop vastes donneraient un poids très important à leurs présidents au point que ces derniers pourraient exercer une influence concurrentielle à celle de l’Etat.  Il rejoint en cela  ce qu’a déjà  exprimé  Alain Juppé : Un royaume dans le royaume. Il faut faire attention à l’unité nationale actuellement malmenée par la crise et à ne pas créer des baronnies ou des féodalités.

 Sur la situation actuelle de notre pays, il dit que l’état de la France est ce qui le soucie le plus. Il énonce un postulat. Le quinquennat ne pourra arriver à son terme sans qu’il y ait  une dissolution de l’Assemblée Nationale. L’actuelle majorité ne sera pas alors reconduite et la logique voudra que l’on se dirige vers une cohabitation. Celle-ci prendra alors une tournure très prévisible puisque le principal parti d’opposition étant l’UMP, le Président de la République n’aura d’autre choix que de nommer aux fonctions de premier ministre,  le président de cette formation. D’où l’importance de l’enjeu qui se dessine à l’occasion de l’élection du président de l’UMP. On n’imagine pas Sarkozy être le premier ministre d’un Président de la République auquel il s’est électoralement opposé. D’où son option vers Alain Juppé.  « J’ai peu de différences avec des hommes comme Alain Juppé et François Fillon ».

 Selon cette hypothèse,  il prône  un gouvernement élargi vers le centre dans lequel il n’exclurait pas d’avoir un rôle à jouer. Il n’existe selon lui qu’une majorité si l’on veut faire des réformes c’est une majorité réformiste. Une majorité centrale est un socle qui pourra faire passer les réformes. Il prend soigneusement la précaution de dire qu’il ne se positionne pas pour satisfaire des ambitions personnelles. » Il m’est indifférent que ce soit moi qui fasse » et, plus loin, répondant à une question lui demandant s’il accepterait d’être premier ministre d’Alain Juppé, il dit : « Je ne raisonne pas en termes de place, je raisonne en termes de direction pour le Pays. »

 Questionné enfin par Carl Meeus, rédacteur en chef du Figaro Magazine, il ne reconnait pas être de droite  et rappelle que chez nous en Béarn les gens ne se définissent pas par l’étiquette.

  Carl Meeus revient sur son principal engagement de campagne lors de l’élection municipale de Pau : « Si je suis maire de Pau, je ne bougerai pas de la mairie de Pau. » Et là il apporte une légère (pas si légère que ça) nuance : Si je suis maire de Pau, je ne serai candidat ni au conseil général, ni au conseil régional, ni aux législatives, ni au Sénat, ni à l’Europe. Pour le reste, je garde ma responsabilité de citoyen. J’affirme cette liberté là. L’élection présidentielle n’est pas mon obsession ni même dans mon viseur. Je n’ai pas amoindri ma responsabilité en face de cette élection majeure. »

 Certains n’ont pas manqué d’observer qu’il y avait quelques accents gaullistes dans les propos de François Bayrou, d’ailleurs il a cité le Général de Gaulle en exemple à deux reprises. Mais plus caractéristique encore ; lorsque Caroline Roux lui demande s’il regrette d’avoir invité à voter Hollande en 2012, il répond : « Je ne regrette jamais rien. Je crois que j’ai moins fait d’erreurs que je n’ai choisi de positions justes ».

 Lorsqu’on on est un homme politique il faut rigoureusement s’interdire à la fois un manque d’ambition et un excès de modestie.

 

                                                                                               Pau, le 5 novembre 2014

                                                                                               Par Joël BRAUD

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7 commentaires

  • Il ne regrette rien, car il ne fait que peut d’erreur, mais c’est nous qui trinquons ! Quand à l’émission, bof !

  • C’est vrai qu’on a pas appris grand chose dans cette émission. Mais je retiendrai sa position ferme vis à vis du barrage des opposants jusquauboutistes du Tarn, qui me semble la bonne attitude dans un état de droit. Concernant l’émission, je trouve que le reportage sur Pau était très réducteur. Pau ne se résume pas à un conservatoire en ruine (ce qu’il n’est pas), ni aux populations du quartier Saragosse, il me semble. Mais vu de Paris…

    • « Mais je retiendrai sa position ferme vis à vis du barrage des opposants jusquauboutistes du Tarn, qui me semble la bonne attitude dans un état de droit. »
      On peut retenir la position ferme de l’Etat sur l’Eco taxe, votée par la représentation nationale mais contestée par les bonnets rouges et les transporteurs routiers .
      Idem pour la Directive nitrates, votée au début des années 90, qui justifie des déversements de lisiers devant les administrations préfectorales.
      Je constate que sur ce site, nous contestons plus que fréquemment la compétence, le clientélisme, le désintéressement, le carriérisme, j’en passe, des élus. Ils ne sont plus crédibles. Ne considérons nous pas ainsi que toute position ferme de l’Etat peut être arbitraire ?
      La Démocratie ainsi que sa pratique sont certainement perfectible. Mais, comme le rappelait Churchill, la Démocratie est aussi le moins mauvais des systèmes.

      • Soit-dit en passant, José Bové l’autre jour justifiait l’activisme en la matière avec un argument qui n’est pas à rejeter d’emblée : il expliquait que la justice n’ordonnait jamais la destruction d’un équipement qui avait été construit sur une déclaration d’utilité publique, même si la déclaration d’utilité publique était annulée au tribunal par la suite. Dans ces conditions, il estimait légitime de bloquer le chantier jusqu’à ce que tous les recours soient épuisés.

  • Je n’ai écouté qu’une partie de l’émission mais je n’ai pas été déçu; c’est toujours le même: un homme maîtrisant le verbe (c’était son métier), l’assurance, toujours dans les analyses grandiloquentes mais jamais dans la synthèse, dans la critique qui démolit et non dans la proposition qui reconstruit sauf dans les phrases sans contenu concret.
    La seule construction est un calcul politicien, des pronostics à la madame soleil. La dissolution entrainant l’avènement du principal parti d’opposition alors qu’il a fait ses preuves il ‘y a pas très longtemps, n’est peut-être pas un postulat soutenable si on se fie à la place dans les sondages du FN. Un risque énorme pour la France qu’il a rudement tort de souhaiter.
    «chez nous en Béarn les gens ne se définissent pas par l’étiquette.»!!!!!!!
    Il ne reste donc plus beaucoup de béarnais à Pau!!! De plus, contradiction, se dire homme du centre est revendiquer une étiquette!! Prétendre son peu de différences d’avec A.Juppé et F.Fillon ce n’est vraiment pas être du centre!
    J’ai entendu la pirouette de celui qui disait qu’il serait à plein temps maire de Pau! Sa seule ambition n’est pas un caractère acquis par nécessité pour la France, c’est un caractère inné! C’était Pau comme tremplin médiatique pour la magistrature suprême.
    «Il n’existe selon lui qu’une majorité si l’on veut faire des réformes c’est une majorité réformiste.»
    Toutes les majorités se font élire pour réformer mais elles sont porteuses de réformes différentes! Chacune prétend que ses réformes sont bonnes pour la France; jusqu’à présent!!!!!!Qui peut savoir ce qui est bon pour la France et pour les français en même temps?
    Je me souviens des propos de F.Bayrou: «Je choisirai les meilleurs de la droite et les meilleurs de la gauche»! Quel manque d’humilité! Quels sont les critères du meilleur? En général, le meilleur est un expert dans sa spécialité or le tout, c’est-à-dire une politique d’apaisement, d’espoir, de motivation pour son travail, de justice, en bref de liberté, égalité, fraternité…… n’est pas la somme de spécialités côte à côte, c’est l’émergence d’un savant dosage systémique basé sur des relations et interactions non concurrentes et sélectives, mais empathiques et solidaires, recherchant non pas uniquement la réussite économique mais la réussite des Français.
    Je ne le vois vraiment pas l’homme de cette situation, pas plus que beaucoup d’autres d’ailleurs.
    Le plus mauvais d’entre nous l’est-il vraiment? Comme pour tout le reste, c’est la grande incertitude!
    «A vouloir trop gagner on risque de tout perdre.»

    • « …sur des relations et interactions non concurrentes et sélectives, mais empathiques et solidaires, recherchant non pas uniquement la réussite économique mais la réussite des Français. »
      La synthèse parfaite !
      C’est de l’or.
      Merci beaucoup Monsieur Vallet

  • Un compte rendu fidèle, mais que cette emission était ennuyeuse !
    Bayrou c’est l’eau tiède.