Lescar et Serres-Castet : Destins parallèles ou divergents ? (*)

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SCoTduGrandPauSerres-Castet est devenu une polarité pour la périphérie Nord de Pau. N’est-elle pas dans la situation de Lescar il y a trente ans ? L’agglomération paloise, déjà très étalée, ne va-t-elle pas continuer à s’étaler encore davantage suivant un processus apparemment immuable?

Lescar a fonctionné comme une polarité à l’Ouest de Pau pendant plus d’une génération.
La création et le développement du Centre Commercial  en est l’exemple emblématique (**).
Mais Lescar a été rattrapée par l’urbanisation de la périphérie proche de Pau et s’y trouve noyée. La polarisation n’a pas produit un ensemble cohérent.
Les fonctions urbaines sont complètement séparées. Le centre historique a même laissé filer la mairie. Une urbanisation commerciale type « boîte à chaussures » continue de courir le long de la RD 817 et tend même à s’échapper au-delà d’Euralis.
Lescar n’a-t-elle pas raté, dans les années 90, un destin de porte de l’agglomération paloise et de centralité majeure de toute l’aire d’influence de l’Ouest, voire du Nord de Pau ?
Lescar n’a-t-elle pas utilisé sa situation comme une rente ?

Le centre commercial vieillit et paraît condamné à péricliter. La gestion de son obsolescence sera préférée à sa modernisation. Le développement d’un centre commercial plus « tendance » est d’ailleurs envisagé à l’Est de Pau, soi-disant pour équilibrer l’offre commerciale.
L’expansion urbaine depuis Pau, s’est également accompagnée de la création de voies rapides  tracées au milieu d’un tissu pavillonnaire ou rapidement étouffées par l’urbanisation. Enfin la rocade actuelle enserre une surface presqu’équivalente à celle qu’enserre le périphérique parisien ; à la densité de population près…
L’agglo paloise nage dans un habit bien trop grand.

Ce processus d’expansion périphérique ne pourrait-il pas s’appliquer à Serres-Castet, et plus précisément  à la conurbation qui s’est constituée autour de ce bourg à moins de 10 km au Nord de Pau? La conurbation de Serres-Castet utilise sa situation (proximité de l’aéroport, coteaux remarquables et attrait résidentiel) comme un levier de développement économique et résidentiel dont le point d’appui n’est autre que le cœur d’agglo.
Comme Lescar dans les années 80-90 ou en mieux ?

Malgré cette interdépendance avec Pau, Serres-Castet  a préféré lier son destin à celui du bassin du Luy de France plutôt que de rejoindre l’agglo. Néanmoins, les terres noires du Pont-Long continuent d’être attaquées depuis le Bruscos (***) vers le Sud. La trame des voies rapides qui sillonnent le Pont Long va se prolonger vers le Nord avec le projet de hauban, actuellement déclaré d’utilité publique.
Ce faisant  Serres-Castet ne rééquilibre-t-elle pas, à sa manière, l’activité de l’agglomération paloise ?

Serres-Castet réalise, côté Nord du Pont-Long, ce que d’autres par exemple rêvent pour la zone de l’échangeur, voire Berlanne, Pissard-Santarelli ou Auchan. En plus, la nouvelle ZAC de Thèze qu’il faudra bien remplir,  siphonnera aussi des activités de l’agglo, pourtant bien pourvue en foncier d’entreprise.
Toutes ces extensions continueront à agrandir l’habit de l’agglo. Elle pourra y gigoter encore davantage.

Lescar regrette, peut-être, de n’avoir pas su se forger le destin que Serres-Castet semble forcer. D’ailleurs le Schéma de Cohérence Territoriale du Grand Pau, conforte Serres-Castet comme centralité majeure à la périphérie Nord de d’agglomération Paloise.
Mais si le SCoT avance des principes d’aménagement intéressants (****), il ébauche une organisation territoriale ambiguë. Il mélange les échelles.

Le SCoT ambitionne (considère ou feint de considérer) Pau comme une grande ville au centre d’un archipel de polarités majeures et secondaires. Or Pau est une ville moyenne et les polarités ou centralités du Grand Pau ne constituent, pour l’essentiel, que  des bourgades.
En fait Pau appartient au réseau de villes moyennes du bassin de l’Adour qui sont entourées de petites villes et de petits bourgs.

En attendant de trouver un modèle d’organisation adapté au bassin de vie de Pau, voire au bassin de l’Adour, le centre d’agglomération laisse à penser que la doctrine libérale voire le « laisser-fairisme » ou l’« affairisme », gouvernent l’économie urbaine.

– par Larouture

(*) Cette contribution développe un commentaire sur l’article de Pier U ; L’ingénieux Christian Don Lainotte de Lescar ; AltPy; 5-11-2014

(**)Se souvient-on encore de l’aventure « Squale » ?

(***)Voir Daniel Sango ; Destruction de terres agricoles à Sauvagnon ; AltPy; 15-09-2014.

(****)Voir hommages à Michel Corajoud : « Partir du paysage pour penser la ville me semble une démarche fondatrice extrêmement pertinente. »

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9 commentaires

  • La création de nouvelles zones d’activités est au programme des élections de Lescar (cf. La République).
    M. Coy veut créer, entre l’autoroute et l’aéroport (terres noires), une pépinière de 20 à 25 petites entreprises autour de l’agroalimentaire.
    M. Laine n’est certainement pas en reste avec le projet Oxylane au-delà d’Euralis.
    A moins que le SCoT ne mette en évidence des incompatibilités et ramène le problème à l’échelle de l’agglo.

  • La comparaison entre la ville de Paris et l’agglo de Pau est étonnante. Absurde à première vue, mais qui amène néanmoins à réfléchir. Le problème de densification peut être en partie facilement résolu en augmentant (de manière significative, voire forte) le taux d’imposition sur le foncier non bâti et en diminuant celui sur le foncier bâti. A voir le degré d’acceptabilité d’une telle mesure…

    • Hum… Ce serait au contraire une forte incitation à l’étalement il me semble !

      • Exemple standart: une maison de 100 m² sur un terrain de 1000 m². Le taux d’imposition sur le terrain non bâti (soit 900 m²) serait augmenté et celui sur la surface habitée (100 m²) serait diminué. Je ne parle pas des terres agricoles.
        Une véritable politique d’urbanisme est également nécessaire mais l’évolution de la fiscalité dans ce sens pourrait permettre de limiter les dégâts.

        • Ce serait facile à contourner, en divisant par exemple le terrain de 1000m² en un terrain « agricole » de 800m² et un terrain bâti de 200m², les deux appartenant au même proprio.

          • Oui, enfin, un contrôle peut facilement identifier s’il s’agit d’un terrain agricole (cultivé ou en jachère) ou d’un jardin – terrain d’agreement à côté de la maison.

          • Découper un minimum de surface pour construire et acheter du terrain agricole autour pour l’aménager ne me parait pas possible, sauf pour les agriculteurs qui veulent construire près de leur ferme. Les documents d’urbanisme (PLU ou Carte communale) sont quand même contraignants même s’ils pourraient l’être davantage.

  • Il semble qu’il n’y ait rien à faire contre cette machine infernale de la périurbanisation et de l’extension urbaine. « Chacun » aspire à son pavillon de banlieue, et l’entreprise qui souhaite faire construire signifie au maire que s’il refuse un permis de construire, elle ira créer des emplois ailleurs.
    Ce phénomène va pourtant totalement à l’encontre d’un développement durable. Mais les pressions sont tellement fortes du côté des particuliers et des entreprises d’un côté, alors que de l’autre côté, il y a une absence de stratégie et de volonté de développement durable – qui suppose au contraire une densification – chez les élus.
    Le constat est cruel…

    • La disponibilité et le coût du foncier me paraissent effectivement les facteurs principaux qui contrôlent la dispersion en périphérie (et donc le départ des habitants des villes). Avant que des mesures fiscales efficaces soient mises en place, Pau aura l’occasion de perdre encore des habitants.
      Mais j’ai l’impression que pour Pau, le maintien du projet BHNS et le choix d’un site près de l’accès principal à l’autoroute pour un Parc d’Exposition, revient à définir et privilégier un axe de densification.
      Cet axe relierait les centralités élémentaires de la ville (gare, CV, halles, Cité Administrative, Université, l’hôpital et accès autoroute). C’est en général le cas pour des villes moyennes.
      La densification des autres axes devrait intervenir lors de la deuxième (ou troisième) mandature.
      On pourrait donc interpréter l’accord CGR (voir article de M. Boutin), comme la mise en application d’une politique volontariste d’urbanisation de l’agglo. C’est-à-dire, un Centre-Ville rassemblé suivant un axe principal et, en périphérie, une seule zone commerciale forte et particulièrement attractive, non seulement pour la chalandise mais aussi pour l’implantation de grandes enseignes.
      Ceci parait raisonnable pour une ville moyenne mais n’est-ce pas contraire à ce que prône la CCI ?
      Rappelons que M. Bayrou avait évincé de sa liste, M. de Stampa, le Président de la CCI également personnalité éminente de l’UMP locale. De plus le candidat à la mairie de Lescar ainsi que le maire de la ville voisine de Lons, sont membres de la CCI et de l’UMP.
      L’annonce de l’accord CGR peut donc correspondre à une rivalité UMP-Centre mais aussi à une différence de vision territoriale.