Pau, la déshérence de Pissard Santarelli
Peu après qu’il a eu l’honneur d’être élevé au rang de premier serviteur des Palois, François Bayrou s’est inquiété de connaître la situation de l’ancienne caserne Pissard Santarelli. Comme il fallait le prévoir il a été offusqué par l’état des lieux laissés dans un abandon total. Les politiques n’ont pas tenu leurs engagements et plus grave, n’ont aucun projet pour ce site. Comment expliquer cela ?
Par lettre de mission de mai 2014, le maire de Pau demandait à l’IGA « de réaliser une évaluation de l’état du bien appartenant à la collectivité des éléments organisationnels qui ont conduit à sa dégradation et son usage comme décharge des matériaux ». Le rapport définitif n° 105 fut rendu en juin 2014 sous l’indication « confidentiel » transparence oblige. C’est ce document que nous proposons de commenter ici, il décrit non seulement un abandon de ces lieux mais évoque un manque de respect des engagements pris par la municipalité vis-à-vis de l’Armée Française.
Un peu d’histoire.
Cet espace a été acheté par l’Etat en 1943 et en 1958. Un camp militaire, camp du Hameau, y a été installé, qui recevait l’Etat-major de la 11e Division Parachutiste. Par la suite il a été baptisé des noms de deux officiers, jacques Pissard et Jacques Santarelli décédés lors d’un accident d’hélicoptère en février 1976 à Barèges.
En 1996, à la fin de la conscription, le camp a cessé d’être occupé par les militaires. En 1999, sur décision du préfet des Pyrénées Atlantiques les bâtiments ont été réquisitionnés pour abriter 200 réfugiés kosovars pendant une durée d’un an. A leur départ l’armée a déposé plainte pour dégradations. En effet les lieux laissés dans un état impeccable avaient été lourdement vandalisés.
En 2001 une négociation s’est engagée entre l’Armée et les communes de Pau et Bizanos pour définir les conditions de reconversion du site. Il est convenu qu’une partie sera consacrée à des logements et une partie à d’autres activités. Par délibération du conseil municipal du 29 mars 2004, la ville de Pau accepte d’acquérir ce terrain. Ce n’est que le 11 janvier 2008 que la ville de Pau achète les lieux pour la somme de 3,7 millions d’euros.
Force est de constater qu’à ce jour, aucun aménagement n’a été effectué comme la ville s’y était engagée au moment de l’achat. Elle n’a donc pas respecté ses engagements.
Localisation.
Le site se trouve en bordure de l’avenue Alfred Nobel, il est implanté en partie sur la ville de Pau, pour une surface de 18,30 hectares et sur la commune de Bizanos pour une surface de 3,23 hectares. Soit un total de 21,53 hectares. A proximité se trouvent une zone commerciale et le stade du Hameau. Il est desservi par l’avenue Alfred Nobel, par la route de Tarbes et passe pas très loin, la rocade.
Au moment de son acquisition existaient des équipements sportifs, des bâtiments d’habitation et des structures collectives telles que réfectoires et cuisines. Tous ces bâtiments sont maintenant à l’état de ruines.
Selon accord seulement verbal, les gens du voyage se sont installés sur une partie de l’espace. Les services techniques de la ville de Pau utilisent le reste comme dépôt de déchets de toute nature.
La ville de Pau n’a pas tenu ses engagements.
Ces engagements étaient les suivants :
- Surveiller le réseau de sept piézomètres (instrument servant à mesurer la compressibilité des liquides) et du puits situé sur le site ;
- Réaliser les aménagements, logements et parc naturel urbain ;
- Avertir l’autorité militaire en cas de modification de la destination de l’espace.
La ville par une organisation particulièrement inadaptée et surtout résultant d’un désintérêt total, n’a respecté aucun de ces engagements.
Des projets ?
En réalité, il n’y a pas eu beaucoup de projet pour l’avenir de ce site pourtant idéalement situé. Le 6 septembre 2011, le Préfet et le Conseil Général des Pyrénées Atlantiques prévoyaient un plan dans le cadre du schéma départemental de l’accueil des gens du voyage. Il envisageait la création de 150 à 200 places pour les grands passages et la création de 5 aires permanentes de 10 places par la ville de Pau. Mais cela n’a pas eu de suite.
Les rédacteurs du rapport se limitent à faire des propositions portant uniquement sur la réhabilitation du site sans jamais aborder l’utilisation qui pourrait en être faite. Ils respectent en cela le pouvoir décisionnel qui est du ressort des politiques.
Leurs propositions sur la réhabilitation sont au nombre de cinq :
- Évacuer les gens du voyage ;
- Sécuriser les lieux ;
- Éliminer les déchets ;
- Mettre en place une surveillance de la nappe phréatique ;
- Mettre fin au stockage des produits ;
- Proposer un plan d’aménagement conforme aux engagements de la ville.
C’est sur ce dernier point que portera notre conclusion. Entre le moment où les premières réflexions ont été engagées par la ville (délibération du 29 mars 2004) et ce jour, plus de dix ans se sont écoulés. Les élus, se sont montrés incapables de mettre en place un projet cohérent et répondant aux attentes de PAU. Le rapport laisse entendre qu’il serait possible de modifier l’utilisation du site sous réserve d’informer le Ministère de la Défense du changement de destination envisagé. Ceci ne paraît donc pas impossible à condition de vouloir s’en donner la peine.
Alors, comme elle l’a déjà fait par le passé, Alternatives Pyrénées, dans le souci d’aider les politiques à faire un choix, ce dont ils se sont montrés incapables pendant les dix dernières années, suggère d’y installer le futur parc des expositions de Pau avec son parking attenant. Il serait mieux là qu’à l’endroit envisagé actuellement. En effet une trop forte concentration d’activités, débouchera forcément sur un engorgement occasionnel de la sortie de l’autoroute. On aura beau mettre en place du côté ville tous les aménagements et dérivations possibles, rien ne solutionnera le goulot d’étranglement que constitue la barrière de péage de la sortie de l’autoroute et l’encombrement chronique de la rocade. Se poseront à n’en pas douter, comme cela a été maintes fois démontré par le passé, des problèmes graves de sécurité résultant de bouchons occasionnés sur l’autoroute. Et si un carambolage se produit sur cet axe, qui sera responsable ? Ajoutons à cela qu’une sortie supplémentaire à hauteur de Berlanne serait une idée envisageable.
Mais les politiques, c’est bien connu, détestent par-dessus tout qu’une idée ne vienne pas de leurs rangs, cela constituerait à leurs yeux, une atteinte à leur autorité. Là se trouve leur plus grande faiblesse.
Pau, le 30 décembre 2014
Par Joël BRAUD
J’étais du contingent 76/10, après avoir fait mes classes à Bayonne, puis au camp du hameau, au 61 BCT et un déménagement sur Toulouse au 14ème RCTP. Un super souvenir du camp du hameau dans des baraques en tôles. A l’époque une grande surface Euromarche, dont le nom n’existe plus. Triste de savoir ce que c’est devenu.
J’y suis passé en 1993 , affecté au 5 eme RHC d’Uzein , j’ai eu privilège de rendre visite a cette caserne , j’en avait de belle images et je ne me rappelai plus ou elle ce situer, J’était plus souvent au 1er RCP ( camp d’Idron ) qui était déjà abandonné , mais toujours non accessible au civil et cadenassé pour des entrainement au tir dans les baraquement. je fait parti des ex-militaire qui ont vu toute ces casernes et installation devenir des endroits en ruine . quel connerie d’avoir retiré le service militaire , nous en payons les conséquence en délinquance juvénile depuis 20 ans.
J’y ai passé presque 1 an lors de mon service militaire en 1973
C’était à l’époque le 61° Bataillon de Commandement et de Transmission ( EQG )
4° Région militaire 11° Division Parachutiste
Sous le Chef de Bataillon MAILLET
Nous étions 3 Bretons et 2 Vendéens basés au garage du camp en tant que mécanos et électricien autos
Quand je lis l’article et regarde les photos, j’ai le cœur serré de voir ce qu’est devenu ce camp si vivant à l’époque…on y a appris le respect sous tous les angles… chose qui n’existe plus maintenant en France ….
Bonjour
J’ai fait mes classes dans ce camp en décembre 1984. C’était très moderne.
Quand je pense au gaspillage de l’argent public, le manque à la fois d’imagination, de créativité et de rapidité, après la restitution de l’Etat à la ville. Quand je pense au discours sur la citoyenneté et au mal être de nos jeunes, du manque de repère de beaucoup de nos jeunes qui vont trouver loin de chez eux l’adrénaline, l’aventure et souvent la mort, alors que les structures pour accueillir les jeunes en errance, en manque de structuration sont là.
J’y ai pris des coups de pied au c… dans ce camp, comme beaucoup, je n’ai pas saisi de suite toute l’importance de ce temps donné au Pays mais cela m’a servi toute ma vie avec un regard fier sans nostalgie, avec seulement le sentiment que le pays sous prétexte de faire des économies a changé littéralement le lien, le brassage de génération, le passage de témoin loin de la famille entre l’adolescence et l’âge adulte.
Toutes les civilisations ont ce point commun, dans notre monde moderne, nous n’avons plus de moment privilégié pour guider et construire les jeunes adultes vers une maturité et le sens d’appartenance aux autres, à une société.
Aujourd’hui encore plus qu’hier, nous en avons besoin. Je ne suis pas un nostalgique, que l’on appelle cela l’armée ou bien centre éducatif ou autre. C’est le contenu qui importe, donner le gout de l’effort partager, évoquer notre histoire commune et vénérer les actions associatives qui font du bien auprès de toutes les générations, ouvrir cette mesure aux pays Européens c’est aussi préparer l’avenir, ce que nos prédécesseurs n’ont pas fait.
Je suis stupéfait par les choix de société qui sont les nôtres, quel gâchis…
James Vollais
Assez d’accord avec vous . Chirac n’aurait jamais dû supprimer le service militaire ; J’en ai fait …..3 ans . C’est trop ,surtout a la fin des années 50 . Il aurait fallu l’aménager , le mettre plus en phase avec notre époque . Car , il faut bien le reconnaître ,c’était une hiérarchie de commandement et ça ne fait pas bon ménage avec une hiérarchie ce compétences . Le grand avantage du service militaire était de réunir toutes les classes de la société , dans un même lieu avec les mêmes droits et devoirs et de ça ,longtemps après , il en reste toujours quelque chose . De bons et moins bons souvenirs !!! Faudrait , a mon avis, réfléchir a réinstaurer ce lien social .
entièrement d’accord avec vous, j’ai passé 1 an dans ce camp en 1978/79 et je suis profondément écœuré de ce qui en reste. Rien que de voir sur Google earth qu’il n’en reste rien sinon des roulottes et des ruines, là où j’ai salué le drapeau à l’époque çà n’était pas ringard.
Rappelez-moi qui était le maire de Pau le 11 janvier 2008 ?
Bon, passons ! Je crois qu’en effet, l’installation de la nouvelle foire-exposition y aurait toute sa place. Et puis cela donnerait un peu d’animation dans ce quartier triste.
JB: « Mais les politiques, c’est bien connu, détestent par-dessus tout qu’une idée ne vienne pas de leurs rangs, cela constituerait à leurs yeux, une atteinte à leur autorité. Là se trouve leur plus grande faiblesse. »
Le roitelet est vaniteux. Il n’a pas d’obligation de résultat. Son résultat à lui, c’est son élection et réélection, qui ne repose pas sur sa compétence mais sur l’investiture d’un « grand » parti et son « talent » ou plutôt « vice » démagogique et clientéliste.
Le chef d’entreprise peut être orgueilleux, voire narcissique, mais il a une obligation de résultat et pour cela, il se réjouit de trouver de bonnes idées chez les autres, des idées qu’il va d’ailleurs lui-même chercher auprès d’eux.
Pourquoi vouloir se précipiter s’il n’y a rien de spécial à faire ?
Cet espace sera utilisé au moment voulu.
Il y a pléthore de logements vides en ville. Peut-être faudrait-il d’abord songer à les remplir. Et le jour où un investisseur privé, avec un projet porteur de valeur ajouté, aura besoin d’un espace important, celui-ci pourra lui être vendu.
Il y a quelques années (le temps passe!), au début du mandat précédent, j’avais interrogé Mme Lignières Cassou députée-maire:
Ma question: « alors qu’il y a à Pau des idées d’aménagement et de réhabilitation pour 15 ou 20 ans au minimum, pourquoi ne pas faire appel à un urbaniste de métier pour aider à en faire des projets, avec une mise en perspective et un échéancier des travaux, comme d’autres villes grandes ou moyennes l’ont fait pour se moderniser? . »
Réponse lapidaire: « on [la maire probablement, à moins que ce soit son équipe municipale] ne sait pas ce qu’on veut faire dans cinq ans, on ne va pas prendre un urbaniste! »
Avec le genre d’expérience d’une efficacité médiocre qu’on a vécu, il serait probablement utile pour la ville de changer la méthode.
« on [la maire probablement, à moins que ce soit son équipe municipale] ne sait pas ce qu’on veut faire dans cinq ans, on ne va pas prendre un urbaniste!»
Cette réponse est étonnante venant d’une géographe. Peut-être avait-elle été formatée par son séjour à l’Equipement et était-elle devenue une adepte de l’urbanisme de voirie que les urbanistes actuels fustigent.
Je ne comprends pas bien pourquoi l’autorité militaire s’intéresse encore à ce terrain et pourquoi elle veut (doit?) être informée de la destination de ce terrain. Aussi la ville n’aurait-elle pas de bonnes raisons pour ne pas se précipiter ?
Toute cette zone (Pissard Santarelli et le reste) nécessite un aménagement d’ensemble et non pas d’aménagements ponctuels. Sans voiture, on doit vite être
« paumé » dans ce(s) lieu(x).
De plus, la ville a beaucoup de projets et de lieux à réhabiliter (gare, Halles, Saragosse, sortie de l’autoroute, habitat) ? Il faudrait aussi ajouter les projets de l’agglo.
Mais la ville pourrait également disposer sur ce site (Pissard Santarelli) de foncier constructible pour retenir les ménages qui préfèrent aller dans les villes de l’agglo ou plus loin (D’après La République de ce jour et l’INSEE, Pau perd 1000 habitants par an depuis 2010). Toutefois il faudrait que ce foncier soit bon marché. Cela pose certainement d’autres problèmes.
Quant aux activités, leur dispersion n’est pas forcément un facteur de développement urbain. C’est plus sûrement un facteur d’accroissement de la circulation automobile. C’est peut-être l’avis de la municipalité.
« élevé au rang de premier serviteur des Palois »
Elevé oui, serviteur des palois…il y a erreur…
Au delà de cet ensemble laissé scandaleusement à l’abandon, il serait majeur que l’on commence à répondre à la question, une foire pour quoi faire ?
Que Bayrou publie un vrai projet avec une justification économique de cet investissement.
Bon d’accord, il faudrait qu’il dépasse sa fonction de bonimenteur…
Très bon sujet. Merci. Reste à savoir si un Parc des Expositions se justifie ? Rien n’est démontré à ce jour.
Question pour un champion : Que restera t’il de l’aménagement de la Porte des Gaves si celui de l’espace Santarelli passe en « pole position » ? Faire et défaire…
Très bon article qui retrace l’histoire de la caserne Pissard -Santarelli . C’est vrai que situé a cet endroit peu de Palois y prêtent attention . Nous avons beaucoup entendu dire qu’il allait être réhabilité ,aménagé ,mais comme vous le dites ,rien n’a été fait . N’épiloguons pas ,ce qui est fait où pas……. est fait .
Pensons a l’avenir, et pour ma part ,je fais mienne votre proposition d’y installer la nouvelle foire exposition . C’est l’endroit idéal . A nous de convaincre la municipalité et l’agglomération de passer a la réalisation .