Quand on parle des religions, de quel courant parle-t-on?
Si l’histoire n’est pas un perpétuel recommencement comme Thucydide l’affirmait, c’est l’ensemble des archives qui nous permet de comprendre le passé et de le suivre jusqu’au présent, évitant ainsi des jugements plus spontanés que réfléchis. Mehdi Jabrane nous apporte des informations historiques et une bibliographie qui permettent sans aucun doute de mener une réflexion et un approfondissement sur l’Islam à ceux qui souhaitent réfléchir avant de dégainer plus vite que leur ombre.
L’actualité et ses retombées dans la presse m’ont amené à lire le dernier Sud Ouest dimanche, p.8, et le dernier numéro spécial du Nel.Obs,
• «Islam, le vrai du faux selon Tareq Oubrou», imam de Bordeaux.
• «l’énigme Jésus» par de multiples auteurs,
A la lumière de ces lectures et à bien d’autres, une question me vient à l’esprit :
Dans tous ces débats et prises de positions tranchées et irréversibles sur les religions, de quel Islam et de quel Christianisme parle-t-on, voire même de quel Judaïsme ?
L’histoire montre les rivalités, les oppositions, les différentes conceptions ou lecture des textes, la pulvérisation des courants.
Rien d’anormal à cela car dès qu’on rentre dans le monde des croyances,
«Tout est possible, tout est réalisable».
>En ce qui concerne le christianisme, Maurice Sachot dans : « le christianisme n’est pas né tout à fait..» montre que le message chrétien s’est construit et reconstruit par étapes successives. A sa naissance, le juif Jésus avait été marqué par l’enseignement des pharisiens, courant populaire laïque et non sacerdotal du judaïsme en Judée, au IIème siècle avant J.C. ; il s’opposait aux prêtres sadducéens du temple de Jérusalem. Le christianisme n’est que le résultat d’une scission conceptuelle au sein de ce qui n’était alors que «philosophie». Depuis, le fossé s’est creusé et de très nombreux courants sont apparus dans le monde entier, rivalisant entre eux.
Le christianisme s’est construit en religion au sein de la culture latine. Jusqu’à la fin du IIè siècle, les romains considéraient le christianisme comme une survivance non fondée du judaïsme qu’ils qualifient de superstitio. Un païen romanisé de Carthage, converti au christianisme : Tertullien, renverse l’ordre établi dans son ouvrage «L’apologétique», en 197 ; il est le premier latin à qualifier le christianisme de religio et la religion romaine de superstitio !
Pour Frédéric Lenoir, dans son article sur :«La principale matrice de la pensée moderne»
«On a totalement oublié le message du Christ tel qu’il s’exprime dans les évangiles. Jésus souligne que tout être humain a une dignité; il affirme l’égalité entre les individus, libres ou esclaves, riches ou pauvres, hommes ou femmes, Juifs ou non Juifs…….Cela peut paraître curieux pour un esprit contemporain qui confond totalement le Christ et sa pensée avec l’Eglise, qui a condamné les Lumières puis au siècle suivant, les droits de l’homme. Il faut bien comprendre qu’au fil des siècles l’Eglise a assis son pouvoir en pratiquant une inversion radicale des valeurs évangéliques, trop subversives, trop exigeantes, seulement accessibles à des individus courageux et lucides…... l’église chrétienne a tourné le dos au Nouveau Testament… Parallèlement à son message spirituel, Jésus délivre un enseignement éthique à portée universelle, à l’antipode des dérives de l’institution, à travers notamment l’Inquisition : il prône la non-violence, l’amour du prochain, la justice sociale, la liberté de choix, la séparation des pouvoirs spirituel et politique…»
On peut très bien être chrétien et anticlérical.
> Cette pulvérisation des courants est propre à toutes les religions ; Elle se retrouve chez les musulmans. Parmi eux Tarek Oubrou, théologien, recteur de la grande mosquée de Bordeaux…, représente une des voies de «L’islam des Lumières». Il nous livre sa vision sur certains principes de l’Islam déformés par les courants fondamentalistes.
• Les interdits et les injonctions pratiques de l’Islam ne concernent que les croyants musulmans et en aucun cas les non croyants.
• Il y a un paradoxe à critiquer un non-croyant qui représente ou caricature le Prophète puisque l’interdit ne s’applique pas à lui.
• Le vrai martyr n’est pas celui qui cherche la mort mais celui qui la subit.
• Le vrai djihad est intérieur ; si le terme est utilisé sans sa densité théologique pour imposer sa foi, il s’agit de terrorisme.
• La difficulté aujourd’hui de séparer le politique et le religieux vient du fait que les musulmans n’ont toujours pas fait leur deuil de l’effondrement, au XVème siècle de la civilisation arabo-musulmane que l’Islam avait créé.
Pour lui, « il faut changer de paradigme et il me semble que la France est un vrai laboratoire pour la sécularisation de l’Islam.»
Après tout, le catholicisme a mis des siècles pour ne plus être religion d’Etat !
Pour Michaël Privot, personnalité de l’Islam belge et directeur du réseau européen contre le racisme : « Si la réponse est uniquement sécuritaire, nous ne résoudrons pas le problème et il risque d’y avoir d’autres attentats. Pour la sécurité on trouve toujours le budget mais l’investissement dans le social, le public, l’école, les soins de santé, le logement de qualité, ne me paraît pas faire partie des priorités politiques européennes actuelles. »
Il serait donc peut-être judicieux de ne pas se tromper de cible car la plupart des deux millions de musulmans qui se déclarent croyants et pratiquants en France, ne demandent qu’à profiter de la laïcité à la française pour vivre leur foi intérieure en toute tranquillité. Ne gaspillons pas ce réservoir de matière grise qui ne demande qu’à s’exprimer au service de leur pays : la France. Pour cela, il faut leur donner les moyens.
Une poignée de criminels qui surfent sur cette religion, organisés et motivés, à la recherche de pouvoir, de domination et d’argent, veulent imposer leurs lois ; voilà la vraie cible qu’il convient d’éliminer par l’action simultanée (raisonnement systémique !) :
• de l’instruction, de l’éducation, de l’apprentissage de la rationalité à l’école, dans les familles, dans les banlieues…
• de la lutte contre les discriminations, les inégalités, la détresse sociale…
• de la poursuite implacable du renseignement et de la politique sécuritaire bien sûr.
– par Georges Vallet
crédits photos:twitter.com
« On peut très bien être chrétien et anticlérical. »
C’est exactement la pensée du réformateur Sebastien Castellion, de Tosltoï et pour quelques connaisseurs d’Henri Guillemin dont je recommande le petit essai « l’affaire Jésus ».
Oui, mais ceux là ils sont polygames ! A défaut d’avoir 2 têtes ils ont autre chose en double. C’est pas raciste ?
Un isthme, de l’épaisseur d’une lame
sépare l’islam de l’islamisme
Je me permets en guise de commentaire de mettre ce lien vers une analyse qui me parait intéressante
http://latroisiemerepubliquetunisienne.blogspot.fr/2015/01/islam-des-lumieres_24.html
Une religion est obligatoirement conservatrice. C’est cela qui lui permet de traverser les siècles. Le religieux est donc un conservateur. C’est presque une tautologie. Mais on est dans la croyance comme vous le précisez. On est donc pour une croyance figée. Par ce fait même d’être obligatoirement figées, les religions ne peuvent donc que disparaître. N’ayons donc pas peur !
Mais pas toutes, et l’islam présente un cas intéressant que nous subissons aujourd’hui. Peur ? Le texte ne change pas mais la façon de le lire change. Il n’est donc pas conservateur. Et il s’adapte au pouvoir qui le met en place. L’islam est donc la seule religion armée pour conquérir le monde, comme la Panarabie de folie. C’est ce que nous subissons. Dans les principes de fonctionnement, on voit ainsi que cette force est indestructible. Le combattant ne peut pas disparaître, puisqu’il réapparait. Et le Coran s’adapte à la situation.
Pourquoi l’islam n’a-t-il pas gagné déjà ? A cause du chameau évidemment ! Du Xin Jiang au % Maroc et à Dakar, il fallait une bonne année de voyages. Les versions de Coran ne pouvaient pas être centralisées. Et cela a produit les guerres intestines qui ont détruit l’islam de l’intérieur Mais aujourd’hui à la vitesse de la lumière, la Panarabie est homogène et l’ISLAM ne que conquérir la planète;
Bon ! Avez vous des frissons dans le dos ?
Bernard s’avance « Une religion est obligatoirement conservatrice. C’est cela qui lui permet de traverser les siècles. Le religieux est donc un conservateur. C’est presque une tautologie. Mais on est dans la croyance comme vous le précisez. On est donc pour une croyance figée ». C’est juste le sentiment de Bernard parce que sa culture sur le religieux est bornée sur quelques années et qu’il n’a pas vu au contraire que les religions évoluent, mais à leur rythme; justement parce qu’elles ont l’éternité pour elles.
Et Bernard par exemple n’a pas vu à sa porte les chrétiens évangéliques qui « inventent » , sans trop se soucier des dogmes et des hiérarchies.
Les religions se sont multipliées en fait. Le Larousse définit une religion comme étant un ensemble de croyances et de dogmes en phase avec le Sacré. Le Sacré variant bien sur par religion. Le Sacré ne s’explique pas . Dans le cadre de cette définitions beaucoup de mondes sont religieux. On peut penser au monde bancaire et monde financier, dont les modalités ne s’expliquent pas au Grand Public avec ses dogmes, croyances et domaine du Sacré, on peut penser au monde économiste avec ses règles inexplicables, De façon générale, on pense à tous les petits chapeaux qui doivent protéger un certain type de Sacré. Je le croyais plus bas. Finalement, pour apaiser, notre monde, il faudrait se passer des petits chapeaux et des……… casques. Sauf celui des Bretonnes !