La Grèce : la grande illusion.

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imgresLe roman Grec s’enrichit chaque jour de nouvelles pages, parfois contradictoires d’ailleurs de celles écrites la veille. La vraie question est de savoir si la Grèce va pouvoir, un jour, rembourser ses dettes.

Et là, personne ne nous explique clairement comment elle pourrait y parvenir alors que le gouffre est immense.

Le simple citoyen de base que nous sommes plus ou moins tous, a besoin qu’on lui explique pourquoi la Grèce est en faillite, car si on en détermine la cause on doit pouvoir en trouver le remède.

Pour le commun des mortels une société tombe en faillite lorsque ses recettes ne couvrent plus ses charges. Il en va de même d’un pays.

La situation de la Grèce s’explique donc par le fait qu’elle a vécu très longtemps au-dessus de ses moyens. Depuis des années les grecs, dirigeants ou non, sont allergiques à toute fiscalité. Les français aussi d’ailleurs, mais notre administration est heureusement vigilante. Ainsi, l’Eglise orthodoxe a été parait-il sous imposée et les grands armateurs seraient des exilés fiscaux.

Ce n’est pas d’aujourd’hui que les grecs ne contribuent pas comme ils devraient au fonctionnement de leur État. Ceux qui ont eu la chance de visiter ce merveilleux pays ont pu constater que de nombreuses maisons étaient en cours d’édification. Elles demeurent ainsi de longues années afin, selon des guides touchant de sincérité, de ne pas soumettre leurs propriétaires à l’impôt foncier.

La cause est en fait bel et bien dans une forme de pensée qui consiste à considérer l’Etat comme un prédateur auquel il faut échapper par tout moyen.

Aucun économiste sérieux ne peut croire que la Grèce remboursera l’intégralité de ses dettes. Il faudra se faire à l’idée que tôt ou tard, elles devront passer par profits (!) et pertes. Mais outre quelques réformes structurelles c’est un état d’esprit qu’il faudra changer pour que la Grèce vive d’elle-même et cela nulle autorité financière ou politique étrangère ne pourra l’imposer.

Quoi qu’il en soit cette triste histoire pose question. On a voulu bâtir une Europe économique sur le modèle des Etats-Unis sans voir que ceux-ci avaient une histoire commune, une langue commune, une monnaie commune et qu’il y a plus de ressemblances entre un Californien et un New yorkais qu’entre un français et un indigène d’Europe Centrale.

On nous dit que l’Europe de la libre concurrence est l’Europe de progrès. L’idée est généreuse mais demeure utopique. Pour une saine concurrence il faudrait que tous les acteurs soient soumis à la même fiscalité, au même coût du travail, au même système de retraite etc. Or, nous en sommes loin. Rappelons-nous qu’un pays proche du nôtre vient de prendre des dispositions fiscales exonérant d’impôt sur le revenu les retraités qui s’y installeraient.

Et puis, comment peut-on accepter de participer aux dettes d’un État membre de l’Union Européenne sans aucun contrôle ni sur son système fiscal, ni sur la réalité du recouvrement de l’impôt. On ne peut pas tout à la fois accepter le principe de souveraineté des Etats de l’Union qui implique la liberté pour chacun de choisir son mode de fonctionnement économique et en même temps devoir voler au secours des moins vertueux.

Il n’y aura probablement plus de guerre entre les pays de l’Union, mais il faudra beaucoup de temps pour qu’ils fonctionnent dans l’harmonie.

                                                                                                                                                    – par Pierre ESPOSITO
Ancien bâtonnier du barreau de Pau
Avocat honoraire.

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2 commentaires

  • Bernard DESVIGNES

    Au sujet de la dette grecque et de son remboursement, j’ai lu voici quelques cette déclaration magnifique d’un ministre grec : « Notre pays est arrivé au bout des concessions qu’il peut faire à ses créanciers. ». Ainsi, dans le monde économique d’aujourd’hui, c’est le débiteur qui fait des concessions à son créancier. Comme quoi il n’y a pas que notre Education Nationale qui marche sur la tête …

  • Peut-on faire suivre ce bel article aux Amis du lac ?
    Merci
    Eric Gildard