patience de Ginou-Ginette, réussite de Georges

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IMGP5100L’après-midi touchait à sa fin. Ginou-Ginette et moi faisions une patience, ou une réussite, celle qui consiste à remonter les huit rois de deux jeux de cartes dans les colonnes, tout en vidant la pioche centrale, en chaînant par ordre croissant les différentes lames et couleurs. Nous n’avions pour l’heure achevé que la suite complète des rois de cœur, de carreau et de PYC, lorsque Ginou s’aperçut que la bouteille de Pacherenc était vide. Georges, me dit-elle machinalement, descends donc à la cave en chercher une autre. Je m’exécutais. Bien que je n’eusse jamais encore dégringolé ces escaliers aux marches vermoulues, par superstition autant que par phobie des toiles d’araignées, la possibilité d’y découvrir quelques bonnes bouteilles planquées dans l’obscurité me donna l’allant suffisant pour pousser la porte en bois, qui grinça sur ses gonds, et descendre à tâtons, dans le couinement des clous tenant les planches mal jointées. Posant le pied sur le sol en terre battue, je vis soudain…Bon, petite pause. Les lecteurs qui me suivent peu ou prou, et dont je remercie le courage et l’opiniâtreté, vont se dire c’est bon, on devine la suite. Très bien. Alors, racontez-la ! Je vous cède la place.
Ben Georges, arrivé en bas, il découvre le corps momifié de sa grand-mère (dont il a hérité la maisonnette) surprise en train de lever le coude pour noyer le chagrin que lui cause, à l’époque, la mort de son époux ; Georges s’approche, ses yeux brillent dans le noir du deuil et de la pièce. D’un battement de cils il dirige sa vision bionique vers la bouteille que tient dans sa main gauche sa grand-mère encore bien conservée bien que sérieusement amaigrie. Il regarde l’étiquette : un château Bi Dou Rey1982 ! Par miracle, la bouteille est encore à moitié pleine. Mais les doigts raidis de la vieille ne veulent rien lâcher, ni la bouteille ni le verre. Georges cherche un bâton pour faire lâcher prise à la grand-mère revêche . La cave est ventilée par un petit soupirail qu’un seul barreau défend des intrusions : il l’arrache. C’est un barreau, il s’en apercevra bien plus tard, poinçonné. On peut y lire : fabriqué par BAP, usine de Mont de Marsan, pour le compte de la société LGV, basée à Pau, in memoriam. Au bout d’un combat décharné, alors que le corps de la défunte peu à peu se déglingue morceau par morceau, tel un château de cartes, il récupère la bouteille et dans l’euphorie la vide d’un trait. Elixir des dieux, saveur paradisiaque !
Pendant que l’alcool lui monte au cerveau à grande vitesse, le corps de la mémé finit de se disloquer avec une régularité ferroviaire, un peu comme le lecteur du dernier Max Moreau, « suspicions », qui s’endort dans l’Orient Express et ne se réveille pas à Venise, rêvant certainement que le récit bougera franchie la page 90 . Ginou-Ginette, au-dessus, commence à avoir le gosier sec. Georges, que fais-tu donc, tu la remontes cette bouteille ? Mais Georges est ivre. Il ronfle comme un avion, étendu sur le sol en terre battue de Roland Garros, imagine dans son délire gagner la coupe (qui plus est pleine de champagne), il tient sa raquette à deux mains, tripote les balles énormes de Patricia Arquette, place un as dans la cinquième colonne de la réussite de Ginou et, trois jeux partout après, un retour gagnant en regrimpant enfin l’escalier branlant, tenant à bout de bras une bouteille de picrate infect, un « païs What’s Up d’Oc ». C’est tout ce que j’ai trouvé, ment-il. On s’en contentera, répond Ginou-Ginette qui arrive au bout de sa patience et remonte les derniers rois de France et de Navarre en haut des colonnes. Au fait, Georges, as-tu regardé s’il n’y aurait pas des pipistrelles, dans la cave. La nuit, j’entends de drôles de bruits, là-dessous.
C’est tout ? C’est comme ça que vous finissez votre histoire, lecteurs opiniâtres ? Quand je pense que je vous ai laissé tout cet espace pour donner libre cours à votre imagination, vous me décevez ! Et puis, que viennent faire ces pipistrelles dans ce récit ? Bref, je veux que vous trouviez à ce texte une fin plausible, intelligente, dont on puisse dire : ces lecteurs d’Altpy, quelle suite dans les idées, quels créatifs, de vrais amours !
Alors, à vos plumes, et remplissez comme il convient la case « commentaires » ci-dessous !
-par AK Pô
05 06 2015
Ptcq

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