A los olvidados se abre el tiempo
Elle s’engouffra dans le métro je la suivais descendis les marches sans doute sentait-elle que Nougaro avait emprunté ce thème de Dave Brubeck blue rondo a la turk pour galoper si vite et puis elle a remonté par d’autres escaliers 127 marches je les ai comptées j’ai même failli rater la dernière mais alors elle s’est retournée et j’ai esquivé son regard qui d’ailleurs ne m’était pas destiné juste un coup d’œil vers les taxis qui traversent nuit et jour Paris. Un scooter Uber des Allées s’arrêta elle monta en retroussant sa jupe en lin ses mollets et ses cuisses ressemblaient à un grand huit forain qu’un magicien aurait distendu avec le savoir-faire d’un démon lui donnant des courbes harmonieuses et harmoniques aussi tant en haut de ses jambes ses fesses composaient une partition de rondes de noires de tierces de pauses et de silences et je la regardais disparaître, place de la République, comme une inconnue se perdant dans l’illusion d’un parti politique. Je regagnais alors la rue Boulanger, celle du général, pas celui qui pétrit le pain et dore les croissants au blanc d’œuf pour vous les apporter tout croustillants au petit déjeuner dans votre petit garni au fond de l’impasse, avec une petite femme tendre qui vous fait des mamours en attendant que les choses s’arrangent.
La piaule est minuscule, un lavabo, eau chaude eau frette. Les chiottes sont au bout du couloir mais c’est tellement crade que tu chies dans un sac en plastique que tu déposes l’air de rien dans la grosse poubelle du trottoir. Les cloisons sont fines, juste là pour que tu n’oublies pas que tu es seul, les voisins font l’amour comme s’ils étaient dans ton lit et de l’autre côté une vieille femme écoute en continu chabadabada pour oublier que la mort de son mari l’a plongée un sale soir de printemps dans la dèche. Tu pisses dans le lavabo à six heures du mat tu pars chercher du boulot en métro, France Soir rue Réaumur, le monde du travail appartient à ceux qui se lèvent tôt, adage qui en vieillissant s’est falsifié, mais comme il faut vieillir avec son temps en attendant que les choses t’arrangent tu la suis dans le métro descends les marches Nougaro brinquebale son amour sorcier dans tes oreilles et dans ton slip ta sagaie s’excite dans la jungle urbaine. A deux pas la porte saint Denis offre ses chapelets de femmes aux hanches faciles, de maquereaux et de bagarres à coups de couteau. Mais tu as vingt ans et personne ne t’emmerde. Sauf les flics. Quand ils te ciblent tu esquives leur regard et ils tirent sur d’autres pantins leurs ficelles, harcèlent les putains rançonnent les maquereaux. La ville est grande et toi plus minuscule qu’une puce, qu’une mouche quand tu sens que les emmerdes vont te tomber dessus, que certains vont te dire dégage, tu viens bouffer notre pain, tu viens foutre le bordel chez nous, tu viens islamiser les catholiques les protestants les incroyants, profiter de nos acquis et imposer tes droits, tu viens voler notre travail, vivre à nos crochets , voler l’orange du marchand . Dans les médias, on ne voit que toi. T’es six millions, t’es tellement nombreux à toi tout seul que tu répands partout la peur, que dans les campagnes à l’ombre des volets les paysans chargent leurs fusils, que dans les villes on renforce les policiers municipaux, on rajoute au coin des rues des caméras, on met tout sous surveillance à cause de toi, à cause de toi qui pétrit le pain de l’amitié, de la fraternité et de la haine, général et boulanger, à deux pas de la République, cette illusion partisane.
Je m’engouffrai dans le métro elle me suivit descendit les marches sans doute sentais-je le thème de Dave Brubeck envahir mon instinct ou Nougaro dans Paris mai pour danser sur les margelles plus vite que remontées les 127 marches je les avais comptées avant et je me suis retourné vers mon passé qu’elle traversait en scooter Uber des Allées et nos regards se sont croisés comme un accident automobile sur l’avenue des solitudes. Nous avons glissé sur le trottoir harmonieusement avec ces harmoniques de saltimbanques qui jazzent dans les champs du Gers et des mains plaines d’ailleurs je la semais dans les couloirs carrelés et puants du métro parisien j’avais brûlé la partition de ses fesses, rondes, noires, tierces, pauses et silences, j’étais un pet dans cette métropole, un pet puant qui ne demandait qu’un asile de paix, la fin de tout ce temps de traversées, j’étais un homme à pied qui a marché sur l’eau, comprenez vous, non. J’étais un matelot de terres sèches, de sang et de misère, de dunes et de déserts, un moussaillon prêt à survivre dans le khamsin et à se rafraîchir dans l’eau fraîche des oasis. Pas plus. Puis la guerre des autres est entrée dans ma vie. Elle s’engouffra dans le métro je la suivis descendis les marches…La suite, tu la connais. Mais ce n’est pas la fin.
AK Pô
12 06 2015
Ptcq
PARADIS D’ENFER
L’enfer me ment
Help hell’s bells trouble in my mind
L’enfer me manque
Paradisius playa behind the sunshine
De mêlée en démêlés
Paradigme circonflexe
Mâtiné de complexes
D’enfer iodé mariné
L’enfermement
Ouvertement
L’enfer me ment
Un vert te ment
T’as l’eau à la douche
Et toi tu découches
A satiété de consommations
Help hell’s bells trouble in my mind
Ciel et soleil en consolation
Paradidius playa behind the sunshine
L’envers des corps du désert désherbé
Par radicales prescriptions Action
L’enfer du décor vertueux déserté
Paradis d’amour par radiations
L’enfer me manque déjà
L’enfer ne mentira pas
Aux sables émouvants en boîte de nuisances
L’asperge présentée suit ces idées d’abondance
L’enfer me ment
Tu me manques
Suis si des Hommes par Nature sont bons
Suis si des Natures ne dénatureront
A perpétuité l’enfer me manque
L’enfer me ment suicidé dans ma planque
Les Tours mentaient Tourisme d’Affaires
Onze zéro neuf zéro un solde du bon à rien faire
Expert en la matant hier
Ce doute l’habite entière
Il s’affaisse sous ses yeux bleus
Le reflet dans le vague à l’âme
De l’écume des jours heureux
L’écume des cendres de la came
Echec et mât hier
Mets ton pion dans la machine
Et dans la tourbière
Le Fou du Roi se la combine
Tu te laisses hâler
Le soleil de mer salée te plait
Il me manque Homme il transpire
The sunshine under paradise
Hell je crains le pire du rire
L’enfer me rend
Pas radicalement
Des cas dansent
Et là je la panse
Du couteau la plaie
Il me plait ce couplet
Enfer je me rends
Pas radieusement.
CB Christian Bello : un nouveau con-sceptre de la poésie à ne lire qu’après quelques whiskies…Enfin, quelques bouteilles de whisky.