Quelques précisions dans le cadre du débat sur la retenue à la source
Les prélèvements obligatoires sont d’une part les impôts, de l’autre les cotisations sociales et il ne faut pas tout mélanger.
Très souvent les gens de droite, le patronat, les idéologues ultra libéraux, mais aussi les gens ignorants de tout ce qui concerne les différences de notions affirment qu’en France nous avons les impôts les plus élevés d’Europe voir du monde. C’est faux !!!!
Le choix des mots n’est pas neutre et c’est sciemment que le mot « impôt » est utilisé donc, pour recouvrir des réalités différentes.
En effet dans l’inconscient populaire le mot impôt est moins bien ressenti que celui de cotisations sociales qui correspondent directement à la protection sociale, et pour laquelle on met plus facilement un contenu, en particulier : assurance maladie (hôpitaux etc.) retraite, chômage.
Pour éviter cette notion de cotisations ils emploient aussi le mot charge qui évoque évidemment un poids excessif (toujours rappeler que l’ensemble des cotisations sociales est répercuté entièrement sur le prix de vente ou la facturation du service et donc qu’in fine c’est le consommateur qui paye).
Une particularité toutefois la CSG, qui a été reconnue comme un impôt par le conseil constitutionnel, mais un impôt affecté à la protection sociale.
Nous n’avons donc pas les impôts les plus élevés mais un taux de prélèvement élevé avec l’existence de 2 budgets distincts :
– le budget de l’ État alimenté par les impôts ;
– le budget de la protection sociale qui est le double de celui de l’ État alimenté par les cotisations sociales et la CSG.
L’impôt et toutes les missions qui s’y rapportent ; assiette, contrôle, recouvrement sont des missions régaliennes et qui doivent être effectuées par des agents de l’État. C’est pourquoi la retenue à la source est une privatisation.
La gestion du budget de la protection sociale, qui n’est pas considérée comme une mission régalienne, se fait par divers organismes par des agents qui ne sont pas fonctionnaires et dont la gouvernance est souvent tripartite ; partenaires sociaux, État. Dans ce cadre il n’appartient pas à l État de recouvrer les rentrées des cotisations. Ceci ne peut donc être utilisé comme élément de justification de la Retenue à la source.
Toutefois dans les pays scandinaves il n’existe qu’un seul budget et tout est payé par l’impôt y compris donc la protection sociale. Ceci peut être un débat.
La TVA pourquoi ce sont les entreprises qui sont collecteurs ?
— cela résulte d’un choix fait (en 1967-1968) de considérer qu’ à ce stade de la création d’ une valeur ajoutée dans un cycle de production ou dans le cadre de ventes ou de prestations de services, il fallait permettre une certaine » neutralité » ce qui offre la possibilité à chaque acteur économique de récupérer de la TVA que lui même paye en amont de ses recettes : récupération TVA sur ses achats, sur ses investissements, sur ses frais généraux.
C’est pourquoi ce sont les acteurs économiques en bout de chaine qui payent la TVA.
Ce choix économique se traduit par des fraudes nombreuses et connues : fausses factures, fraudes carrousels (factures tournent et les marchandises restent sur place) sous évaluation des recettes, création de sociétés bidons etc. Dans les 1.000 Milliards d’Euros de fraude évaluée par la commission européenne il s’agit majoritairement de la fraude à la TVA intra communautaire.
Il faut noter que depuis plusieurs années les ministres des finances Allemands réfléchissent à supprimer ce système afin de ne taxer que le dernier intervenant dans la création de la Valeur Ajoutée. Sans succès pour l’instant.
La notion de Consentement à l impôt, la justice fiscale et la retenue à la source.
Au niveau démocratique pour considérer qu’il y a consentement à l’impôt il faut bien évidemment disposer de toutes les informations le concernant, de tous ses éléments constitutifs et d’avoir la capacité de vivre et ressentir les choses.
Le consentement à l’impôt est aussi dépendant de la capacité donnée à chaque citoyen de juger de justice fiscale. Tout cela est donc lié.
La retenue à la source est un élément qui rend beaucoup plus indolore l’impôt : qui anesthésie le ressenti, et qui donc atténue les capacités de débat démocratique.
L’argument développé par le gouvernement et que cela servirait à tout à chacun de mieux gérer son budget.
Or si l’on examine la situation aujourd’hui :
– Les 3/4 des contribuables sont mensualisés et donc pour savoir ce dont on dispose par mois il suffit de consulter son relevé bancaire
– Il est possible à tout moment de demander le changement du montant de la mensualité prélevée ensuite en cas de difficultés particulières. Existe également la possibilité de demander des étalements de paiement, des remises gracieuses.
Demain :
Sans développer à nouveau les arguments concernant les complications à venir:
changements d’employeurs, existence de nombreux CDD, périodes de chômage, changement de la situation familiale ( divorce, naissances, décès) tout ce qui influe
directement sur le taux de prélèvement ;
Combien de français à la sortie d’un super marché, le caddie rempli, regardent le montant de la TVA qu’ils ont payée ?
La retenue à la source repose sur un énorme malentendu créé depuis des années dans l’opinion publique : ce serait plus simple, il n’y aurait plus de déclaration d’impôt à faire.
Or la retenue à la source ce sera :
– plus de complications pour les contribuables (notamment au niveau des déclarations et régularisations) ;
– des pertes de rentrées budgétaires ayant des conséquences sur l’équilibre budgétaire.
– par Christian Steenhoudt
Ne prenons pas les Français pour des imbéciles. Eux aussi savent compter, surtout les 50 % qui payent l’impôt et qui se taisent (pour combien de temps encore ?) !
Quant à affirmer que la retenue à la source est problématique, c’est prendre les Français pour des idiots ! Comment fait la presque totalité des Européens ? Ils ne sont pas plus intelligents que nous.
Finalement, le problème, c’est surtout ceux (d’extrême gauche et d’extrême droite) qui veulent que rien ne change et qui ne voient pas que l’on creuse chaque jour notre perte en ne résorbant pas la dette. Comme jadis l’on fait les Grecques. On voit ( ceux qui voient) aujourd’hui où ils en sont !!!
« affirment qu’en France nous avons les impôts les plus élevés d’Europe voir du monde. C’est faux !!!! »
Ne jouez pas sur les mots, oui nous avons les prélèvements les plus élevés d’Europe et sans doute du monde, c’est vrai, et pour une raison bien simple, c’est que que nous avons les dépenses publiques les plus élevées.
Le découpage avec le social à part est artificiel et d’ailleurs incohérent
Quant au consentement à l’impôt il est en train de s’effondrer pour une raison bien simple c’est que le contribuable voit que nos politiques, à tous les échelons, sont incapables de gérer correctement le pays.
La gabegie règne à tous les étages.
Mais au bout du compte, on est d’accord, cette réforme ne sert à rien.
Mais il faut bien occuper le vide d’ici 2017
Une honte !
Le découpage avec les cotisations sociales à part n’a rien d’artificiel dès lors que l’on veut faire des comparaisons entre des pays qui ont des systèmes de protection sociale différents. Si il n’y a pas de cotisations sociales publiques, il faut recourir à des assurances privées, et c’est une dépense dans tous les cas. Sans compter que dans certains pays (Suisse par exemple), les conventions collectives peuvent rendre l’assurance privée obligatoire : ce n’est pas compté comme prélèvement obligatoire , mais ça revient strictement au même.