Oreillettes

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imagesIl y a quelques jours, c’est-à-dire depuis le 1 juillet dernier, l’usage des oreillettes est interdit aux conducteurs de voitures, de motos et même, oh surprises, aux cyclistes. A tous les cyclistes, eh bien non ! Il est une catégorie qui échappe à ces règles du code de la route, les coureurs du Tour de France. Est-ce bien prudent ?

 En ce moment, le Tour de France passionne la majorité des Français qui, tous les après-midi, restent rivés devant leurs postes de télé. Il faut dire que le spectacle est magique à plusieurs points de vue. Les paysages en premier lieu, l’effort sportif et sans doute la technique ou la stratégie de cette course qui allie sport individuel et sport d’équipe.

Mais tous les jours cette course est ternie par des chutes. Lundi dernier, le 6 juillet une énorme chute a contraint le maillot jaune à l’abandon. Plus encore, la course a été neutralisée ce qui reste exceptionnel dans les annales de l’épreuve. Cet accident a mis à terre environ vingt coureurs, certains ont été sérieusement atteints au point qu’une intervention chirurgicale pour réparer une vertèbre cervicale a été nécessaire. Ce n’est pas rien !

Ainsi est venu le moment de s’interroger sur les causes de ces chutes qui sont trop nombreuses et nuisent à la qualité de l’épreuve. Plusieurs hypothèses sont évoquées par les commentateurs : l’état de la chaussée, la pluie, la vitesse, le sur gonflage des pneus ou des boyaux, la nervosité etc. Sans doute il y a un peu de tout cela mais lorsqu’on y regarde d’un peu plus près il est difficile de ne pas considérer l’usage des oreillettes.

Tous les participants à la course en sont munis, ils peuvent échanger avec leur directeur sportif et recevoir des informations certes essentielles mais pas forcément indispensables. Et cette chute du lundi 6 juillet a été provoquée par un seul coureur, dans une ligne droite, sur une chaussée en bon état. La vitesse à ce moment là était importante. La cause, tout le monde s’accorde à le reconnaître, vient d’une erreur d’inattention. DUMOULIN a touché de sa roue avant la roue arrière de celui qui le précédait.

Quand on sait que l’interdiction des oreillettes voulue par le législateur répond à un impératif de sécurité parce que des études ont révélé une perte de 30% des informations enregistrées par le cerveau en cas de conversation téléphonique, on se demande pourquoi les oreillettes ne sont pas proscrites pour les coureurs cyclistes. Lorsqu’on leur parle d’oreillettes, les organisateurs mettent des œillères.

Mais il faut admettre que le code de la route n’a pas sa place sur le Tour de France. Alors laissons tomber…sur le macadam.

 

Pau, le 9 juillet 2015

Par Joël BRAUD

 

 

Crédit photo Europe 1

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  • Cet exemple des oreillettes me semble caractéristique du phénomène de « coaching » que l’on retrouve partout ; dans le sport, mais aussi dans l’entreprise. Je l’ai vécu dans les dernières années de ma vie professionnelle.
    Il m’est arrivé de jouer au rugby dans un club où étaient licenciés des étudiants en EPS.
    Ils étaient fréquemment blessés et, à cette époque, les remplacements n’étaient pas autorisés. Par contre des joueurs, bien enveloppés et moins véloces, tenaient sans encombre les 80 minutes.
    J’en avais déduit que le gras est utile. Mais l’évolution m’a contredit ; tant dans le sport que dans l’entreprise.

  • Comme c’est étrange en ce jour de sainte Camille et de fête nationale les Quitana, les Froom, les Bardet ( pas Basso qui, on ne sait pourquoi, est venu jusqu’à Pau pour constater sa douleur aux testicules ..). passent par le même itinéraire que PYC. Un itinéraire décrit dans sa chronique souletine autant que cycliste et périphérique

    La Soule ultime province béarnaise ?

    une prémonition un hasard ?

    Le tour passe même par Menditte la patrie de marcel Queheille et entre en Béarn par la côte de Montory.

    Vite attrapons notre nouveau vélo KTM et ses pneus tubeless acheté chez Gibanel à Jurançon juste avant qu’il ne choisisse de nous quitter.

    Pour cela nous emprunterons l’itinéraire secret dévoilé ( imprudemment ) ? par PYC

    Après Oloron Depuis la ferme Rousseu et à l’arrivée à Esquiule au premier fronton on évite le cœur du village et on monte légèrement vers Chabalgoity puis Narbérburu sans forcément rentrer par Barcus qu’on peut laisser sur main droite. Puis  passer, sur le tout petit plateau,  le petit col, court mais casse-pattes, qui plonge vers Montory ..

    Par là nous ne devrions pas être débordé par des hordes de hollandais ( ceux aperçus hier dans le sublime village d ‘Arette) avec leurs vélos suivre l’étape ..

    Et dans la côte particulièrement raide et longue les attaques devraient fuser…

    Il sera temps de rentrer par Mauléon de boire un coup au café de l’europe (et sa si jolie patronne) et par l’hôpital saint-Blaise et l’autre côte du gave..

  • En lisant Georges Valet et PYC, je retiens des mots qui me semblent plus particulièrement caractériser l’esprit sportif.
    Le vélo c’est l’image de la liberté. Avec l’oreillette la liberté aussi est enlevée aux coureurs.
    L’oreillette sert à renseigner et à donner des ordres. La tête est dans la voiture suiveuse…
    Mais justement il est arrivé que sur une accélération, un coureur de prenne pas la roue ou ne sorte pas pour contrer. Et lorsqu’on lui demande pourquoi il n’a pas réagi, il dit : »parce que je n’en ai pas reçu l’ordre » (sous-entendu par l’oreillette).
    Laurent Jalabert qui est pour moi une référence par son intelligence et son expérience, souligne ce manque de spontanéité dans le sport. Il y a dans tout sport un aspect instinctif, improvisé qui ne répond pas forcément à une stratégie venant de la tête de la voiture suiveuse. Le spectacle ne pourrait qu’y gagner.

  • Je ne peux qu’abonder dans le l sens de monsieur Braud.

    Pour moi le vélo c’est l’image de la liberté et cela vaut même pour le tour de France.
    .Dans le dispositif avec oreillette toute l’intelligence de course, l’aspect tactique, la roublardise sont externalisées. La liberté aussi est enlevée aux coureurs comme pour les chauffeurs routiers géo localisés en permanence.
    En plus d’être chargées comme des mules les coureurs sont pris pour des ânes.

    Ainsi les directeurs sportifs qui s’ennuient dans leurs voitures à 40 à l’heure pendant 6 heures ont l’impression de servir à qqchose.
    Vivement que les considérations de sécurité nous débarrassent de ces funestes instruments d’asservissement …

  • «on se demande pourquoi les oreillettes ne sont pas proscrites pour les coureurs cyclistes. Lorsqu’on leur parle d’oreillettes, les organisateurs mettent des œillères.»

    Plusieurs réflexions me viennent à l’esprit:

    On m’a toujours appris qu’il ne fallait pas faire 36 choses en même temps!
    Les habitudes et les obligations de la vie ont changé bien des conseils; pourtant, il me semble évident que les risques en course sont devenus de plus en plus grands et que la sagesse voudrait que les oreillettes soient interdites.

    Cependant, on dit aussi que pour réussir dans la vie, il faut savoir prendre des risques!!

    Supprimer les oreillettes c’est porter atteinte à l’évolution méthodologique de la course. Elles sont destinées à mettre en contact en permanence le directeur sportif et ses coureurs afin de les renseigner et de donner des ordres.

    La tête est dans la voiture suiveuse, les jambes sur les pédales, le moteur dans les jambes.

    En regardant, sur la carte, le circuit de la course, je me disais:
    « Tour de France! Vous avez dit Tour de France? Comme c’est bizarre!» De «tour de France», il n’y a plus que le nom!
    Au fil des ans le contenant, le contenu, le règlement, l’esprit, a complètement changé; on est passé de l’effort et de l’initiative personnels au tout début, à l’effort et l’initiative d’une équipe, représentant, donc valorisant, une région française, à un travail d’équipe centré sur la valorisation d’une structure commerciale, un gain d’argent, pour elle, et le sponsor commercial.

    Cela reste médiatiquement spectaculaire, très recherché, donc c’est sans doute très bien mais cela ne contribue guère à valoriser les vertus du sport, le vrai j’entends.

    Le 13 juillet on inaugurera des stèles consacrées aux 101 vainqueurs du Tour de France. On glorifiera des vainqueurs, mais qui représentent des valeurs différentes.

  • Je ne comprends pas bien le sens de votre remarque. Je n’ai pas oublié le code de la route, la preuve, j’y fais référence pour l’usage des oreillettes.
    Maintenant que les participants au Tour de France se permettent d’autres infractions au Code de la Route, sans doute, vous citez les avertisseurs sonores, c’est vrai, on pourrait parler également du défaut d’immatriculation des véhicules suiveurs.
    Mais là n’est pas l’objet de mon article, je parle des chutes trop fréquentes et des raisons qui sont susceptibles de les provoquer.

  • Monsieur Braud, il n’y a pas que l’oreillette. Auriez-vous oublié le Code de la route , ArticleR313-33

    « Sauf dispositions différentes prévues au présent article, tout véhicule à moteur doit être muni d’un avertisseur sonore de route. Il peut être muni d’un avertisseur sonore pour l’usage urbain.
    Les dispositifs sonores sont conformes à des types homologués répondant à des spécifications déterminées par le ministre chargé des transports.
    Tout cycle doit être muni d’un appareil avertisseur constitué par un timbre ou un grelot dont le son peut être entendu à 50mètres au moins. L’emploi de tout autre signal sonore est interdit ».

    Le Tour se doit forcément de respecter notre législation nationale. En conséquence, la présence d’un timbre ou d’un grelot, « répondant à des spécifications déterminées par le ministre chargé des transports » et qui puisse être « entendu à 50 mètres au moins » , doit être vérifiée. Avec immobilisation par les forces de l’ordre des vélocipèdes dépourvus du dispositif homologué et la saisie du matériel sonore dépourvu de l’estampille CE ou ceux contrefaisant les produits autorisés. Ah mais…