Troisième et ultime saison : Titus libère ses chênes.

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Titus 7Et l’on reprend le récit et « l’épopée ursine » qui fait le buzz sur Altpy ( 31 commentaires !!!) à la fin de la saison 2.

Tout à fait tu as compris. Maintenant laisse-moi m’esbaudir au milieu des dernières fleurs de l’été me gaver de myrtilles et de framboises pour préparer l’hiver Éventuellement croquer une famille de marmottes emperlée de graisse.

Et puis tu me fatigues rentre chez toi tu pues l’homme et la civilisation…

Casses toi et surtout ne te retourne pas.

PYC comprend qu’il est plus que temps de déguerpir et de s’extraire du canal punique qui joint Ozon à Loudenvielle et que Marie-Françoise aux baronnies, en dernière preuve de tendresse, a bien voulu lui faire découvrir le 14 août de la présente année. Juste avant son assomption.

Pour cela cap vers l’est : vers les Pyrénées languedociennes et catalanes – solaires et méditerranéennes – quelque part dans un quadrilatère entre le confluent, le pays de Sault, le Capcir et la Cerdagne.

Plus question d’ours plus questions d’ourses.

Mais plutôt l’idée qui l’a toujours travaillée de visiter Montaillou le célébrissime village cathare dont on sait tout grâce à ce chef-d’œuvre d’histoire savante et concrète (1294 1324) d’Emmanuel leroy Ladurie paru en 1975.

L’idée est cheminer dans cet étage subalpin, dans ce tunnel dirait-on en matière financière, entre 1000 et 2 500 mètres d’altitude à la sortie de la forêt mais en dessous de la désolation du monde minéral essaimé de névés et de lacs. Merveilles, il est vrai, insurpassables de nos Pyrénées.Et puis, pour tout dire, notre ami PYC, bien que montagnard un rien aguerri, n’a pas les capacités de l’impossible monsieur BB pour affronter les cimes. Pas vraiment le goût non plus.

L’idée est, également, de voir comment, il y a plus de huit siècles, on pouvait vivre, et plutôt bien vivre selon les standards de l’époque, à presque 1400 mètres d’altitude dans un exceptionnel bain spirituel. L’idée subséquente est de cheminer depuis Ax-les-Thermes jusqu’à Fillols au pied de du Canigou en tangentant au départ plus ou moins la nationale 613, devenue maintenant départementale, à peine visible sur les cartes routières.

Pour cela il convient de se déplacer de cazottes en cortals. Des cabanes de vignes aux granges des paysans puis aux cabanes des bergers qui se succèdent sans trop se mélanger à ces altitudes.

Mais avant Montaillou dans ces régions qui, depuis les années 70, on été largement colonisées par les hippies, devenus des néo ruraux, vivant plus du RSA que de l’agriculture monsieur Pyc fait étape dans une auberge.

En fait, un bouge très ancien où les hommes s’appellent, comme il y a 700 ans, Marty (Pierre ou jean) Maury, Maurs, Clergue (Pierre de son prénom l’actuel maire du village descendant en ligne directe du terrible curé relapse, fornicateur, magicien, pervers et catharisant).

Il y aussi Béatrice de Planissolles la plus jolie infirmière du pays, la plus exquise mais la plus diabolique aussi, qui travaille aux thermes en bas à AX. Elle est mariée en cinquième noce avec Ray Ottaway un anglais aux larges épaules, bourlingueur et élancé, charmant et charmeur, encore qu’assez porté sur la bouteille. Il y a aussi Hakim dit le loup, un toulousain de confession syriaque, qui, lui, fait beaucoup dans la culture du cannabis et que certains soupçonnent de soufisme quelque part une forme catharisante de la religion mahométane.

Cette auberge est un espace sombre, une ancienne forge, où les vapeurs de chanvre et d’encens se mélangent aux boissons alcoolisées. Si bien que, peu habitué à ce régime monsieur PYC, qui est un garçon sérieux en est sorti tout à fait hébété juste assez conscient pour prendre son sac remettre plus ou moins d’aplomb ajustée sa meilleure paire de lunettes et se perdre dans la première cabane venue .

Dans les circonstances de l’espèce une jolie cabane en schiste azuré et mordoré appuyé à la montagne où il s’entaille les mains très profondément aux parois excessivement acérées. Puis et il s’affale sans autre forme de procès sur une grande étoffe brunâtre tendue sur des barreaux de chêne dont il n’est même pas en état de relever une odeur puissante, musquée et animale, qui arrive à dépasser le parfum du chanvre (assez peu agricole) qui imprègne ses vêtements et, rapidement, ses rêves.

Jusqu’à cinq heures du matin il dort d’un sommeil de brute. Puis, soudainement, il est étreint par une angoisse formidable qui le laisse aux bords dépassés de la pâmoison et le cœur aux bords des lèvres avec des vomissements de flots de sang aux parfums de chanvre de graisse et d’asphodèle.

Marie, cela lui remonte maintenant, sa petite déesse aux baronnies, son corps ambré et ses yeux myosotis, est montée aux cieux. Elle fait le job sans états d’âmes. A l’exemple de tous ses congénères, déesses femelles et tant humaines, païennes ou plus ou moins chrétiennes qui, en leur giron bleuté, bercent les hommes. Des pauvres mâles sans jumeaux, sans alter ego, sans doubles d’eux-mêmes qui voudraient, en retour, pour compenser, enfanter leurs déesses graciles et maternelles.

Trempé de sueur et nu sur sa couche il s’agite sans but ni raison avec en plus des flots de sang qui coulent également de ses mains, profondément entaillées par le schiste, comme des stigmates de ses angoisses.

A ce moment précis la couche immense sur laquelle il flotte comme un fétu de paille s’agite à son tour et une patte formidable bardée de longues griffes vient le ceindre et l’immobiliser : comme un première étape, comme un premier mouvement, vers la dévoration. Titus Ziva l’ours (l’ourse) gémellaire et balkanique, en sa défroque femelle dans les circonstances de l’espèce, le fait taire et l’étreint puis monte sur lui comme seuls savent le faire les ourses avec leurs enfants minuscules en pesant de leurs centaines de kilos en concentrant tout leur poids au niveau du plexus cœur contre cœur. Parfois, plutôt les mâles il est vrai, sans plus de manière dévorent la petite chose exquise bourrée de sucre, de lait, et de miel.

Mais là PYC est chanceux. Titus Ziva lui susurre à l’oreille : mon petit chat libérons nos chênes et calmons nous… calmons nous…demain est un autre jour…

Comme le dit si bien monsieur Ricaper qui est un brillant philologue les ourses ne parlent pas.

Et PYC qui a toujours un avis sur tout, un peu comme l’archange de Bordères, d’ajouter sauf les ours balkaniques et gémellaires les jumeaux de Marie-Magdeleine.

Pierre Yves Couderc

Vernet les bains le 1er septembre 2015.

sous la Voulte étoilée des cieux

dans les bras délicieux et velus de la grande ourse .

Entre Andromède, Sirius et l’étoile des bergers.

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