Je m’interroge

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imgresL’actualité, pour celui qui s’y intéresse, n’est pas sans étonner. Ce qui nous est offert éveille parfois en nous comme une suspicion, voire une incrédulité. Ainsi pour ce qui me concerne, je reste pour le moins dubitatif face à ce que l’information nous livre. Réflexions…

Les déclarations d’Emmanuel Macron. Voilà un jeune ministre de l’Économie et des Finances, au dents longues, très imbu de lui même, qui se permet des déclarations tonitruantes sur des sujets particulièrement sensibles comme les 35 heures et le statut des fonctionnaires. Selon lui, dans ces deux domaines, il faut revenir sur certains acquis parce que les circonstances économiques ont changé. Soit ! Qu’il ait raison ou tort n’est pas ici le sujet. Ce qui me pose question c’est de constater qu’un jeune ambitieux se permet de se mettre en avant face aux médias et ce d’une façon qui est immédiatement désapprouvée par sa hiérarchie gouvernementale. Je n’arrive pas à croire que tout cela n’est pas organisé et scrupuleusement mis en scène, que Macron n’est pas en quelque sorte téléguidé. Dans quel but ? Sans doute celui de donner l’occasion aux caciques et tenant de la vérité de se situer et d’afficher publiquement leur doctrine officielle en revenant à ce qu’ils considèrent comme des fondamentaux. Manquerais-je de naïveté ?

Il en est une autre qui ne m’est pas particulièrement sympathique et qui elle aussi, au détour d’une interview fait des déclarations que tout le monde reprend. En effet, Nadine Morano, puisqu’il s’agit d’elle, a jugé utile de déclarer que le peuple de France est en majorité de race blanche et de culture judéo-chrétienne. Elle rappelle que ces propos ont été ceux de de Gaulle et rapportés dans un livre d’Alain Peyrefitte*. Certes mais de Gaulle ne s’était pas prononcé en public et puis après tout que cela soit vrai ou faux, opportun ou pas n’est pas ici la question, ce qui interroge est de savoir pourquoi un tel retentissement médiatique. Pour ma part, je n’ai pas bien compris ce qui était répréhensible dans ces propos et où se situait le racisme dont on l’accusait. A-t-elle laissé entendre qu’il fallait s’opposer au mélange des origines dans notre pays ? Je me croyais incapable de discernement et allais jusqu’à douter de moi-même, jusqu’au jour où regardant l’émission « C dans l’air », j’ai entendu des journalistes et un célèbre avocat parisien dire tout haut et publiquement ce que je pensais tout bas et n’osais exprimer. L’homme de loi fustigeait ce qu’il appelait « l’hygiénisme » de la parole. Pourquoi un tel buzz sur des propos qui à mon sens n’ont qu’un seul défaut ratisser du côté de l’extrême droite dans une démarche électorale ? Certains sont même allés jusqu’à demander la suppression du mot race de notre vocabulaire et du préambule de la constitution. Honnêtement, croyez-vous que la suppression de ce mot va entraîner ipso facto, la disparition du racisme ? Ce serait à la fois trop beau et trop simple.

Air France est en difficulté et, face à une concurrence internationale particulièrement menaçante, négocie avec les représentations syndicales pour éviter une inéluctable catastrophe économique. Un syndicat, un seul, s’oppose aux propositions faites par la direction, il s’agit du syndicat majoritaire chez les pilotes de ligne. Il refuse tout net d’aligner les horaires et les revenus sur ceux des autres compagnies aériennes. Les pilotes d’Air France sont mieux payés et travaillent moins que les autres pilotes des compagnies européennes. Le conflit n’est pas nouveau mais il n’y a pas d’accord. Alors un plan drastique est envisagé, la suppression de 2900 emplois. Le cocasse de l’affaire est que les pilotes, justement à cause de qui cette mesure intervient, sont ceux qui seront les moins touchés par ces licenciements secs. Il ne seront que 300 à en être victimes ; les autres 2600 seront des personnels de bord ou des personnels au sol. Est-ce le rôle d’un syndicat par soucis de corporatisme de défendre une seule caste ? Est-il acceptable que ce soit les plus nantis qui se comportent ainsi de manière à menacer jusqu’à la survie d’une entreprise de cette importance ?

Mais la principale, la seule question qui vaille après tout est certainement celle qui consiste à se demander s’il est réellement utile de se poser des question. Ne serait-il pas plus facile de s’en tenir à ce qu’on nous dit ? Car comme disait mon adjudant : «  Réfléchir, chercher à comprendre c’est commencer à désobéir ! »

Pau, le 5 octobre 2015

par Joël Braud

* « C’est très bien qu’il y ait des Français jaunes, des Français noirs, de Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu’elle a une vocation universelle. Mais à condition qu’ils restent une petite minorité. Sinon la France ne serait plus la France. Nous sommes quand même et avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne.» Conversation entre de Gaulle et Alain Peyrefitte le 5 mars 1959 suite aux événements d’Algérie. In«  C’était de Gaulle » d’Alain Peyrefitte – Éditions de Fallois/Fayard 1994 – tome I – page 52.

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  • Pour ma part, je n’ai pas bien compris ce qui était répréhensible dans ces propos et où se situait le racisme dont on l’accusait.

    C’est pourtant simple : parler de « race blanche » est au minimum d’une bêtise absolu et C’EST du racisme au sens premier terme : c’est à dire une tentative de classification des hommes suivant des critères (principalement) morphologiques.

    On peut faire sembler de penser que les mots ne sont jamais connotés et que le « parler vrai » est un blanc-seing face à l’affreux politiquement correct. Il n’en reste pas moins que le mot « race » est extrêmement connoté suite à son utilisation dans toutes les théories racistes qui ont eu cours dans notre histoire (et surtout qui ont encore cours dans certains milieux) et qui visent toujours à démontrer la suprématie d’une « race » sur les autres.

    On peut dire que ce n’est parce qu’un mot a été utilisé avec de mauvaises intentions qu’il doit devenir tabou, et que ce n’est pas parce que NM parle de « race blanche » qu’elle prône une suprématie qulconque. Mais outre le fait que socialement ce n’est pas si simple (Adolf n’est de fait pas un prénom très populaire en France, même si on ne saurait reprocher quoi que ce soit à quelqu’un sur son seul prénom), c’est le concept même de « race » qui est à jeter à la poubelle.

    Que dit le Larousse ?

    Race : Catégorie de classement de l’espèce humaine selon des critères morphologiques ou culturels, sans aucune base scientifique et dont l’emploi est au fondement des divers racismes et de leurs pratiques. (Face à la diversité humaine, une classification sur les critères les plus immédiatement apparents [couleur de la peau surtout] a été mise en place et a prévalu tout au long du XIXe siècle. Les progrès de la génétique conduisent aujourd’hui à rejeter toute tentative de classification raciale chez les êtres humains.)

    Donc soit NM est ignorante sur ce sujet et c’est grave à son niveau, soit elle sait ce qu’elle fait : encourager le racisme chez les bas du front.

  • Entre coups médiatiques, miroirs aux alouettes, démagogie et autres techniques de manipulation, la parole politique n’a plus de valeur. Mentir y est la norme, être honnête l’exception. Les quelques choses vraies énoncées servent de point d’accroche pour faire passer ensuite des mensonges !

  • Jack Fagot-Barraly

    Macron et Sarkozy , ne sont-ils pas en avance sur le traité commercial « TAFTA » en n discussion en catimini entre l4Europe et les USA

  • Pour « Hygiénisme », je n’ai pas un définition incontestable. Dans l’émission « C dans l’air », l’avocat Dupont-Moretti a employé ce terme pour signifier que chacun devait parler propre avec des termes qui ne choquent pas. Il disait cela en regrettant que cette obligation nuise à la liberté de chacun de s’exprimer en restant dans les limites de la loi bien sûr. Comme il a développé son point de vue, il serait peu-être utile de revoir, si cela est possible, cette émission consacrée aux propos de Nadine Morano.

  • 1959 se situe aussi dans la période du « je vous ai compris ». Le Général de Gaulle avait rejeté le projet d’Algérie française. Ne fallait-il pas justifier ?
    Pourriez- vous développer « hygiénisme » ?,