Comment aider les agriculteurs ?

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imagesHuit Français sur dix déclarent se sentir en accord avec les agriculteurs dans leur mouvement de révolte. Mais que font-ils pour marquer leur solidarité ?

Rien, ou peu. Il est vrai que les leviers ne leur semblent pas être entre leurs mains. Ils ne sont guère plus entre les mains du gouvernement, lié par les décisions de Bruxelles et n’ayant d’autres armes que la baisse ou le report de charges sociales ou l’aide d’urgence. C’est la loi du marché qui régule les prix. Or les agriculteurs ne maîtrisent pas la demande. D’où leur colère et leur exaspération.

Leurs moyens d’action ne sont pas sans conséquences économiques. Bloquer les routes, causer des retards, mobiliser les forces de l’ordre a un coût. Celles et ceux qui le subissent sont le plus souvent étrangers au conflit. On ne leur a pas demandé s’ils préféreraient payer quelques centimes de plus leur lait ou leur viande plutôt que de subir les préjudices qu’ils encourent. Ont-ils d’autres moyens ?

D’abord être mieux informés. Cette information ne sera pas livrée volontiers par les distributeurs. Raison de plus pour insister. Si une bonne partie des consommateurs posaient des questions sur l’origine de la viande des plats préparés au comptoir des grandes surfaces, l’écart de prix entre l’achat au producteur et le prix exigé du consommateur (souvent de l’ordre du triple ou plus) et bien d’autres questions, il en résulterait des queues. Les directions seraient obligées d’en tenir compte d’une manière ou d’une autre. La pression s’exercerait directement sur les distributeurs.

Il existe sans doute d’autres moyens. Boycotter les marques ou les enseignes qui se fournissent à moindre coût en achetant dans des pays qui n’ont pas les mêmes normes de qualité ou les mêmes modes de production. On ne peut pas oublier le rôle rempli par les agriculteurs dans le domaine de l’environnement et le maintien d’une vie rurale par
exemple.

Aider les agriculteurs à mettre en place des circuits courts et de qualité. Dans un pays ou tant de jeunes et de seniors ne trouvent pas de travail serait-il impossible d’organiser des tournées, de tenir des stands qui seraient facilement accessibles aux consommateurs, de remplir des tâches (comme les formalités administratives, la comptabilité ou la
prise en charge des enfants) qui soulageraient les agriculteurs ?

Faisons travailler notre imagination et notre sens de l’entraide.

Paul Itaulog

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  • Que du vrai .. Mais pour ma part, j’ai constaté que souvent les prix des légumes, fruits, fromages étaient moins chers au carreau des halles chez les producteurs, ou sur les marchés d’Idron, Jurançon etc … que dans les grands supermarchés de la ville , bien sur plus frais et moins gorgés de pesticides même s’ils ne sont pas bio que les produits espagnols par exemple.
    Mais il faut prendre le temps, se garer en payant du moins à Pau, et pour certaines familles débordées tout acheter au supermarché avec le reste fait gagner de ce précieux temps .

  • La réaction des agriculteurs est bien tardive, maintenant que le piège productiviste et technocratique, s’ est refermé sur eux. En France, le nombre de techniciens agricoles et de conseillers divers et variés, doit être supérieur au nombre d’ agriculteurs en activité.
    C’ est donc que la bête est bonne …..
    Maintenant, il ne reste plus aux derniers agriculteurs qu’ une solution continuer dans cette démarche absurde, qui fait qu’ ils ne sont plus que des pions,  » on/ off « manipulables à bon escient.
    Malheureusement, certains conseillers  » non payeurs à risques limités  » sont là que pour les manipuler, suivant les humeurs des bourses financières de matières agricoles à Chicago.
    Il serait plus que temps que les agriculteurs comprennent, qu’ en se prenant en mains,
    ils pourront résoudre leurs problèmes à la racine, pour arriver à surmonter la crise.
    Mais, cela veut dire qu’ il faut bousculer l’ éducation, les syndicats, les filières de distributions, les filières d’ approvisionnement, les financiers, les politiques, la politique agricole commune. Sans ça, nous n’ aurons plus en France avant longtemps des agriculteurs, mais des » intermittents agricoles ». Comme cela commence à apparaitre dans certains pays de l’ UE.

  • « Huit Français sur dix déclarent se sentir en accord avec les agriculteurs dans leur mouvement de révolte. »

    Comme dans tous les débats, il convient de définir les éléments du débat. Dans le cas qui est envisagé il est question des agriculteurs, mais lesquels?

    Les mouvements actuels sont revendiqués par une partie d’entre eux seulement, la FNSEA, majoritaire peut-être, au moins par les surfaces cultivées et le nombre de bêtes élevées ainsi que par les décharges d’insultes, de fumier et de destruction de stand du Ministère de l’Agriculture. Tout est normal, pas de poursuite judiciaire.

    Petit rappel: Xavier Beulin est président de la FNSEA depuis 2010.
    Associé en EARL avec son frère et deux cousins, il exploite avec eux 500 ha de blé, colza, orge, maïs, tournesol et un atelier de lait d’un quota de 150.000l.
    Il est également président du groupe Avril (anciennement Sofiprotéol), groupe agro-industriel (chiffre d’affaires 7 milliards d’euros en 2013) de la filière oléagineuse et protéagineuse. L’entreprise produit, selon l’hebdomadaire Le Point presque l’intégralité du biodiesel, ce que la Cour des Comptes, dans un rapport sur les biocarburants, décrit comme une «rente de situation» alors même qu’elle bénéficie d’une exonération fiscale. Diester Industrie est champion européen du biodiesel. Sa société Glon Sanders est leader français de la nutrition animale.(Wikipedia)

    Une telle situation ne peut évidemment que renforcer sa légitimité d’indépendance et de défense des petits agriculteurs et éleveurs!

    Ceci ne signifie pas que l’agriculture n’est pas sinistrée mais cela ne date pas d’aujourd’hui; cette agriculture industrielle, productiviste, polluante n’a fait que détruire les sols, les rivières, les nappes phréatiques, développer de grandes exploitations en prenant des terres aux petits producteurs d’où la disparition en masse des propriétés, et l’augmentation du chômage… Le même phénomène s’est produit avec les «Grandes surfaces»qui ont fait disparaître les petits commerçants, les artisans…
    Il se rajoute à cela que cette production en très grande quantité a fait baisser la qualité si bien que la consommation achète par force car il faut bien manger mais en de moins en moins grande quantité.Viandes, fruits et légumes n’ont plus de goût!

    D’autres agriculteurs existent; ils passent moins de temps sur leur tracteurs pour se rendre aux carrefours et bloquer la circulation, ils restent sur leur exploitation en produisant de la qualité gustative, des pommes de terre, des oignons ou des pommes qui sont moins beaux et belles à l’extérieur mais qui ne pourrissent pas, de l’intérieur, dans la cuisine deux ou trois jours après l’achat…Ils utilisent des circuits courts avec très peu d’intermédiaires, des produits frais, goûteux, mûrs. Notre région n’en manquent pas; ils sont plus discrets, ils ploient sur le travail mais dans l’ensemble ils s’en sortent car ils sont modestes, ils aiment leur métier car ils savent qu’ils sont les vrais «paysans», ceux qui remplissent la véritable mission de l’agriculture qui est de nourrir convenablement et sainement les consommateurs et non de produire du carburant pour mettre dans les moteurs polluants.
    Le problème des industriels de la terre «en colère» est le problème de l’Europe de l’ultralibéralisme, de l’argent, de la spéculation, pas celui de «la véritable agriculture ou élevage».

  • « Comment aider les agriculteurs ? »
    En achetant bio autant que possible.
    C’est bon pour soi, pour l’emploi et pour l’environnement.

    • et bien sûr, cela récompense les agriculteurs bio qui respectent l’environnement et proposent de bons produits.

      • A moyen terme d’accord. Mais les problèmes actuels sont de court terme et concernent surtout l’agriculture conventionnelle.
        Je pense que l’agriculture conventionnelle et la filière agroalimentaire n’ont plus besoin de l’agriculture familiale traditionnelle. La filière agroalimentaire peut fonctionner sans agriculteurs.

  • Paul Itolog vit manifestement dans un autre monde que celui de la plupart de ses concitoyens. il est illusoire de croire qu’une majorité ou même qu’une forte minorité d’entre nous puisse changer de comportement en ce qui concerne la consommation de produits alimentaires.

    La vaste majorité des consommateurs veut simplement acheter à meilleur prix et économiser, autant que cela est possible, sur les achats de nourriture afin de consacrer le surplus, s’il existe, à d’autres besoins, souvent mieux valorisés. Cela est d’autant plus vrai en période de crise. Allez donc dans les grandes surfaces et regardez donc comment les gens suivent les promotions et cherchent à accumuler les coupons de réduction.

    D’un point de vue systémique, il ne faut pas oublier que la baisse relative des prix des produits agricoles est une constante du capitalisme. En ce sens, l’agriculture capitaliste est par définition en crise. La baisse relative du prix de la nourriture permet de limiter la hausse du salaire minimum et constitue donc un des leviers essentiels du maintien du taux de profit à un niveau suffisant.

    Sortir de la crise de l’agriculture par le haut nécessiterait une revalorisation des prix agricoles et un meilleur partage de la richesse nationale au profit des agriculteurs. Dans notre système économique, cela est impossible.

  • « Il est vrai que les leviers ne leur semblent pas être entre leurs mains [aux Français].  »

    C’est malheureusement faux : les gens montrent de la sympathie pour les agriculteurs, mais au moment de faire leurs achats ils vont au moins cher et se fichent du reste. Et je ne parle pas que des gens aux revenus modestes : même parmi ceux qui gagnent très bien leur vie, l’attitude générale est de payer sa bouffe le moins cher possible. Quand on dit autour de soi qu’on fait ses courses de frais au marché bio (au-delà de la question bio, les vendeurs sont tous des petits producteurs/artisans locaux), c’est tout juste bien souvent si on ne passe pas pour un gogo qui aime dépenser inutilement son argent.

    • Personnellement, j’ai commencé à manger (en partie) bio par philosophie. Aujourd’hui, c’est autant par goût que par philosophie. Je me suis demandé au début si le fait de trouver les produits bio meilleurs au goût n’était pas le résultat d’un conditionnement psychologique, mais non, la différence est souvent flagrante. Je me dis que ce sont ceux qui nous prennent pour des gogos qui n’y connaissent rien…