Monsieur Bayrou, mais de quelle Europe parlez-vous ?
Monsieur François Bayrou,
Ce courrier vient en réponse à l’article que vous avez fait paraître sur votre compte Facebook concernant la journée de l’Europe organisée à Pau ce 09 mai 2016. Dans cet article, vous parlez de l’Europe comme une famille de nations, partageant un patrimoine et un avenir commun, et ainsi de votre souhait d’unification des peuples par la paix et non par la domination. Pour cela, vous soulignez l’impérativité du changement de fonctionnement de celle-ci.
Sachez que je respecte réellement votre action, actuelle et passée, et vous restez pour moi, un penseur éclairé, grand orateur, porteur de grands idéaux, avec un tempérament sûrement profondément humaniste. Encore une fois, je me sens parfaitement en accord avec votre discours. Par contre, je ne peux m’empêcher de vous exprimer la raison de mon détachement et ma désillusion pour votre projet politique. En effet, votre vision centriste portée par cette volonté de consensus me perturbe et me rend perplexe sur votre réelle volonté politique et votre dessein pour notre pays. Je vous ai soutenu jusqu’au 1er tour de 2012 ; mais aujourd’hui, j’ai l’angoissante sensation que la plupart de nos représentants, même ce mot me gêne, cherchent à nier les grandes difficultés que notre pays a et aura à affronter si nous perdurons dans cette Europe illégitime. Celle que les technocrates et les lobbyistes veulent nous imposer. Cette Europe, celle du traité de Lisbonne, ce n’est pas celle des peuples, celle que vous idéalisez et à laquelle vous voulez nous faire croire. Celle dont nous rêvons tous : une Europe populaire où l’objectif serait de nous transcender, de créer une véritable entité. Car pour cela, il faut des peuples forts avec de réelles valeurs, humaines, sociales et foncières afin de devenir une véritable Europe des nations qui serait fortifiante et capable de soutenir une véritable émulation. Cette démarche, longue et progressive, sera forcément nécessaire pour que chaque nation puisse évoluer à son rythme selon ses possibilités ; cela ne pourra se faire sous la contrainte, pour le bénéfice de quelques-uns et au détriment des peuples justement. Je pense justement que les peuples, notamment les Français, attendent de leurs dirigeants un véritable engagement, un réel projet. Le peuple naïf grandit et perd ses œillères, prend conscience des ententes cordiales, des origines communes des hauts dignitaires de l’État.
Il est temps de croire en l’intelligence des citoyens, à notre capacité à évoluer, à s’assumer et à croire à un réel avenir commun où l’État n’est pas providence, où l’engagement de chacun est nécessaire mais également méritoire. Pour ouvrir nos bras aux autres, il faut nous libérer des chaines d’une société qui nous entrave tous les jours un peu plus.
Pour cette raison, aujourd’hui, je crois réellement plus au patriotisme, au désintérêt et à l’engagement de Monsieur Dupont-Aignan, fier défenseur d’une vision gaulliste, malheureusement bien trop souvent réinterprétée à la sauce de bien des plats exotiques. Pour cette raison, je ne souhaite pas porter l’étendard de celle-ci mais soutenir simplement le projet de ce Monsieur Dupont-Aignan car je préfère me battre pour du factuel, non pour des adaptations de pensées arrangées au gré des intérêts de chacun, pour un projet clair et favorable à mon appréciation personnelle de notre pays.
La politique, pour moi, ne peut pas être seulement un cours d’histoire, mais doit être, objectivement, le cours de l’Histoire, tout en prenant en compte celle-ci. Aujourd’hui, notre objectif à tous, Françaises et Français, est de nous redonner une splendeur, une ambition et une volonté commune afin de reprendre la maîtrise de notre avenir ; de nous redonner les moyens de croire à la possibilité de réussir ensemble à être heureux, fier et philanthrope.
En effet, je crois que pour la majorité d’entre nous, dont, je suis persuadé, vous faites partie, l’obsession n’est pas le pouvoir et l’argent, seulement la capacité à avoir une vie confortable et enrichissante, opportune à la transmission aux générations suivantes et à l’évolution de notre humanité.
Mon message a pour vocation de vous interpeller, avec le profond respect que j’ai pour votre personne, mais également Monsieur Jean Lassalle, pour qui j’ai une admiration tout aussi équivalente, ainsi que celles et ceux qui voient encore dans votre vision une raison de croire et de défendre vos idées, à essayer de créer un espace de discussion et ainsi rassembler les personnes qui, comme moi, ne croient plus en cette Europe des « nouveaux Nobles » (là, je reconnais une certaine connotation historique, même si le terme m’est personnel).
A tous ceux qui croient que tout est possible.
Pau, le 11 mai 2016
Denis Bayle.
Bien d’accord avec le fond de votre interpellation, Denis. J’ai comme une tendance à ne pas reconnaitre l’autorité de gens que je n’ai pas élus; et les décideurs « élus », à Bruxelles, c’est -comment dire- le problème pour en débusquer un seul! Donc pour moi c’est Exit l’europe.
J’ai voté F. Bayrou en 2007 sans aucun regret à àl’époque; mais il nous faut bien reconnaitre depuis sa grande incohérence en termes d’alliances…
Ensuite, l’Histoire est avant tout le constat du passé ainsi que sa tentative d’explication. Quant à l’avenir, je ne pense pas que Bayrou puisse être moteur en la matière; mais il serait bon qu’il puisse lui-même s’exprimer sur ce blog, et singulièrement nous expliquer sa relation complexe à Alain Juppé!
Allez François, laisse-toi aller, cela pourrait nous éclairer!
Ah ! L’Europe molle, celle du consensus permanent qui recule de partout…
La solution aux problèmes de la France ne me paraît pas se trouver dans les discours de petits candidats : Hier, M. Bayrou. Aujourd’hui M. Dupont-Aignan. Demain, peut-être M. Lassalle.
Ces petits candidats ont un effet pervers. Ils orientent les programmes et les discours des principaux candidats, non pas parce qu’ils présentent des solutions intéressantes mais pour séduire leur électorat pour le deuxième tour.
M. Sarkozy a fait cela en 2007 avec les thèmes du FN (cf. M. Buisson). M. Hollande a fait de même en 2012 avec les thèmes de la gauche (cf. mon ennemi, c’est la finance). On a vu les résultats.
Pour pouvoir agir efficacement, un Président devrait rassembler autour de 40% des voix au premier tour de son élection, sur un programme qui corresponde vraiment à sa personnalité, à sa sensibilité politique et non à celle des extrêmes.
« vous restez pour moi, un penseur éclairé, grand orateur, porteur de grands idéaux, avec un tempérament sûrement profondément humaniste »
« mais également Monsieur Jean Lassalle, pour qui j’ai une admiration tout aussi équivalente, »
Après cela, le reste du discours perds toute crédibilité …
Dupont Aignan est clair dans ses positionnements et contrairement au FN porte un message rassembleur, dans la lignée du Général de Gaulle
Question :existe-t’il des gens de droite qui ne se réclament pas du général De Gaulle ?
M. Dupont-Aignan a perdu toute légitimité républicaine en flirtant avec le FN et Mme Le Pen.